SMITHURST, JOHN, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 9 septembre 1807 à Lea, Derbyshire, Angleterre, fils de William et Christiana Smithurst, décédé le 2 septembre 1867 à Elora, Ontario.

On ne sait rien de l’enfance et de la jeunesse de John Smithurst. Le 10 septembre 1836, il fut accepté comme aspirant stagiaire par la Church Missionary Society d’Angleterre et placé dans son collège à Islington (qui fait aujourd’hui partie de Londres). Comme la plupart des aspirants missionnaires de l’époque, dont beaucoup venaient de la campagne et avaient subi l’influence des pasteurs évangéliques, Smithurst manquait d’instruction mais il possédait un grand sens pratique et démontrait une conviction spirituelle solide.

Le bureau de la société nomma Smithurst à sa mission du Nord-Ouest de l’Amérique, et, le 23 décembre 1838, il fut ordonné diacre par l’évêque de Londres, qui avait juridiction sur les territoires de la Hudson’s Bay Company. Ce dernier le nomma aumônier de la compagnie à l’établissement de la Rivière-Rouge avec un traitement de £100 par an. La compagnie s’inquiétait de l’affluence des Indiens à la Rivière-Rouge et elle avait de ce fait l’intention d’envoyer Smithurst fonder un établissement et une école à Cumberland House. Le 26 mai 1839, il fut ordonné prêtre et arriva à Rupert’s Land au mois de septembre suivant.

En février 1840, la compagnie tomba d’accord pour que Smithurst soit affecté de façon permanente à l’Indian Settlement, situé au confluent du ruisseau Netley et de la rivière Rouge, à environ 12 milles en aval de Grand Rapids (St Andrew’s). Il avait été entendu avec la compagnie que les missionnaires pourraient être envoyés à Cumberland, mais ces arrangements furent modifiés à cause d’une querelle provoquée par un legs de James Leith*, ancien chef de poste de Cumberland House, destiné à propager la « religion chrétienne [et] protestante » parmi les natifs de Rupert’s Land. L’affectation de Smithurst comme aumônier de la compagnie prit fin le 1er juin 1840 et il devint seulement missionnaire de la société. Il fit également du ministère à Grand Rapids. En octobre 1840, il célébra le mariage de l’influent chef sauteux Peguis.

Smithurst fut le premier missionnaire anglican à Rupert’s Land qui tenta d’apprendre une langue indienne. En mars 1842, il avait achevé la traduction de l’office de la prière du soir tiré du Prayer Book pour passer ensuite à celle de la célébration du mariage. Il se servait de l’alphabet romain, soutenant que le système syllabique du révérend James Evans* était trop imprécis. Il reconnaissait cependant que les Indiens trouvaient aussi facile d’apprendre l’anglais ; c’est alors qu’il décida d’écrire un dictionnaire cri-anglais. Aucun des ouvrages linguistiques de Smithurst ne fut publié, et, en fin de compte, l’évêque David Anderson* décida d’adopter le système syllabique d’Evans. Deux missions annexes dotées de catéchistes indiens furent confiées à Smithurst : celle de Henry Budd* à W’passkwayaw (Le Pas) et celle de James Settee* à Beaver Creek ; Smithurst visita ces deux missions respectivement en 1842 et 1843.

En mars et avril 1842 Smithurst fut entraîné dans ce qui fut appelé la controverse sur l’ordination dans les colonies, après que le recorder Adam Thom*, au caractère plutôt inflexible, eut publié un Essay dans lequel il mettait en question l’autorité de l’évêque anglican de Montréal à exercer ses fonctions à Rupert’s Land. L’évêque George Jehoshaphat Mountain, chaleureusement encouragé par William Cockran et Smithurst, et avec l’approbation de l’évêque de Londres, devait effectuer le long voyage vers l’Ouest en vue de faire une visite pastorale au cours de l’été de 1844. L’éventualité de cette visite avait été discutée en 1840, et Smithurst crut voir dans l’Essay de Thom une nouvelle attaque contre les privilèges de l’Église d’Angleterre à Rupert’s Land. La Hudson’s Bay Company avait accepté quelques aumôniers wesleyens en 1840, et les évangéliques appartenant à l’Eglise d’Angleterre tenaient à ce que leur statut de membres de l’Eglise établie soit reconnu. Smithurst informa la compagnie que si les thèses proposées par Thom étaient exactes et que ceux qui avaient été ordonnés par l’évêque de Montréal tombaient sous le coup de l’incapacité civile, ils n’en resteraient pas moins « des ministres nommés par l’autorité apostolique », tandis que les ministres wesleyens étaient « seulement des enseignants laïques n’ayant pas été ordonnés de façon le moindrement valable ou légale ». Finalement, Smithurst essuya des reproches à la fois de la compagnie et de la Church Missionary Society pour avoir participé à la controverse. Son manque de charité justifiait l’opinion – énoncée dès ses années de collège – que c’était un individu « capable d’exposer la vérité avec érudition mais sans amour ».

En 1846 et 1847, Smithurst dirigea volontairement les offices à la garnison du 6e régiment d’infanterie, dont la moitié environ était cantonnée à Lower Fort Garry. En juin 1849, il fut nommé au Conseil d’Assiniboia, et, la même année, il fut entraîné dans la querelle sur le libre commerce des fourrures. En fournissant au gouverneur William Bletterman Caldwell* des renseignements favorables à la Hudson’s Bay Company, il souleva la colère des Métis qui réussirent à monter contre lui une bonne partie des Indiens de la place. Les deux dernières années de Smithurst à la Rivière-Rouge furent pleines de déboires, et comme il souffrait de rhumatisme aigu, il prit sa retraite en 1851 et retourna en Angleterre.

Smithurst émigra au Haut-Canada en 1852 et il finit ses jours à Elora. Il y fut pendant un temps ministre de l’église St John, puis il acquit une ferme inculte dans le canton de Minto, qu’il appela Lea Hurst, en s’inspirant du nom de l’endroit où il était né. Il ne se maria pas. Florence Nightingale avait également habité à Lea, et on a laissé entendre qu’elle se serait mariée avec Smithurst, qui était son cousin germain, si les parents ne s’y étaient opposés. Cette histoire, renforcée par le fait que Florence Nightingale donna, par l’entremise de son « cher ami » Smithurst, un ensemble de vases sacrés servant à la célébration de la communion à l’église d’Elora, semble sans fondement.

Smithurst fut un missionnaire consciencieux. Pendant ses 12 années à la Rivière-Rouge, il célébra 323 baptêmes à l’Indian Settlement. C’était aussi un homme doué d’un grand sens pratique, dont la mission possédait « la maison et le jardin les mieux aménagés de l’établissement de la Rivière-Rouge ». Il fut un homme d’Église qui se conforma aux normes évangéliques. En août 1845, il informa la Church Missionary Society qu’il était en désaccord avec son collègue Cockran sur les « façons particulières [de ce dernier] de célébrer l’office divin » ; il était indifférent aux scrupules des presbytériens qui se trouvaient parmi les colons de Kildonan. Ses opinions tractariennes ennuyaient la Church Missionary Society du fait qu’il enseignait aux Indiens comment fixer les dates des fêtes mobiles, de sorte que ceux qui partaient chasser pour l’hiver puissent revenir pour l’office de Pâques, mais il déclarait qu’il n’attachait « aucune importance à l’observance rituelle » qu’il considérait « comme très secondaire pour la dévotion ».

Smithurst légua ses livres à l’évêque de Toronto, John Strachan, afin qu’ils soient utilisés par la University of Trinity College, ainsi que de l’argent en dépôt pour la construction d’une église. Sa résidence alla à la Church Missionary Society.

A. N. Thompson

CMS Arch., Committee minutes, XV–XVIII, XXVIII ; North West America mission, Correspondence : colonial ordination, 1842 ; London correspondence outwards, 1821–1860 ; Letters and journals of William Cockran, 1825–1865 ; Letters and journals of John Smithurst, 1839–1851 ; Letters of David Anderson, 1849–1864 ; Letters of Robert James, 1846–1851 ; Letters to home secretaries, 1822–1874.— HBC Arch., A.5/12, f.281 ; A.6/25, ff.114s., 137 ; A.6/26, ff.88s. ; A.36/12, f.219 ; D.4/39, ff.109d.–110 ; D.5/7, 157d.–158, 186–186d., 192–192d. ; D.5/12, 335d. ; D.5/24, ff.435d.–436 ; D.5/25, ff.225s., 581s.— Methodist Missionary Soc. Archives (Londres), Correspondence, Canada, 1838–1853 (mfm aux APC).— PABC, Donald Ross papers, letters of John Smithurst to Donald Ross, 1844–1851.— Canadian North-West (Oliver), I : 354.— Church Missionary Soc., Proc. for Africa and the East (Londres), 1838–1852 (comprenant les rapports de l’Amérique du Nord).— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1857, Report from the select committee on the HBC.— HBRS, XIX (Rich et Johnson).— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod).— [G. J. Mountain], The journal of the bishop of Montreal, during a visit to the Church Missionary Society’s north-west America mission [...] (Londres, 1845).— I. [G. Simpson] Finlayson, York Boat journal, A. M. Johnson, édit., Beaver, outfit 282 (déc. 1951), 32–37.— R. M. Ballantyne, Hudson’s Bay ; or, every-day life in the wilds of North America, during six years residence in the territories of the honourable Hudson’s Bay Company (2e éd., Édimbourg, 1848), 91.— Boon, Anglican Church.— Sarah Tucker, The rainbow in the north : a short account of the first establishment of Christianity in Rupert’s Land by the Church Missionary Society (Londres, 1851).— M. A. MacLeod, The lamp shines in Red River, Beaver, outfit 267 (sept. 1936), 41–45.

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A. N. Thompson, « SMITHURST, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smithurst_john_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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