McNABB, JAMES, homme d’affaires, fonctionnaire et homme politique, né peut-être en Virginie, fils de James McNabb ; le 24 mars 1801, il épousa dans le canton de Fredericksburg (North and South Fredericksburg, Ontario) Mary Ann Fraser, et ils eurent un fils ; décédé le 5 avril 1820, tandis qu’il faisait route d’York (Toronto) à Belleville, Haut-Canada.

Au commencement de la guerre d’Indépendance américaine, James McNabb père aurait rallié un régiment loyaliste en Virginie. En 1777, il faisait partie du McAlpin’s Corps à titre de chirurgien militaire, et il y servit jusqu’à sa mort, survenue dans l’établissement loyaliste de Yamachiche (Québec) en 1780. Ses fils, Alexander, James, Colin et Simon, étaient probablement venus avec lui dans la province de Québec ; en 1787, Colin et Alexander résidaient dans la région de Niagara. En 1794, la requête de James McNabb fils afin d’obtenir une terre fut approuvée par le Conseil exécutif du Haut-Canada. Deux ans plus tard, il s’établissait à Newark (Niagara-on-the-Lake), où Colin était surintendant de la navigation intérieure et où Simon s’était lancé en affaires.

« Désireux de s’établir à York dans le domaine commercial », James McNabb sollicita un emplacement urbain en avril 1798. Alexander y était déjà et occupait le poste de greffier adjoint du Conseil exécutif. Plus tard cette année-là, James vint s’installer dans ce port, qui était en train de se développer. Simon les y suivit l’année d’après. Vers 1800. James, qui était apparemment associé avec Simon, alla vivre à Thurlow (Belleville), un des premiers centres commerciaux et meuniers sur la baie de Quinte. S’il avait, au début, l’intention de rester en affaires à York, Simon fut bientôt poussé par des « circonstances imprévues » à rejoindre son énergique frère en 1802.

Les McNabb se mirent rapidement en relation avec les principaux financiers et marchands de Kingston intéressés au transbordement des marchandises, et en particulier avec Richard Cartwright et Donald McDonell. Souvent aux prises avec des difficultés financières, les frères expédièrent néanmoins des quantités croissantes de farine et de potasse, entre autres denrées de base, à leurs transitaires. Leurs succès firent d’eux les principaux concurrents locaux de John Walden Meyers*. Cette rivalité s’accrut quand, en 1804, McNabb acheta, près de Thurlow, sur le ruisseau Meyers (rivière Moira), un emplacement sur lequel, avec l’aide financière de Cartwright, il construisit un moulin à scier et un moulin à farine.

En 1808, par sa réussite, le commerçant McNabb avait atteint un certain prestige dans sa localité. Le 10 mars, il reçut sa première commission de juge de paix pour le district de Midland ; la dernière lui sera accordée le 8 janvier 1820. Du 26 avril 1808 au 26 janvier 1813, il assista à 9 des 20 sessions, se montrant beaucoup plus assidu que ses collègues Thomas Dorland*, Ebenezer Washburn* et Joshua Booth, entre autres. Le 2 mai 1808, McNabb fut élu député de la circonscription de Hastings and Township of Ameliasburgh à la chambre d’Assemblée du Haut-Canada. De 1809 à la dissolution du Parlement en 1812, il représenta activement les intérêts de ses électeurs à l’Assemblée et, sur les questions foncières, au bureau de l’arpenteur général. Enclin à des attaques de pleurésie et aux prises avec des problèmes commerciaux, il vendit ses moulins en septembre 1810. En novembre, il mit fin à son association avec son frère Simon et vendit la propriété qu’il possédait à Fredericksburg, qui avait une bonne valeur. Malgré son retrait des affaires, McNabb fit, en mai 1812, des pressions sur le gouvernement pour que la prospère communauté de Thurlow devînt le centre du nouveau district administratif dont on se proposait de doter la baie de Quinte.

La guerre de 1812 vint interrompre les projets de McNabb relativement à sa localité, mais elle lui apporta de nouvelles responsabilités. En 1813 et 1814, il servit volontairement comme représentant du commissariat de l’armée britannique chargé de l’organisation des transports militaires, ainsi que de l’acquisition, de l’entreposage et de l’expédition des ravitaillements destinés à la garnison de Kingston. Averti qu’il devait éviter la coercition. McNabb eut de la difficulté â faire face à des demandes constantes et souvent cruciales de ravitaillement de la part de l’armée, et à la prévention de colons comme Meyers contre le logement des soldats, l’enrôlement obligatoire et les prix fixes. Le 24 mars 1814, l’administrateur militaire George Gordon Drummond* nomma McNabb, en même temps que des hommes aussi en vue que Cartwright et Dorland, commissaire responsable de l’application de la loi récente de la législature autorisant la détention des personnes « soupçonnées d’avoir trahi en prenant la cause de l’ennemi ». En juin, le magistrat, à bout de fatigue, reçut une gratification pour l’aide apportée au commissariat, mais se vit refuser une concession de terre à titre militaire.

La guerre terminée, McNabb continua de se quereller avec Meyers. Dans les accusations qu’il porta devant le lieutenant-gouverneur Francis Gore*, en 1815, McNabb discrédita apparemment son rival en alléguant qu’il avait gêné l’action du commissariat dans la fourniture des ravitaillements militaires. En même temps, il souleva la question de faire de Thurlow l’emplacement d’une ville. Gare donna ordre de procéder aux achats de terres nécessaires et, en mars et avril 1816, l’arpenteur Samuel Street Wilmot délimita un territoire à l’embouchure de la rivière Moira. McNabb usa de son influence pour faire nommer la nouvelle ville Bellville (Belleville). Aux élections de 1816, McNabb fut élu dans son ancienne circonscription. La même année, il obtint plusieurs postes dans le district : commissaire aux pensions de guerre, commissaire des routes secondaires et membre du premier bureau d’éducation. Les appointements officiels le motivaient fortement. En 1815, à la suite d’un accident, McNabb fut amputé de la jambe droite. L’effondrement de la prospérité due à la guerre lui apporta des difficultés matérielles. « À la suite du revers de fortune que j’ai essuyé, je n’ai en quelque sorte plus rien à faire », avouait-il en décembre 1816, en sollicitant des postes additionnels.

Si McNabb n’était « pas aussi vigoureux et bien portant qu’autrefois » et malgré qu’il fût surchargé par ses fonctions de juge de paix, il se rendit à York en février 1817 pour assister à la session législative qui allait commencer. Il y poursuivit ses efforts pour promouvoir les intérêts régionaux, en particulier en tentant vainement, en 1817 et 1818, d’obtenir la formation d’un nouveau district avec Belleville comme centre. Pendant les sessions de 1817 et de 1818, toutefois, les préoccupations essentiellement locales de McNabb furent reléguées au second plan par des questions d’un grand intérêt provincial et depuis longtemps en suspens, telles que la récession, les délais apportés à verser les compensations pour les pertes subies pendant la guerre, la baisse de l’immigration et l’exclusion des colons américains. À l’écart des tensions entourant plusieurs de ces questions, McNabb pouvait s’opposer à la censure injustifiée qu’exerçait une assemblée pointilleuse à l’égard des critiques proférées par quelques-uns de ses membres.

Le détachement dont McNabb faisait montre disparut toutefois lorsqu’il retourna à Belleville et que ses opinions conservatrices se confondirent avec ses antagonismes personnels. Il manifesta bien peu de tolérance envers les partisans de Robert Fleming Gourlay* à la baie de Quinte, comme Thomas Coleman, ancien combattant et propriétaire des moulins qui appartenaient autrefois à McNabb. À un dîner de la milice, à Belleville, le 4 juin 1818, Coleman et McNabb eurent une violente dispute, qui reprit le lendemain dans une taverne locale. Coleman, à ce qu’on prétend, aurait critiqué Gore et ses partisans, cette « bande de scélérats et de parjures ». McNabb intenta promptement une poursuite en diffamation. Les choses s’envenimèrent quand Coleman assista à la Gourlayite Upper Canadian Convention of Friends to Enquiry qui eut lieu à New York en juillet. Le 22 septembre, la querelle trouvait écho dans les colonnes de la Kingston Gazette. Coleman traita McNabb de « petit homme malfaisant », faisant partie de cette « écume » politique dont il désirait qu’on se débarrassât dans « l’intérêt du peuple ». Une semaine plus tard, McNabb, brutalement, mata son adversaire par des calomnies sur son activité durant la guerre, citant une « retraite honteuse » que Coleman avait conduite.

Dans les dernières années de sa vie, James McNabb fréquenta de moins en moins régulièrement le Parlement, peut-être à cause de sa santé chancelante. Il n’en demeura pas moins actif localement au sein de la Midland District Agricultural Society, de la Society for Bettering the Condition of the Poor of the Midland District et de la Belleville Auxiliary Bible Society ; il appuya aussi une pétition des membres de l’Église d’Angleterre en vue d’obtenir de l’aide pour la construction d’une église. L’image que se faisaient de lui certaines personnes de l’endroit, qui le tenaient pour un juge de paix vindicatif, ne fut pas partagée par le correspondant du Kingston Chronicle à Belleville, qui déplora la perte d’un fonctionnaire impartial, d’un « mari aimant [et d’]un ami indulgent et bon ».

David Roberts

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David Roberts, « McNABB, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcnabb_james_5F.html.

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Auteur de l'article:    David Roberts
Titre de l'article:    McNABB, JAMES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    23 déc. 2024