Titre original :  W.F. Maclean. From: The Canadian Parliament; biographical sketches and photo-engravures of the senators and members of the House of Commons of Canada. Being the tenth Parliament, elected November 3, 1904. Published 1906.
Source: https://archive.org/details/canadianparliame00montuoft/page/208/mode/2up

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MACLEAN, WILLIAM FINDLAY, journaliste et homme politique, né le 10 août 1854 à Ancaster, Haut-Canada, fils aîné de John Maclean, journaliste, et d’Isabella Findlay ; le 3 juin 1885, il épousa à Toronto Catherine Gwynne Lewis, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 7 décembre 1929 près de Toronto.

D’ascendance écossaise, William Findlay Maclean fit ses études dans des écoles de Hamilton et à la University of Toronto, où il obtint une licence ès arts en 1880. À l’exemple de son père, il choisit le journalisme et adopta des positions résolument protectionnistes. Grouillot de rédaction et rédacteur au Times de Hamilton au début des années 1870, il devint en 1875 correspondant parlementaire au Liberal de Toronto [V. John Cameron*], après quoi il s’intégra à l’équipe du Globe en tant que secrétaire de John Gordon Brown et chef des nouvelles locales.

Pour Maclean, politique et journalisme étaient étroitement liés. En août 1880, avec un reporter du Globe, Albert Horton, il lança le World afin d’appuyer le libéral Peter Ryan, candidat à une élection partielle dans une circonscription torontoise. Après le rachat de la part de Horton par Maclean en octobre 1881, le journal deviendrait une affaire de famille : son père et ses frères (James Hector, John et Wallace) puis son fils (Hugh John) y travailleraient. Le World reprenait la formule des journaux torontois de John Ross Robertson*, qui avait implanté au Canada la presse « à un sou », de type américain, destinée au marché de masse. À l’instar du New York Herald, pionnier en cette matière, le journal de Maclean, iconoclaste et brillant, servait aux Torontois des articles à sensation et des croisades populistes. Ce nouveau quotidien fit tout de suite sa marque. De l’avis de certains, il était « le plus audacieux du point de vue éditorial », alors que d’autres le trouvaient carrément de mauvaise tenue.

La classe ouvrière de Toronto, qui se déplaçait en tramway, lisait avidement le World. Elle aimait son ton irrévérencieux, ses bruyantes dénonciations de la corruption municipale, l’habileté avec laquelle il frôlait la diffamation, son opposition à l’establishment religieux. En 1891, Maclean scandalisa les défenseurs de l’observance du jour du Seigneur en lançant une édition dominicale, le Sunday World. De plus, les campagnes incessantes menées par le World à compter de 1894 contribuèrent à la tenue du référendum de 1897, à la suite duquel les tramways furent autorisés à circuler le dimanche. En 1907, quand Maclean se joignit à ceux qui réclamaient que la municipalité ait un service public d’électricité pour concurrencer la Toronto Electric Light Company, il pouvait compter sur un vaste appui populaire, en grande partie grâce au brillant travail de son caricaturiste, Samuel Hunter. Par la formation qu’il leur donna, Maclean transmit d’ailleurs son souci de l’intérêt public à de futurs éminents journalistes tels Hector Willoughby Charlesworth*, Joseph E. Atkinson* et John Bayne Maclean. Selon Charlesworth, « W. F. » (d’autres l’appelaient Billy) ne levait le nez sur aucune tâche : balayer, transporter des paquets de papier journal, « pondre de petits paragraphes aussi habiles que des coups de rapière ».

Les tendances populistes de Maclean avaient probablement hâté son entrée en politique. Le World s’était d’abord défini comme un journal « libéral indépendant », mais dès 1885 environ, il critiquait le premier ministre libéral de l’Ontario, Oliver Mowat*, notamment à propos de la distribution des permis d’alcool. En 1890, Maclean se présenta sans succès sous la bannière conservatrice dans la circonscription provinciale de Wentworth North. L’année suivante, il sauta dans l’arène fédérale et faillit avoir raison d’Alexander Mackenzie*, ancien premier ministre du pays, dans York East. Vainqueur dans cette circonscription torontoise à l’élection partielle du 11 mai 1892, il y fut réélu plusieurs fois et, à compter de 1904, occupa le siège d’York South.

Maclean était aussi fantasque à la Chambre des communes qu’au World. Nominalement conservateur, surtout sur la question du tarif protecteur, il se fit remarquer par ses accès d’indépendance. Dès 1894, certains conservateurs le surnommaient l’« homme au couteau » parce qu’il avait révélé que le premier ministre, sir John Sparrow David Thompson*, était gravement malade. Ses efforts en vue de miner l’autorité du chef conservateur ontarien James Pliny Whitney*, puis du chef conservateur fédéral Robert Laird Borden*, de même que les rumeurs selon lesquelles il frayait avec des groupes décidés à fonder de nouveaux partis, amenèrent le Daily Mail and Empire à le rayer de la liste des conservateurs en 1905. Par la suite, il se présenta comme conservateur indépendant. En 1907, il accepta d’aider le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier*, ce qui lui permit d’être choisi candidat sans opposition l’année suivante. À l’assemblée de mise en candidature, il s’en prit à la grande entreprise, fit mine de soutenir les ouvriers et déclara que, grâce à lui, des « idées nouvelles et [de] nouvelles choses [viendraient s’intégrer au] programme de [son] parti ». « Le régime des partis, ajouta-t-il, c’est bien beau, mais moi je ne suis pas une machine. » En 1910, il soutint la politique navale de Laurier, ce qui intensifia la méfiance des conservateurs. En 1926, ce franc-tireur perdit son siège de député au profit d’un vrai conservateur, Robert Henry McGregor.

Si Maclean perdit du respect à cause de son indépendance, il gagna de la notoriété en défendant sans relâche durant 34 ans, en simple député, des causes radicales. Une « Banque du Canada », une monnaie nationale, la régie publique des chemins de fer, de l’hydroélectricité et des réseaux téléphoniques, un seul tarif pour tous les passagers des trains, telles étaient ses revendications prioritaires. Son nationalisme, dont témoignent son opposition à la réciprocité et ses appels en faveur d’une constitution élaborée au Canada et d’un chef d’État canadien, prenait parfois un tour excentrique. Par exemple, il soutenait que l’on devait rebaptiser la baie d’Hudson « mer du Canada ». En 1902, au cours de sa carrière fédérale, il s’était présenté à la mairie de Toronto. Son programme – une tentative de « tout révolutionner », de l’avis du maire sortant, Oliver Aiken Howland – proposait la régie publique des services et montrait à la fois une préoccupation douteuse pour la classe ouvrière et une hostilité bien sentie envers les grandes entreprises et les monopoles. Sa popularité n’avait pas fléchi puisqu’il récolta 8 816 voix ; Howland, lui, en obtint 13 424.

Maclean, disait le Globe, était « le plus pauvre des hommes d’affaires ». Ce facteur aussi entrava sa carrière politique. Le World fut toujours au bord de la faillite. À cause de cette précarité, Maclean se livrait à des pratiques douteuses, ce qui donnait l’impression que ses positions éditoriales étaient à vendre. En 1887, on avait dit au premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald*, qu’il était possible d’acheter Maclean pour 10 000 $. Bien qu’il soit demeuré farouchement indépendant, l’appui qu’il donnait à certaines causes n’était pas désintéressé. Après que les tramways eurent été autorisés à circuler le dimanche, il accepta un cadeau en argent de la Toronto Railway Company. En 1911, le Globe affirma que le World avait sollicité des dépôts pour la Farmers Bank of Canada en échange de l’appui financier de cet établissement « pourri ». Par la suite, Maclean fit campagne pour la construction d’un viaduc au-dessus de la rivière Don, à Toronto ; or, il possédait une ferme, Donlands, à l’ouest de la vallée.

Toujours aux prises avec des difficultés financières, le World fut vendu au Daily Mail and Empire en 1921. Hector Willoughby Charlesworth attribuerait le déclin du journal à « l’ambition divisée de son patron », à sa manie de passer constamment du pupitre de rédacteur en chef au « tumulte » de la politique. À la mort de William Findlay Maclean, le Globe conclurait : « Cette sorte d’indépendance qui l’avait fait briller dans le monde du journalisme en a fait aussi une personnalité au Parlement, mais, en fin de compte, elle l’a conduit à sa perte en politique. » Maclean mourut en 1929 dans le canton d’York, à Bayview, la maison de sa fille et de son gendre, Henry Arthur Sifton, et fut inhumé au cimetière de l’église anglicane St John, à York Mills (Toronto).

Minko Sotiron

On trouve des exemples des opinions de William Findlay Maclean sur l’actualité dans deux de ses commentaires publiés : « Canada first – empire next », World (Toronto), 22 févr. 1907, et « Some of Canada’s near-by problems », Canadian Forum (Toronto), 6 (1925–1926) : 173–175.

AO, RG 22-305, nº 63800 ; RG 80-5-0-139, nº 13795.— BAC, MG 26, G : 128184 ; MG 27, III, C9.— Daily Mail and Empire, 7 déc. 1929.— Globe, 9 déc. 1929.— Manitoba Free Press, 9 déc. 1929.— World, 1880–1921.— Christopher Armstrong et H. V. Nelles, The revenge of the Methodist bicycle company : Sunday streetcars and municipal reform in Toronto, 1887–1897 (Toronto, 1977) ; « The rise of civic populism in Toronto, 1870–1920 », dans Forging a consensus : historical essays on Toronto, V. L. Russell, édit. (Toronto, 1984), 192–237.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1892–1926.— Canadian annual rev., 1902, 1908, 1911.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— F. S. Chalmers, A gentleman of the press (Toronto et New York, 1969).— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles : leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1925).— Ross Harkness, J. E. Atkinson of the « Star » (Toronto, 1963).— [J.] S. Roe, « In harness under “W. F.” », Saturday Night, 21 déc. 1929 : 5.— Paul Rutherford, A Victorian authority : the daily press in late nineteenth-century Canada (Toronto, 1982).— Minko Sotiron, From politics to profits : the commercialization of Canadian daily newspapers, 1890–1920 (Montréal et Kingston, Ontario, 1997).

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Minko Sotiron, « MACLEAN, WILLIAM FINDLAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/maclean_william_findlay_15F.html.

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Auteur de l'article:    Minko Sotiron
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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