LORING, ROBERT ROBERTS, officier, baptisé le 27 septembre 1789 à Englefield, Angleterre, cadet des cinq fils de Joshua Loring et d’Elizabeth Lloyd, petit-fils de Joshua Loring* ; le 3 février 1814, il épousa à York (Toronto) Mary Ann Campbell, fille de William Campbell*, et ils eurent deux fils et trois filles, puis le 19 juillet 1828, à Overton (North Yorkshire, Angleterre), Ann Smith, et de ce mariage naquirent deux fils et deux filles ; décédé le ler avril 1848 à Toronto.
Robert Roberts Loring entra comme enseigne dans le 49th Foot le 15 décembre 1804 et, en juillet suivant, il débarqua à Québec pour rejoindre son régiment, cantonné au Canada depuis 1802. On le promut lieutenant le 3 septembre 1806. Dès le début de sa carrière, Loring manifesta un penchant pour les fonctions d’état-major. Roger Hale Sheaffe*, alors lieutenant-colonel, affirma avoir remarqué le jeune enseigne. De plus, lorsque le lieutenant général Gordon Drummond* prit le commandement des troupes du Canada en 1811, il fut impressionné par la façon dont Loring « s’acquittait des devoirs d’adjudant », et il le prit dans son état-major. Loring accompagna donc Drummond en Grande-Bretagne en octobre 1811 mais, lorsque la guerre avec les États-Unis éclata en 1812, il acquit la certitude que son devoir l’attendait en Amérique du Nord et retourna au Bas-Canada à l’automne.
Le 26 juin 1812, Loring était devenu capitaine dans le 104th Foot et, le 29 octobre suivant, on le nomma aide de camp de Sheaffe, le nouvel administrateur de la province du Haut-Canada. À ce poste, ses tâches étaient souvent routinières, mais elles devinrent plus cruciales à mesure que la guerre prenait de l’ampleur et que Sheaffe portait son attention sur les dispositifs de défense. Tout comme son prédécesseur sir Isaac Brock*, Sheaffe s’inquiétait de la loyauté des civils ; les commissions pour les non-naturalisés qu’il forma à Niagara (Niagara-on-the-Lake), à York et à Kingston imposèrent une besogne considérable à son aide de camp.
Loring prit part au combat pour la première fois lorsque, les Américains attaquèrent York en avril 1813. À un moment donné, Sheaffe et Loring se trouvèrent placés entre l’ennemi et les forces britanniques en retraite. Soudain, la poudrière du fort York sauta : l’explosion causa à Loring « une grave contusion » qui allait le priver partiellement de l’usage de son bras droit. Sheaffe retourna en Angleterre en novembre. Lorsque Drummond vint prendre le commandement des forces dans le Haut-Canada en décembre 1813, il affecta Loring à son état-major, d’abord à titre d’aide de camp puis de secrétaire civil. Loring assuma de plus en plus de responsabilités et devint, en pratique, le secrétaire personnel de Drummond.
En décembre 1813, Loring était avec Drummond à la prise du fort Niagara (près de Youngstown, New York) et, le 25 juillet 1814, on lui décerna le grade honoraire de major. Toutefois, avant même d’apprendre sa promotion, il fut capturé au cours de la bataille de Lundy’s Lane et passa le reste de la guerre à Cheshire, au Massachusetts. Il eut comme compagnon de captivité le jeune William Hamilton Merritt*. Dans le récit que fit ce dernier de son emprisonnement, qui ne fut pas sans agrément, il mentionne souvent son ami Loring, un homme « intelligent au bureau, calme et déterminé sur le champ de bataille ».
Après son rapatriement, Loring arriva à Québec avec Drummond le 3 avril 1815 ; une semaine plus tard, il était officiellement nommé secrétaire personnel de ce dernier. Il conserva ce poste jusqu’en mai 1816, date où Drummond retourna en Angleterre. Loring reprit alors sa carrière militaire et rejoignit le 104th ; le 17 août 1816, on le promut major de brigade à Kingston. Il cessa toutefois d’occuper cette fonction dès le 24 juin 1817, un mois après qu’on l’eut mis à la demi-solde. Loring demeura dans le Haut-Canada et, à la mort de William Jarvis*, secrétaire de la province, offrit sans succès de le remplacer. En septembre 1818, il vivait à Kingston où il possédait un lot de ville, mais jusqu’au 9 décembre 1819, date de son affectation au 79th Foot à titre de capitaine, on ne sait trop comment il arrivait à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
Le 20 juin 1820, on nomma Loring adjoint au secrétaire militaire du nouveau commandant en chef de l’Amérique du Nord britannique, lord Dalhousie [Ramsay], et un an plus tard il devint major de brigade. À Québec, il s’intéressa à différentes organisations telles que la Société d’agriculture et la Société de Québec des émigrés, mais il connut aussi de dures épreuves : il perdit une fille en 1820 et une autre ainsi que sa femme en 1822.
