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ROSS, JOHN, avocat, homme politique et homme d’affaires, né dans le comté d’Antrim, en Irlande, le 10 mars 1818, décédé à Toronto, Ont., le 31 janvier 1871.
John Ross vint au Canada tout enfant et fit ses études dans le district de Johnstown (comprenant les comtés de Leeds et de Grenville) et à Brockville. À l’âge de 16 ans, il fut placé comme clerc chez Andrew Norton Buell et, plus tard, chez George Sherwood. Il fut reçu au Barreau du Haut-Canada en 1839 et ouvrit un cabinet à Belleville. Il exerça essentiellement son activité politique et commerciale à Belleville et dans le comté de Hastings. Mais ses rapports avec les familles de Levius Peters Sherwood*, de George Crawford*, du jeune William* et d’Andrew Norton Buell, à Brockville, lui permirent de se faire d’autres relations dans les milieux politiques, juridiques et financiers, relations qu’il élargit sans cesse. Le frère d’Alexander Tilloch Galt*, Thomas, fut un certain temps l’associé de Ross. Parmi les parrains de ses fils, se trouvaient entre autres Robert Baldwin*, David Lewis Macpherson*, Philip VanKoughnet et Alexander Tilloch Galt. En septembre 1855, Ross écrivait au sujet de Francis Hincks* : « Nous avons été comme deux frères depuis tant d’années que j’ai beaucoup de peine à me séparer de lui. » En raison de sa collaboration à la Compagnie du Grand Tronc, ses relations s’étendaient jusqu’au monde de la finance de Londres.
Dès le début de 1847, Ross avait fait d’assez bonnes affaires pour être en mesure d’épouser Margaret, la fille de George Crawford. Elle mourut avant la fin de l’année et, le 4 février 1851, il épousa la fille de Robert Baldwin, Augusta Elizabeth, à la cathédrale St James de Toronto. John et Augusta eurent trois fils ; la famille demeura à Belleville plusieurs années et, en 1857, elle habitait à Yorkville, près de Toronto. Là, Ross s’associa à Abram William Lauder* et à Thomas Charles Patteson pour exercer le droit, mais il conserva un cabinet à Belleville où il travailla en collaboration avec John Bell et, plus tard, avec Thomas Holden.
Dans une lettre à John Alexander Macdonald*, datée de 1867, Ross écrivait : « Ce sont les faits qui expliquent le mieux mon appartenance politique. Jusqu’en 1854, j’ai été tout d’abord partisan de M. Baldwin, puis de M. Hincks. Je suis alors entré dans votre gouvernement de coalition et, depuis, je vous ai soutenu ainsi que votre politique. » Tout juste âgé de 23 ans, Ross avait mené une vigoureuse campagne en faveur de l’élection de Baldwin à l’Assemblée législative, en 1841, et il l’avait persuadé de se présenter dans Hastings. Une estime réciproque naquit entre les deux hommes, due en partie à une identité de vues politiques, mais aussi affermie par une sympathie mutuelle pour leur veuvage, sympathie qui se développa par la suite lorsque Ross devint le gendre de Baldwin. De 1841 à 1848, John Ross fut le fidèle collaborateur et conseiller de Baldwin pour la région allant du comté de Hastings au comté de Grenville et, le 1er décembre 1848, il fut récompensé de son dévouement en étant nommé au Conseil législatif. Ross ne considéra pas ces fonctions comme une sinécure mais, par sa présence à la « Chambre haute », continua de mener activement une carrière politique et publique.
John Ross exerça des fonctions publiques de la fin de 1851 jusqu’au début de 1862. Le 12 novembre 1851, il fut nommé solliciteur général du Canada-Ouest, sans toutefois détenir un siège dans le cabinet. Hincks le fit entrer dans son ministère en qualité de procureur général du Canada-Ouest, le 22 juin 1853. Lorsque, vers la fin de l’été de 1854, Hincks fut battu et se retira de la politique, son rôle fut repris par Ross qui entra dans le gouvernement d’Ahan Napier MacNab* et d’Augustin-Norbert Morin*, en tant que leader des réformistes modérés. La présence de Ross dans le nouveau cabinet, à titre de président du Conseil législatif, parut garantir l’adoption de nombreuses mesures préconisées par le gouvernement Hincks-Morin. Dans les années qui suivirent, les tensions politiques qui se manifestaient à l’Assemblée législative eurent leurs échos au sein du cabinet. John Ross se gardait d’exprimer toute la mesure de sa déception aux conseils des ministres, mais il en parlait dans sa correspondance privée. Il se méfiait de Lewis Thomas Drummond* et n’avait aucune sympathie pour Joseph-Édouard Cauchon* et François-Xavier Lemieux*. Il avait l’impression que MacNab était inefficace et semblait toujours être entouré d’une bande de parasites. Le 18 avril 1856, les réformistes modérés, ayant perdu confiance en MacNab, commencèrent à passer dans l’opposition. Ross se démit de ses fonctions de président du Conseil législatif et tenta de rassembler les réformistes modérés pour appuyer John A. Macdonald, le nouveau chef du gouvernement. Macdonald reprit Ross dans son ministère le 2 février 1858, en qualité de receveur général et de membre de la commission des chemins de fer. Après le bref intermède du gouvernement de George Brown et d’Antoine-Aimé Dorion*, du 2 au 4 août, George-Étienne Cartier nomma Ross ministre de l’Agriculture et président du Conseil exécutif le 7 août 1858. Il occupa ces fonctions jusqu’à sa démission du gouvernement le 26 mars 1862.
Ross fut un administrateur de premier plan et un homme politique avisé. Sa correspondance officielle montre qu’il était doué d’un esprit clair et concis, et ses longs états de services à des postes gouvernementaux témoignent qu’il était un homme sur qui on pouvait compter. Une grande partie de la correspondance qu’il échangea avec Baldwin et Macdonald abonde en réflexions judicieuses sur la vie politique contemporaine. Il fut l’un des hommes de confiance de Hincks, servant plusieurs fois de « médiateur particulier » à Washington et à Londres dans les années 1850, où il mit à profit ses talents d’administrateur, de financier et d’homme politique. Son rôle constituait une étape vers la formation du poste de haut-commissaire du Canada à Londres. Lorsque Cartier se rendit dans cette ville, en octobre 1858, pour demander la création d’une fédération des colonies de l’Amérique du Nord britannique, il emmena Ross et Galt avec lui. Le 5 novembre, Ross fut reçu par la reine Victoria, avec laquelle il envisagea l’éventualité d’une visite royale au Canada. La présence de Ross au cours de la mission de 1858 fut précieuse notamment parce qu’il était bien vu dans certains milieux financiers britanniques influents.
Le 11 novembre 1852, Ross fut l’un des six administrateurs du gouvernement nommés par Hincks dans la Compagnie du Grand Tronc qui n’était alors qu’à l’état de projet. Ross fut envoyé immédiatement à Londres où, dans les mois suivants, il fut le pivot de négociations compliquées qui permirent de rassembler les ressources financières et les entrepreneurs expérimentés ; ces négociations aboutirent, le 12 avril 1853, à la parution d’un prospectus présentant le chemin de fer du Grand Tronc. À la demande des financiers britanniques, Ross fut alors nommé président de cette compagnie. À ce titre, il fit preuve d’efficacité en assurant la bonne marche des rouages juridiques et administratifs de la compagnie, et en canalisant vers un but unique les pressions de toutes sortes exercées par les divers financiers, par les entrepreneurs et par le gouvernement canadien. Il eut en même temps à parer à la menace des compagnies de chemins de fer concurrentes et de l’opposition siégeant au parlement canadien. Le 20 février 1857, il fut le premier témoin à déposer devant la commission d’enquête de la chambre des Communes chargée d’étudier l’avenir de la Hudson’s Bay Company. Il se présenta comme ancien ministre et spécialiste du développement des chemins de fer dans l’Ouest. Il resta président de la Compagnie du Grand Tronc jusqu’en 1862 ; la compagnie fut alors réorganisée et sir Edward William Watkin lui succéda à la présidence.
Après 1862, John Ross se déroba à l’attention du public pour s’occuper de ses affaires privées, mais il assista régulièrement aux séances du Conseil législatif et, en 1867, il fut nommé au Sénat. Il fut administrateur de la Northern Railway Company of Canada, membre fondateur de la Dominion Bank en 1869 et, de 1862 à 1869, lieutenant-colonel du 2e bataillon de la milice de Toronto. Il mourut à Toronto en 1871 « après une longue et douloureuse maladie ».
APC, FM 24, B11 (Papiers Baldwin), 2e sér., 5 ; FM 24, B40 (Papiers George Brown), 1re sér., 2 ; FM 24, D16 (Papiers Buchanan), 53 ; FM 26, A (Papiers Macdonald), 260.— MTCL, Baldwin papers.— Report from the select committee on the Hudson’s Bay Company [...], Minutes of evidence [...], 1–357 (G.B.., Parl., House of Commons paper, 1857, session 2, XV, 224, 260).— St James’ Cathedral (Toronto), Registres de baptêmes et de mariages.— Robert Ross, friend of friends ; letters to Robert Ross, art critic and writer, together with extracts from his published articles, Margery Ross, édit. (Londres, [1952]).— Canada, an encyclopædia, I.— The Canada directory [...] 1851, R. W. S. Mackay, édit. (Montréal, 1851).— Can. directory of parliament (Johnson), 508s.— Encyclopedia of Canada, V.— Mitchell & Co.’s Canada classified directory for 1865–66 (Toronto, s.d.).— Mitchell’s Toronto directory for 1864–5 (Toronto, 1864).— Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 612–614.— Careless, Brown, I ; Union of the Canadas.— Creighton, Macdonald, young politician.— R. S. Longley, Sir Francis Hincks ; a study of Canadian politics, railways, and finance in the nineteenth century (Toronto, 1943).— Sissons, Ryerson, II.— O. D. Skelton, The life and times of Sir Alexander Tilloch Galt (Toronto, 1920).— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto, 1960), I.— D. W. Swainson, Business and politics : the career of John Willoughby Crawford, Ont. Hist., LXI (1969) : 225–236.
Paul Cornell, « ROSS, JOHN (1818-1871) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ross_john_1818_1871_10F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/ross_john_1818_1871_10F.html |
Auteur de l'article: | Paul Cornell |
Titre de l'article: | ROSS, JOHN (1818-1871) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |