La Confédération canadienne étant devenue réalité le 1er juillet 1867, Wilfrid Laurier l’accepte et s’y adapte. Il précise ses positions sur une variété d’enjeux d’intérêt public. Libéral modéré, il cherche à mieux se définir comme homme politique et à s’écarter des voies idéologiques extrêmes.
Le libéralisme modéré
Dans sa longue ascension vers le pouvoir, Laurier tente d’adapter son libéralisme aux goûts de l’électorat. Sa première campagne électorale montre déjà le caractère pragmatique du futur premier ministre du Canada :
Au clergé catholique local qui le qualifia de rouge et de révolutionnaire épris de toutes les libertés, Laurier répondit en proposant un programme équilibré qui reprenait les grands thèmes électoraux de l’heure : il toucha ainsi tant à l’éducation, à la colonisation et à l’agriculture, dont il fallait augmenter les crédits, qu’à l’abolition du Conseil législatif et qu’au développement industriel, remède au terrible fléau de l’émigration. Le soir du 11 juillet [1871], son triomphe par 750 voix de majorité rendit la défaite provinciale des libéraux moins amère.
Quelques années plus tard, avec un discours sur sa conception du libéralisme politique prononcé le 26 juin 1877 à Québec, Laurier devient un politicien de notoriété nationale :
[Il] savait aussi que le temps était venu d’expliquer le plus clairement possible à la population le libéralisme de son parti. Son approche restait pragmatique, son ambition partisane, ce qui laissait entendre qu’il voulait contribuer à l’édification d’un système de partis et d’un mode de gouvernement modernes, où le Parti libéral détiendrait pleinement sa place sur l’échiquier politique de la province. Il s’exécuta avec brio, tâtant tantôt de la passion, le plus souvent de la raison, bien qu’à l’occasion il tombât dans l’éloquence facile. Non, affirma-t-il devant son auditoire de quelque 2 000 personnes, « le libéralisme catholique n’est pas le libéralisme politique ». Non, « le parti libéral [n’]est [pas] un parti composé d’hommes à doctrines perverses et à tendances dangereuses, marchant sciemment et délibérément à la révolution ». Non, il n’y a pas, entre libéraux et conservateurs, de « différence morale ». Décidé à se définir, il jeta : « Je suis un libéral. Je suis un de ceux qui pensent que partout, dans les choses humaines, il y a des abus à réformer, de nouveaux horizons à ouvrir, de nouvelles forces à développer. » [… Il] conclut par ces mots : « La politique du parti libéral est de protéger [nos] institutions, de les défendre et de les propager, et, sous l’empire de ces institutions, de développer les ressources latentes de notre pays. Telle est la politique du parti libéral ; il n’en a pas d’autre. »
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