HAWKE, JOHN THOMAS, typographe, journaliste et éditeur de journal, né le 30 avril 1854 à Plymouth, Angleterre, fils de John Peter Hawke, charretier, et de Mary Ann Harvey ; en octobre 1875, il épousa Della Thornton, d’Aylmer, Ontario, et ils eurent trois filles ; décédé le 17 février 1922 à Moncton, Nouveau-Brunswick.

D’ascendance cornouaillaise, John Thomas Hawke affirmait être apparenté à sir Edward Hawke, amiral et héros de la bataille de la baie de Quiberon, une des victoires décisives des Britanniques dans la guerre de Sept Ans. Cette filiation n’a cependant pas été établie. Les détails sur sa jeunesse ou sur les circonstances dans lesquelles il s’initia à la composition sont rares, mais on dit qu’il devint typographe à Torquay. Après avoir immigré aux États-Unis en 1873, il travailla un moment comme compositeur au bureau du Rome Sentinel à Rome, dans l’État de New York. La même année, il s’installa en Ontario. Au cours des 15 années suivantes, il ferait son chemin dans plusieurs journaux. Successivement compositeur et reporter au Times de St Thomas, il fut chroniqueur parlementaire au Leader de Toronto et reporter au Citizen d’Ottawa, puis travailla dans cette ville pour le Globe de Toronto en qualité de membre de la tribune de la presse et correspondant politique. Toujours au Globe, il fut, de 1882 à 1885, chef de l’information, après quoi il devint rédacteur en chef d’un quotidien prohibitionniste de Hamilton, le Tribune, puis rédacteur en chef du Free Press d’Ottawa, fonction qu’il exerça jusqu’en 1887. Cette année-là, avec l’aide du Parti libéral fédéral, il acheta le Daily Transcript de Moncton – le but étant de contrer la domination du journal conservateur dirigé par Henry Thaddeus Stevens, le Daily Times. Le 1er juin, Hawke devint rédacteur en chef et éditeur du journal libéral.

Le lendemain, en éditorial, Hawke exposa les idées qu’il défendrait jusqu’à la fin de sa vie par l’intermédiaire du Daily Transcript et par d’autres activités. « [Je] suivrai les orientations traditionnelles du journalisme libéral, disait-il, […puisque] le bien du Canada se confond avec l’avènement du Parti libéral au pouvoir. » Il se prononçait pour l’union commerciale avec les États-Unis et contre les forts tarifs alors en vigueur. Consterné par « l’énorme augmentation du nombre d’employés fédéraux », il voyait là « une source de favoritisme [qui était] en train de devenir […] une menace pour l’existence du gouvernement constitutionnel ». Hawke estimait que les membres du Sénat devaient être élus, préconisait l’abolition du Conseil législatif du Nouveau-Brunswick, la Chambre haute de la province, et croyait qu’il fallait amender l’Acte de l’Amérique du Nord britannique pour supprimer le poste de lieutenant-gouverneur, dont les fonctions devraient être confiées au juge en chef. Opposé à la vente d’alcool, il voulait que la question de la prohibition soit tranchée par référendum et non par voie d’élections. En conclusion, il s’engageait à mettre son journal au service des provinces Maritimes, du Nouveau-Brunswick et en particulier de la ville de Moncton.

Presque tout de suite, Hawke fut mêlé à une controverse. Le candidat libéral Henry Robert Emmerson*, défait par le conservateur Josiah Wood dans la circonscription de Westmorland aux élections fédérales de 1887, déposa une requête dans laquelle il alléguait que les agents conservateurs étaient responsables de 500 actes de corruption commis pendant la campagne. Les requêtes de ce genre devaient être entendues dans un délai de six mois après leur dépôt, sans quoi elles se périmaient. Le juge John James Fraser*, comprenant mal cette règle, semble-t-il, ajourna l’audience trois fois. Le 22 octobre, l’avocat de Wood, Pierre-Amand Landry*, argua que la requête était échue, et Fraser en décida ainsi. Emmerson fit appel, et l’ensemble des juges de la Cour suprême, dont Fraser, annula la décision du juge. Dans un éditorial du Daily Transcript, Hawke parla de « ce distingué acrobate de la magistrature, M. le juge Pooh-Bah Fraser », allusion à la populaire opérette de Gilbert et Sullivan, The Mikado. Il ajoutait qu’une fois, auparavant, le juge avait « siégé dans un état d’ébriété manifeste ». Hawke fut convoqué à Fredericton afin de montrer pourquoi il ne devrait pas être accusé d’outrage au tribunal. Malgré sa longue plaidoirie, la Cour suprême le trouva coupable d’outrage pour avoir laissé entendre que Fraser s’était laissé acheter. Le tribunal lui donna l’occasion de présenter des excuses, mais il refusa. Le 27 avril 1888, il fut condamné à deux mois de prison et 200 $ d’amende. Son arrestation et sa sentence déclenchèrent de vives discussions dans beaucoup de journaux canadiens. Le 9 mai, les Communes passèrent toute la journée à débattre de la liberté de la presse et des limites du pouvoir judiciaire. Après avoir payé son amende et purgé sa peine, Hawke rentra en triomphe à Moncton.

Le Daily Transcript prospéra sous la direction de Hawke. Au début des années 1890, ce dernier fit construire un édifice tout neuf et, à compter de 1911, sous le nouveau titre de Moncton Transcript, le journal accorda plus de place aux sports et aux nouvelles locales. La victoire libérale dans la circonscription de Westmorland aux élections fédérales de 1896 avait beaucoup amélioré la situation financière de Hawke et accru son influence politique. Ce dernier obtenait de lucratifs contrats d’impression du chemin de fer Intercolonial, dont le siège social était à Moncton. De son bureau au journal, il distribuait bon nombre des emplois de la société ferroviaire à des libéraux et à des donateurs du parti. En outre, durant un certain nombre d’années, il fut président de l’association locale des libéraux.

Toujours soucieux de défendre et de promouvoir la presse, Hawke fut président de la New Brunswick Press Association de 1905 à 1907 ; il était le premier à exercer cette fonction. Il détint le poste de secrétaire à la Maritime Press Association durant les trois premières années d’existence de cet organisme, fruit de la fusion de l’association néo-brunswickoise et de l’association néo-écossaise. Ce fut en grande partie sur son initiative que la Maritime Press Association adhéra à la Canadian Press Association en 1913. De plus, Hawke participa à la vie de son milieu. De 1900 à 1911, il fut président du conseil scolaire de Moncton. Il fit pression pour l’adoption d’une loi qui porterait à six ans l’âge de l’entrée à l’école et prôna énergiquement la fréquentation scolaire obligatoire en invoquant, dans le rapport du conseil pour l’année 1908–1909, le taux élevé de délinquance juvénile dans la région de Moncton. Sous sa présidence, le conseil – dont les recommandations trouvaient un écho très favorable dans son journal – préconisa aussi l’examen médical des élèves.

Fervent monarchiste, John Thomas Hawke assista au couronnement de George V en 1911 à titre de délégué de Moncton. Pendant la Première Guerre mondiale, cet orateur toujours efficace prit régulièrement la parole aux « assemblées patriotiques » tenues tous les 15 jours dans la ville. En outre, il œuvra pour le Fonds patriotique canadien, qui venait en aide aux familles des soldats du pays, et au Bureau de commerce des provinces Maritimes. Partisan du suffrage féminin et de l’union des Maritimes, il a écrit, sur cette dernière question : « nous sommes désavantagés au sein du Canada, ce pays au matin de son existence, parce que nos trois provinces ne parlent pas d’une seule voix ». Homme aux multiples activités, Hawke apporta une contribution diversifiée à la vie de Moncton et du Nouveau-Brunswick.

Eric L. Swanick

John Thomas Hawke est l’auteur de : « The meeting was an excellent one », Busy East of Canada (Sackville, N. B.), 10 (1919–1920), nº 2 : 24s. ; « Moncton City and its future », Busy East of Canada, 8 (1917–1918), nº [11] : 26–28, 60 ; et « The Transcript’s platform », Daily Transcript (Moncton, N. B.), 2 juin 1887 : [2].

GRO, Reg. of births, Plymouth, 30 avril 1854.— Moncton Transcript, 17–18, 20–21, 28 févr. 1922.— Times & Transcript (Moncton), 15 août 1998, 16 oct. 1999, 13 mai, 15 juill. 2000.— J. E. Belliveau, « Hawke of the Transcript : a forgotten hero of Canadian journalism », Beaver (Winnipeg), 77 (1997–1998), nº 4 : 35–37 ; « Hawke of the Transcript [...] in Liberal homes he was a family deity », Atlantic Advocate (Fredericton), 65 (1974–1975), nº 7 : 36–38 ; The Monctonians (2 vol., Hantsport, N. É., 1981–1982).— Canada, Chambre des communes, Débats, 9 mai 1888.— J. A. Cooper, « The editors of the leading Canadian dailies », Canadian Magazine, 12 (nov. 1898–avril 1899) : 336–352.— A history of Canadian journalism [...] (2 vol., Toronto, 1908–1959).— H. B. Jefferson, « The great Pooh-Bah case », Atlantic Advocate, 54 (1963–1964), nº 1 : 45–51.— « Liberty of the press », University Monthly (Fredericton), 7 (1887–1888), nº 8 : [1]–2.— N. B., Dept. of Education, Annual report of the schools of New Brunswick (Fredericton), 1900–1911.— C. A. Pincombe et E. W. Larracey, Resurgo : the history of Moncton (2 vol., Moncton, 1990–1991).

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Eric L. Swanick, « HAWKE, JOHN THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hawke_john_thomas_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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