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SHERWOOD, LEVIUS PETERS, avocat, fonctionnaire, officier de milice, homme politique et juge, né le 12 décembre 1777 à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), deuxième fils de Justus Sherwood et de Sarah Bottum ; en 1804, il épousa Charlotte Jones, fille d’Ephraim Jones*, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 19 mai 1850 à Toronto.
Après des études de droit, Levius Peters Sherwood fut admis au barreau du Haut-Canada en 1803. L’année suivante, on le nomma registrateur des comtés de Grenville, de Leeds et de Carleton, ainsi que receveur des douanes et inspecteur de farine, de potasse et de perlasse. Le 16 mars 1812, on le désigna au poste de trésorier suppléant du district de Johnstown. La guerre de 1812 lui permit d’accroître son influence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce district. En mars 1814, il participa à la nomination de magistrats pour cette division territoriale et le 24 mai 1816, à titre de lieutenant-colonel dans la milice, il fut chargé d’étudier les demandes de pension militaire de citoyens de cette même région.
Après la guerre, Sherwood continua de prendre de plus en plus d’importance dans la société du Haut-Canada. En juillet 1818, il prit part à l’offensive générale lancée par les conservateurs contre Robert Gourlay*, qui recueillait des informations sur l’état de la province. En octobre, à York (Toronto), il défendit avec succès deux membres d’un groupe de Métis dirigé par Cuthbert Grant*, Paul Brown et François-Firmin Boucher ; on avait porté contre eux des accusations relativement au meurtre de Robert Semple* commis pendant les troubles survenus à la rivière Rouge en 1816. Persuasif, il soutint que la colonie implantée à cet endroit n’était guère plus qu’un camp de trafiquants de fourrures et que, par définition, il s’agissait de gens plutôt violents. Après cette affaire, la carrière d’avocat de Sherwood continua de progresser. En novembre 1820, William Dummer Powell* recommanda avec succès sa nomination au poste de juge de la Cour du district de Johnstown.
Tout en devenant un personnage de plus en plus important dans la province, Sherwood continua d’exercer une grande influence dans son district et à Brockville, là où il s’était fixé. En juillet 1822, il demanda à devenir membre du conseil des terres du district ; pendant un certain temps, il fut un membre actif du bureau d’éducation ; en avril 1825, il fut l’un des trois marguilliers à qui l’on confia un terrain et la mission d’y faire construire l’église anglicane St Peter.
C’est en 1812 que Sherwood se lança dans la politique provinciale ; cette année-là, il défit Peter Howard dans la circonscription de Leeds. Il fut de nouveau élu dans Leeds en 1820 par 515 voix. En septembre 1821, il remplissait les fonctions de président de la chambre d’Assemblée ; ce poste l’accapara, surtout pendant la longue controverse au sujet du droit de Barnabas Bidwell* à siéger. À deux reprises au moins, il dut demander un congé pour se libérer de ses devoirs judiciaires et assumer ses responsabilités d’homme politique.
Mais quand Sherwood fut nommé juge de la Cour du banc du roi en 1825, sa carrière judiciaire atteignit son apogée et ses priorités changèrent. Dans les années qui suivirent, il jugea des affaires aussi variées que celles de Dennis Russell, reconnu coupable de viol en 1828, et de Francis Collins*, rédacteur en chef condamné pour diffamation la même année. C’est aussi en 1828 que John Strachan* se porta vigoureusement à sa défense dans une querelle qui l’opposait à un autre juge, John Walpole Willis*, et le décrivit comme « un homme des plus droits et des plus dévots, désireux d’accomplir son devoir ».
Sherwood devint de plus en plus impopulaire auprès des cercles réformistes. En 1835, la rumeur publique lui prêtait l’intention de prendre bientôt sa retraite. Un groupe réformiste, la Canadian Alliance Society, qui ne tenait pas à voir son nom inscrit sur la liste civile, adopta plusieurs résolutions par lesquelles elle s’élevait contre la suggestion de pensionner Sherwood, puisqu’il était manifestement assez jeune pour continuer de remplir sa charge pendant encore 20 ans. Toutefois, Sherwood ne se retira pas de la magistrature et son importance au sein de l’establishment devint telle que le 17 février 1838 un journal de Kingston, le British Whig, alla même jusqu’à l’étiqueter explicitement comme membre du family compact.
Au lendemain des troubles de 1837, Sherwood joua un rôle important dans les procès de trahison que l’on engagea en mars 1838 à Toronto. À la fin de cette année-là, le lieutenant-gouverneur, sir George Arthur*, demanda à Sherwood d’émettre un avis sur le sort à réserver aux personnes capturées au cours de l’invasion ratée de Prescott en novembre [V. Nils von Schoultz]. Sherwood recommanda de pendre seulement les chefs et de condamner les autres à passer le reste de leur vie dans une colonie pénitentiaire ; il affirma que les exécutions excitent souvent la pitié, avec le résultat que la leçon que l’on en tire est moins profitable que l’on ne voudrait.
Sherwood était toujours à l’affût d’occasions favorables sur le marché foncier. Grâce à la collaboration du capitaine John Le Breton, il avait obtenu en 1820 un lot de valeur situé près des chutes des Chaudières, sur la rivière des Outaouais ; plus tard, il acquit d’autres terrains à cet endroit. En 1832, il vivait à York, près du bas de la rue Yonge, et avait acheté un lot adjacent à sa demeure qu’il était prêt à vendre à un prix élevé. En 1840, il voulut louer une partie d’une île de la rivière des Outaouais pour y construire un moulin près des chutes avoisinantes.
Sherwood se retira de la magistrature en 1840, mais il continua de se faire entendre dans les milieux conservateurs. En novembre 1842, il fut l’un de ceux qui fondèrent la Toronto Constitutional Society en réaction contre les politiques du gouverneur, sir Charles Bagot. En octobre 1843, il fit savoir qu’il appuyait la résolution que William Henry Draper* avait présentée à l’Assemblée pour qu’elle s’oppose au transfert du siège du gouvernement de Kingston au Bas-Canada. À la même époque, soit le 19 août 1842, Sherwood accéda au Conseil législatif et, le 1er novembre 1843, au Conseil exécutif.
Toujours actif durant les dernières années de sa vie, Levius Peters Sherwood continua d’exercer sa profession et de jouer un rôle dans les milieux religieux et éducationnel de sa communauté. Il fut trésorier de la Law Society of Upper Canada en 1842 ; deux ans plus tard, il accepta de retourner à la magistrature à titre de juge de la Cour d’appel. Son attachement à l’Église d’Angleterre le poussa en mai 1842 à offrir d’assumer la vice-présidence de la Church Society. Quatre ans plus tard, on le nomma, avec John Beverley Robinson*, trésorier de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. Il apporta sa contribution à l’œuvre éducationnelle en devenant, le 27 décembre 1841, membre du conseil du King’s College de Toronto. À sa mort en 1850, Sherwood, homme de principes et fervent conservateur, avait servi sa communauté de nombreuses façons pendant près d’un demi-siècle.
AO, MS 4, commission appointing J. B. Robinson and L. P. Sherwood as treasurers of the Soc. for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts in Canada, 16 juin 1846 ; MS 35, letter-book, 1827–1839, Strachan à James Stephen, 11 avril 1829 ; MS 51, George Bruce à Mackenzie, 30 sept. 1830 ; Charles Waters à Mackenzie, 28 juill. 1835 ; MU 2106, 1832, no 14 (Robert Thompson à Peter Freeland, 15 févr. 1832).— APC, RG 1, E3, 42 : 233–239 ; 81 : 9–10 ; L1, 39 : 341–342 ; RG 5, A1 : 7995–7996, 9023–9024, 24568–24570, 26874–26875, 29335–29337, 30359–30361, 30591–30593, 32967–32969, 33486–33487, 49486–49488, 49920–49923, 52904–52910 ; B5, 4 : 265–266 ; 4a, Sherwood à J. M. Higginson, 11 juill. 1844 ; B7, 3 ; C2, 1 : 391.— « Parish register of Brockville and vicinity, 1814–1830 », H. R. Morgan, édit., OH, 38 (1946) : 77–108.— British Whig, 23 févr. 1835, 17 févr., 23 mars 1838.— Chronicle & Gazette, 7 févr. 1835, 17, 21 mars 1838, 7 mai, 30 juill., 27 août, 12 nov. 1842, 24 oct. 1843.— Kingston Chronicle, 21 juill. 1820.— Kingston Gazette, 6 juill. 1816, 7 juill. 1818.— Marriage bonds of Ont. (T. B. Wilson).— D. B. Read, The lives of the judges of Upper Canada and Ontario, from 1791 to the present time (Toronto, 1888).— Reid, Loyalists in Ont.— Mary Beacock Fryer, Buckskin pimpernel : the exploits of Justus Sherwood, loyalist spy (Toronto et Charlottetown, 1981).— H. M. Jackson, Justus Sherwood : soldier, loyalist and negotiator (s.l., 1958).
Ian Pemberton, « SHERWOOD, LEVIUS PETERS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sherwood_levius_peters_7F.html.
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Auteur de l'article: | Ian Pemberton |
Titre de l'article: | SHERWOOD, LEVIUS PETERS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |