Titre original :  Joseph-Israël Tarte (1848-1907)

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TARTE, JOSEPH-ISRAËL, notaire, journaliste, propriétaire de journaux et homme politique, né le 11 janvier 1848 à Lanoraie, Bas-Canada, fils de Joseph Tarte, cultivateur et homme d’affaires, et de Louise Robillard ; le 23 novembre 1868, il épousa à L’Assomption, Québec, Georgiana Sylvestre, et ils eurent six enfants, puis le 23 mars 1905 à Ottawa Emma Laurencelle, veuve de Narcisse Turcot, et de ce mariage naquit une fille ; décédé le 18 décembre 1907 à Montréal.

De l’enfance de Joseph-Israël Tarte on sait fort peu de chose, si ce n’est que son père meurt en 1851 et qu’il aurait fréquenté l’école de Lanoraie. Sa mère, de peine et de misère, assure la subsistance de ses trois enfants en exploitant seule la ferme familiale. Plus tard, Tarte dira de sa mère qu’elle lui a appris à aimer la religion des ancêtres « et aussi cette religion, souverainement belle : le travail ». En 1860, Tarte entre au collège de L’Assomption ; lorsqu’il termine sa rhétorique en 1865, il décroche deux prix de français et deux de latin. Il quitte le collège l’année suivante avant d’entreprendre sa deuxième année de philosophie. Un camarade le décrit comme un bûcheur, une « intelligence ouverte à tout » et un « esprit pénétrant ».

Tarte entreprend son stage de clerc à L’Assomption chez Louis Archambeault*, président de la Chambre des notaires du district de Montréal et commissaire, à compter de 1867, de l’Agriculture et des Travaux publics dans le cabinet de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau*. Il y découvre la vie politique, et s’ancre alors en lui l’idée que la Confédération était un compromis nécessaire, acceptable et intangible. Son goût pour la discussion, son besoin de comprendre et de persuader le portent vers le journalisme. Il est admis à la pratique du notariat le 3 mai 1871. Il vit alors chez son beau-père et a un enfant de quelques mois. Il ouvre son étude dans les locaux d’Archambeault à L’Assomption et, de connivence avec lui, se préoccupe de doter la région d’un journal conservateur qui minerait les thèses ultramontaines du Nouveau Monde. À la fin de septembre 1872, Tarte commence à collaborer à la Gazette de Joliette, hebdomadaire conservateur modéré, impartial, prudent et dont « le feuilleton, selon lui, est de bon goût et toujours moral ». La Gazette de Joliette sera désormais un journal au service des comtés de Joliette et de L’Assomption. C’est un pis-aller. Au printemps de 1874, Tarte va s’installer à Saint-Lin et, en juin, il lance un bihebdomadaire, les Laurentides, dont il est le rédacteur, et Jean-Baptiste Delongchamps, le gérant. Déjà, il soutient une thèse qu’il défendra toute sa vie : la nécessité d’un tarif protecteur pour favoriser l’essor de l’industrialisation du pays. À partir de la mi-juillet, il défend avec ardeur Archambeault et les conservateurs impliqués dans le scandale des Tanneries. Ses articles repris par la grande presse font sensation. Le premier ministre Gédéon Ouimet doit démissionner mais, en partie grâce à Tarte, les conservateurs mêlés à cette affaire sauvent leur honneur. Des conservateurs reconnaissants et désireux de s’approprier un talent aussi remarquable l’invitent à se joindre au personnel du Canadien à Québec.

Tarte arrive à Québec en octobre 1874. Il a 26 ans, devient rédacteur adjoint et gagne 300 $ par année, logement compris. Très rapidement, il s’impose comme le meilleur journaliste de sa génération. Autant ses polémiques sont célèbres, autant ses pratiques journalistiques demeurent encore aujourd’hui mal connues, si bien qu’on ne sait quel rôle il a joué dans l’émergence de la presse populaire. Grâce à des fonds avancés par le Parti conservateur, il devient propriétaire du Canadien et de son édition hebdomadaire, le Cultivateur, le 12 juin 1875. Le 17 juillet suivant, il s’associe à Louis-Georges Desjardins. Tarte s’occupe de la rédaction, un peu de la comptabilité et il mendie auprès d’Hector-Louis Langevin et de Thomas McGreevy* les contrats d’impression et les dons qui permettent au Canadien de survivre financièrement. Il essaie de relancer le Canadien, dont le tirage atteindrait 1 850 exemplaires en 1875 et en 1876. Les propriétaires sont cependant à court de capital pour rembourser les dettes accumulées et procéder aux améliorations indispensables. Tarte, menacé de saisie, en appelle à Langevin qui intervient en sous-main. Le 8 février 1877, Desjardins devient seul propriétaire des deux journaux car Tarte, cousu de dettes, doit se départir de ses actions. Joseph-Norbert Duquet assume la gérance du Canadien et Tarte reste rédacteur. Ce sont des années difficiles. Sans doute à cause de la dépression économique, le tirage chute à 800, voire 500 numéros. En mars 1880, nouvel arrangement : L. J. Demers et Frère achète les deux journaux, Tarte en devient rédacteur en chef et, peu à peu, le personnel à la rédaction s’accroît d’un rédacteur adjoint en 1882, d’un autre rédacteur et d’un reporter en 1883. Le tirage atteint alors 2 500 numéros. Quand Louis-Joseph Demers et son frère acquièrent l’Evénement le 22 mai 1883, l’accroissement du personnel explique pourquoi Tarte peut aussi assumer le poste de rédacteur en chef de ce journal, tout en ayant un oeil sur le contenu du Canadien et du Cultivateur.

De fait, Tarte est la conscience de Langevin, leader reconnu des conservateurs du Québec à la suite du décès de sir George-Étienne Cartier*. Il est responsable des orientations politiques et idéologiques des journaux conservateurs du district de Québec. D’un tempérament remuant, fouineur à la mémoire d’éléphant, travailleur acharné, il s’avère un polémiste redoutable. Il a sur son métier et le rôle de la presse des idées nettes. « Je prétends d’abord, écrit-il à Langevin en août 1880, qu’un journaliste qui vise à la popularité n’est pas digne de son métier : car il suit les courants d’opinion au lieu de les diriger. Je maintiens, en second lieu, qu’un écrivain convaincu ne s’appartient pas, mais se doit sans réserve à la cause qu’il aime et pour laquelle il combat. » Il écrit nerveusement : phrase courte, ton direct, paragraphe qui a la force d’un coup de massue. Il aime débiter en tranches quotidiennes des reportages où il montre les tenants et aboutissants d’une question, où il argumente et questionne, associe et insinue, enfin détruit l’adversaire. Les contemporains ont laissé l’image d’un Tarte menant une vie trépidante, travaillant le jour à l’Événement et la nuit au Canadien. Cette vision serait à nuancer. Vers 1878, Tarte acquiert à Sillery une ferme « pourvue de tous les appareils et machineries modèles » qu’il exploite avec son frère. Au dire de Charles-Edmond Rouleau, journaliste au Canadien, Tarte va rarement au bureau. Il rédige ses articles chez lui et, le plus souvent, communique ses directives par messager.

Dès son arrivée au Canadien, Tarte s’en est pris à Joseph-Édouard Cauchon*, rival de Langevin, qui, pour devenir le chef, prêche la réunion des libéraux et conservateurs modérés sous son leadership. Ce duel mémorable durera plusieurs années. Dans un effort pour sauvegarder l’unité du Parti conservateur coincé entre les ultramontains et les libéraux modérés, Tarte profite de l’enterrement de l’excommunié Joseph Guibord* en novembre 1874 pour associer les libéraux à des anticléricaux, et du bannissement de Louis Riel* en février 1875 pour renchérir sur les ultramontains au point de vue du nationalisme. Puis, au printemps, il fait volte-face : se disant influencé par les lectures que des prêtres lui auraient suggérées, et sans doute pressentant qu’aucun parti ne pourrait se maintenir au pouvoir sans un appui massif du clergé, il se convertit aux thèses ultramontaines qui servent de fondement à l’ingérence cléricale dans les élections. Dans une brochure intitulée le Clergé, ses droits, nos devoirs, Tarte explicitera en 1880 les présupposés de son ultramontanisme. Le clergé est le père de la nation canadienne-française. Lui seul peut la guider dans les voies qui assureront sa survivance. Elle doit demeurer unie dans une même foi, dans un même culte, dans une même obéissance aux enseignements de Rome et dans une même disposition à donner « une large place – la plus large – à la hiérarchie catholique dans [l’] organisation sociale ». Jusqu’en mars 1883, Tarte ne dérogera pas à ce credo et, au dire du rédacteur en chef du Courrier du Canada, de Québec, Thomas Chapais*, « Israel occit chaque jour dans les colonnes du Canadien une nouvelle hécatombe de libéraux, de gallicans, de francs-maçons, de sectaires des idées modernes ».

Au lendemain des élections provinciales tenues à l’été de 1875, Tarte, qui a été l’un des principaux organisateurs du Parti conservateur dans le district de Québec, émerge comme le lieutenant de Langevin. Sous son initiative, l’ingérence cléricale dans les élections se fait systématique. Il affronte Cauchon dans Québec-Centre à l’élection partielle fédérale du 27 décembre 1875 mais, sûr d’être battu, se retire au dernier moment. Puis, il se rend dans Charlevoix soutenir la candidature de Langevin qui cherche désespérément à se faire réélire aux Communes. William Evan Price* fournit les fonds et Tarte dirige les troupes conservatrices avec entrain. Il se révèle un stratège hors pair. Il mise sur les contacts personnels, une cabale incessante auprès des électeurs et la publicité. Il inonde la circonscription de tracts qui en appellent aux préjugés populaires, répand les rumeurs les plus folles et visite personnellement chaque presbytère. Langevin est élu le 22 janvier 1876, mais son adversaire, Pierre-Alexis Tremblay*, conteste son élection pour abus d’influence. La cause est soumise au juge Adolphe-Basile Routhier* à La Malbaie durant l’été de 1876. Tarte suit l’affaire de près. Il expédie chaque jour au Canadien des articles passionnés, voire violents, qui par deux fois lui valent d’être condamné pour outrage au tribunal. À l’appui de l’ingérence cléricale, il invoque l’argument suivant : « Le vote est-il un acte susceptible d’être bon ou méchant ? » Il conclut que oui et soutient qu’il est donc du devoir du clergé « d’éclairer les consciences ». Le juge Routhier valide l’élection, mais son jugement est annulé le 28 février 1877 par la Cour suprême du Canada. Entre-temps, Tarte, fort de l’appui de Mgr Jean Langevin*, évêque de Rimouski, et en utilisant plus discrètement les méthodes qu’il a mises au point dans Charlevoix, a réussi à se faire élire à l’Assemblée législative de Québec à l’élection partielle tenue dans Bonaventure le 22 février. Le Journal de Québec du 24 mars qualifie la campagne « d’hypocrisie organisée ». Au terme de deux années de luttes électorales, Tarte a la réputation d’être le grand protecteur du clergé, même si, en avril, il doit s’excuser publiquement pour avoir insinué que l’archevêque de Québec, Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau*, de tendance libérale, avait fait pression sur son frère, Jean-Thomas*, juge à la Cour suprême, pour obtenir l’annulation de l’arrêt du juge Routhier.

Le premier ministre Charles-Eugène Boucher* de Boucherville ne compte pas ouvrir la session avant décembre. Tarte a tout le temps de s’adonner à son sport favori : le journalisme. Il tance vertement Joseph-Adolphe Chapleau*, étoile montante du parti et rival de Langevin, qui reprend à son compte le rêve de Cauchon d’une fusion des partis. Il suit de près les allées et venues du délégué apostolique, Mgr George Conroy*, qu’il trouve trop complaisant envers les libéraux. En octobre, il s’engage à fond dans l’élection partielle fédérale de Québec-Ouest où Wilfrid Laurier* brigue les suffrages. Tarte, qui a l’honneur de répondre au discours du Trône, transforme ce rite anodin en une violente charge contre les libéraux. Le 2 mars 1878, la destitution du premier ministre Boucher de Boucherville par le lieutenant-gouverneur Luc Letellier* de Saint-Just équivaut à une déclaration de guerre contre les conservateurs. Le Canadien appelle la population à monter aux barricades : « Que le peuple prenne en mains la cause de ses libertés. » Tarte harangue la foule dans les assemblées publiques. Cette agitation se poursuit jusqu’aux élections du 1er mai 1878. Les libéraux, conduits par Henri-Gustave Joly, remportent le même nombre de sièges que les conservateurs ; Tarte est réélu dans Bonaventure. Il ne jouit, cependant, d’aucun répit. On lui confie l’organisation de la campagne conservatrice dans le district de Québec, à l’occasion des élections fédérales du 17 septembre 1878. Le Canadien appuie la politique protectionniste de sir John Alexander Macdonald* et réclame la destitution du lieutenant-gouverneur qui a outrepassé ses pouvoirs. Les conservateurs remportent une victoire éclatante.

Pressentant la montée fulgurante de Chapleau à la tête des conservateurs de la province de Québec, Tarte tente de s’en rapprocher, mais sans rompre ni avec Langevin ni avec les ultramontains. Il reprend à mots couverts l’idée si chère à Chapleau d’une union des modérés des deux partis. Il trame avec celui-ci et Louis-Adélard Senécal* la destitution par le gouverneur général, le marquis de Lorne [Campbell*], du lieutenant-gouverneur Letellier de Saint-Just. Toujours avec Chapleau, il affronte dans les assemblées publiques le libéral Honoré Mercier*. Puis, le 19 juin 1879, au moment de l’ouverture de la session provinciale, Tarte, à l’Assemblée et dans le Canadien, commence son travail de sape contre le gouvernement Joly qui ne dispose guère plus que de quatre voix de majorité. Il porte de graves accusations de corruption : majorations de factures, adjudications frauduleuses de contrats, pots-de-vin, cession d’une propriété à Hammond Gowen, beau-frère du premier ministre. Le gouvernement est ébranlé ; la destitution du lieutenant-gouverneur le 25 juillet, puis le refus du Conseil législatif, composé en grande majorité de conservateurs, de voter les subsides le 27 août portent le coup de grâce au gouvernement. Joly remet sa démission au nouveau lieutenant-gouverneur Théodore Robitaille* le 30 octobre, et Chapleau devient premier ministre le lendemain. Il constitue un cabinet d’hommes modérés choisis parmi les conservateurs, les libéraux et les ultramontains. Tarte, qui se considère comme un vétéran et a pavé la voie à Chapleau, n’apprécie pas d’être laissé pour compte.

Évincé du cabinet, Tarte entreprend de faire obstacle au dessein de Chapleau : réunifier les forces conservatrices, par la marginalisation des ultramontains, puis succéder à Langevin comme leader sur la scène fédérale. Il se pose toujours en défenseur des ultramontains. En 1880 et 1881, il dévoile les pourparlers de coalition entre Mercier et Chapleau ; il stigmatise le courtage qui caractérise le gouvernement de celui-ci et il est parmi les ultramontains qui le somment de reconnaître certaines immunités ecclésiastiques. Son opposition à Chapleau atteint son apogée en mars 1882, au moment où il multiplie les réunions publiques avec les libéraux pour empêcher la vente du tronçon est du Québec, Montréal, Ottawa et Occidental, transaction qui, au dire de Tarte, dessert les intérêts de la ville de Québec et donne lieu à du « boodlage ». Mais Chapleau triomphe de tous les obstacles et, le 29 juillet, Macdonald le nomme secrétaire d’État à Ottawa. Son successeur à Québec, Joseph-Alfred Mousseau*, forme un cabinet d’où les ultramontains sont exclus.

Tarte est à l’heure des choix difficiles. Les mises en garde de Rome, en septembre 1881, contre l’ingérence cléricale l’ont quelque peu désarçonné et amené à ne pas briguer les suffrages en décembre 1881. Son patron, Langevin, éprouve de plus en plus de difficultés à s’imposer comme le chef des conservateurs du Québec. L’avenir serait-il avec Chapleau ? À l’automne de 1882, Tarte, invité d’Adélard Senécal, est à Paris avec Chapleau, Clément-Arthur Dansereau* et Alexandre Lacoste*. De retour en novembre, s’il est encore loyal à Langevin, il s’apprête à déserter les ultramontains. Il est maintenant convaincu que l’unité du Parti conservateur et sa capacité de défendre les intérêts canadiens-français à Ottawa nécessitent la bonne entente entre Langevin et Chapleau, et l’écrasement des ultramontains. Au printemps de 1883, il incite ces derniers à se soumettre au jugement de la Propagande dans l’affaire de l’université Laval [V. Taschereau] et, en septembre, il appuie Mousseau dans l’élection partielle de Jacques-Cartier. Il démissionne du Cercle catholique de Québec [V. Jean-Étienne Landry*] et stigmatise les « castors » qui n’acceptent pas le jugement de Rome dans l’affaire de l’école de médecine et de chirurgie de Montréal [V. Thomas-Edmond d’Odet* d’Orsonnens]. « Vous êtes la révolte dans la société religieuse et le désordre dans la société civile », écrit-il dans le Canadien du 22 août. Et dès lors, il met toute son énergie à occire les ultramontains.

Tarte est devenu un homme puissant. Par sa plume, il s’impose sans cesse à l’attention du public. Il siège avec les sommités du Parti conservateur. Il a ses entrées chez Senécal et McGreevy, de gros bailleurs de fonds électoraux, et il a des antennes chez les libéraux. Il est dans plusieurs combines et il les connaît toutes. Il aime davantage le pouvoir que l’argent, et l’utilise non pour s’enrichir mais dans l’intérêt de son parti. Il reprend à son compte l’union des conservateurs et libéraux modérés dans un seul parti. Mais l’affaire Riel le détourne un temps de ce projet et révèle son ambivalence : comment concilier un attachement intangible à la Confédération canadienne et une volonté ferme d’assurer l’épanouissement des Canadiens français ? En avril 1885, il appuie l’envoi du 9e bataillon des Voltigeurs de Québec pour mater les rebelles métis, mais il proteste contre les modalités de formation du tribunal qui jugera Riel. Il flirte un moment avec le mouvement national qui donnera naissance au Parti national de Mercier, puis s’en retire de crainte que le Québec ne devienne isolé au sein de la Confédération. Un Parti conservateur fort dans un Canada uni devient son leitmotiv.

Les événements se bousculent et, sur la corde raide, Tarte s’avance en zigzaguant. Il fait campagne contre Mercier en juin 1886 à titre d’organisateur-trésorier du Parti conservateur et s’efforce, avec Thomas Chapais du Courrier du Canada, de détacher les ultramontains de Mercier, en train de réaliser à son profit l’union de diverses tendances politiques dans une formation nationale. Il participe en tant qu’organisateur aux élections fédérales du 22 février 1887 et, dans le Canadien, absout Chapleau d’être resté en poste à Ottawa lors de l’affaire Riel. En mai, il manœuvre pour faire nommer Langevin lieutenant-gouverneur afin de paver la voie à Chapleau au leadership du Parti conservateur mais, soutenu par Macdonald, Langevin s’accroche à son poste de ministre, même si sa popularité ne cesse de baisser et s’il ne se révèle d’aucune utilité dans la lutte contre Mercier. Tarte nourrit, cependant, de l’admiration pour Mercier et n’eut été de l’obstruction des castors nationaux, Jules-Paul Tardivel notamment, peut-être serait-il passé dans son camp. Quoi qu’il en soit de ses ambivalences, Tarte, dans le Canadien et l’Événement, dont il est rédacteur, constitue une opposition extra-parlementaire efficace et d’une violence verbale assez coutumière à l’époque. « Violateur de la constitution », « dilapideur des fonds publics », « corrupteur du peuple » sont des épithètes qui font partie de son vocabulaire courant. S’il appuie la politique de modernisation de Mercier dans le transport et la colonisation, il dénonce ses attitudes ostentatoires, inutilement provocantes, et surtout la conférence interprovinciale de 1887 qui risque de saper l’unité canadienne.

De plus en plus, Tarte se convainc que Mercier risque d’isoler le Québec et que Langevin est incapable d’unifier et de représenter les forces conservatrices au Québec car il est impuissant, isolé, lié aux tories. Son principe, un Québec fort dans un Canada uni, l’amène à précipiter les choses. Il mise sur Chapleau. Sa stratégie, au fond, consiste à dénoncer le système de favoritisme que McGreevy utilise tout à la fois au profit de Langevin et de Mercier : abattre McGreevy, c’est forcer Langevin à se retirer de la politique active et amener Mercier à pratiquer une politique de prudence. Tarte veut régler cette affaire en douce à l’intérieur du parti. Macdonald, cependant, refuse de prendre au sérieux le dossier que Tarte lui soumet en mars 1890. Il juge plus profitable de laisser Langevin, Chapleau et sir Adolphe-Philippe Caron se disputer le leadership au Québec. Mais Tarte ne l’entend pas ainsi, d’autant plus que l’acquisition, en septembre 1889, du Canadien et du Cultivateur lui a donné une certaine autonomie par rapport au parti. Il publie un premier article sur McGreevy dans le Canadien du 18 avril, puis d’autres qui amènent ce dernier à le poursuivre pour libelle. Tarte, qui espère encore trouver des appuis dans le Parti conservateur, peut-être Caron, répond à l’automne par une série d’articles sur « les Coulisses du McGreevéisme ». Il remet alors à Laurier, chef de l’opposition aux Communes, l’ensemble du dossier et il lui demande de le défendre dans la poursuite que lui intente McGreevy, tout en disant demeurer conservateur. Selon l’avocat Antonio Perrault, Laurier lui aurait alors dit : « Tarte, pourquoi ne venez-vous pas avec nous ? On vous méconnaît dans votre parti. » Tarte résiste à cet appel. Aux élections fédérales de mars 1891, il se présente comme candidat indépendant dans Montmorency, mais Laurier veille à ce que Charles Langelier* soit son organisateur. Le Québec donne une majorité de 11 sièges aux libéraux, mais Macdonald sort vainqueur de cette élection. À l’ouverture des Communes en avril, Tarte se présente en homme indigné de tant de corruption. Le 11 mai, il porte des accusations contre McGreevy qui entraînent la démission de Langevin le 11 août. Les conservateurs répliquent en dévoilant le scandale de la baie des Chaleurs, lequel met en cause le gouvernement de Mercier. Le premier ministre John Joseph Caldwell Abbott*, qui vient de succéder à Macdonald, refuse de donner à Chapleau un poste prestigieux dans son cabinet, et ainsi d’en faire le leader des conservateurs du Québec. Le Parti conservateur au Québec est en quelque sorte décapité. Tarte prophétise que « l’élément canadien français dans le Parti conservateur ne consentira pas à être dominé et mis en tutelle par ses alliés des autres provinces ».

Tarte sort de l’affaire McGreevy ruiné financièrement – il n’arrive plus à payer à Louis-Joseph Demers les coûts d’impression de ses journaux. Exclu du Parti conservateur, isolé, Tarte a besoin d’appuis et accepte l’invitation de Laurier. Début décembre, il s’installe à Montréal, de plus en plus le centre des mouvements idéologiques, politiques et sociaux. C’est un nouveau départ où il fait montre d’une force de caractère, d’une énergie et d’une intelligence hors du commun. Forcé de laisser son siège de Montmorency aux Communes, en raison des irrégularités qu’il aurait commises durant la campagne, il dénonce dans le Canadien, au nom des principes constitutionnels, la conduite du lieutenant-gouverneur Auguste-Réal Angers*, son seul vrai ami, qui a démis Mercier de ses fonctions. Il s’en prend à l’ingérence cléricale dans les élections et met sur la sellette ses amis d’hier, notamment le ministre sir Adolphe-Philippe Caron, qui toucherait des pots-de-vin sur des contrats publics et des subsides versés aux compagnies ferroviaires.

En juillet 1892, l’avis du Conseil privé à l’effet de maintenir en vigueur la loi manitobaine qui a supprimé le double système d’enseignement public confessionnel vient brouiller l’échiquier politique. Les partis politiques doivent prendre position. Les conservateurs se divisent sur la pertinence d’une loi réparatrice ; Laurier, d’un naturel indolent, en quête d’une politique qui rallierait les extrêmes, se réfugie dans un attentisme prudent. Tarte, devenu son éminence grise et bientôt hissé au rang de principal organisateur, s’active à rallier les Québécois derrière Laurier. En janvier 1893, une élection partielle dans L’Islet, à l’issue de laquelle il sera élu député fédéral, constitue un banc d’essai qui révèle sa stratégie. Tarte promet que les libéraux ajusteront la politique tarifaire aux besoins des agriculteurs, qu’ils poursuivront en justice les concussionnaires conservateurs, qu’ils mettront de l’ordre dans le processus. judiciaire, enfin et surtout qu’ils rendront justice à la minorité catholique manitobaine. Tarte présente les libéraux comme les défenseurs de la morale, des fermiers, des opprimés et du nationalisme canadien-français. C’est le moment où il laisse le Canadien mourir de sa belle mort. Ce journal d’idée et de combat, rédigé à l’intention d’une élite intellectuelle et politique, n’est plus adapté aux masses urbaines en quête d’informations brèves, de sensationnalisme. C’est dans le Cultivateur, et comme correspondant parlementaire de l’Électeur (Québec), qu’il part en guerre contre les conservateurs corrompus, trop lâches pour défendre les intérêts des catholiques et des Canadiens français, contre Mgr Alexandre-Antonin Taché*, vieillissant, qui n’a pas osé, avant les élections de 1891, insister pour obtenir la non-reconnaissance de la loi manitobaine par le gouvernement fédéral. La stratégie de Tarte vise à accélérer l’effritement du Parti conservateur au Québec. Il utilise deux tactiques : rallier les conservateurs modérés derrière Laurier et convaincre les électeurs que la question scolaire est une question politique qui transcende des intérêts religieux opposés et, de ce fait, ne saurait être réglée que par un compromis effectué par des hommes politiques. Entre les sessions, Tarte travaille au ras du sol : il participe aux élections partielles, accompagne Laurier dans ses tournées du Québec et voit à ce que dans chaque circonscription surgissent des organisations libérales bien rodées. Entre l’épiscopat et Tarte, la lutte se corse.

Le 9 mai 1894, Mgr Joseph-Thomas Duhamel, archevêque d’Ottawa, présente au gouverneur général, le comte d’Aberdeen [Hamilton-Gordon*], une pétition signée par l’épiscopat canadien qui réclame la non-reconnaissance des lois sectaires et l’adoption d’une loi réparatrice. Le 21 mars 1895, le cabinet demande par décret au Manitoba de restaurer les droits et privilèges de la minorité catholique. Le 24 janvier 1896, Tarte exige une enquête sur la question scolaire, car, prétend-il, le remède prévu est insuffisant, et il ferraille contre Mgr Michel-Thomas Labrecque, évêque de Chicoutimi, et le théologien Louis-Adolphe Pâquet* qui veulent se substituer aux législateurs. Il se présente aux élections fédérales dans Beauharnois où règne la Compagnie des cotons de Montréal. Il promet de maintenir le tarif protecteur. À défaut d’un leadership conservateur fort, les évêques – surtout Mgr Louis-François Laflèche* – se mêlent davantage de la campagne électorale. Peine perdue. Le 23 juin 1896, les électeurs portent Laurier au pouvoir. Tarte, battu dans Beauharnois, se fait élire le 3 août dans Saint-Jean et Iberville.

Le 13 juillet 1896, Tarte a été nommé ministre des Travaux publics. Ni les vieux « bleus » ni les vieux « rouges » ne lui pardonneront cette trahison et ce cynisme. Un des hommes-clés du cabinet, il a une mission spéciale : consolider les positions libérales dans le Québec. Il met dans l’exercice de ses fonctions une application méthodique et minutieuse. Il est mêlé à tous les dossiers qui concernent les Canadiens français. Organisateur politique dans le Québec, il est aussi le dispensateur du favoritisme et un conseiller écouté de Laurier dans les questions religieuses. Il lui suggère d’envoyer l’abbé Jean-Baptiste Proulx et Gustave-Adolphe Drolet, ancien zouave pontifical, dénoncer à Rome l’ingérence cléricale et défendre la position de Laurier dans la question des écoles du Manitoba. À l’automne, lui-même et Henri Bourassa* se rendent négocier à Winnipeg le règlement de la question scolaire avec Thomas Greenway, Joseph Martin* et Clifford Sifton*, sans la présence de Mgr Adélard Langevin*, successeur de Taché, qu’on trouvait impulsif et intransigeant. Publié le 19 novembre, ce règlement, bien en deçà de la loi réparatrice des conservateurs, ne restaure pas le réseau d’écoles publiques catholiques et protestantes ; il prévoit plutôt qu’à la demande d’un nombre déterminé de parents les écoles du secteur public pourront offrir une demi-heure d’enseignement religieux par jour, engager des administrateurs et des professeurs catholiques, et donner les cours en anglais et dans une autre langue, incluant le français.

Dès son retour de l’Ouest, Tarte se préoccupe de l’imminente campagne électorale au Québec. Avec des fonds du parti, il achète, le 4 février 1897, la Patrie qu’il confie à ses fils Louis-Joseph et Eugène. Il accélère le réaménagement de la voie laurentienne pour acheminer le blé de l’Ouest vers l’Europe. Il fait construire le canal de Soulanges pour remplacer celui de Beauharnois, approfondir le chenal entre Québec et Montréal, réparer et élargir les ports, aménager à Sorel le grand chantier maritime de l’Est canadien, sans pour autant négliger les besoins des Maritimes et de la Colombie-Britannique. Il se soucie d’une liaison rapide Liverpool – Montréal et, par le chemin de fer du comté de Drummond, de relier l’Intercolonial au Grand Tronc (assez curieusement, les 20 000 $ pour l’achat de la Patrie ont été versés par James Naismith Greenshields*, avocat et propriétaire du chemin de fer du comté de Drummond). Il songe à rendre le Saint-Laurent navigable l’hiver grâce à un brise-glace. Cette activité multiforme a des retombées électorales : le réaménagement du fleuve plaît aux Montréalais et procure du travail et des fonds électoraux.

Mais Tarte n’est pas un partisan à tout crin. Il est d’abord un homme qui a sa propre conception du Canada : un pays moderne, respectueux de la liberté religieuse, soucieux des droits des Canadiens français, autonome sur le plan international, tout en demeurant membre de l’Empire britannique. Avec Laurier et les chefs du parti, les désaccords sont fréquents. Le 9 octobre 1899, la Patrie s’oppose à l’envoi de troupes au Transvaal : Tarte est contre une participation aux guerres impériales sans une représentation équitable dans des Communes impériales. Sur ses instances, Laurier obtient un arrêté ministériel qui stipule que l’envoi de volontaires ne constituera pas un précédent. Tarte n’accepte l’envoi d’un deuxième contingent que par crainte d’une prise du pouvoir par les conservateurs aux élections suivantes. Cette prise de position isole Tarte au sein du cabinet. Au printemps de 1899, ses attitudes et ses discours francophiles, en tant que commissaire en chef du dominion pour l’Exposition universelle de Paris, accélèrent la détérioration des relations de Tarte avec les anglophones. De retour le 17 août, il proclame que les Canadiens français, loyaux sujets de sa Majesté, ne renonceront jamais à leur culture, puis il se lance dans la campagne électorale où il se présente dans Sainte-Marie, à Montréal. Réélu à nouveau, Tarte s’active aux Travaux publics où son projet de modernisation des transports, qui inclut désormais la construction du canal de la baie Géorgienne, estimé à quelque 30 millions de dollars, est élevé au rang de projet national. Ainsi s’exprime ce nationalisme canadien qui cherche péniblement sa voie entre l’impérialisme économique des États-Unis et l’impérialisme politique de la Grande-Bretagne. Mais « le Canada pour les Canadiens » divise l’opinion publique. Fort de l’appui des manufacturiers, Tarte, en l’absence de Laurier qui séjourne en Angleterre, lance à l’été de 1902 une campagne en faveur d’une hausse des tarifs. Il tient une centaine de réunions publiques au Québec, en Ontario et dans les Maritimes. De retour en octobre, Laurier, invoquant la solidarité ministérielle, exige la démission de Tarte ; Tarte conserve son siège aux Communes, de même que la Patrie.

Tarte n’a pas encore rompu avec le Parti libéral. Mais Simon-Napoléon Parent*, premier ministre de Québec qui confie désormais les contrats d’impression du gouvernement au nouvel organe libéral, le Canada, établi à Montréal en avril 1903. plutôt qu’à la Patrie, indispose Tarte. La Patrie s’en prend à la politique agro-forestière du gouvernement Parent. En mai, Tarte figure parmi l’opposition conservatrice. Il est l’un des rares francophones à approuver le raffermissement de la préférence tarifaire mutuelle que propose Joseph Chamberlain, secrétaire d’État aux Colonies. Il y voit peut-être l’esquisse d’un programme politique que pourrait soutenir le Parti conservateur. Et dès lors Tarte, avec l’appui de ses ennemis d’hier, Louis-Philippe Pelletier* et Thomas Chase-Casgrain*, commence à manœuvrer pour se substituer à Frederick Debartzch Monk* comme leader des conservateurs au Québec et bras droit du chef conservateur fédéral Robert Laird Borden*. Tarte ne se dit pas conservateur, mais protectionniste. En janvier 1904, Monk, ulcéré par les manœuvres de Tarte, démissionne. Ce dernier devient organisateur des conservateurs dans les élections partielles d’Hochelaga et de Saint-Jacques. Cependant, il ne brigue pas les suffrages aux élections générales de cette année-là.

L’aventure avec les conservateurs tourne court. La venue de Tarte est cause de zizanie au sein de ce parti. À partir de 1905, Tarte se retire de la politique active et demeure simple journaliste. Il publie dans la Patrie ses « Lettres de la capitale » où, à la stupéfaction de ses amis et ennemis, il appuie la position de Laurier dans la question scolaire de la Saskatchewan et de l’Alberta. Mais ses forces déclinent. Il sent le besoin de repos prolongés dans sa maison d’été de Boucherville. Son dernier article, signé le 18 juillet 1907, est prophétique : Bourassa, allié à Joseph-Mathias Tellier* et à Pierre-Évariste Leblanc*, pourrait balayer Lomer Gouin*, premier ministre de la province de Québec, et mettre Laurier en péril. Il meurt le 18 décembre 1907, à l’âge de 59 ans, laissant une police d’assurance de 50 000 $ que ses fils payaient, sa maison du carré Saint-Louis et celle de Boucherville.

D’une stature petite, d’un tempérament nerveux et impressionnable, d’une imagination sans cesse en ébullition et incapable de se fixer dans de profondes réflexions ou de patientes recherches, habité par un insatiable besoin de travailler, brave jusqu’à la témérité, Tarte cachait un cœur généreux sous des dehors brusques et derrière un caractère parfois ombrageux et souvent cassant. Durant 30 ans, il a été de tous les combats politiques et a milité dans la plupart des formations politiques de son temps. Ses pirouettes et ses « trahisons » ont dérouté ses contemporains qui, d’accord sur son intelligence et son ardeur au travail, n’ont jamais fait consensus sur son action politique. Le sobriquet de Judas Iscariote qu’on lui a accolé témoigne du mépris que certains éprouvaient à son endroit. Pourtant, à travers ses pérégrinations qui ont si puissamment influencé les hommes et les partis, des constantes se dégagent. Tarte, sa vie durant, a été un catholique pratiquant et pieux : il se confessait et communiait régulièrement et il disait son chapelet quotidiennement. Il considérait « la vie terrestre comme un passage vers une vie future meilleure et le travail, la base de toute réussite ». Il avait de la politique une conception élevée et exigeante – il a vécu souvent dans la pauvreté et jamais plus que dans une honnête aisance ; il a toujours refusé d’appartenir aux conseils d’administration des compagnies. Il avait du parlementarisme et des hommes une connaissance profonde et, en homme pratique, pour qui morale et politique sont des sphères autonomes, il savait qu’il existe un bon et un mauvais favoritisme. Il était habité par l’idée qu’une nation canadienne pourrait naître « qui serait autre chose que la fusion dans l’âme anglo-saxonne » de la culture de la nationalité canadienne-française. Quatre constantes – francophone, catholique, Canadien, sujet britannique – constitutives de son identité l’ont amené en politique à vouloir parfois réaliser la quadrature du cercle. Soit parce qu’il était devenu orphelin très jeune ou qu’il a vécu à l’époque d’une grande insécurité collective, Tarte a toujours été en quête d’un chef capable de sauvegarder son identité canadienne-française dans un Canada uni au sein d’une fédération impériale. À ses yeux, cet idéal transcendait les hommes et les partis. De sir Louis-Hippolyte La Fontaine* et de Cartier, il avait retenu, disait-il, l’idée que de sages compromis et de prudentes conciliations sont garants de l’égalité politique et de la jouissance de certains droits.

Michèle Brassard et Jean Hamelin

Joseph-Israël Tarte est l’auteur de : Aux contribuables du comté de L’Islet (s.l., [1893 ?]) ; D[i]lapidation des fonds publics ; $12,000 pour la famille Joly ! Job honteux ! (s.l., s.d.) ; 1892, procès Mercier : les causes qui l’ont provoqué, quelques faits pour l’histoire (Montréal, 1892) ; les Leçons de l’histoire pour les électeurs de la province de Québec ; le programme libéral réfuté ([Québec, 1879]) ; Lettres à l’hon. H. L. Langevin, membre du cabinet de la Puissance du Canada (Québec, 1880) ; la Prétendue Conférence ; les périls de la souveraineté des provinces ; l’autonomie canadienne est notre sauvegarde (Québec, 1889).

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Michèle Brassard et Jean Hamelin, « TARTE, JOSEPH-ISRAËL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/tarte_joseph_israel_13F.html.

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Auteur de l'article:    Michèle Brassard et Jean Hamelin
Titre de l'article:    TARTE, JOSEPH-ISRAËL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    23 nov. 2024