En octobre 1821, on invita Loring à assister le lieutenant-colonel John Harvey* au bureau de l’adjudant général adjoint et il partit pour Montréal avec le titre de surintendant du bureau du quartier-maître général. À compter de septembre 1825, en l’absence du lieutenant-colonel Colley Lyons Lucas Foster, il servit à titre d’adjudant général adjoint à York. Mis à la demi-solde le 20 mars 1827, il partit en congé en Angleterre au cours de l’été. Peu après son retour, en septembre 1828, il apprit qu’on l’avait nommé officier supérieur de visite de la milice en Nouvelle-Écosse, avec le grade de lieutenant-colonel. Arrivé dans la colonie au printemps de 1829, Loring y demeura pendant huit ans et y remplit des tâches administratives courantes jusqu’au début de 1837, époque où l’Assemblée coupa les crédits accordés aux officiers de visite de la milice. Le 1er janvier 1838, on le désigna pour être « affecté à un service particulier » au Canada. Mis de nouveau à la demi-solde le 29 octobre, il obtint en novembre 1839 l’autorisation de vendre sa commission. Il se retira alors dans sa maison de Toronto et vécut, semble-t-il, du produit de cette vente jusqu’à sa mort.
Robert Roberts Loring avait l’étoffe d’un officier d’état-major, qualité qu’on lui reconnut dès le début et que plusieurs commandants mirent à profit. On retrouve son nom dans une multitude de lettres, mais presque toutes ne concernent que son travail ; sa vie privée, elle, demeure en grande partie dans l’ombre. On sait cependant qu’il eut à affronter un problème sérieux, directement causé par son appartenance à l’état-major de Drummond. En 1814, ce dernier lui avait accordé une concession de 700 acres dans le comté de Lincoln, dans le Haut-Canada. On avait déjà concédé ces terres à deux autres personnes, mais lorsqu’on avait découvert une source saumâtre dans un des lots on avait incité les premiers concessionnaires à s’installer ailleurs. Par suite d’une succession complexe d’erreurs, deux autres familles en vinrent à s’établir sur ces terres. Lorsque Loring prit possession des lots, on l’accusa d’avoir abusé de son poste. Il tint malgré tout à conserver les deux lots : il défraya l’un des colons des améliorations qu’il avait faites, mais se querella durant des années avec l’autre. Cette affaire émut les habitants de la région ainsi que des hauts fonctionnaires à Toronto et à London. Beaucoup prirent son parti, mais sa réputation demeura entachée, car d’autres ne purent jamais croire qu’il n’avait pas utilisé ses relations pour son bénéfice personnel.
APC, MG 11, [CO 42] Q, 133, 255, 320–326, 330 ; MG 24, K2 ; RG 8, 1 (C sér.), 2–4, 51, 122, 126, 170, 192, 203, 234–235, 240, 273, 280, 605, 747, 900, 973, 1176–1177, 1181–1182, 1186, 1188, 1203 1/2P.— Doc. hist. of campaign upon Niagara fronder (Cruikshank).— Select British docs. of War of 1812 (Wood).— La Gazette de Québec, 11 juill. 1805, 6 avril 1815, 25 mai 1815–29 févr. 1816, 4 déc. 1817, 19 mars, 31 août 1818, 9 août, 26 nov. 1821, 15 juill. 1822.— G.-B., WO, Army list, 1805–1840.— W. R. O’Byrne, A naval biographical dictionary : comprising the life and service of every living officer in Her Majesty’s navy [...] (Londres, 1849).— C. W. Humphries, « The capture of York », The defended border : Upper Canada and the War of 1812 [...], Morris Zaslow et W. B. Turner, édit. (Toronto, 1964), 251–270.— G. F. G. Stanley, The War of 1812 : land operations ([Toronto], 1983).
Carl A. Christie, « LORING, ROBERT ROBERTS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/loring_robert_roberts_7F.html.
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Auteur de l'article: | Carl A. Christie |
Titre de l'article: | LORING, ROBERT ROBERTS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |