Titre original :  William Bletterman Caldwell. Source: http://www.mhs.mb.ca/docs/mb_history/73/caldwellsouvenir.shtml.

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CALDWELL, WILLIAM BLETTERMAN, soldat et administrateur colonial, né probablement en 1798 ; il se maria et eut cinq enfants ; décédé le 29 janvier 1882 à Londres.

On ne sait rien des antécédents de la famille de William Bletterman Caldwell mais on peut supposer qu’elle était anglaise. Caldwell fit carrière dans l’armée et débuta comme enseigne du 60e d’infanterie en septembre 1814. Il servit dans divers régiments pendant les années suivantes et fut promu capitaine en 1831, puis major en 1846. En septembre 1848, il arriva à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) à titre de commandant d’une petite formation de pensionnés externes du Royal Hospital, hôpital militaire de Chelsea, en Angleterre, ainsi que de gouverneur du district d’Assiniboia. Nommé à ce dernier poste par le ministre des Colonies, lord Grey, Caldwell avait toutefois été choisi et était payé par la Hudson’s Bay Company.

La nomination de Caldwell, premier gouverneur à n’avoir pas été antérieurement associé à la Hudson’s Bay Company, avait pour but de corriger la principale anomalie du gouvernement de la colonie de la Rivière-Rouge : tout en détenant le monopole du commerce des fourrures, la compagnie nommait aussi les membres du gouvernement et des tribunaux. On espérait de plus que les militaires à la retraite sous les ordres de Caldwell apporteraient la stabilité dans la colonie agitée par l’avance de la colonisation américaine et par les demandes de ses habitants désireux de se gouverner eux-mêmes et de pratiquer librement le commerce des fourrures. Mais cette tentative de la compagnie de doter la colonie d’un gouvernement impartial, ayant à sa disposition une certaine force armée, échoua. Les colons continuèrent à considérer le gouverneur et le Conseil d’Assiniboia comme des créatures de la Hudson’s Bay Company, et les militaires à la retraite, à cause de leur nombre restreint et de leur allure trop peu martiale, ne réussirent pas à susciter le respect de la colonie, comme l’avait fait l’unité antérieure, le 6e d’infanterie [V. John ffolliott Crofton].

Ce fut dans ces conditions que Caldwell, en qualité de gouverneur, dut présider le procès du Métis Pierre-Guillaume Sayer* à la Cour générale des sessions trimestrielles d’Assiniboia en mai 1849. On accusait Sayer, ainsi que trois autres Métis, d’avoir fait le commerce des fourrures avec les Indiens. John Ballenden*, agent principal de la Hudson’s Bay Company à la Rivière-Rouge, avait, semble-t-il, intenté la poursuite dans le but d’obtenir par une décision judiciaire précise que le commerce des fourrures entre les Indiens et les particuliers soit déclaré illégal. Malheureusement pour Ballenden, Sayer, quoique reconnu coupable, ne fut pas condamné, et la plupart des gens interprétèrent cette décision comme une ouverture du commerce à tous [V. Adam Thom]. Ce fut, en fait, la dernière tentative de la compagnie d’imposer son monopole.

Cette affaire valut à Caldwell une réputation de gouverneur faible et inefficace. Les Métis, conduits par Louis Riel* père, avaient assisté au procès en masse et armés sans que Caldwell ne fasse appel aux militaires à la retraite pour protéger la cour. Il se justifia en déclarant qu’on ne lui avait pas accordé une force de 200 hommes tel que promis ; seulement 56 hommes, accompagnés de 42 femmes et de 57 enfants, étaient arrivés à la Rivière-Rouge en septembre 1848. Cette force, déclara-t-il, pouvait constituer une garnison à Upper Fort Garry (Winnipeg) mais non maintenir l’ordre dans la colonie. Lorsqu’il avait demandé aux membres du Conseil d’Assiniboia et aux principaux colons si des hommes dignes de confiance joueraient le rôle de constables spéciaux, on lui avait répondu qu’on ne souhaitait pas se mêler à des questions ayant trait au commerce des fourrures parce qu’on craignait une réaction de la part des Métis. Il avait alors jugé que faire venir les militaires à la retraite ne serait pas une idée heureuse et pourrait constituer une provocation ; cette décision démontrait à tout le moins son bon sens.

L’hostilité envers Caldwell atteignit son point culminant en juillet 1850, lors de la célèbre cause impliquant Christopher Vaughan Foss contre Augustus Edward Pelly par suite du prétendu écart de conduite de Sarah McLeod*, épouse de l’agent principal John Ballenden, et du capitaine Foss, second de Caldwell. Les racontars allèrent bon train jusqu’à ce que Foss intentât un procès à Pelly, comptable de la Hudson’s Bay Company à la Rivière-Rouge, et à sa femme ainsi qu’au cantinier John Davidson et à sa femme pour conspiration de diffamation. Caldwell se vit obligé de siéger seul au tribunal parce que tous les autres magistrats de la colonie refusèrent de le faire avec lui. Le procès dura trois jours et se déroula dans le désordre. Quand les complexités juridiques rendirent la tâche trop difficile à Caldwell, il fit appel au recorder Thom pour l’aider. Ce dernier, qui avait conseillé Foss et Mme Ballenden avant le procès et les avait fortement appuyés, semble avoir saisi toutes les occasions pour s’assurer la condamnation de Pelly, quittant, entre autres, son siège pour témoigner au nom du demandeur avant de s’adresser au jury. À la fin, la cour se prononça en faveur de Foss, et Caldwell lui accorda des dommages-intérêts.

La façon irrégulière dont Caldwell avait mené le procès Foss contre Pelly porta à son comble l’insatisfaction des colons anglophones envers leur gouverneur. Menés par Alexander Ross*, 500 d’entre eux signèrent une pétition demandant le congédiement de Caldwell. La situation fut désamorcée quand le nouveau gouverneur de Rupert’s Land, Eden Colvile*, arriva un mois après le procès, en août 1850, s’établit dans la colonie et, avec le consentement de Caldwell, présida le conseil et le tribunal jusqu’à ce que le calme se soit rétabli.

Bien que Colvile le considérât inapte à gouverner, Caldwell reprit ses fonctions en 1851 et demeura à la Rivière-Rouge jusqu’en 1855, année où il retourna en Angleterre. Francis Godschall Johnson* lui succéda. Promu lieutenant-colonel en 1854, Caldwell prit sa retraite de l’armée trois ans plus tard. Convoqué devant le comité spécial de la chambre des Communes britannique tenu en 1857 pour étudier le renouvellement de la licence de la Hudson’s Bay Company, il témoigna en faveur de celle-ci. Il mourut à Londres en 1882.

W. L. Morton

PAM, HBCA, A.11/95, 2 août 1849, 24 mars 1850 ; D.4/42, 25 juin 1840 ; D.5/22, 26 mai 1848.— PRO, CO 42/608, Caldwell à Merivale, 31 mars 1856.— Canadian North-West (Oliver), 1 : 352.— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1857, Report from the select committee on the HBC.— HBRS, XIX (Rich et A. M. Johnson).— Hart’s army list, 1831 ; 1846 ; 1854 ; 1857.— Rich, Hist. of HBC, II : 544.

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W. L. Morton, « CALDWELL, WILLIAM BLETTERMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_william_bletterman_11F.html.

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Auteur de l'article:    W. L. Morton
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    20 nov. 2024