La création du Dictionnaire biographique du Canada/Dictionary of Canadian Biography (DBC/DCB) a été rendue possible grâce à James Nicholson. Arrivé au Canada en 1891, ce négociant d’origine anglaise, qui fit fortune comme fabricant de graines pour oiseaux, voulut donner en retour à son pays d’adoption. Grand lecteur – dans sa jeunesse, il s’était parfois privé de nourriture pour acheter des livres –, Nicholson développa une passion pour l’histoire du Canada. Au fil de ses lectures, il prit conscience du fait que le pays ne disposait pas d’un dictionnaire biographique national, à la différence du Royaume-Uni. En 1952, son legs de 3 millions de dollars (qui équivaudraient, aujourd’hui, à plus de 30 millions de dollars) à la University of Toronto, destiné à la création d’un projet de dictionnaire biographique national, visait à combler cette lacune de l’érudition canadienne. Nicholson avait nourri, pour ce projet, de grandes ambitions : le dictionnaire biographique canadien, avait-il précisé, devrait égaler et même dépasser les ouvrages analogues publiés ailleurs. Il devrait, en outre, s’en distinguer par la sélection de personnages non seulement reconnus dans leurs milieux, mais également issus de tous les horizons, principe directeur qui demeurerait une caractéristique du DBC/DCB.
En 1961, la University of Toronto s’associa à l’université Laval afin d’assurer la publication simultanée des biographies en deux éditions, l’une française et l’autre anglaise. Dès lors, le DBC/DCB devint et resterait, dans le domaine des sciences humaines, le plus important projet bilingue d’édition savante au Canada. Grâce à la qualité scientifique et littéraire de ses biographies et fort du soutien financier du gouvernement fédéral ainsi que de généreux donateurs privés et institutionnels, le DBC/DCB en vint à faire figure d’autorité en histoire canadienne. En témoignent, quelques décennies plus tard, ses 9 000 biographies, rédigées, principalement à partir de sources primaires, par des chercheurs canadiens et internationaux généreux de leur temps et de leur expertise. Politiciens, bourreaux, suffragettes, travailleurs sociaux, cardinaux, chefs de secte ou encore enfant autochtone mort de froid après avoir fui un pensionnat et patiente en psychiatrie à l’Asylum for the Insane de Toronto : un large éventail de personnages et de parcours canadiens se côtoient dans le DBC/DCB.
Au fil des ans, le DBC/DCB a reçu plusieurs prix, dont le Prix d’histoire du gouverneur général pour les médias populaires (prix Pierre-Berton) en 2012. Salué pour son riche contenu, sa documentation exhaustive, ses textes de qualité et sa mise en valeur de personnages généralement exclus des récits historiques traditionnels, le DBC/DCB est reconnu pour sa contribution majeure à l’écriture de l’histoire canadienne et à l’établissement d’une nouvelle compréhension du passé.
Les biographies du DBC/DCB sont organisées non pas alphabétiquement, mais chronologiquement en une série de volumes couvrant l’an 1000 au xxe siècle. Chaque volume contient des biographies de personnes dont le décès ou la dernière date d’activité connue se situe au cours de la période prescrite. Les volumes de i à xv (ce dernier couvrant la période 1921–1930) ont été publiés sous forme imprimée entre 1966 et 2005. Le DBC/DCB a ensuite évolué vers une version exclusivement numérique, où toutes les biographies sont accessibles gratuitement. Chaque semaine, le DBC/DCB est enrichi d’une nouvelle biographie (inscrivez-vous à notre infolettre pour être informé des nouvelles publications) ainsi que de corrections mineures dans une biographie déjà parue. Plus récemment, l’organisation chronologique traditionnelle a été combinée à une nouvelle approche qui englobe toutes les périodes jusqu’à la fin du xxe siècle. Cette démarche vise à enrichir considérablement le DBC/DCB de biographies d’Autochtones, de femmes et de personnes racisées ou issues de communautés ethnoculturelles.
Le DBC/DCB a pour mission non pas de célébrer ou de condamner l’histoire canadienne, mais de publier des biographies érudites et de qualité, qui aideront les lecteurs à mieux comprendre le passé, dans toute sa complexité et sa diversité.