- De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812—1870)
- Cartes
- Le comte de Selkirk, fondateur de la colonie
- Une implantation ardue marquée par une guerre privée (1812—1821)
- Les Métis
- Les Premières Nations
- Administration de la colonie
- Maintien de l’ordre et défense de la colonie
- De fourrures et de blés : subsistance et économie
- Du canot au chemin de fer : les transports
- La vie à la Rivière-Rouge
- Missions et vie religieuse
- Éducation, santé et assistance
- Arts et culture
- Presse
- Vie intellectuelle et scientifique
- Winnipeg : émergence d’un noyau urbain
- Débats sur le statut de la colonie (1850—1870)
- Rébellion de la Rivière-Rouge et création du Manitoba (1869—1870)
- Lectures suggérées sur les Métis
Les Métis

Provenance : Lien
La biographie du chef métis Cuthbert Grant, qui a été au centre de la guerre du Pemmican [V. Une implantation ardue marquée par une guerre privée (1812–1821)], rappelle à quel point l’émergence d’une conscience nationale parmi les siens a eu un effet décisif sur l’histoire de la colonie :
Cuthbert Grant, qui parlait couramment le français et l’anglais, fut le premier Métis instruit à exercer une influence profonde sur le destin de son peuple. Il contribua largement à implanter dans l’esprit de celui-ci la notion de nation métisse, qui joua un rôle si déterminant dans le soulèvement de la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), en 1869–1870, et dans la rébellion du Nord-Ouest, en 1885. Pourtant, Grant n’était pas un rebelle. Tout au long de sa carrière, il appuya loyalement l’autorité qu’il connaissait, d’abord celle de la North West Company, puis, après 1821, celle de la Hudson’s Bay Company. Et si l’histoire garde de lui le souvenir d’un homme violent, ce n’est pas parce qu’il participa à des insurrections, mais parce qu’il prit part à la lutte que se livrèrent deux sociétés commerciales à une époque où le Nord-Ouest n’avait encore aucune institution politique.
La nation métisse est issue en partie des nombreux mariages « à la façon du pays » entre trafiquants de fourrures d’origine européenne et femmes autochtones ou sang-mêlé, dépeints dans cet extrait de la biographie de l’homme d’affaires, auteur et gouverneur de la Hudson’s Bay Company George Simpson :
Avant d’épouser sa cousine, Simpson, tout comme beaucoup d’autres hommes engagés dans la traite des fourrures, avait noué avec des femmes de sang-mêlé des relations qui étaient reconnues plus ou moins formellement sous le nom de mariage à la façon du pays. La décision de mener une vie commune n’imposait aucune obligation légale à l’homme, même si nombre de ces unions duraient toute la vie, et, en quittant sa partenaire, il prenait d’ordinaire certaines dispositions pour assurer sa subsistance et celle de ses enfants.
Grâce à son implication dans les activités traditionnelles des Métis, le gendre de Cuthbert Grant, le trafiquant de fourrures et agriculteur Pascal Breland, a fait sa place au sein des élites politiques, sociales et économiques métisses. Ses diverses nominations l’ont amené à seconder les gouverneurs de la Rivière-Rouge [V. Administration de la colonie] :
La traite des fourrures, [que Breland] pratiqua tant à titre de trafiquant que d’intermédiaire, lui valut à la fois fortune et prestige social, comme en témoigne probablement son surnom de « Roi des traiteurs » ; ce sont les Métis qui lui auraient donné ce sobriquet, mais les trafiquants canadiens-français et écossais l’utilisaient aussi en certaines occasions. Selon ses descendants, il occupait une place importante dans les expéditions de chasse au bison que les Métis organisaient deux fois l’an et, après la mort de Grant en 1854, il l’a peut-être remplacé comme capitaine de chasse.
Breland s’engagea pour la première fois dans les affaires politiques de la colonie en se joignant, au moment du procès de Pierre-Guillaume
L’intégration des Métisses et des Amérindiennes à la haute société coloniale a connu des avancées et des reculs au fil des décennies. La vie de Sarah McLeod (Ballenden), fille d’un trafiquant de fourrures et d’une Amérindienne sang-mêlé, en est un bel exemple :
Femme d’un jeune employé au brillant avenir, Sarah Ballenden mena une existence agréable à la Rivière-Rouge […]
La jeune et vive autochtone connaissait un tel succès dans la société que, selon James Bird, ses amis avaient prédit qu’elle était « destinée à donner à sa caste tout entière une influence sur les gens de l’endroit [qui serait] supérieure à celle des femmes européennes ».
En 1850, toutefois, Sarah Ballenden se retrouva au cœur d’un scandale qui eut de graves conséquences raciales et sociales. Il semble qu’un flirt imprudent avec le capitaine Christopher Vaughan Foss […] alimenta les commérages […] Anne Rose Clouston qui, à l’automne de 1849, avait quitté la Grande-Bretagne pour épouser Augustus Edward Pelly, commis de la Hudson’s Bay Company, était vexée de devoir céder le pas à une femme qu’elle ne considérait pas comme son égale sous les rapports de la race et de la réputation. Elle propagea des ragots afin de discréditer Sarah Ballenden et demanda au gouverneur d’Assiniboia, le major William Bletterman
Des tensions entre résidents blancs et métis ont ponctué l’histoire de la Rivière-Rouge. Certaines personnes ont tenté de concilier les parties, comme le montre la biographie d’Andrew Graham Ballenden Bannatyne, homme d’affaires et membre du Conseil d’Assiniboia [V. Rébellion de la Rivière-Rouge et création du Manitoba (1869–1870)] :
Bannatyne joua un rôle important au cours du drame de 1869–1870 ; il s’efforça particulièrement de dissiper les sentiments de crainte et d’inquiétude qui séparaient les Métis et les Blancs. Le conflit racial qui, dans la colonie, était sous-jacent aux événements se manifesta en février 1869, lorsque Charles
Pour en apprendre davantage sur l’évolution des communautés métisses francophones et anglophones de la Rivière-Rouge, de même que sur leurs rapports avec les populations blanches entre 1812 et 1870, nous vous invitons à consulter les listes de biographies qui suivent.