CRAWFORD, GEORGE, homme d’affaires et homme politique, né en 1793 à Manor Hamilton, dans le comté de Leitrim (République d’Irlande), fils de Patrick Crawford, fermier, et de Jane Munse ; il épousa d’abord, en Irlande, Margaret Brown dont il eut six enfants, puis Caroline Sherwood qui lui en donna 14 autres ; décédé le 4 juillet 1870 à Brockville, Ontario.
George Crawford, qui ne reçut que peu d’instruction, devint marchand d’étoffes. Il émigra au Haut-Canada au début des années 1820 avec une certaine somme d’argent et cultiva la terre dans le comté de Halton puis d’York. Au bout de « quelques saisons », il abandonna l’agriculture et alla s’installer à York (Toronto) où il devint entrepreneur. Un document subséquent raconte qu’il « amassa rapidement une grosse fortune » en exécutant des contrats de construction sur les canaux de Rideau, de Cornwall et de Beauharnois. Il fut également un des administrateurs de la Provincial Mutual and General Insurance Company, ainsi que du chemin de fer du Grand Tronc et président de la Brockville and Ottawa Railway Company. Membre de la milice en 1837, Crawford fut promu, par la suite, lieutenant-colonel du 3e bataillon de la milice de Leeds. Il fut également marguillier de l’église anglicane St Peter de Brockville.
Crawford quitta Toronto et s’installa à Brockville au milieu des années 40. Bien qu’il restreignit ses opérations commerciales à cette époque, Crawford continua de jouer un rôle important dans le monde des affaires et, à Brockville, il était au centre d’un réseau de relations familiales qui le mettaient en contact avec des hommes d’affaires bien en vue et avec des hommes politiques, aussi bien chez les tories que chez les réformistes. Sa seconde épouse était la fille d’Adiel Sherwood*, éminent conservateur ; son frère John, entrepreneur lui aussi, fut échevin et maire de Brockville ; son fils John Willoughby* épousa une fille de Levius Peters Sherwood*, sœur du leader tory Henry Sherwood* ; une de ses filles épousa John Ross*, réformiste influent et président du Grand Tronc.
En 1845, Crawford fut nommé commissaire chargé de régler les demandes d’indemnisation pour les pertes subies au cours de la rébellion dans le Haut-Canada ; de 1845 à 1847, il fut membre du Bureau de police de Brockville. En 1849, il entreprit de se mêler, pendant un moment, à l’agitation politique en devenant membre de la première section de la British American League qui fut mise sur pied à Brockville. La ligue, presque entièrement constituée de tories, avait pour but d’étudier les répercussions au Canada de la suppression progressive par la Grande-Bretagne du système mercantile. Lorsque la ligue se prononça en faveur de l’union de l’Amérique du Nord britannique, en juillet 1849, elle créa un comité, dont faisaient partie Crawford, John William Gamble*, George Moffatt et Ogle Robert Gowan*, qui devait s’entretenir à ce sujet avec les chefs politiques des provinces Maritimes. Au cours d’une « grande manifestation » tory à Brockville, en septembre de la même année, Crawford se fit partisan d’un tarif protectionniste pour le Canada. Cependant, lors d’une réunion tenue à Toronto en novembre, après la parution, à Montréal, du Manifeste annexionniste, Crawford se ravisa et, avec Hugh Bowlby Willson*, se déclara en faveur de l’annexion du Canada aux États-Unis. En décembre 1849, il écrivait à Edward Goff Penny* : « Je suis convaincu que le nombre de ceux qui croient à une rupture pacifique avec la mère patrie augmentera considérablement avant qu’une autre année ne s’écoule. »
Crawford fut l’un des rares tories du Haut-Canada à appuyer l’annexion ; il n’existe aucun document indiquant qu’il ait maintenu son appui très longtemps. Il se débarrassa rapidement de la réputation de déloyauté qui pesait sur lui et fit son entrée en politique comme solide conservateur en infligeant une défaite à George Sherwood, à Brockville, aux élections à l’Assemblée de 1851. Réélu en 1854, il ne se présenta pas aux élections de 1857. En 1858, il remporta une victoire serrée contre William Henry Brouse*, dans la division de St Lawrence, aux élections du Conseil législatif ; il occupa son poste, de façon ininterrompue, jusqu’en 1867 alors qu’il fut nommé au sénat.
Un ouvrage biographique du xixe siècle Souligne qu’à titre de législateur Crawford « parlait très peu et avait une réputation de travailleur ». Cette appréciation est juste. Ses rares interventions au cours des débats étaient concises et portaient souvent sur des points moins importants concernant les affaires. À la même époque, il eut des échanges fréquents avec les chefs conservateurs sur des problèmes touchant le patronage, les élections, sa ville et sa région. Crawford était favorable aux aspirations des Canadiens français et défendait ardemment les intérêts de Montréal ; il souhaitait, en 1859, qu’Ottawa devienne la capitale, car ce choix allait inévitablement servir Montréal.
Trois des fils de Crawford acquirent personnellement beaucoup d’importance : John Willoughby, comme financier, manufacturier, promoteur de chemin de fer et membre du parti conservateur ; James, à titre d’entrepreneur et de député conservateur de Brockville, de 1867 à 1872 ; et Edward Patrick, en qualité de rector de l’église Trinity à Brockville.
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Donald Swainson, « CRAWFORD, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/crawford_george_9F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Swainson |
Titre de l'article: | CRAWFORD, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |