L’avocat, professeur, auteur et homme politique Alfred Augustus Stockton a milité à plusieurs reprises en faveur des droits des femmes du Nouveau-Brunswick :
Façonnées en milieu libéral, les idées politiques de Stockton étaient bien celles d’un démocrate. Il soutenait le principe du suffrage universel et voulait que les lieutenants-gouverneurs et les sénateurs soient élus. Dès 1886, il pressa l’Assemblée du Nouveau-Brunswick d’accorder le droit de vote à toutes les femmes adultes ; il présenta des résolutions dans ce sens au moins en 1889, 1894, 1895 et 1897. Ses arguments étaient à la fois progressistes – l’histoire, disait-il, est l’élévation graduelle des femmes vers l’égalité – et utilitaristes. « Les femmes, soulignait-il, s’intéressent particulièrement aux questions de tempérance et d’éducation, et [...] ce serait la province qui serait gagnante sur ces plans si elle donnait aux femmes le droit de voter aux élections législatives. » Bien que les résolutions de Stockton n’aient été ni les premières, ni les plus radicales à être présentées au Nouveau-Brunswick, et bien qu’elles aient été battues (de justesse pourtant), ses interventions en faveur du suffrage féminin eurent plus de poids que celles de tout autre député de l’Assemblée, dans les années 1890, du fait qu’il était chef de l’opposition.
Les Fermiers unis de l’Alberta ont fait partie des mouvements associatifs qui ont appuyé les suffragistes, comme le rappelle la biographie de l’agriculteur James Speakman, qui en a été président :
Speakman fut président pendant une année marquante dans l’histoire de la réforme sociale en Alberta. Depuis 1913, on admettait les femmes dans les Fermiers unis [de l’Alberta] comme membres à part entière ; deux ans après, au congrès où fut élu Speakman, ces dernières formèrent une section auxiliaire sous la présidence de Mary Irene Parlby [Marryat*]. L’association avait déjà fait connaître son appui au suffrage féminin, et Speakman mena une campagne énergique avec Nellie Letitia McClung [Mooney*]. Dans une lettre adressée à Speakman et parue dans le Grain Growers’ Guide de septembre 1915, le premier ministre Arthur Lewis Sifton* se dit prêt à présenter un projet de loi sur le suffrage à la session suivante de l’Assemblée législative. La prohibition faisait également partie des revendications des Fermiers unis, où l’on avait adopté des propositions en faveur de cette mesure en 1913 et en 1914. Pendant le référendum sur la prohibition en Alberta, Speakman prit vigoureusement parti pour le régime sec, qui l’emporta en juillet 1915. Des projets de loi sur la tempérance et le suffrage féminin seraient adoptés l’année suivante.
La secrétaire et agente de probation Maria Heathfield Pollard (Grant) a joué quant à elle un rôle capital dans l’obtention du suffrage féminin en Colombie-Britannique :
Après que la Première Guerre mondiale eut éclaté en 1914, les activités relatives au suffrage déclinèrent. Mme Grant et la Political Equality League of Victoria fondèrent le Women’s Industrial Centre pour offrir aux femmes du travail de couturières. Elle aida également à créer une garderie pour les enfants des ouvrières. Pendant ce temps, tandis que les femmes en Colombie-Britannique et ailleurs travaillaient avec zèle à l’effort de guerre, leur droit de vote gagna de l’appui populaire. Les élections provinciales de septembre 1916 incluaient un plébiscite sur le suffrage féminin. Lorsqu’une vaste majorité vota pour cette mesure, elle déclara simplement ceci : « Il est bon d’avoir vécu seulement pour voir ce jour. » Elle mena une délégation devant le nouveau premier ministre, Harlan Carey Brewster*, pour protester contre les retards dans la mise en œuvre du droit de vote dans la province, que les femmes obtinrent finalement le 5 avril 1917.
L’érudite Eliza Ritchie, pour sa part, a été une figure de proue du mouvement suffragiste néo-écossais :
Révélant les idéaux démocratiques qui l’animaient, [Eliza Ritchie] écrivit dans le Halifax Herald du 2 mai [1917] : « Ce n’est pas pour un quelconque petit groupe d’“intellectuelles” de Halifax et de quelques autres villes que nous aspirons à la liberté politique, nous voulons que la grande masse de nos concitoyens, tant les hommes que les femmes, soit consciente de ses responsabilités et qu’elle les prennent pour assurer le bon gouvernement du pays. »
La journaliste Genevieve Elsie Alice Lipsett (Skinner) a fait partie d’un groupe de pionnières qui ont profité de l’obtention du droit d’éligibilité, c’est-à-dire de la possibilité de briguer des postes électifs :
Après que les Manitobaines eurent obtenu le droit de voter aux élections provinciales et de siéger à l’Assemblée législative, en vertu d’une loi présentée par le gouvernement libéral de Tobias Crawford Norris en 1916, Mme Lipsett-Skinner trouva un nouveau défi à relever. En 1920, elle reçut l’investiture conservatrice dans la circonscription de Winnipeg, devenant ainsi une des premières Canadiennes à disputer une élection provinciale.
Date
|
Province/Territoire
|
28 janvier 1916
|
Manitoba
|
14 mars 1916
|
Saskatchewan
|
19 avril 1916
|
Alberta
|
5 avril 1917
|
Colombie-Britannique
|
12 avril 1917
|
Ontario
|
26 avril 1918
|
Nouvelle-Écosse
|
17 avril 1919
|
Nouveau-Brunswick
|
20 mai 1919
|
Yukon
|
3 mai 1922
|
Île-du-Prince-Édouard
|
13 avril 1925
|
Dominion de Terre-Neuve
|
25 avril 1940
|
Québec
|
12 juin 1951
|
Territoires du Nord-Ouest
|
Pour en savoir davantage sur les militants et sympathisants du droit de vote aux élections provinciales et territoriales, et sur l’obtention de celui-ci et du droit d’éligibilité, nous vous invitons à consulter les biographies regroupées dans les listes suivantes.