LEITH, JAMES, trafiquant de fourrures, né en 1777 à Glenkindie, Écosse, et baptisé le 3 août 1777 dans la paroisse de Strathdon, fils d’Alexander Leith et de Mary Elizabeth Gordon ; décédé le 19 juin 1838 à Torquay, Angleterre.

La famille de James Leith possédait fortune et bonnes relations. James arriva probablement dans le Bas-Canada en 1794 avec George Leith, un marchand de Detroit qui, en 1798, prit part à la fondation de la New North West Company (appelée parfois la XY Company). Le 1er décembre 1799, il faisait partie des associés hivernants de cette compagnie et, en 1801, il était à la rivière de la Paix. Après la fusion avec la North West Company en 1804, il demeura au nombre des associés.

Comme employé de la North West Company, Leith travailla surtout à l’est du fort William (Thunder Bay, Ontario) : il hiverna dans le département de « Folle Avoine » en 1806–1807, à Michipicoten (Michipicoten River, Ontario) de 1807 à 1810 puis dans le département de Monontagué et au lac Nipigon de 1812 à 1815. Il passa quatre hivers à l’ouest du lac Supérieur : l’hiver de 1811–1812 dans la colonie de la Rivière-Rouge et ceux de 1810–1811, 1815–1816 et 1816–1817 au lac à la Pluie (lac Rainy, Ontario). L’hostilité de Leith et de John Haldane* envers les représentants montréalais de la North West Company provoqua la scission du conseil de la compagnie en 1815. L’année suivante, il se trouva mêlé à l’imbroglio qui opposa lord Selkirk [Douglas*] et la North West Company. Il était du nombre des 11 associés qu’Archibald Norman McLeod amena dans la colonie de la Rivière-Rouge pour riposter à la capture par Colin Robertson du Nor’Wester Duncan Cameron et pour distribuer des cadeaux aux Métis qui avaient tué à Seven Oaks (Winnipeg) le gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company, Robert Semple*, ainsi qu’un groupe de colons. On l’envoya de nouveau à la Rivière-Rouge en 1817 pour aider les commissaires spéciaux, William Bacheler Coltman* et John Fletcher, à réconcilier les opposants comme l’avait exigé le ministère des Colonies.

En octobre 1818, Leith se trouvait à York (Toronto), où se tenait le procès de deux hommes impliqués dans l’affaire de Seven Oaks [V. Thomas Douglas]. À l’automne de 1819, dans le Bas-Canada, il seconda les efforts déployés par McLeod en faveur de certains Nor’Westers pour leur obtenir des procès expéditifs ou le retrait des accusations portées contre eux par Selkirk. Même si son nom figure dans certains actes d’accusation, Leith était l’un des associés les moins belliqueux. En 1820, le conseil de la North West Company lui confia le département de la rivière Athabasca ; Leith installa son quartier général à la rivière de la Paix, où l’hiver se passa dans un calme sans précédent.

La fusion de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company (en 1821) profita à Leith, qui devint agent principal. Sa neutralité dans les luttes avec la Hudson’s Bay Company avait agacé certains de ses collègues sans pour autant lui attirer des amis dans le camp opposé. Toutefois Colin Robertson, en parlant en 1822 de sa résistance aux «influences indues », le caractérisa avec exactitude : « Ce gentleman, bien que dépourvu de côtés brillants, possède de grands talents naturels, un gros bon sens et des principes fort honorables. » Leith retourna dans la région de l’Athabasca pour la saison de 1821–1822. Pendant le reste de sa carrière, soit jusqu’en 1829, il dirigea le district de Cumberland House (Saskatchewan), où il avait peu de responsabilités importantes à part celle d’aider les autres districts à effectuer leurs transports d’été.

Gratifié d’un congé pour 1829 et 1830, Leith s’embarqua en direction de Londres le 15 septembre 1829. Il prit officiellement sa retraite le 31 mai 1831. L’année précédente, il avait transféré Colquoich, propriété de 1 000 acres qu’on lui avait assignée, à son frère aîné, sir Alexander Leith. Il s’installa en pension à Torquay, mais demeura en relation avec certains anciens collègues trafiquants, dont l’agent principal John Stuart. En 1836–1837, ils firent tous deux le tour du continent.

Personnage distant et terne, Leith n’accomplit rien de remarquable durant sa vie. Si l’on se souvient de lui, c’est à cause d’une œuvre charitable fondée après sa mort. En effet, il légua par fidéicommis la moitié de sa fortune pour « établir, propager et étendre la religion chrétienne protestante parmi les Indiens natifs du [...] territoire de la Hudson’s Bay Company ». Les preuves de son intérêt pour la religion et les Indiens remontent au début des années 1820. Il avait alors fait campagne pour la Rupert’s Land Bible Society et son opinion concernant les Indiens du district de Cumberland House en 1823 était éclairée pour l’époque : « Ils ont, sur bien des points que le monde civilisé appelle une conduite honorable, des idées qui ne supporteraient pas un examen rigoureux, [mais c’est] uniquement en raison des circonstances et de leurs conditions de vie et non de carences dans leurs dons naturels. » Selon une tradition non corroborée, Leith, qui s’était peut-être marié à la façon du pays, aurait établi le fonds en question parce que des Indiens avaient tué sa femme et ses enfants à Le Pas (Manitoba). Il se peut qu’un tel événement soit survenu avant 1805, mais les récits publiés au sujet de la « noble revanche » de Leith dérivent tous d’une histoire que raconta de toute évidence Henry Budd* à John Henry Lefroy* à Le Pas, en 1843.

Le frère de James Leith, William Hay, et des dignitaires nommés d’office : le doyen anglican de Westminster, l’évêque de Londres, le gouverneur de la Hudson’s Bay Company et son adjoint, devaient administrer le legs. Deux des fidéicommissaires déclinèrent cette responsabilité ; leur refus et les protestations de la famille amenèrent la succession devant la Cour de la chancellerie. En 1848, on accorda environ £15 000 pour fonder le diocèse anglican de Rupert’s Land [V. David Anderson*] et, un an plus tard, la Hudson’s Bay Company s’engagea à verser une allocation annuelle de £300 pour inaugurer de belle façon l’œuvre charitable. Comme il se doit, on peut voir un portrait de Leith au palais épiscopal de Winnipeg.

Philip Goldring

Un portrait à l’huile de James Leith que possède l’EEC, Diocese of Rupert’s Land (Winnipeg), se trouve aux PAM.

APC, MG 19, A35, 7, part. iv : 31–41 ; E1, sér. 1 : 2761–2762, 3962–3964, 3984–3985 ; E2, item 95, Ready à McLeod et Leith, 5 oct. 1819 ; MG 24, A2 :913–917 ; L3 : 25629–25643 ; RG 4, B46 : 1442–1446, 1458–1468.— PAM, HBCA, A.36/8 : fos 225–228 (copie) ; A.38/27–30 ; B.39/e/4 ; B.49/a/42–44 ; B.49/e/3 ; C.1/916.— UTFL, ms coll. 31, box 24, notes on James Leith.— Ross Cox, The Columbia River : or, scenes and adventures during a residence of six years on the western side of the Rocky Mountains [...], E. I. et J. R. Stewart, édit. (Norman, Okla., 1957).— Docs. relating to NWC (Wallace).— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1819, 18, no 584 :195–197, 200, Papers relating to the Red River settlement.— John Halkett, Statement respecting the Earl of Selkirk’s settlement upon the Red River [...] ([éd. augmentée], Londres, 1817 ; réimpr., [Toronto, 1970]), app. EE.— HBRS, 2 (Rich et Fleming) ; 3 (Fleming).— La Gazette de Québec, 3 juill. 1794.— R. A. Pendergast, « The XY Company, 1798 to 1804 » (thèse de ph.d., Univ. of Ottawa, 1957), 64.— J. N. Wallace, The wintering partners on Peace River from the earliest records to the union in 1821 ; with a summary of the Dunvegan journal, 1806 (Ottawa, 1929).— [H.] B. Willson, The life of Lord Strathcona & Mount Royal, G.C.M.G., G.C.V.O. (1820–1914) (Londres et Toronto, 1915).— E. R. Bagley, «James Leith takes his revenge », Beaver, outfit 274 (juin 1943) : 36–37.

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Philip Goldring, « LEITH, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/leith_james_7F.html.

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Auteur de l'article:    Philip Goldring
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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