COWAN, WILLIAM, médecin, trafiquant de fourrures et homme politique, né en 1818 en Écosse ; décédé le 20 juin 1902 à Saint Paul, Minnesota.
William Cowan obtint son diplôme de médecine de la University of Glasgow en 1843. Il avait commencé à exercer lorsqu’une épidémie de choléra se déclara et il l’attrapa. Très affaibli, il décida d’immigrer, pour refaire sa santé, dans ce qui est maintenant la Colombie-Britannique. Il apprit entre-temps que le ministère de la Guerre cherchait un officier de santé pour accompagner les militaires retraités du Royal Hospital de Chelsea (Londres), que l’on envoyait s’établir à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), sous le commandement du major William Bletterman Caldwell* en 1848. Ayant obtenu le poste, il arriva à Upper Fort Garry (Winnipeg) l’année suivante.
Cowan se fit rapidement remarquer dans la société de la Rivière-Rouge. Nommé magistrat rémunéré principal en 1852, il épousa la même année Harriette Sinclair, fille de l’éminent marchand et trafiquant de fourrures James Sinclair*. Le couple aurait deux filles et un fils. Cowan devint membre du Conseil d’Assiniboia en 1853 et assisterait, au total, à 34 de ses assemblées. Entré au service de la Hudson’s Bay Company moins de deux ans après son arrivée dans la colonie, Cowan fut envoyé à Moose Factory (Ontario), en 1856, et promu chef de poste quatre ans plus tard. Puis, en 1862, on le rappela à Upper Fort Garry pour en faire le lieutenant de William Mactavish*, gouverneur de l’Assiniboia. En 1864, les Cowan emmenèrent leurs enfants en Grande-Bretagne afin de les faire instruire et ils revinrent l’année suivante en passant par York Factory.
Le journal que Cowan tint de 1852 à 1871 constitue aujourd’hui une précieuse source de renseignements sur l’histoire du Nord-Ouest. Son carnet de 1852, par exemple, contient une description complète du débordement de la rivière Rouge, celui de 1868 des précisions sur le travail du comité d’assistance mis sur pied pendant l’invasion de sauterelles, celui de 1869 des allusions à la maladie de Mactavish, à la visite du président du Conseil privé du Canada, Joseph Howe*, et aux mesures prises par le Conseil d’Assiniboia au début de la résistance de la colonie à l’union avec le Canada.
Le 2 novembre 1869, le Comité national, dirigé par le chef métis Louis Riel*, occupa Upper Fort Garry. Certains indices portent à croire que Cowan et Mactavish ne virent pas cette occupation d’un mauvais œil ; peut-être même l’avaient-ils conseillée. Les deux hommes étaient, par leur mariage, liés à la société de la Rivière-Rouge : Mactavish par sa femme, Mary Sarah, fille du marchand Andrew McDermot*, et Cowan par les Sinclair. Tous deux avaient des motifs d’en vouloir aux actionnaires de la Hudson’s Bay Company en Angleterre, qui refusaient aux fonctionnaires de la compagnie une part des 300 000 £ que celle-ci devait recevoir en contrepartie de l’annexion du Nord-Ouest au Canada. Tout comme Mactavish, Cowan avait déjà eu maille à partir avec le « parti canadian » et son chef John Christian Schultz*, et avait également des raisons de craindre que les membres de cette coterie ne tentent de s’emparer d’Upper Fort Garry. Or, une occupation par ce groupe, prévisible, techniquement facile et, de fait, ardemment préconisée par certains colons, provoquerait certainement une explosion de violence et des dégâts matériels pour la Hudson’s Bay Company quand la nouvelle en parviendrait aux forces beaucoup plus nombreuses et mieux armées du Comité national, alors postées à Saint-Norbert.
De toute évidence, la Hudson’s Bay Company avait intérêt à ce que le fort soit entre les mains du groupe le plus puissant de la colonie, le Comité national, d’autant plus qu’elle s’était souvent appuyée sur les Métis. Il n’y a pas lieu de mettre en doute la version métisse de l’affaire selon laquelle Mactavish avait vivement conseillé l’occupation immédiate du fort. Il y a encore moins de raisons de douter de ce que Cowan écrivit dans son journal, à savoir qu’il avait lui-même fait des remontrances à Riel à propos de la présence d’hommes armés aux portes, ce à quoi Riel avait répliqué qu’ils étaient là pour protéger le fort contre le danger. Cowan savait bien où était ce danger, et Riel savait qu’il savait. Le consentement de la Hudson’s Bay Company à l’occupation du fort n’écartait pas la possibilité d’une réaction impétueuse de Schultz ou de William McDougall, lieutenant-gouverneur désigné des Territoires du Nord-Ouest, non plus qu’il indiquait que la compagnie allait collaborer avec le Comité national dans toutes ses entreprises. Il signifiait cependant qu’elle considérait qu’Upper Fort Garry était en des mains sûres et amicales.
Cowan passa une grande partie de l’hiver en résidence surveillée. À un certain moment, Riel menaça de le faire fusiller, avec Mactavish, si les deux hommes n’ordonnaient pas le retrait de dix Métis qui, sous la direction de Pierre Léveillé, s’opposaient au Comité national. Durant quelques jours en février, Cowan fut incarcéré pour avoir refusé de prêter le serment d’allégeance au gouvernement provisoire.
Au printemps de 1870, Riel prit possession de la maison des Cowan pour en faire sa résidence et ceux-ci durent s’installer, d’abord dans une maison plus petite au fort puis, sur l’insistance de Mactavish, à Lower Fort Garry. Certains ont cru que les Cowan s’étaient « échappés » de l’établissement, mais les faits semblent moins spectaculaires. Après la nomination de son successeur, Cowan partit le 31 mai pour assister au conseil annuel de la Hudson’s Bay Company à Norway House. C’est là qu’il reçut la confirmation de son congé de un an et, le 4 août, les Cowan retournèrent en Grande-Bretagne.
Le groupe de Schultz avait sévèrement critiqué William Cowan quand il avait refusé l’aide de volontaires pour expulser les Métis du fort. C’est pourquoi, ce parti ayant la faveur à Winnipeg, Cowan alla s’installer dans une ferme située à quelques milles au sud de Saint Paul, au Minnesota, quand il prit sa retraite en 1871. En 1874, il se rendit à Ottawa pour comparaître devant un comité spécial de la Chambre des communes sur le Nord-Ouest. Revenu à Winnipeg deux ans plus tard pour pratiquer la médecine, il présida en 1879 l’assemblée de fondation de la Société historique et scientifique de Manitoba, dont il devint le premier vice-président. Quand l’Hôpital général de Winnipeg fut constitué juridiquement en 1882, on nomma Cowan consultant honoraire. Après 1885, le couple retourna vivre à Saint Paul, jusqu’au décès du docteur Cowan en 1902.
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Neil Edgar Allen Ronaghan, « COWAN, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cowan_william_13F.html.
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Auteur de l'article: | Neil Edgar Allen Ronaghan |
Titre de l'article: | COWAN, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |