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MACHRAY, ROBERT, ministre de l’Église d’Angleterre, archevêque et éducateur, né le 17 mai 1831 à Aberdeen, Écosse, fils de Robert Machray, avocat, et de Christian Macallum ; décédé célibataire le 9 mars 1904 à Winnipeg.
Robert Machray naquit dans une famille de fervents presbytériens appartenant à la classe moyenne et au milieu des professions libérales. Après la mort de son père en 1837, on l’envoya habiter chez le demi-frère de celui-ci, Theodore Allan, instituteur dans une école paroissiale. Vivre auprès de son oncle contribua à éveiller l’intérêt qu’il porterait toujours à l’éducation. En outre, le jeune Machray eut ainsi l’occasion de voir de près les profondes dissensions opposant les fidèles de l’Église d’Écosse et ceux de l’Église libre. Ces dissensions se répercutaient dans sa famille. La plupart de ses parents étaient des adeptes de l’Église libre alors qu’Allan, malgré sa sympathie envers elle, continuait d’adhérer à l’Église d’Écosse. Le jeune Machray se forma une idée par lui-même et rejeta les deux camps. Sans doute influencé par les opinions tories et les traditions épiscopaliennes de la famille de sa mère, il finit par se tourner vers l’Église épiscopale d’Écosse et son Église mère, l’Église d’Angleterre. Il continua de fréquenter une église presbytérienne, mais résolut de devenir anglican lorsqu’il en aurait la possibilité.
Machray étudia les mathématiques au King’s College d’Aberdeen et au Sidney Sussex College de Cambridge. Il obtint une maîtrise ès arts du King’s College en 1851 et une licence ès arts du Sidney Sussex College en 1855. Puis cet établissement lui décerna une bourse pour qu’il se prépare au sacerdoce. Fait diacre en 1855, Machray fut ordonné, probablement le 9 novembre 1856, par l’évêque anglican d’Ely, qui l’avait confirmé quatre ans plus tôt. Après avoir été un moment précepteur à Rome et à l’île de Man, il alla poursuivre ses études à la University of Cambridge, où il obtint une maîtrise en mathématiques.
En 1859, peu après avoir reçu ce diplôme, Machray fut nommé doyen du Sidney Sussex College. L’obtention de ce poste, de même que de la cure de Madingley, lui garantissait à vie la sécurité financière et une bonne position sociale. Pourtant, il renonça à cette confortable existence lorsque, six ans plus tard, la Church Missionary Society le recommanda à la succession de l’évêque David Anderson*, qui avait quitté le diocèse de Rupert’s Land. Machray était un bon candidat : il avait des titres impeccables, à la fois en tant qu’évangélique et administrateur. À l’encontre de bien des missionnaires envoyés dans Rupert’s Land par la Church Missionary Society, il était reconnu pour son savoir et figurait en bonne place dans l’échelle sociale. Le 24 juin 1865, il fut sacré au palais de Lambeth. Âgé de 34 ans, il était alors le plus jeune évêque de l’Église d’Angleterre.
En 1865, tout le territoire de la Hudson’s Bay Company à l’est des Rocheuses faisait partie du diocèse de Rupert’s Land. L’autorité de Machray s’étendait donc à la région comprenant ce qui est aujourd’hui les provinces des Prairies, le territoire du Yukon, la plus grande partie des Territoires du Nord-Ouest, le nord de l’Ontario et le nord du Québec. L’Église d’Angleterre avait des missions au Yukon, sur le fleuve Mackenzie, au fort Albany, à Moose Factory et à English River (Ontario), ainsi qu’à York Factory (Manitoba). La majeure partie de ses paroisses se trouvaient dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) ; c’est là qu’étaient concentrés la plupart des 22 membres du clergé diocésain.
Machray gagna la colonie de la Rivière-Rouge par les États-Unis. En chemin, il consulta plusieurs prélats américains, dont l’évêque de l’Église protestante épiscopale au Minnesota, Henry Benjamin Whipple, un de ses amis du temps de Cambridge. Machray conserverait des liens étroits avec l’Église américaine et tirerait parti de son expérience en cette époque où la colonisation de l’ouest des États-Unis battait son plein. Il ne doutait pas que Rupert’s Land deviendrait bientôt une possession canadienne, ce qui déclencherait un mouvement d’immigration d’une ampleur comparable à celui que connaissaient les États-Unis. Les évêques américains le confirmèrent dans sa crainte que son Église serait incapable de desservir les nouveaux colons si elle ne s’y préparait pas avec soin. Il redoutait en particulier que le pouvoir spirituel et temporel de l’Église d’Angleterre ne s’érode à mesure que d’autres Églises prendraient de l’expansion et s’imposeraient.
Selon l’historien Frits Pannekoek, l’arrivée de Machray à la Rivière-Rouge marqua la fin de l’Église missionnaire et le début de l’Église coloniale. Cette affirmation est exacte à de nombreux points de vue, car l’évêque se mit sans tarder à restructurer l’organisation diocésaine en prévision du transfert du territoire. Sa première tâche consista à rendre l’Église financièrement autonome. Avant son départ de l’Angleterre, la Church Missionary Society l’avait informé qu’elle voulait affecter ses ressources aux œuvres missionnaires et que, par conséquent, le financement des activités de l’Église dans les régions peuplées du diocèse devrait désormais être assumé par les colons. Pour que la transition ne soit pas trop brusque, la société accepta d’étaler sur cinq ans la réduction de ses subventions.
Machray réorganisa l’Église en vue de lui faire jouer, dans un territoire britannique et conservateur, un rôle conforme à sa vision. Il chercha à en améliorer l’efficacité et à l’adapter davantage aux besoins des fidèles en en renforçant l’aspect communautaire et en mettant moins l’accent sur la piété individuelle. En prévision de la création d’un synode diocésain permanent, il rassembla en mai 1866 les religieux et les laïques du diocèse. Le synode, qui se réunirait pour la première fois trois ans plus tard, se révélerait un bon moyen de donner aux laïques le sentiment que les affaires de l’Église les regardaient, ce qui les encouragerait à la soutenir de leurs deniers. Machray fit du conseil paroissial électif le centre de l’organisation communautaire et institua une quête régulière pour que chaque paroisse devienne financièrement autonome. En outre, il créa un réseau d’écoles paroissiales selon le modèle anglican ; dès 1869, chacune des paroisses de la colonie eut son école. Avec l’aide de son ami le révérend John McLean*, il rouvrit le St John’s College pour que la colonie ait un établissement d’enseignement supérieur et pour que les candidats prometteurs puissent se préparer au ministère. Il enseigna au collège de 1866 jusqu’à sa mort, sauf pendant deux courtes périodes en 1883 et en 1890. Même s’il détint la chaire d’histoire ecclésiastique de 1866 à 1883, il enseigna diverses matières pendant cette période et après.
Machray avait suscité une controverse en décrétant en 1865 que les offices anglicans se dérouleraient conformément au rituel de l’Église d’Angleterre et que les pratiques presbytériennes, traditionnellement tolérées dans la colonie, seraient bannies de l’Église. Les ministres évangéliques l’accusèrent de prendre parti pour la Haute Église, mais il leur rétorqua que les rites de l’Église d’Angleterre étaient le meilleur moyen d’honorer Dieu. Bien que ses décisions aient d’abord engendré quelque animosité parmi les fidèles, à long terme, elles furent bénéfiques à l’Église. Insister sur la particularité des pratiques et des offices anglicans distinguait sa confession des autres Églises protestantes et contribua à renforcer le sentiment d’appartenance.
Machray réorganisa aussi les missions autochtones, longtemps négligées par son prédécesseur. Il souhaitait parvenir à constituer une Église autochtone dans laquelle les Européens ne feraient que de la supervision. En attendant que ce soit possible, il fit en sorte d’affecter sur le terrain un plus grand nombre de ses missionnaires chevronnés. Quelques-uns quittèrent d’ailleurs en maugréant leur petit nid douillet de la Rivière-Rouge pour se rendre, sur son ordre, dans des postes de mission éloignés. Machray déplorait que des missionnaires autochtones, tels Henry Budd* et James Settee, soient forcés d’accepter de la Church Missionary Society un salaire inférieur à celui des missionnaires britanniques, et reprochait à ces derniers de les traiter de haut. Jamais il ne parvint à former un clergé autochtone de quelque importance ; les missions et les pensionnats [V. Allen Patrick Willie*] continuèrent d’être desservis surtout par des Européens. Pas plus que les autres missionnaires, Machray ne comprenait que, pour s’intégrer à l’Église et devenir missionnaires, les Autochtones devaient consentir à l’assimilation culturelle.
En 1869, on annonça que Rupert’s Land deviendrait possession canadienne. Du point de vue de Machray, la nouvelle n’aurait pas pu survenir à un moment plus opportun. Les revenus qu’il percevait sur son territoire ne suffisaient pas encore à payer les dépenses des parties peuplées du diocèse. Avoir plus de paroissiens aiderait certainement. Toujours en 1869, dans une lettre au secrétaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, il exprima son inquiétude quant à la façon dont l’Église se tirerait d’affaire. « La première vague d’immigrants, disait-il, n’a jamais apporté grand-chose à l’Église. En général, il y a [peu] d’anglicans parmi [les colons], et l’atmosphère est à la rébellion contre le cérémonial et l’ordre de l’Église. » Il espérait une assistance financière de la part des anglicans du Canada mais, pessimiste, entrevoyait plutôt « de l’opposition et des difficultés ». « Ce sera difficile, notait-il, si notre Église là-bas ne nous aide pas. »
Machray admettait que le transfert du territoire suscitait de l’agitation dans la collectivité, surtout parmi les Métis. En 1868, tout de suite après avoir entendu dire que les négociations avaient commencé, il avait écrit au secrétaire d’État aux Colonies, le duc de Buckingham, pour lui demander que le gouvernement précise les titres des squatters et envoie un petit détachement de soldats pour maintenir la paix. Les autorités n’avaient rien fait. En décembre 1869, lorsque le gouvernement provisoire du chef métis Louis Riel* s’installa à la Rivière-Rouge, Machray blâma le gouvernement du Canada de ne pas avoir bien préparé la colonie ni consulté les dirigeants régionaux. En outre, il reprocha aux arpenteurs de l’équipe de John Stoughton Dennis* de ne pas avoir pris suffisamment en considération les préoccupations des colons, et aux membres du « Parti canadien », John Christian Schultz* et Charles Mair* par exemple, d’avoir trompé le gouvernement du Canada quant à la situation qui régnait dans la colonie.
Bien qu’il ait compris les griefs des Métis, Machray avait désapprouvé qu’ils prennent les armes. Il préconisait le recours à la force pour mater le soulèvement et critiquait sévèrement ceux qui soutenaient les rebelles. Toutefois, lorsqu’il devint évident que les Métis étaient trop puissants, il s’efforça de convaincre les membres les plus impulsifs de la communauté anglophone de déposer leurs armes. Il participa aux négociations sur l’établissement du gouvernement provisoire à titre de représentant des anglophones, mais, en même temps, il écrivit au gouvernement du Canada pour le presser de réprimer la rébellion. Il envoya même des guides à Rat Portage (Kenora, Ontario) pour qu’ils conduisent les troupes du colonel Garnet Joseph Wolseley* jusqu’à la Rivière-Rouge.
Le rôle joué par Machray au cours de la résistance métisse a fait l’objet d’une petite controverse historique. Un de ses contemporains, Alexander Begg*, l’a dépeint comme un pacificateur : Machray aurait proposé des solutions raisonnables à Riel et à ses adversaires et aurait contribué de façon non négligeable à calmer les esprits. Cette opinion a été reprise notamment par l’historien William Lewis Morton*. Plus récemment, Pannekoek a brossé un tout autre portrait : Machray aurait été un agitateur chauvin qui aurait réclamé l’usage de la force contre les Métis et conseillé de déposer les armes seulement une fois qu’il aurait été certain de la venue des troupes. En même temps, il se serait donné des airs de diplomate. Selon Pannekoek, Machray aurait été mû à la fois par de l’hostilité à l’endroit du catholicisme et par du mépris pour la colonie et ses habitants.
La vérité se situe probablement quelque part entre ces deux extrêmes. Que l’on recoure à la force pour faire tomber le gouvernement provisoire, Machray ne voyait là aucun problème, mais rien n’indique qu’il s’opposait à une solution pacifique. Quant aux motifs pour lesquels il désapprouvait le soulèvement, on peut dire que, même s’il s’opposait par principe à l’Église catholique et considérait que la solution d’avenir, pour Rupert’s Land, était de faire partie du Canada, ni son anticatholicisme ni son mépris pour la Rivière-Rouge n’étaient assez puissants pour expliquer la position vigoureuse qu’il prit en 1869–1870. Il condamnait la résistance métisse pour deux raisons. En tant que conservateur, il estimait que rien ne justifiait que l’on prenne les armes contre la couronne. Et, ce qui compte peut-être plus encore, il craignait que les Métis ne soient exploités par des ennemis de l’Empire britannique, particulièrement les expansionnistes américains ou les féniens [V. William Bernard O’Donoghue*]. En pareil cas, la Rivière-Rouge aurait été annexée et la Grande-Bretagne aurait été privée d’un bon endroit où envoyer ses pauvres. Sa conception de l’avenir du territoire ne reposait ni sur l’autodétermination des Métis ni sur leur élimination.
Dans les 20 années qui suivirent le soulèvement, le diocèse de la terre de Rupert changea radicalement et l’Église d’Angleterre s’adapta en conséquence. En 1872, plusieurs années après avoir exprimé cette idée pour la première fois, Machray fut autorisé à subdiviser son diocèse. La Church Missionary Society versa des fonds pour la création des diocèses de Moosonee et d’Athabasca ; John Horden* et William Carpenter Bompas furent nommés évêques respectivement en 1872 et en 1874. La Society for the Propagation of the Gospel promit d’aider le diocèse de Saskatchewan, dont McLean, l’ami de Machray, fut sacré évêque en 1874. Machray demeura évêque de la terre de Rupert, mais son diocèse était beaucoup moins vaste qu’auparavant : il englobait ce qui est maintenant le sud du Manitoba, le nord-ouest de l’Ontario et une partie du sud-est de la Saskatchewan. Son ancien diocèse devint la province ecclésiastique de la terre de Rupert en 1875, et il en fut nommé métropolitain. En plus, il était devenu directeur du St John’s College lorsque McLean avait quitté cette fonction pour accéder à l’épiscopat.
L’Église fonda de nouvelles paroisses, multiplia les missions et ouvrit des pensionnats, non seulement pour répondre aux besoins des résidents, mais aussi pour concurrencer les autres Églises. Elle avait constamment des difficultés financières, tant à cause de la réorganisation et de la croissance que des bouleversements engendrés par la résistance métisse. En outre, elle avait des conflits avec la Hudson’s Bay Company au sujet de la réduction ou de l’élimination de certaines subventions et à propos de la succession laissée par James Leith*. Les fonds qu’elle espérait recevoir des provinces centrales du pays ne venaient pas, et Machray dut se rendre plusieurs fois en Angleterre pour en amasser. Pendant le reste de sa vie, trouver des sources de revenu fut son principal souci.
Politiquement, Machray eut moins de pouvoir direct à compter de 1870 qu’avant. Certes, il avait été nommé au Conseil d’Assiniboia dès son arrivée dans Rupert’s Land, mais les nouvelles structures politiques de la province du Manitoba ne lui réservaient aucune place officielle. Il exerça cependant une influence considérable à la présidence de la section protestante du bureau d’Éducation, fonction qu’il assuma à compter de la création du bureau en 1871 jusqu’à son abolition en 1890. La section protestante du double réseau d’écoles publiques avait été créée principalement à partir de l’ancien réseau d’écoles paroissiales anglicanes. Machray contribua à diriger la formation de tous les jeunes protestants du Manitoba. De plus, il fut chancelier de l’université de Manitoba, établissement à la fondation duquel il participa [V. Alexander Morris*] ; nommé à ce poste dès la fondation de l’université en 1877, il le conserva jusqu’à sa mort en 1904.
Deux préoccupations dominèrent les dernières années de l’épiscopat de Machray. La première fut la création d’un organisme anglican d’envergure nationale. Avant 1893, les provinces ecclésiastiques de la terre de Rupert et du Canada, ainsi que les diocèses de Colombie-Britannique, de New Westminster et de Caledonia dans la province de la Colombie-Britannique, étaient des unités autonomes, sans liens officiels entre elles, et relevant directement de la Grande-Bretagne. Comme d’autres, Machray préconisait la formation d’un synode général qui coordonnerait les ressources de l’Église au Canada et serait son unique porte-parole. En 1890, Machray reçut à Winnipeg une assemblée de représentants des deux provinces ecclésiastiques et du diocèse de New Westminster, et il y eut entente sur une nouvelle hiérarchie ecclésiale. En 1893, à la première réunion du synode général de l’Église d’Angleterre au Canada, Machray devint le premier à être choisi primat du Canada et reçut le titre d’archevêque de la terre de Rupert.
La deuxième préoccupation de Machray fut de lutter contre la sécularisation progressive qu’il percevait dans la société, et surtout dans le réseau des écoles. En 1889, lorsque le gouvernement provincial de Thomas Greenway annonça qu’il allait abolir le double réseau d’écoles publiques et le remplacer par un réseau d’écoles non confessionnelles, Machray, furieux, menaça de rétablir les écoles paroissiales anglicanes. À la fois pendant et après la crise de « la question des écoles du Manitoba », il critiqua vertement la politique gouvernementale. Cette affaire révélait à quel point son Église avait changé en quelques années, car la décision gouvernementale avait des appuis parmi les laïques anglicans. Le synode se trouva ainsi paralysé et l’Église ne put jouer vraiment un rôle dans le débat. En plus, Machray perdit une partie de son influence en acceptant la présidence du conseil consultatif établi pour assister le département de l’Éducation. Même s’il savait fort bien qu’il cautionnait le nouveau système en occupant ce poste, il croyait pouvoir intervenir plus efficacement de l’intérieur, et la pression populaire lui dictait de l’accepter. Son ascendant diminua aussi à cause de l’humiliation publique qu’il subit en apprenant que son avocat personnel, Hector Mansfield Howell*, chancelier de l’évêché, l’avait amené sous de fausses représentations à prendre la part du gouvernement dans le procès Logan c. la ville de Winnipeg [V. Greenway]. Croyant qu’il s’agissait d’une contestation légitime du nouveau système par un membre de son Église, Machray s’était laissé convaincre par Howell d’apporter son concours. Lorsqu’on révéla que la cause avait été portée devant les tribunaux pour désamorcer les arguments des catholiques [V. John Kelly Barrett*], il eut beau essayer de prendre ses distances, le mal était fait.
De nombreux honneurs échurent à Machray dans sa vieillesse. Le 9 mars 1893, le gouvernement de Grande-Bretagne le récompensa pour les services qu’il avait rendus à l’Empire en le faisant prélat de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. Plusieurs universités lui conférèrent des doctorats honorifiques qui vinrent s’ajouter au doctorat en théologie que Cambridge lui avait décerné en 1865. Ses dernières années furent assombries par la maladie, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à remplir les devoirs de ses multiples fonctions. En 1903, on lui adjoignit un évêque suffragant, Samuel Pritchard Matheson*, pour l’aider à administrer le diocèse. La province du Manitoba lui rendit hommage en exposant sa dépouille le 11 mars à l’Assemblée législative ; le lendemain, il fut inhumé au cimetière de la cathédrale St John.
Homme à l’esprit indépendant, Robert Machray forgeait lui-même ses opinions et ne se laissait pas aisément détourner de ses objectifs par la suite. Le courage avec lequel il choisit une Église, intervint pendant la résistance métisse et se conduisit durant la crise scolaire du Manitoba montre qu’il était prêt à batailler seul pour ce qu’il croyait juste. Sous bien des aspects, sa conviction était une qualité remarquable. Pourtant, on peut constater aujourd’hui que sa foi aveugle en ses propres idées eut parfois des conséquences dévastatrices. Certes, dans la société où il vivait, bien d’autres estimaient que les pensionnats pour autochtones étaient une bonne chose et s’opposaient à ce que les Métis aient des droits particuliers, mais son intransigeance en ces matières eut de graves répercussions. À son Église, Machray apporta de merveilleuses qualités d’organisateur et une perception claire de ce dont elle avait besoin pour se préparer aux changements qui surviendraient dans l’Ouest à compter de 1870. Au Manitoba, il donna son dévouement à la cause de l’enseignement public, qui favorisa considérablement la multiplication des écoles de tous niveaux, et sa qualité de personnage immuable dans un monde chaotique.
AN, MG 17, B2, C, C.1 ; G, C.1 (mfm).— PAM, P 339/PRL-84-7 ; P 348–349/PRL-84-36 ; P 350–354/PRL-84-37 ; P 366–370/PRL-84-82.— T. C. B. Boon, The Anglican Church from the Bay to the Rockies : a history of the ecclesiastical province of Rupert’s Land and its dioceses from 1820 to 1950 (Toronto, 1962).— W. J. Fraser, St. John’s College, Winnipeg, 1866–1966 ; a history of the first hundred years of the college (Winnipeg, 1966).— Christopher Hackett, « The Anglo-Protestant churches of Manitoba and the Manitoba school question » (thèse de
Christopher Hackett, « MACHRAY, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/machray_robert_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/machray_robert_13F.html |
Auteur de l'article: | Christopher Hackett |
Titre de l'article: | MACHRAY, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 2021 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |