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CHASE-CASGRAIN, THOMAS, avocat, professeur, homme politique et propriétaire d’un journal, né le 28 juillet 1852 à Detroit, fils de Charles-Eusèbe Casgrain et de Charlotte Chase ; le 15 mai 1878, il épousa à Québec Marie-Louise Le Moine, et ils eurent un fils, puis le 16 février 1915, à Paris, Marie-Louise Berthiaume, veuve de René Masson ; décédé le 29 décembre 1916 à Ottawa et inhumé le 2 janvier 1917 dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.
Thomas Chase-Casgrain est issu d’une famille fortement intéressée par la politique. Son père, médecin, sera sénateur de la division de Windsor, en Ontario, de 1887 à 1907. Son grand-père, Charles-Eusèbe Casgrain*, a été député puis membre du Conseil spécial. Parmi ses oncles se retrouvent Philippe-Baby Casgrain, député libéral à la Chambre des communes de 1872 à 1891, ainsi que sir Charles-Alphonse-Pantaléon Pelletier. Chase-Casgrain est également le cousin de Joseph-Philippe-Baby Casgrain, sénateur de 1900 à 1939, et le petit-cousin des députés provinciaux Léon et Perreault Casgrain. Ces membres les plus importants de la famille à avoir fait de la politique sont bien répartis entre les partis libéral et conservateur.
Après des études au petit séminaire de Québec, de 1867 à 1873, Chase-Casgrain fait une année de médecine (1873–1874) à l’université Laval. Il opte ensuite pour le droit, qu’il étudie dans cette même université jusqu’en 1877, année où il obtient une licence en droit. Il est admis au barreau le 17 juillet 1877. Son premier associé est Guillaume Amyot*. En 1879, il devient professeur de droit à l’université Laval, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort, mais il cessera d’enseigner à cause de ses fonctions de ministre. Il y reçoit un doctorat en droit en 1883, un an après avoir été nommé avocat de la couronne pour le district de Québec. En 1885, le gouvernement fédéral de sir John Alexander Macdonald* le désigne pour faire partie de l’équipe d’avocats qui représenteront la couronne au procès de Louis Riel*. Il travaille alors avec Christopher Robinson* et Britton Bath Osler*. Seul Canadien français du groupe, Chase-Casgrain est considéré par les libéraux comme un traître, malgré son rôle bien secondaire, et il est pendu en effigie lors de manifestations au Québec.
Profitant un peu du fait que le procès de Riel l’a mis sur la sellette, Chase-Casgrain se présente comme candidat conservateur dans la circonscription de Québec aux élections provinciales de 1886. Son élection constitue le point culminant des années qu’il a passées dans les luttes partisanes, en tant qu’orateur dans les assemblées publiques ou à l’intérieur du Club Cartier de Québec, dont il est président à quelques reprises. Après avoir siégé dans l’opposition, Chase-Casgrain ne se représente pas aux élections de 1890.
À la suite de la révocation d’Honoré Mercier* à titre de premier ministre, le 16 décembre 1891, et bien qu’il ne fasse pas partie de l’Assemblée, Chase-Casgrain recueille le 21 décembre le poste de procureur général du Québec dans le gouvernement conservateur de Charles Boucher de Boucherville. Puis, le 20 avril 1892, commence le procès de Mercier, dont Chase-Casgrain est l’acteur principal du côté conservateur. En tant que procureur général, c’est lui en effet qui porte les accusations de favoritisme et de détournement de fonds contre l’ancien premier ministre.
Chase-Casgrain est réélu député conservateur, cette fois dans Montmorency, aux élections générales du 8 mars 1892. Il se réinstalle au poste de procureur général, dans le cabinet de Louis-Olivier Taillon*, le 31 décembre 1892 pour le conserver jusqu’au 11 mai 1896. Parallèlement à ces fonctions, il exerce celles de bâtonnier du barreau de Québec, de 1892 à 1894, et de bâtonnier du barreau de la province, de 1893 à 1895.
Par suite de la démission de Taillon, le 13 juin 1896, Edmund James Flynn* devient chef des conservateurs de la province. Ne pouvant travailler sous les ordres d’un homme qui a pris la place qu’il croyait lui revenir de droit, Chase-Casgrain entreprend cette année-là une carrière politique sur la scène fédérale, toujours comme député de Montmorency.
Chase-Casgrain, qui siège dans l’opposition, attire particulièrement l’attention en s’affichant comme le seul député canadien-français fondamentalement impérialiste. Il prend position en faveur d’une pleine participation du Canada à la guerre des Boers, puisque l’Angleterre la réclame. Aux élections générales de 1900, parmi les conservateurs élus au Québec, seuls Chase-Casgrain et Frederick Debartzch Monk sont assez connus ; ils se partagent donc le poste de chef du Québec. À l’arrivée de Robert Laird Borden* comme chef du Parti conservateur fédéral en 1901, Monk et Chase-Casgrain sont en pleine lutte pour le pouvoir. Ce dernier est ensuite défait aux élections générales de 1904, victime de la grande popularité du gouvernement de sir Wilfrid Laurier* au Québec et d’une réputation de « pendard » qui lui colle au corps.
Les luttes politiques ne cessent pas pour autant. Fortement engagé dans la campagne contre la marine nationale de Laurier et dans la lutte électorale de 1911, Chase-Casgrain se voit refuser la candidature dans Nicolet par suite de l’entêtement du chef nationaliste (allié des conservateurs le temps d’une élection) pour le district de Québec, Armand La Vergne* ; le fantôme de Riel le suit partout. Lorsque Monk quitte le Parlement, Borden fait élire Chase-Casgrain dans la circonscription de Québec à l’élection partielle du 7 novembre 1914, après lui avoir confié le portefeuille des Postes le 20 octobre. Il en fait aussi son lieutenant pour la province de Québec.
Chase-Casgrain mène sa propagande principalement par le biais du journal l’Événement de Québec, dont il est un des propriétaires. Le Canada étant alors en guerre, il milite activement pour le recrutement dans la province. Il multiplie les assemblées publiques avec les leaders libéraux sir Wilfrid Laurier, Rodolphe Lemieux*, sir Lomer Gouin* et autres. Son sentiment impérialiste (Chase-Casgrain est considéré comme le plus impérialiste des francophones canadiens) le pousse même à offrir ses services actifs, à 63 ans.
Vers 1916, Chase-Casgrain perd peu à peu l’influence qu’il possède auprès des conservateurs du Québec, et Borden s’en distancie de plus en plus pour se rapprocher des plus jeunes comme Albert Sévigny* qui a l’appui des organisations locales au Québec. À la fin de 1916, les journaux libéraux claironnent à tue-tête que sa démission est imminente. Mais elle ne viendra pas. Chase-Casgrain meurt le 29 décembre 1916 à Ottawa d’une pneumonie contractée en voyage.
Homme fortement contesté au Québec, Thomas Chase-Casgrain représente mieux que personne, en ce début du xxe siècle, l’attachement à l’Empire manifesté par un groupe canadien-français de plus en plus restreint, combattant contre toute forme d’indépendance canadienne. Il est l’antithèse parfaite de Henri Bourassa* et de son groupe nationaliste, et il va même à l’encontre du courant autonomiste qu’a amorcé sir Wilfrid Laurier et qu’a continué à sa manière sir Robert Laird Borden.
Thomas Chase-Casgrain a publié les brochures suivantes : Discours de M. T Chase Casgrain, c.r., député du comté de Québec, sur la conférence interprovinciale ([Québec], 1888) ; Discours de l’honorable M. Casgrain, sur la loi réorganisant les tribunaux de la province de Québec (s.l., [1892 ?]) ; The courts of Quebec ; Mr. Casgrain’s measure for their organization [...] (s.l., [1893 ?]) ; Aux électeurs du comté de Montmorency ([Québec, 1896 ?]) ; Discours de M. T. C. Casgrain, m.p., sur le budget (s.l., [1900 ?]) ; Address by the Hon. Thomas Chase Casgrain, delivered at a luncheon given in his honour by the Canadian Club of Vancouver, B. C., on the 16th of August 1915 (s.l., 1915) ; la Tâche du gouvernement Borden ; discours de l’hon. T.-C. Casgrain, c.r., ministre des Postes, prononcé le 30 septembre 1916 devant le Club libéral-conservateur de Montréal (s.l., 1916).
AN, MG 27, II, D21.— ANQ-Q, CE1-1, 15 mai 1878.— Réal Bélanger, l’Impossible Défi : Albert Sévigny et les conservateurs fédéraux (1902–1918) (Québec, 1983).— Alfred Cloutier, l’Hon. T.-C. Casgrain, représentant du comté de Québec au parlement fédéral et ministre des Postes dans le cabinet Borden (s.l., 1916).— Armand La Vergne, Trente ans de vie nationale (Montréal, 1934).— The Queen v Louis Riel, introd. de Desmond Morton (Toronto et Buffalo, N.Y., 1974).— Robert Rumilly, Hist. de la prov. de Québec ; Honoré Mercier et son temps (2 vol., Montréal, 1975).— Mason Wade, les Canadiens français, de 1760 à nos jours, Adrien Venne et Francis Dufau-Labeyrie, trad. (2e éd., 2 vol., Ottawa, 1966).
René Castonguay, « CHASE-CASGRAIN, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chase_casgrain_thomas_14F.html.
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Auteur de l'article: | René Castonguay |
Titre de l'article: | CHASE-CASGRAIN, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |