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Titre original :  Gen. Gordon Drummond

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DRUMMOND, sir GORDON, officier et administrateur colonial, né le 27 septembre 1772 à Québec, dernier des cinq fils de Colin Drummond of Megginch et de Catherine Oliphant of Rossie ; le 17 octobre 1807, il épousa à Brancepeth Castle, Angleterre, Margaret Russell, fille de William Russell de Brancepeth, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 10 octobre 1854 à Londres.

Gordon Drummond appartenait à une vieille famille de propriétaires terriens du Perthshire, en Écosse. Son père, qui représentait à Québec la Fludyer and Drummond, société londonienne, et était l’associé commercial de Jacob Jordan*, fut trésorier-payeur général adjoint des troupes de la province de Québec et conseiller législatif. La famille quitta Québec quatre ans après la mort de Colin Drummond, survenue en 1776, et Gordon Drummond fit ses études en Grande-Bretagne. Le 21 septembre 1789, il entra dans l’armée britannique comme enseigne dans le 1er d’infanterie. Ensuite, il gravit les échelons rapidement, même d’après les normes de l’époque : il devint lieutenant dans le 41 e d’infanterie en mars 1791, capitaine en janvier 1792, major dans le 8e d’infanterie le 28 février 1794 et, le lendemain, lieutenant-colonel avec le moins d’ancienneté dans ce même régiment. Drummond entama son service actif pendant la campagne des Pays-Bas, en 1794–1795, où il se distingua lors du siège de Nimègue. En 1801, à la tête de son régiment, il participa à la reconquête de l’Égypte. Le 1er janvier 1798, il avait été promu colonel.

En 1804, après avoir été en garnison dans la Méditerranée, Drummond fut nommé général de brigade et affecté aux services d’état-major en Grande-Bretagne puis, l’année suivante, il devint major général. Commandant en second des troupes de la Jamaïque pendant deux ans, il revint à Québec en juillet 1808 à titre de subordonné de sir James Henry Craig*, commandant des forces armées dans l’Amérique du Nord britannique. Promu lieutenant général le 4 juin 1811, il assura le commandement des troupes entre le départ de Craig, à la fin de juin, et l’arrivée de sir George Prévost*, le 13 septembre. En octobre, il partit assumer la charge d’un district militaire en Irlande du Nord.

Drummond était encore en Irlande lorsque la guerre de 1812 éclata. En août 1813, il s’embarqua pour l’Amérique du Nord afin d’assumer les fonctions de président du gouvernement et de commandant des troupes du Haut-Canada, principal théâtre des opérations. Ses états de service dans les Canadas avaient probablement joué un rôle important dans sa nomination, qui survenait après que sir Roger Hale Sheaffe, qui avait entre-temps été remplacé par Francis de Rottenburg*, eut déçu Prévost. Quand Drummond parvint à son quartier général de Kingston, le 3 décembre, il trouva la province dans un désordre considérable. Les frontières de Detroit et du Niagara étaient aux mains des Américains et, par suite des défaites britanniques sur le lac Érié et à Moraviantown [V. Robert Heriot Barclay* ; Henry Procter*], le sud-ouest de la province avait été évacué. De plus, le découragement régnait dans la population, et certains aidaient activement l’ennemi [V. Joseph Willcocks*]. Les civils, comme les militaires, souffraient d’une pénurie de vivres.

Tout n’était pas perdu, cependant. Les troupes américaines du fort George (Niagara-on-the-Lake) et des environs avaient beaucoup été affaiblies par l’envoi de nombreux hommes dans d’autres régions. Au début de décembre, apparemment en réponse à l’ordre donné par Drummond de quitter leurs positions de Burlington Heights (Hamilton), les troupes britanniques firent une percée dans la presqu’île du Niagara. Ce mouvement poussa les Américains à évacuer le fort George et le village voisin, Newark (Niagara-on-the-Lake), qu’ils incendièrent le 10 décembre. Drummond lui-même arriva à la frontière le 16 et décida immédiatement d’attaquer le fort Niagara (près de Youngstown, New York). Il fit traverser la rivière Niagara à un détachement qui prit le fort d’assaut au matin du 19 et captura 344 Américains ainsi qu’une énorme quantité de munitions et de vivres. Le même jour, d’autres troupes sous le commandement du major général Phineas Riall* franchirent aussi la rivière, et la ville de Lewiston fut détruite durant leurs opérations. Onze jours plus tard, un détachement commandé par Riall lança un nouveau raid et écrasa plusieurs miliciens américains à Buffalo. Les villes de Black Rock (Buffalo) et de Buffalo furent brûlées par mesure de représailles contre la destruction de Newark ; quelques navires de la flotte américaine du lac Érié furent aussi incendiés, tout comme de grandes quantités d’approvisionnements. Cette campagne brève mais décisive remit la frontière du Niagara entre les mains des Britanniques et redonna grande confiance à l’armée et aux habitants du Haut-Canada. Drummond lui-même avait manifesté beaucoup d’énergie en se rendant à la frontière et fait preuve d’une remarquable audace en attaquant le fort Niagara, principale place forte de la région.

En février 1814, Drummond présida la séance de la chambre d’Assemblée du Haut-Canada à York (Toronto). Le climat politique de la province avait considérablement changé depuis le début de la guerre : l’assurance restaurée par la campagne de Drummond et l’amertume causée par les ravages des Américains avaient en effet contribué à accroître la suspicion et l’intolérance envers les sympathisants de l’ennemi. Drummond eut donc peu de mal à persuader l’Assemblée d’adopter des projets de loi qui suspendaient l’habeas corpus et accéléraient la procédure de jugement et de châtiment appliquée en cas d’activités séditieuses. Déjà, depuis le début de l’hiver de 1813–1814, des personnes accusées de trahison avaient été appréhendées et, le 14 décembre 1813, Drummond avait créé une commission spéciale pour qu’elles soient traduites en justice. En mai et juin 1814, une vingtaine de personnes comparurent à Ancaster ; huit furent exécutées et les autres, condamnées à la transportation [V. Jacob Overholser*].

Drummond ne put cependant pas compter sur pareille collaboration pour résoudre un autre problème. À cause d’une pénurie chronique de provisions et de fourrages à la garnison de Kingston, Rottenburg avait proclamé la loi martiale dans les districts de Johnstown et d’Eastern le 22 novembre 1813, afin de forcer les fermiers à vendre de la nourriture à l’armée. L’Assemblée avait protesté fermement, et l’un des premiers gestes de Drummond comme président fut de rappeler la proclamation. Mais bientôt il découvrit que les fermiers continuaient de retenir des provisions et, lorsqu’il tenta de convaincre l’Assemblée de l’autoriser à proclamer de nouveau la loi martiale, il se heurta à un refus. Néanmoins, le problème était si aigu que, le 12 avril 1814, il imposa encore une fois la loi martiale, cette fois dans toute la province, afin de permettre à l’armée d’acheter des aliments à prix fixe dès que les besoins de chaque fermier étaient satisfaits. Tant son supérieur, Prévost, que l’Assemblée le critiquèrent vivement, mais Drummond maintint la loi martiale jusqu’à la fin de la guerre. Il faut dire, à sa décharge, qu’il insista sur le paiement de prix équitables et exerça une surveillance stricte sur le fonctionnement du système d’achat.

Les affaires militaires demeuraient d’une importance capitale. On avait prévu d’avancer sur Amherstburg et Detroit pendant l’hiver, mais il fallut y renoncer en raison de la clémence du temps. Toutefois, à Kingston, Drummond discuta avec sir James Lucas Yeo*, commandant des forces navales des Grands Lacs, de la campagne à mener en 1814. Les deux hommes étaient d’avis qu’il fallait contrôler le lac Ontario avant de pouvoir acheminer efficacement des hommes et du matériel de Kingston à la presqu’île du Niagara où, selon toute probabilité, les prochaines opérations auraient lieu. C’est pourquoi, en avril, Drummond et Prévost étudièrent la possibilité d’attaquer la principale base navale des Américains, Sackets Harbor, dans l’état de New York, et d’y détruire la flotte ennemie. Les plans de Drummond étaient réalisables, mais, malgré ses demandes répétées, Prévost refusa de faire venir du Bas-Canada les renforts qu’il estimait nécessaires à la réussite de l’entreprise. Drummond et Yeo décidèrent donc d’attaquer Oswego, dans l’état de New York, où se trouvait un dépôt moins bien défendu et où étaient préparés les approvisionnements destinés aux navires que les Américains construisaient à Sackets Harbor. Le 6 mai, Drummond dirigea personnellement l’attaque, qui réussit. Étant donné la pénurie de nourriture qui continuait d’affliger le Haut-Canada, la saisie d’une grande quantité de vivres fut particulièrement bienvenue. Par contre, les soldats ne parvinrent pas à prendre l’équipement principal des navires américains. Quand il apprit que ce matériel devait être acheminé par eau jusqu’à Sackets Harbor, Yeo dépêcha une flotte de canonnières pour l’intercepter, mais elle fut défaite et capturée à Sandy Creek, dans l’état de New York, le 30 mai.

Pendant la campagne terrestre de 1814, Drummond concentra presque tous ses efforts sur la frontière du Niagara. Au début, il fut contraint d’adopter une stratégie défensive. Les plans des Américains prévoyaient une avance sur Burlington Heights et, le 3 juillet, quelque 4 000 hommes, sous le commandement du major général Jacob Jennings Brown, traversèrent le Niagara et prirent possession du fort Erie. Riall, à la tête des troupes britanniques de la presqu’île, attaqua l’avant-garde américaine à Chippawa (Niagara Falls) deux jours plus tard, mail il subit une cuisante défaite et dut se replier sur le fort George. Les Britanniques se trouvaient maintenant dans une situation critique, car les Américains pouvaient aisément prendre les forts George et Niagara si leur marine leur livrait l’artillerie lourde dont Brown avait besoin pour affaiblir les ouvrages de défense. Mais, pour diverses raisons, leur escadre demeura à Sackets Harbor et, pendant les deux semaines où l’armée de Brown attendit les canons, Drummond dépêcha à la frontière des renforts venus de Kingston et d’York. Il quitta lui-même York le 24 juillet, déterminé à pousser Brown hors de la province.

Le lendemain, les deux armées s’affrontèrent à Lundy’s Lane, près des chutes du Niagara. La bataille commença vers six heures du soir et n’opposa d’abord qu’une partie des deux armées ; par la suite, des renforts vinrent porter le nombre d’Américains à environ 3 000 et le nombre de Britanniques à environ 2 800. Croyant se trouver en sérieux désavantage numérique, Drummond demeura sur la défensive et para les attaques lancées contre sa position jusqu’à ce que, vers neuf heures, son artillerie soit capturée et sa ligne de bataille forcée de reculer de plusieurs centaines de verges. Au cours des trois heures suivantes, il lança sans succès trois contre-attaques – il fut blessé au cou pendant l’une d’elles – et, à deux reprises, il dut repousser des colonnes américaines qui tentaient de déborder sa ligne. Enfin, à minuit, au moment où les Américains, épuisés, se repliaient, un détachement britannique d’infanterie légère reprit les pièces d’artillerie. Chacun des deux camps subit plus de 850 pertes dans ce combat extrêmement confus, le plus sanglant qui ait eu lieu en sol canadien pendant cette guerre, mais les Britanniques finirent par l’emporter. Blessé à plusieurs reprises, Brown avait délégué le commandement au général de brigade Eleazar Wheelock Ripley, qui ordonna le lendemain aux troupes de se retirer au fort Erie.

En poursuivant son avance, au début d’août, Drummond découvrit que les Américains avaient placé leur armée dans un camp fortifié hâtivement construit, à côté du fort Erie. Le 2 août, estimant qu’il serait plus facile de couper les vivres à l’ennemi jusqu’à ce qu’il se rende que de prendre le camp d’assaut, il envoya des hommes faire un raid sur les dépôts de Black Rock et de Buffalo. Malheureusement, ils furent aperçus pendant leur traversée et durent se replier après une escarmouche avec des Américains envoyés pour les intercepter. Drummond dut donc entreprendre un véritable siège dans des conditions défavorables. L’escadre américaine contrôlait le lac Ontario depuis le début d’août, de sorte qu’il ne pouvait pas recevoir l’artillerie et les munitions nécessaires. Néanmoins, il dressa une batterie de quatre canons et donna, le 13 août, le signal du bombardement. Selon William Dunlop*, chirurgien de l’armée britannique, le tir des canons était tout à fait inefficace, mais le 15 Drummond estima que les dommages étaient suffisants pour justifier une attaque. Une colonne de 1500 hommes devait attaquer l’extrémité sud du camp tandis que deux autres, regroupant un total de 1 600 hommes, prendraient d’assaut le côté nord du fort. Malgré les dangers inhérents à l’éloignement des colonnes, Drummond avait bien pesé la situation : aucun soldat n’étant visible sur les flancs ouest et sud, les Américains ne s’attendraient pas à être attaqués de ces côtés et, en lançant d’abord la colonne sud, il lui donnait une excellente chance de bénéficier de l’effet de surprise.

Malheureusement pour Drummond, le commandant américain, le colonel Edmund Pendleton Gaines, avait soupçonné l’imminence d’une attaque britannique et veillé à ce que ses hommes soient prêts. Tandis que la colonne sud s’approchait de son objectif, elle fut reçue par « un large rideau ininterrompu de feu » – le tir de l’ennemi. La plus grande partie du régiment de Watteville, qui formait le gros de la colonne, s’enfuit immédiatement, entraînant les autres soldats. Certains se regroupèrent et retournèrent au combat, mais en définitive ils furent repoussés. Les colonnes nord essuyèrent aussi un feu nourri, mais elles parvinrent à pénétrer dans le fort et à tenir leurs positions pendant plusieurs heures, en dépit des contre-attaques ennemies. À l’aube cependant, un stock de munitions explosa, massacrant de nombreux soldats britanniques, et les autres, pris de panique, retournèrent en toute hâte vers leurs lignes.

Même si l’attaque avait prouvé l’audace de Drummond, elle s’était soldée par une défaite tragique, puisque les pertes britanniques s’élevaient à 906, contre 84 du côté américain. Des renforts ne tardèrent pas à arriver, mais Drummond manquait toujours de pièces d’artillerie, et la sagesse lui commandait de sonner la retraite. De plus, la maladie et les désertions se multipliaient, alors que les vivres baissaient. Pourtant, il persista. Pendant le reste du mois d’août et une partie de septembre ; il dressa deux autres batteries et les joignit à la première avec des rangées de fortifications. Entre-temps, Brown avait pris le commandement du fort Erie et planifié sans délai une sortie. En faisant traverser la rivière Niagara de nuit, par bateau, à la milice de New York, il rassembla avant le 17 septembre près de 3 000 hommes au camp. Drummond disposait de 3 500 hommes, tous réguliers, mais le tiers seulement se trouvaient sur les lignes tandis que les autres étaient dans un camp, à l’arrière. Drummond accueillit avec soulagement les rapports des déserteurs qui lui annonçaient une attaque imminente, parce que cela lui éviterait de se lancer une deuxième fois à l’assaut du fort, mais il ne renforça pas sa ligne de front, s’exposant ainsi à voir tomber ses hommes un à un.

Les Américains attaquèrent le 17 septembre sous une pluie d’orage. Une colonne avança pour rabatte le flanc droit des travaux de siège britanniques et une autre attaqua de front. Elles réussirent à prendre deux batteries avant que Drummond n’ait pu faire entrer au fort des renforts venus du camp. Les Britanniques subirent 609 pertes lors de l’engagement et n’en infligèrent que 511 à l’ennemi. En outre, les Américains détruisirent trois des canons qui avaient servi au siège, plus une bonne partie des munitions. Ces pertes, ajoutées à une pénurie de plus en plus grave de vivres et au mauvais temps persistant, forcèrent Drummond à lever le siège le 21 septembre et à se replier de l’autre côté de la rivière Chippawa.

La campagne connut une accalmie jusqu’à ce que, le 1er octobre, Brown soit rejoint par 3 500 soldats réguliers, commandés par le major général George Izard. Ensemble, ces hommes avancèrent jusqu’à la rivière Chippawa et, sans succès, harcelèrent à plusieurs reprises les troupes de Drummond, qui étaient partiellement protégées par des retranchements improvisés. Drummond évita une bataille rangée grâce à l’escadre de Yeo, qui atteignit l’embouchure de la rivière Niagara le 18 avec du matériel et des renforts. Lorsque les Américains apprirent la nouvelle, ils se replièrent jusqu’au fort Erie, puis jusqu’à leur côté de la rivière. Le 5 novembre, ils firent sauter le fort Erie et le camp voisin, abandonnant ainsi leur dernière position du côté haut-canadien de la presqu’île du Niagara. Aucun combat n’eut lieu sur la frontière pendant l’hiver et, en mars 1815, on apprit que la guerre était finie.

Au même moment, Drummond fut informé de sa nomination comme administrateur et commandant des troupes des Canadas, car Prévost avait été rappelé pour justifier la manière dont il avait mené la campagne de Plattsburgh, en 1814. Les circonstances dans lesquelles Drummond entra en fonction auguraient mal : Prévost quitta Québec quelques heures avant son arrivée, le 3 avril 1815, le privant ainsi des avantages qu’il aurait pu retirer d’un entretien personnel. Peu après, Drummond reçut du gouvernement britannique l’ordre de renvoyer en Grande-Bretagne la grande majorité des troupes des Canadas afin de contrer la menace présentée par le retour de Napoléon de l’île d’Elbe. Drummond dut aussi veiller à l’application du traité de Gand, donc surveiller la cession, aux Américains, de postes qui avaient été pris pendant la guerre. Comme Michillimackinac (Mackinac Island, Michigan) était rendu aux États-Unis, il ordonna des levés d’arpentage en vue de la construction d’un nouveau fort britannique dans la région et choisit comme emplacement l’île Drummond (Michigan).

Dans le domaine politique, Drummond prit peu d’initiatives. Le gouvernement britannique l’informa que le Conseil privé avait levé les accusations portées par la chambre d’Assemblée du Bas-Canada contre Jonathan Sewell* et James Monk*, juges de cette province, et lui ordonna de dissoudre l’Assemblée si elle manifestait quelque intention de porter de nouveau ces accusations. C’est ce que fit Drummond en février 1816. Mais, comme il le signala, il y avait peu de chances qu’une nouvelle assemblée se montre plus coopérative, puisque les membres de l’Assemblée les plus critiques envers les juges seraient probablement réélus.

Comme il pensait que sa nomination était temporaire, Drummond avait demandé d’être relevé de ses fonctions le plus tôt possible, alléguant sa mauvaise santé et d’urgentes affaires familiales qui requéraient sa présence en Grande-Bretagne. Il fut déçu d’apprendre que, n’eût été de cette demande, il aurait été nommé lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse et se rendit compte alors qu’il n’avait plus de chances d’avancement. Son humeur ne s’améliora pas lorsque son successeur, le major général John Wilson, arriva avec quelques mois de retard et, ensuite, lorsqu’il eut avec lui un désaccord « extrêmement désagréable » au sujet de la date de la passation des pouvoirs.

Drummond quitta Québec pour de bon le 20 mai 1816 et, de retour en Angleterre, il se mit à mener l’existence normale d’un soldat en temps de paix. Le 2 janvier 1815, il avait été fait chevalier commandeur de l’ordre du Bain en reconnaissance de ses services en Amérique du Nord et, le 11 mars 1817, il reçut la grand’croix de l’ordre du Bain. Promu général le 27 mai 1825, il fut successivement colonel des régiments d’infanterie suivants : le 97e (8 février 1814), le 88e (11 mars 1819), le 71e (16 janvier 1824), le 49e (21 septembre 1829) et enfin le 8e (24 avril 1846), qu’il avait déjà commandé. Au moment de sa mort, il était le général avec le plus d’ancienneté de l’armée britannique.

Drummond était un officier d’infanterie expérimenté qui était de toute évidence plus déterminé et plus dur que Sheaffe ou Rottenburg. Il se montra poli et respectueux envers Prévost, mais, peut-être en raison de son grade et de ses états de service, il avait plus tendance que ses prédécesseurs à soutenir longtemps ses arguments. Les lettres de Prévost à Drummond, quant à elles, sont davantage écrites sur le ton de l’avis que du commandement. Drummond eut également avec Yeo une collaboration fructueuse, même si, à l’automne de 1814, le retard de celui-ci à transporter des hommes et du matériel jusqu’à la presqu’île du Niagara l’avait irrité.

En tant que commandant, Gordon Drummond avait connu pendant longtemps un succès sans mélange. Les revers qu’il avait essuyés pendant la deuxième moitié de la campagne de 1814 doivent en partie être attribués au fait que Prévost lui avait interdit d’attaquer Sackets Harbor au printemps, car Drummond lui-même avait compris que la destruction de l’escadre américaine du lac Ontario était un préalable nécessaire à la reprise de la frontière de la presqu’île du Niagara. Une grande partie de la campagne qu’il dut ensuite mener montre quelle frustration subit un officier intelligent et décidé lorsqu’il se trouve sous les ordres d’un homme moins audacieux. Après la défaite de Chippawa en juillet, il profita de la supériorité navale des Britanniques pour renforcer et approvisionner les troupes de la presqu’île, qu’il conduisit ensuite à la victoire à Lundy’s Lane. Ce fut la bataille décisive de la campagne, et elle fut gagnée autant en raison de la persistance de Drummond que de celle de ses hommes. Au fort Erie, il manqua des moyens nécessaires pour réussir, ce qui plaça apparemment dans l’embarras ce soldat d’ordinaire sûr de lui. Il souffrait de problèmes d’estomac, ce qui, avec sa blessure de Lundy’s Lane, avait peut-être affaibli son jugement. Quoi qu’il en soit, il commit de graves erreurs et se montra inférieur à Brown, son adversaire, tant en énergie qu’en compétence.

Kenneth Stickney

APC, RG 8, I (C sér.), 682–686, 1222–1223.— PRO, CO 42/162 ; 163 ; 166.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank), 7–8.— Gentleman’s Magazine, juill.–déc. 1854 : 625–626.— Select British docs. of War of 1812 (Wood), 3, part. i.— DNB.— G.-B, WO, Army list, 1790–1854.— E. A. Cruikshank, The battle of Lundy’s Lane, 25th July 1814 : a historical study (3e éd., Welland, Ontario, 1893) ; Drummond’s winter campaign, 1813 (2e éd., [Welland, 1900]) ; The siege of Fort Erie, August 1st–September 23rd, 1814 (Welland, 1905).— A military history of Perthshire, 1660–1902, [K. M. Ramsay Stewart-Murray] arquise de Tullibardine, édit. (2 vol., Perth, Écosse, 1908).— E. A. Cruikshank, « Sir Gordon Drummond, K.C.B. [...] », OH, 29 (1933) : 8–13.— W. M. Weekes, « The War of 1812 : civil authority and martial law in Upper Canada », OH, 48 (1956) ; 147–161.

Bibliographie générale

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Kenneth Stickney, « DRUMMOND, sir GORDON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/drummond_gordon_8F.html.

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Auteur de l'article:    Kenneth Stickney
Titre de l'article:    DRUMMOND, sir GORDON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024