Titre original :    Arrêt sur Louyse de Bienville | Les Quatre Saisons

Provenance : Lien

MARMETTE, MARIE-LOUISE (baptisée Marie-Louise-Joséphine-Esther-Eliza), dite Louyse de Bienville (Brodeur) (elle utilisait également le pseudonyme de Domino noir), auteure et conférencière, née le 29 mars 1870 à Québec, fille de Joseph-Étienne-Eugène Marmette et de Marie-Joséphine Garneau ; le 6 juillet 1892, elle épousa à Ottawa Donat Brodeur (décédé en 1920), et ils eurent trois fils et cinq filles, dont l’une mourut en bas âge ; décédée le 2 mai 1928 à Montréal.

Seule survivante des quatre enfants nés du mariage de Marie-Joséphine Garneau et de Joseph-Étienne-Eugène Marmette, Marie-Louise Marmette appartient à une famille de gens de lettres. Elle a pour grand-père maternel l’historien François-Xavier Garneau* et est la fille d’un écrivain prolifique qui figurera en 1884 parmi les fondateurs du Cercle des Dix, société littéraire d’Ottawa. C’est d’ailleurs un roman de Marmette, intitulé François de Bienville et publié à Québec l’année de sa naissance, qui inspirera à Marie-Louise le nom de plume qu’elle utilisera le plus fréquemment : Louyse de Bienville. Elle se souviendra d’avoir, enfant, accompagné son père dans quelques salons littéraires de Québec. Marie-Louise étudie chez les ursulines de Québec de 1880 à 1882, puis chez les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame à Ottawa. Elle aurait également étudié la littérature à Paris, où elle doit parfois séjourner avec sa famille à cause du travail de son père, alors archiviste pour le gouvernement fédéral. Selon le témoignage de sa fille Marguerite, Marie-Louise aurait passé, au total, quatre années dans la Ville lumière et aurait ainsi cultivé son attachement à la culture française. À l’été de 1892, à Ottawa, Marie-Louise épouse Donat Brodeur, avocat. Le couple s’installera par la suite à Montréal et aura huit enfants.

Marie-Louise Brodeur poursuit une carrière littéraire qui demeure mal connue. Sa participation, entre 1902 et 1909, au Journal de Françoise, fondé à Montréal par la journaliste Robertine Barry*, dite Françoise, figure sans doute parmi ses premières collaborations à des périodiques. Son association à la presse féminine montréalaise se poursuit ensuite, entre 1913 et 1915, dans les pages du magazine Pour vous mesdames, fondé et dirigé par Georgine Bélanger*, dite Gaétane de Montreuil. Elle publie également, de 1913 à 1916, des articles dans la Bonne Parole, organe de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, dont elle est membre actif (elle donne notamment des conférences au cours des réunions mensuelles de l’Association professionnelle des employées de manufactures et de l’Association professionnelle des employées de magasins [V. Marie-Anne Laporte], associations que chapeaute la fédération). Deux textes de Marie-Louise figurent, en 1920 et en 1924, dans la Revue moderne d’Anne-Marie Gleason*, dite Madeleine. Parallèlement, la journaliste collabore à des publications au contenu plus général, notamment le Temps d’Ottawa, le Pays de Montréal, le Courrier de Montmagny et le Soleil ; elle ne publiera cependant jamais de livre.

Chronique d’actualité et littéraire, biographie, nouvelle, conte et poésie sont autant de genres auxquels s’essaie Marie-Louise Brodeur. Fascinée par les grands personnages (de Jeanne d’Arc à son aïeul François-Xavier Garneau), elle traite également à l’occasion de l’état de la littérature nationale et de l’avènement du féminisme, qu’elle considère comme « l’une des manifestations, la plus grave, qui aient honoré l’humanité, » déclare-t-elle en octobre 1913 dans Pour vous mesdames. Résolument collée à l’actualité, elle s’intéresse à la Grande Guerre, comme mère certes (ses trois fils s’étant engagés comme volontaires), mais aussi comme journaliste en publiant quelques « Pages de guerre » dans Pour vous mesdames (en octobre 1914) et la Bonne Parole (en février, mars, mai et juin 1916). Admiratrice du courage des Françaises dans cette lutte, Marie-Louise écrit ainsi, en juin 1916 : « Un peuple magnifié par de telles femmes ne sera jamais vaincu. » Le 18 janvier 1919, dans une chronique quotidienne de la Presse où des personnes sont appelées à donner leur opinion sur le suffrage féminin, elle revendique, sans détour, ce droit pour les femmes, ainsi que « son libre usage ».

En dépit d’une carrière notable qui a duré près de 25 ans, Marie-Louise Brodeur n’a pas connu la postérité d’une Françoise ou d’une Madeleine. La dispersion de ses écrits dans différents périodiques a sans doute contribué à son effacement. Après la mort de Marie-Louise, sa fille Marguerite a colligé près d’une trentaine de ses textes et les a publiés à Montréal en 1931 sous le titre Figures et Paysages. Par ce volume posthume, annoncé comme le premier d’une série de quatre, elle espérait rendre à sa mère un hommage mérité. Malheureusement pour l’historien, ce livre n’a pas eu de suite.

Line Gosselin

Nous avons dressé la liste des articles de Marie-Louise Marmette parus à Montréal dans le Journal de Françoise, Pour vous mesdames, la Bonne Parole et la Revue moderne. L’inventaire n’est cependant pas exhaustif pour la Bonne Parole, dont nous n’avons pu consulter le premier volume. Un exemplaire de cette liste est conservé au DBC. [l. g.]

ANQ-Q, CE301-S1, 29 mars 1870.— Le Devoir, 3 mai 1928, 21 mai 1932.— BCF, 1923 : 243.— Georges Bellerive, Brèves Apologies de nos auteurs féminins (Québec, 1920).— DOLQ, 2 : 493s.— Madeleine [A.-M.] Gleason-Huguenin, Portraits de femmes ([Montréal], 1938), 65.— Hamel et al., DALFAN, 946s.— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 4 : 347.— Roger Le Moine, Joseph Marmette, sa vie, son œuvre ; suivi de À travers la vie, roman de mœurs canadiennes de Joseph Marmette (Québec, 1968).— Mariages de la paroisse Sacré-Cœur, Ottawa (1889–1975), Julien Hamelin, compil. (Ottawa, s.d.), 24.— Gaétane de Montreuil [Georgine Bélanger], « Mme Donat Brodeur », Pour vous mesdames, 1 (1913–1914) : 202s.— M.-E. Vézina, « In memoriam », la Rev. moderne, 9 (1928), no 6 : 17.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Line Gosselin, « MARMETTE, MARIE-LOUISE, dite Louyse de Bienville (Brodeur) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/marmette_marie_louise_15F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/marmette_marie_louise_15F.html
Auteur de l'article:    Line Gosselin
Titre de l'article:    MARMETTE, MARIE-LOUISE, dite Louyse de Bienville (Brodeur)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    10 oct. 2024