RIEL, LOUIS, fermier, meunier et leader métis, né en juillet 1817 à l’Île-à-la-Crosse (Saskatchewan), fils aîné de Jean-Baptiste Riel, dit L’Irlande, voyageur, et de Marguerite Boucher, Métisse franco-chipewyan, décédé le 21 janvier 1864, à Saint-Boniface (Manitoba).
En 1822, la famille Riel quitta l’Ouest pour se rendre au Bas-Canada, où Louis fut baptisé à Berthier-en-Haut (Berthierville, Québec), le 23 septembre. Il fréquenta une école de la région et apprit le métier de cardeur de laine. Lorsqu’il eut 21 ans, en 1838, il retourna dans le Nord-Ouest travailler pour le compte de la Hudson’s Bay Company. Cette date, ainsi que l’apparition, chez les Métis, d’un drapeau appelé « l’étendard de Papineau » – mentionnée par Alexander Ross*, dans The Red River Settlement – nous amènent à nous demander si Louis Riel, père, n’avait pas pris part à la rébellion de 1837. Tout comme son célèbre fils, il devait se faire le champion des droits des Canadiens français et des Métis dans le Nord-Ouest. Pendant plusieurs années, Louis travailla à la rivière La Pluie. En 1842, il retourna au Bas-Canada et entra au noviciat des Oblats de Marie-Immaculée, à Saint-Hilaire (Mont-Saint-Hilaire), mais il le quitta peu de temps après, n’ayant pas la vocation. Au cours de l’été de 1843, il regagna le Nord-Ouest et s’établit à la colonie de la Rivière-Rouge.
Le lot de Louis Riel, au bord de la rivière à Saint-Boniface, était voisin de celui de Jean-Baptiste Lagemodière, voyageur, et de sa femme, Marie-Anne Gaboury*. Le 21 janvier 1844, Riel épousa leur fille Julie, après de douloureuses hésitations de la part de celle-ci, écartelée entre la vocation religieuse et ses devoirs filiaux envers ses parents qui encourageaient ce mariage. Le tempérament très religieux de Julie Riel devait avoir une grande influence sur l’aîné de leurs 11 enfants, Louis*, né en octobre 1844.
Ce fils, qui devait devenir célèbre, fut également influencé par la carrière de son père. Louis Riel, père, acquit rapidement de la notoriété dans la société métisse et canadienne-française de la Rivière-Rouge et témoigna de la sympathie pour les trafiquants de fourrures indépendants qui contestaient le monopole de la Hudson’s Bay Company. Ce monopole fut mis à l’épreuve, en mai 1849, lors du procès de Pierre-Guillaume Sayer* accusé par la compagnie de trafic illégal. Riel y apparut au côté du révérend George-Antoine Bellecourt* et c’est comme conseiller et leader des Métis qu’il soutint Sayer. Le jury rendit un verdict de culpabilité mais recommanda la grâce de Sayer, qui fut libéré. Riel affirma aussitôt que ce verdict équivalait à un abandon du monopole et sa déclaration fut aussitôt reprise par les Métis. Effectivement, la traite des fourrures devait devenir libre par la suite. Riel défendit également avec ardeur la cause de la représentation des Métis d’origine française au Conseil d’Assiniboia et l’emploi du français aussi bien que de l’anglais devant les tribunaux. Le succès qu’il obtint sur ces deux points en fit le chef de file de la communauté francophone, au cours des années 1850.
Riel s’était également lancé dans les affaires. Il travailla à l’établissement d’un moulin à foulon, à Saint-Boniface, et, en 1847, il ouvrit un petit moulin sur sa ferme, avec l’appui de l’agent principal John Ballenden*, mais il n’eut guère de réussite. Il essaya par la suite, avec un certain succès, dit-on, d’installer et de faire fonctionner un moulin à carder et un moulin à blé, d’où son surnom de « meunier de la rivière Seine ». En 1857, nourrissant des ambitions, il se rendit à Montréal acheter de l’équipement pour une manufacture de textiles, revint avec le matériel mais échoua dans cette entreprise.
Riel mourut en 1864, pleuré autant par son peuple que par sa famille et notamment par son fils Louis, alors étudiant à Montréal. Si Riel, père, n’avait pas réussi comme homme d’affaires, il avait établi une tradition de meneur d’hommes que son fils devait suivre et qui allait modifier l’histoire du Nord-Ouest.
Archives paroissiales, Sainte-Geneviève-de-Berthier (Berthierville, Québec), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 23 sept. 1822.— HBRS, XIX (Rich et Johnson), passim.— Tassé, Les Canadiens de l’Ouest, II : 353–379.— A. S. Morton, History of the Canadian west, 805, 810, 816, 858, 880.— Ross, Red River Settlement (1957), 239s.— Stanley, Louis Riel.
W. L. Morton, « RIEL, LOUIS (1817-1864) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/riel_louis_1817_1864_9F.html.
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Auteur de l'article: | W. L. Morton |
Titre de l'article: | RIEL, LOUIS (1817-1864) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |