CODD, DONALD, arpenteur, fonctionnaire et auteur, né vers 1845 dans le Norfolk, Angleterre, fils du révérend Charles Edward Codd, ministre de l’Église d’Angleterre ; décédé le 9 décembre 1896 à Winnipeg.

Les parents de Donald Codd avaient immigré au Canada avant 1850 et s’étaient établis à Ottawa. Le jeune Donald fit probablement ses premières classes à la maison et ses études secondaires dans des écoles locales. Par la suite, il étudia l’arpentage auprès de John Allan Snow*, et reçut peut-être une certaine formation militaire. En 1869, il obtint un poste sous la direction de Snow, qui supervisait la construction d’une route entre le lac des Bois et Upper Fort Garry (Winnipeg). Une fois ce travail terminé, il fit partie de l’équipe d’arpenteurs envoyée à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), sous le commandement du lieutenant-colonel John Stoughton Dennis*. Il gagna rapidement la confiance de son supérieur, qui le chargea de copier les cartes et les registres des terres accordées aux colons par la Hudson’s Bay Company.

Codd avait remarqué que les Métis, insatisfaits du projet de transférer de la Hudson’s Bay Company au gouvernement canadien la propriété du Nord-Ouest, « avaient [...] pris des mesures pour faire triompher leur point de vue, en faisant cesser de force les travaux d’arpentage canadiens ». Or, Dennis s’était justement préparé à cette éventualité. Selon ses dires, tout le personnel placé sous son autorité – « sans aucune exception » – possédait une formation militaire en même temps que des compétences en arpentage. Dennis espérait que ses arpenteurs pourraient regrouper les loyalistes de l’endroit pour « entreprendre de rétablir l’ordre dans la colonie ». Aussi envoya-t-il l’arpenteur Charles Arkoll Boulton dans les diverses localités de la colonie pour enrôler des volontaires, et il garda Codd comme aide de camp. Les arpenteurs-soldats ne parvinrent cependant pas à mobiliser les colons et, probablement par crainte d’être emprisonnés par Louis Riel* et ses partisans, certains d’entre eux, y compris Codd et Dennis, s’enfuirent de la colonie à la mi-décembre 1869. Le lien qui s’était formé entre Codd et Dennis allait durer.

Codd retourna à Ottawa et entra au Bureau des terres de la Puissance, qui relevait du secrétariat d’État. Formé au début de 1871, il était dirigé par Dennis, dont Codd devint rapidement le commis de confiance. En septembre 1873, les arpenteurs avaient fini de cartographier les régions habitées du Manitoba, et Dennis commença alors à accepter les demandes de reconnaissance des titres de propriété des lots de grève, conformément, semble-t-il, aux garanties de l’article 32 de l’Acte du Manitoba concernant les terrains détenus avant l’entrée de la province dans le dominion. Il envoya Codd à Winnipeg à titre d’agent des terres chargé de traiter les demandes des Métis et des nouveaux arrivants qui, avant l’arpentage, s’étaient établis sur des terres inoccupées. Codd refusa les demandes de tout occupant dont la propriété n’avait pas été reconnue par la Hudson’s Bay Company ou qui avait apporté des améliorations foncières que les arpenteurs n’avaient pas notées, peut-être à cause de leur faible valeur. Consciencieusement, il demanda à Dennis de faire approuver ses décisions par le ministre, expliquant que le problème était de savoir « où s’arrêter ». Dennis convint que l’on ne pouvait reconnaître l’occupation à moins qu’il y ait déjà eu des améliorations importantes aux propriétés réclamées et il renvoya l’affaire au département de la Justice pour obtenir une opinion juridique. Apparemment, le sous-ministre de la Justice, Zebulon Aiton Lash*, estimait que l’Acte du Manitoba n’était pas assez précis. On modifia la loi en 1874 et Codd obtint un plus grand pouvoir discrétionnaire pour refuser les demandes.

On considéra donc la majeure partie des terres de l’ancienne zone de colonisation du Manitoba comme territoire inhabité du dominion, même si nombre de Métis continuaient à l’occuper comme par le passé, convaincus qu’ils étaient de recevoir plus tard leur titre de concession foncière. En 1876, l’archevêque Alexandre-Antonin Taché prit fait et cause pour eux et persuada le ministre de l’Intérieur, David Mills*, de rouvrir le dossier de leurs revendications de titres, mais Codd reçut de Dennis instructions de limiter les reconnaissances, comme il l’avait fait auparavant. Après plusieurs années d’inertie, du moins apparente, Mgr Taché accusa Codd de retarder délibérément les décisions et de dissimuler les preuves. La passion avec laquelle Codd défendit son administration suscita une grande quantité de lettres, qui atteignit le premier ministre sir John Alexander Macdonald en novembre 1880. Dans une lettre à ce dernier, l’homme politique manitobain Joseph Royal* soutenait que les « revendications [non résolues] des squatters [...] ne concern[aient] que les anciens et nouveaux colons francophones » ; selon lui, la situation était une preuve flagrante des préjugés des fonctionnaires qui n’avaient jamais pu oublier « le traitement [qu’ils avaient] reçu aux mains des pauvres Métis d’expression française » en 1869.

Le premier ministre réagit en rouvrant le dossier des « revendications des squatters » et en changeant le personnel du département de l’Intérieur, ce qui n’accéléra pas beaucoup le règlement des demandes en suspens mais donna du moins l’impression que, pour Macdonald, Codd avait fait son temps. En octobre 1881, ce dernier, que Dennis avait qualifié l’année précédente d’agent des terres du dominion le plus expérimenté du pays, et qui avait commencé à travailler comme inspecteur itinérant des agences des terres du dominion, fut licencié sans égard ni générosité au moment de la nomination d’un inspecteur officiel.

Après 1882, Donald Codd trouva un travail de dessinateur dans une petite compagnie de chemin de fer manitobaine, la Great North West Railway, et il consacra ses loisirs à l’invention de divers mécanismes, dont aucun ne fut breveté. En 1886, il reçut une prime, d’un montant inconnu, pour services rendus, non précisés, à titre d’agent des terres du dominion. Peu après, il écrivit le récit de sa participation aux événements dramatiques de la rébellion de la Rivière-Rouge, que l’on ne publierait qu’en 1899, soit trois ans après sa mort. Décédé d’une maladie cardiaque à l’âge de 51 ans, Codd avait laissé dans le deuil sa femme Sarah, son fils Alfred Arthur et son frère, le docteur Alfred Codd.

D. N. Sprague

Donald Codd est l’auteur de : « Some reminiscences of Fort Garry in 1869–70 », publié dans Great West Magazine (Winnipeg), 13 (1899) : 294–299.

AN, MG 26, A.— PAM, GR 170, file 2182 ; MG 12, A, 9 ; B.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1882, no 2.— Manitoba Morning Free Press, 3 janv. 1874, 10 déc. 1896.— The genealogy of the first Métis nation ; the development and dispersal of the Red River settlement, 1820–1900, D. N. Sprague et R. P. Frye, compil. (Winnipeg, 1983).

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D. N. Sprague, « CODD, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/codd_donald_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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