FIDLER, PETER, trafiquant de fourrures, explorateur, arpenteur et cartographe, né le 16 août 1769 à Bolsover, Angleterre, fils de James Fidler et d’une prénommée Mary ; à l’automne de 1794, il épousa à la façon du pays Mary, membre de la tribu des Cris des Marécages, puis de façon officielle le 14 août 1821, à Norway House (Manitoba), et de ce mariage naquirent 14 enfants ; décédé le 17 décembre 1822 à Dauphin Lake House (Manitoba).

En avril 1788, tandis que la Hudson’s Bay Company et la North West Company reprenaient leur lutte pour s’assurer l’hégémonie sur la traite des fourrures dans le Nord-Ouest, Peter Fidler, à Londres, entrait au service de la Hudson’s Bay Company comme travailleur manuel. Plus tard dans l’année, il débarqua à York Factory (Manitoba). Il fut bientôt promu commis aux écritures car, « étant bien instruit et bon comptable, [il était] en tous points qualifié pour cette position », ce qui permet d’affirmer qu’il avait fait des études. De plus, on le considérait comme « un jeune homme sobre et stable » , Moins d’un an après son arrivée, on l’envoya à l’intérieur des terres à titre de commis aux écritures, d’abord à Manchester House (près de Standard Hill, Saskatchewan) puis à South Branch House (près de Batoche). Ses supérieurs lui marquèrent de nouveau leur confiance en l’affectant au printemps de 1790 à Cumberland House, où il devait étudier intensivement l’arpentage et l’astronomie auprès de Philip Turnor*, homme estimé et premier arpenteur embauché par la compagnie pour travailler dans le Nord-Ouest.

Dès l’été, une chance d’avancement inespérée se présenta à Fidler. Comme David Thompson*, autre brillant élève de Turnor, ne pouvait voyager en raison d’une cécité partielle et d’une blessure subie lors d’un accident, Turnor emmena avec lui Fidler, qu’on lui avait proposé comme « assistant utile », « dans les territoires du Nord » , Cette expédition de la Hudson’s Bay Company visait à déterminer la nature et l’étendue de l’emprise que la North West Company exerçait sur la traite des fourrures dans la région de l’Athabasca et, par-dessus tout, à découvrir une voie navigable rapide et directe pour aller de la baie d’Hudson au lac Athabasca et au Grand lac des Esclaves (Territoires du Nord-Ouest) – c’est-à-dire un passage au nord-ouest entre l’Atlantique et le Pacifique. De toute évidence, Fidler était trop novice pour saisir pleinement les objectifs de l’expédition. Ainsi notait-il : « Nous n’allons dans l’Athapescow que pour permettre à M. Turnor de faire là-bas des levés qui tireront au clair certains points douteux de géographie, car Messieurs Hearne [Samuel Hearne*] et Pond [Peter Pond*], sur leur carte respective, placent ces endroits beaucoup plus à l’ouest qu’il ne paraît raisonnable de les situer. » En fait, grâce à des observations astronomiques plus précises, Turnor établit que le lac Athabasca se trouvait beaucoup plus près de la baie d’Hudson que ne l’avaient cru Hearne et Pond, mais il s’avéra qu’aucun grand fleuve ne reliait l’ouest et l’est.

Aussi décevante qu’elle ait été pour la Hudson’s Bay Company, l’expédition de 1790–1792 dans l’Athabasca permit à Fidler de se perfectionner de façon appréciable en topographie et en cartographie aussi bien que d’approfondir ses connaissances sur les régions sauvages et le mode de vie des Indiens. Turnor rapportait que son jeune assistant était devenu astronome, qu’il avait commandé des « sextants [et des] montres » et qu’il semblait « un candidat probable à [sa] succession ». La robustesse et la compétence de Fidler avaient été remarquées. Malchom Ross*, qui avait participé à l’expédition, observait : « il possède les qualités nécessaires pour faire de l’arpentage dans cette région, car il s’adapte à n’importe quelles conditions, c’est-à-dire dans le boire et le manger ». Fidler resta chez des Chipewyans, au nord d’Île-à-la-Crosse (Saskatchewan), de la mi-janvier à la mi-avril 1791 et, une fois dans la région de l’Athabasca, accepta d’hiverner avec les Chipewyans de l’endroit pour accroître encore son savoir-faire. Il passa l’hiver de 1791–1792 parmi eux, dans la région du Grand lac des Esclaves, sans provisions ni tente et avec peu de vêtements, de balles et de poudre. Au printemps, « en bonne santé » , il retourna au camp temporaire de Turnor dans l’Athabasca. II avait tiré profit de ses séjours parmi les Chipewyans, acquérant, disait-il, « une connaissance suffisante de leur langue pour traiter n’importe quelle affaire avec eux » , ce qui allait être particulièrement utile dans les années à venir, tant pour lui-même que pour la Hudson’s Bay Company.

Fidler fut récompensé immédiatement pour son enthousiasme, sa compétence et son endurance. En 1792, il fut envoyé dans la région de la rivière Saskatchewan pour aider la compagnie à renforcer et à étendre ses nouveaux établissements en amont de la Saskatchewan-du-Nord. En partie pour faire de la traite et des levés, mais aussi pour approfondir sa connaissance du mode de vie des Indiens, il entreprit pendant l’hiver un voyage qui le mena de Buckingham House (près de Lindberg, Alberta) aux Rocheuses. Il dressa la carte d’une bonne partie de la région située au sud-ouest de la Saskatchewan-du-Nord jusqu’aux contreforts des Rocheuses. En outre, non seulement observa-t-il et nota-t-il divers aspects de la vie des Indiens des Plaines, mais il passa une bonne partie de l’hiver de 1792–1793 parmi les Peigans et réussit à apprendre leur langue. Avant de retourner à la Saskatchewan, il traita avec les Kootenays et prit des notes sur leurs coutumes, choses qu’aucun autre Européen n’avait faites avant lui.

Toujours intéressée à trouver une voie navigable rapide et directe jusqu’au lac Athabasca, la Hudson’s Bay Company, au cours de l’été de 1793, envoya Fidler d’ York Factory à la rivière aux Phoques (rivière Seal, Manitoba). L’expédition ne trouva aucun moyen de se rendre directement au lac du Caribou (lac Reindeer) par cette rivière, située au nord du fleuve Churchill. Par la suite, Fidler passa deux ans à York Factory, à s’occuper d’affaires courantes. Au cours de l’automne de 1794, il épousa à la façon du pays une femme de la tribu des Cris des Marécages de la région, appelée Mary. Vers la même époque, il envoya au comité de Londres de la Hudson’s Bay Company la première d’une série de cartes. Datée de 1795 et illustrant son voyage de l’hiver de 1792–1793 jusqu’aux contreforts des Rocheuses, elle contribua à enrichir la connaissance géographique de cette partie de l’Amérique du Nord. Ennuyé de voir Fidler retenu à la baie d’Hudson, le comité de Londres écrivit à ses supérieurs immédiats : « nous demandons qu’à l’avenir il poursuive ses explorations à l’intérieur des terres ». En conséquence, après s’être rendu de Cumberland House au cours supérieur de la rivière Assiniboine, Fidler construisit Carlton House (près de Kamsack, Saskatchewan) pendant l’automne de 1795. La rivalité des trafiquants de fourrures était intense dans les environs : sur cinq postes de traite, deux étaient en fait des établissements de la Hudson’s Bay Company en concurrence l’un avec l’autre. L’été suivant, Fidler dirigeait Cumberland House.

Fidler passa l’hiver suivant à Buckingham House puis, au printemps de 1797, se rendit à York Factory avec 19 canots et 2 bateaux remplis de fourrures. Rentré à Cumberland House à l’automne, il y resta deux ans à faire de la traite et à tenir les livres. Puis, le comité de Londres ayant résolu de faire une percée vigoureuse dans la région de l’Athabasca pour concurrencer plus efficacement la North West Company, Fidler quitta Cumberland House le 5 août 1799. Deux semaines plus tard, près d’Île-à-la-Crosse, il rejoignit William Auld, trafiquant de la Hudson’s Bay Company. Auld était parti de Churchill (Manitoba) pour mener un groupe jusque dans la région de l’Athabasca ; Fidler avait reçu des instructions semblables d’York Factory. Les deux hommes tentaient d’établir une chaîne de postes de traite qui, en assurant l’approvisionnement, pourraient soutenir la progression de la compagnie dans l’Athabasca. À la demande d’Auld, Fidler accepta de se rendre plus au sud. Il longea la rivière Castor (rivière Beaver) jusqu’au lac Meadow (Saskatchewan), où il construisit Bolsover House, puis se dirigea vers l’ouest pour hiverner dans un poste, Greenwich House (Alberta), qu’il établit au lac la Biche. La North West Company réagit violemment à l’intrusion des hommes de la Hudson’s Bay Company dans le bassin de l’Athabasca et « recourut à toutes les bassesses, à toutes les ruses » pour les forcer à partir. Pendant l’hiver, Fidler nota qu’il était « constamment harcelé par des Canadiens » qui tentaient d’empêcher les Indiens d’apporter leurs fourrures au poste de la compagnie. Néanmoins, il connut une bonne saison de traite et fit le levé du parcours entre Greenwich House et le Petit lac des Esclaves. Son expédition au lac la Biche ne produisit cependant pas les résultats escomptés, à savoir une expédition de la Hudson’s Bay Company au lac Athabasca. On envoya plutôt Fidler à la rivière Saskatchewan-du-Sud, où il fonda Chesterfield House (Saskatchewan) en août 1800. Ce poste ne survécut qu’à deux saisons de traite en raison de l’agitation qui régnait parmi les diverses tribus indiennes de la région.

À l’été de 1802, Fidler était de retour à York Factory, mais il ne passa que peu de temps dans la baie car on le nomma à la tête d’une expédition de traite qui devait se rendre au lac Athabasca. Après avoir tergiversé pendant une décennie, la Hudson’s Bay Company lançait une véritable offensive contre sa rivale pour s’approprier la région qui, dans Rupert’s Land, était la plus riche en castor. Avant de se mettre en route, Fidler fit parvenir « des cartes et des documents » au comité de Londres. Une des cartes, datée de 1801, montrait apparemment pour la première fois le bassin hydrographique du Missouri et donnait de nouvelles indications sur l’emplacement et l’étendue des Rocheuses. Selon Aaron Arrowsmith, cartographe et éditeur britannique bien connu, c’était un document important qui révélait « l’aspect [d’une région] jusque-là inconnue des Européens ». Basée en partie sur une carte tracée par A-ca-oo-mah-ca-ye*, chef pied-noir dont Fidler avait fait la connaissance à Chesterfield House, elle trouva rapidement place parmi les nouvelles cartes d’Amérique du Nord qu’Arrowsmith allait publier.

Même si la Hudson’s Bay Company souhaitait depuis longtemps envoyer une autre expédition dans l’Athabasca, le recrutement avait été difficile en raison de la dureté des conditions de vie, de l’isolement, du danger et du régime alimentaire, à base de poisson. Cette mission inspirait de l’optimisme, surtout parce que les Chipewyans de la région s’étaient toujours montrés mieux disposés à traiter avec cette compagnie qu’avec sa rivale. À la mi-septembre 1802, Fidler et 17 hommes, dont Thomas Swain qui allait établir un poste d’approvisionnement à la rivière de la Paix, commencèrent à construire Nottingham House à l’île English, dans le lac Athabasca, à moins d’un mille du fort Chipewyan (Fort Chipewyan), poste de la North West Company qui avait été rebâti sur la rive nord-ouest vers 1800. Pendant quatre ans, ce petit poste de la Hudson’s Bay Company tenterait au prix de grandes difficultés de concurrencer son puissant adversaire.

Au cours de ces années, Fidler et son groupe furent constamment harcelés par la North West Company. À l’occasion, ils pouvaient compter sur l’appui des employés de la New North West Company (appelée parfois la XY Company), aussi établie dans la région. Mais après l’union de la North West Company et de la XY Company en 1804, Fidler fit face à un adversaire redoutable, représenté à compter de 1805 par le cruel et efficace Samuel Black*. Selon Fidler, les Nor’Westers recouraient à des tactiques abusives pour les intimider, lui et ses hommes. Ils détruisirent un canot, pillèrent le jardin, éloignèrent le gibier et faillirent incendier le poste. « Je suppose, dirait Fidler, que leur intention était de faire partir nos gens en les affamant. » Black et ses bandes humiliaient les hommes de la Hudson’s Bay Company et, n’entrevoyant que de maigres perspectives de traite, Fidler acquit la conviction que la lutte était inégale et absurde. Une « entente » officieuse fut donc conclue : Fidler promettait d’abandonner l’Athabasca pendant deux ans tandis que la North West Company s’engageait à remettre des provisions à Fidler et à ses hommes ainsi qu’à payer l’équivalent de 500 peaux de castor, ce qui correspondait à peu près au crédit de la Hudson’s Bay Company dans l’Athabasca. Cependant, aucune des deux parties ne respecta l’entente et l’intimidation continua jusqu’en juin 1806. Fidler, découragé, quitta alors le lac avec ses hommes. L’abandon de la région de l’Athabasca fut le moment le plus sombre de sa carrière de trafiquant de fourrures. Dans sa conclusion aux annales du poste de Nottingham House, il justifiait l’échec de l’entreprise par cette simple vérité : « Trop peu nombreux pour faire quoi que ce soit pour la compagnie. »

Fidler atteignit York Factory au milieu de l’été de 1806. Après avoir pris un peu de repos à la baie, il partit occuper la charge de chef de poste de l’intérieur à Cumberland House. Ce poste offrait avec la région de l’Athabasca un contraste incroyable ; à Noël, Fidler dîna même avec le « gentleman » de la North West Company, dans une atmosphère d’amitié et de réjouissance. L’été suivant, conformément aux instructions d’Auld et de William Tomison, il explora les environs du lac du Caribou, puis un autre lac situé plus au nord, auquel il donna le nom de Wollaston (Saskatchewan), après quoi il se rendit jusqu’à l’extrémité est du lac Athabasca. Ayant passé l’hiver à Swan Lake House (Manitoba), il fit, pendant l’été de 1808, dans une bonne partie de la région du lac Winnipeg et de la rivière Rouge, des levés à partir desquels il dressa des cartes. En août, il les envoya en Angleterre avec d’autres cartes et documents. Il passa l’hiver suivant avec Auld près du lac du Caribou. Enfin, en 1810, les longues années de travail de cet employé dévoué et particulièrement utile furent récompensées : il fut nommé arpenteur, son salaire annuel fut porté à £100 et on laissa entendre qu’il deviendrait par la suite chef de poste, avec droit à une part des bénéfices.

Les récompenses accordées à Fidler s’inscrivaient dans le « programme de compression » récemment conçu par le comité de Londres, qui favorisait l’efficacité, l’économie et l’initiative individuelle dans la lutte contre la North West Company. Dans le cadre de ce programme, Fidler fut dépêché à Ile-à-la-Crosse en juin 1810, mais les Nor’Westers, menés par Black et Peter Skene Ogden*, lui rendirent ainsi qu’à ses hommes la vie si difficile qu’ils y restèrent moins d’un an. Fatigué et découragé, Fidler obtint un congé d’un an en Angleterre. Dès la fin d’août 1812, de retour à York Factory, il était muté à l’établissement de la Rivière-Rouge (Manitoba), où l’on préparait l’arrivée des colons de lord Selkirk [Douglas*]. Cet établissement menaçait directement les trajets empruntés par les Nor’Westers pour se rendre dans le Nord-Ouest, de même que les territoires de chasse au bison des Métis, qui leur fournissaient du pemmican, base de l’alimentation des trafiquants de fourrures. Il fallait donc s’y opposer à tout prix. Fidler, nouvellement nommé chef de poste de l’intérieur à Brandon House, escorta le deuxième groupe de colons jusqu’à la Rivière-Rouge à l’automne de 1812. Au printemps suivant, il commença d’arpenter des lots le long de la rivière en appliquant le système de découpage en lisières utilisé dans le Bas-Canada. En juin 1815, après la démission du gouverneur de la colonie, Miles Macdonell, Fidler se trouva temporairement en charge de la Rivière-Rouge. Puis, le 25 juin 1815, vaincu par le harcèlement constant des Métis, qui étaient menés par Cuthbert Grant* et encouragés par la North West Company, il signa une capitulation ordonnant à « tous les colons de quitter immédiatement cette rivière sans laisser le moindre signe d’installation ». Abandonnant l’établissement, Fidler et les colons se réfugièrent à Jack River House (Manitoba), où ils furent accueillis par Colin Robertson*, qui partit rétablir la colonie avec quelques colons. Fidler continua jusqu’à York Factory, où on lui confia la tâche de conduire à la Rivière-Rouge le nouveau gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company, Robert Semple*, et d’autres colons. Il retourna ensuite à Brandon House, d’où il continua d’aider la colonie menacée. Les Métis répliquèrent au début de juin 1816 en pillant son poste. Deux semaines plus tard, à Seven Oaks (Winnipeg), Semple et une vingtaine d’hommes furent tués. L’année suivante, Selkirk rétablit la colonie encore une fois et Fidler se remit à l’arpentage des lots.

En septembre 1817, Fidler quitta la Rivière-Rouge pour se remettre à la traite des fourrures. Jusqu’en 1821, il mena une vie sans histoire comme chef de poste à Brandon House et à Dauphin Lake House. En août 1821, affligé de problèmes de santé, il se rendit à Norway House, où il apprit qu’on allait bientôt le mettre à la retraite, en grande partie parce qu’il y avait un surplus d’employés par suite de la fusion de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company, survenue plus tôt dans l’année. Moins d’une semaine après avoir appris cette mauvaise nouvelle, Fidler fit baptiser sa femme et quelques-uns de ses enfants, épousa officiellement Mary et rédigea son testament. Toutefois, sa mise à la retraite fut retardée et, en dépit de son âge et de sa mauvaise santé, il retourna à Dauphin Lake House, où il allait occuper officiellement un poste de commis et toucher son ancien salaire de £100 par an. La liste du personnel établie à York Factory en 1821–1822 le décrivait comme « un vieil employé fidèle et consciencieux, maintenant pensionné, une récente paralysie et la disparition presque complète de sa détermination l’ayant rendu inapte à toute fonction ». Son état ne s’améliora pas, et il mourut à Dauphin Lake House en 1822. Fidler avait été très attaché à sa famille. Mary et lui avaient eu 14 enfants, dont 11 étaient vivants en 1822. Sa femme l’avait accompagné dans la plupart de ses voyages et suivi dans la plupart de ses lieux d’affectation, partageant les difficultés et les joies de son existence de trafiquant de fourrures.

Tout au long de sa remarquable carrière, Fidler servit la Hudson’s Bay Company avec sérieux, dévouement et loyauté. Ses annales de poste, carnets personnels et comptes rendus de voyage reflètent tout autant sa minutie que son besoin d’écrire et de s’instruire. Il étudia consciencieusement toute sa vie et, dans le Nord-Ouest, acquit une grande partie de ses connaissances en autodidacte. Il possédait une vaste collection de livres grâce auxquels il pouvait se perfectionner comme arpenteur. D’un naturel curieux, il s’intéressait aussi à l’algèbre, à la météorologie, à la faune, aux coutumes et langues indiennes. Fourmillant de détails, ses annales de poste et carnets constituent des sources précieuses de renseignements sur la vie aventureuse des trafiquants de fourrures du Nord-Ouest à l’époque de la rivalité entre la Hudson’s Bay Company et la North West Company. Par ailleurs, en raison de son penchant pour l’étude, Fidler se montrait quelque peu professoral, surtout dans ses dernières années à la Rivière-Rouge, où les colons le considéraient comme une espèce de poseur et d’excentrique.

Le tempérament de Peter Fidler fut sans aucun doute formé par les épreuves qu’il avait subies en servant la compagnie. Bien que notable, sa carrière fut frappée par la malchance. À Nottingham House, il se trouva dans une situation désespérée en raison du harcèlement et de l’intimidation exercés par les Nor’Westers bien supérieurs en nombre. Il réagit avec sang-froid, sens pratique et détermination, ne capitulant que lorsque l’aventure de l’Athabasca fut de toute évidence perdue. Cependant, le malheur continua de le poursuivre. Brandon House fut mis à sac pendant qu’il en était responsable et les colons de la Rivière-Rouge furent chassés pendant qu’il en avait la charge ; ce fut Colin Robertson, plus agressif, qui les ramena. Ce que ces incidents paraissent comporter d’échec est excusable, et pourtant il semble que Fidler manquait d’élan et de leadership, de sorte que son entourage ne l’appuyait pas toujours totalement dans les situations critiques. Sa contribution la plus importante et la plus durable demeure celle qu’il fit non pas à titre de trafiquant de fourrures, mais d’arpenteur et de cartographe. Le soin qu’il mit à dresser ses cartes illustrant des régions allant de la baie d’Hudson au lac Athabasca et aux Rocheuses, ainsi qu’à arpenter des lots à la Rivière-Rouge, témoigne de son dévouement et de sa compétence.

Robert S. Allen

Ce texte est basé sur l’article de l’auteur intitulé « Peter Fidler et le Poste de Nottingham, lac Athabasca, 1802–1806 », Hist. et Archéologie (Ottawa), 69 (1983) : 253–307 ; des sections de cet article ont été reproduites avec la permission du ministre d’Approvisionnements et Services Canada.

Peter Fidler est l’auteur de : « A journal of a journey with the Chepawyans or Northern Indians, to the Slave Lake, & to the east & west of the Slave River, in 1791 & 2 », Journals of Samuel Hearne and Philip Turnor, J. B. Tyrrell, édit. (Toronto, 1934 ; réimpr., New York, 1968).

APC, MG 19, E1 (copies ; mfm aux PAM).— PAM, HBCA, B ; D.4 ; D.5 ; E.3 (mfm aux APC).— David Thompson, David Thompson’s narrative, 1784–1812, R. [G.] Glover, édit. (nouv. éd., Toronto, 1962).— J. S. Galbraith, The Hudson’s Bay Company as an imperial factor, 1821–1869 ([Toronto], 1957).— Innis, Fur trade in Canada (1962).— J. G. MacGregor, Peter Fidler : Canada’s forgotten surveyor, 1769–1822 (Toronto et Montréal, 1966).— A. J. Ray, Indians in the fur trade : their role as trappers, hunters, and middlemen in the lands southwest of Hudson Bay, 1660–1870 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1974).— Rich, Hist. of HBC (1958–1959), 2.— D. W. Moodie et Barry Kaye, « The Ac ko mok ki map » , Beaver, outfit 307 (printemps 1977) : 5–15.— J. B. Tyrrell, « Peter Fidler, trader and surveyor, 1769 to 1822 » , SRC Mémoires, 3e sér., 7 (1913), sect. II : 117–127.— W. S. Wallace, « Two curious fur-trade wills », Beaver, outfit 274 (juin 1943) : 34–37.— Glyndwr Williams, « Highlights in the history of the first two hundred years of the Hudson’s Bay Company », Beaver, outfit 301 (automne 1970) : 4–63.

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Robert S. Allen, « FIDLER, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fidler_peter_6F.html.

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Auteur de l'article:    Robert S. Allen
Titre de l'article:    FIDLER, PETER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    20 nov. 2024