BARCLAY, ROBERT HERIOT (Herriot), officier de marine, né le 18 septembre 1786 à Kettle (Kettlehill, Écosse), fils du révérend Peter Barclay, ministre de Kettle, et frère de John* ; le 11 août 1814, il épousa Agnes Cosser, de Westminster (Londres), et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 8 mai 1837 à Édimbourg.

Robert Heriot Barclay entra dans la marine royale en mai 1798, à l’âge de 11 ans. Il servit à titre de midshipman sur l’Anson, bâtiment de 44 canons, puis on le muta à bord du vaisseau amiral de lord Nelson, le Victory, en février 1805. Promu un mois plus tard lieutenant intérimaire sur le Swiftsure (74 canons), il fut confirmé dans ce grade le 11 octobre 1805, dix jours avant de prendre part à la bataille de Trafalgar. Durant la tempête qui suivit la bataille, le Swiftsure dut couper le câble de remorque du Redoutable, navire français qui avait été capturé, mais Barclay parvint à sauver 170 hommes d’équipage avant que le bâtiment ne coule.

En 1808 et 1809, Barclay servit à titre de lieutenant en second à bord du Diana, navire de cinquième classe armé de 38 canons, alors en service dans la Manche, et il fit maintes fois preuve d’une bravoure et d’un savoir-faire exceptionnels. En novembre 1809, en menant à la tête d’un détachement naval une attaque contre un convoi français, il perdit le bras gauche. L’année suivante, remis de sa blessure, il se présenta à la station navale de l’Amérique du Nord, croyant apparemment qu’on le nommerait commander. Au lieu de cela, on l’affecta quelque temps au schooner Bream à titre de lieutenant ; il s’embarqua ensuite sur l’Aeolus (32 canons) puis sur le sloop Tartarus. De retour dans l’est de l’Atlantique, il servit à bord de l’Iphigenia (36 canons) de juillet 1810 à octobre 1812.

La guerre qui sévissait en Amérique du Nord amena Barclay à Halifax en février 1813. Il conduisit par voie de terre un petit groupe d’officiers jusqu’à Kingston, dans le Haut-Canada. À son arrivée, le 5 mai, il prit en charge toutes les forces navales des lacs à titre de commandant en chef intérimaire. Supplanté dix jours plus tard par le capitaine sir James Lucas Yeo*, il fut envoyé au lac Érié comme officier supérieur. « On avait offert cette région navale, révéla Barclay, au capitaine [William Howe] Mulcaster, le second de sir James Yeo, qui à ma connaissance l’avait refusée à cause de sa désorganisation et du refus de sir James Yeo d’envoyer des marins. »

Lorsque Barclay atteignit Amherstburg, à la mi-juin, après un voyage mouvementé et difficile effectué en grande partie par voie de terre, il prit le commandement du Queen Charlotte (16 canons) et d’une petite escadre. En termes d’effectifs, de bâtiments et de puissance de feu, il avait la supériorité sur les forces américaines, mais le manque de matériel et d’hommes expérimentés, partiellement attribuable à une pénurie chronique et au refus de Yeo de dépêcher du lac Ontario les effectifs voulus, le plaçait dans une position désavantageuse. Son adversaire, le capitaine Oliver Hazard Perry, pouvait compter sur d’importantes ressources industrielles et de nombreuses voies de communication ; il put donc construire et équiper en marins de métier et en matériel suffisamment de vaisseaux pour surmonter l’avantage de Barclay. De plus, comme le major général Francis de Rottenburg* refusait de prendre part à une attaque avec Barclay, la base de Perry à Erie, en Pennsylvanie, était en sécurité.

L’escadre américaine était concentrée à cet endroit pendant que des charpentiers s’évertuaient à préparer pour le combat les bricks de 20 canons Niagara et Lawrence. Le 30 juillet, comme aucun bateau ne semblait s’apprêter à sortir du port, Barclay leva le blocus qu’il avait établi et reprit le large pour se rendre de l’autre côté du lac, à Dover (Port Dover). À l’occasion d’un banquet tenu à cet endroit, on porta un toast en son honneur ; il aurait alors répondu : « J’espère trouver les vaisseaux yankees bien pris sur la barre à Erie lorsque j’y retournerai, auquel cas il sera très facile de les détruire. » Le 4 août, il était de retour à Erie ; le Niagara était bien échoué, mais les vaisseaux plus petits et le Lawrence étaient ancrés au large. Selon Daniel Dobbins, maître charpentier américain, un vent du sud-est avait placé tous les navires dans la même direction et, « à observer la côte à partir du large par un vent du sud-est, la brume qui accompagnait ce vent et les hautes terres en arrière-plan fauss[aient] la vision ». Après une heure de reconnaissance, Barclay arriva à la conclusion que tous les vaisseaux étaient sortis et prêts à livrer combat à sa petite escadre, sous-équipée en hommes et en matériel. Il retourna à Amherstburg pour armer son nouveau navire, le Detroit (20 canons), et préparer les équipages, dont l’entraînement laissait plutôt à désirer, en vue du combat qu’il savait désormais inévitable. Il partit à la rencontre de Perry le 9 septembre ; le 10, au petit jour, il découvrit l’escadre américaine au milieu des îles Bass et, juste avant midi, il ouvrit le feu. « Le combat se poursuivit avec grande fureur jusqu’à deux heures et demie », rapporta Barclay. À ce moment-là, il semblait vainqueur, mais la situation fut bientôt renversée. À la fin de l’engagement, 90 minutes plus tard, les capitaines britanniques et les officiers les plus expérimentés étaient tous morts ou grièvement blessés ; Barclay se rendit à Perry, qui s’empara de tous les vaisseaux britanniques.

Par la suite, on exonéra Barclay de tout blâme. Son unique bras avait été atteint et il avait une partie de la cuisse arrachée, si bien qu’il dut « se traîner devant le conseil de guerre avec l’air d’un trophée romain : rien que le casque et le haubert ». Des habitants de Québec et des commerçants canadiens de Londres lui donnèrent en cadeau des pièces d’orfèvrerie. L’Amirauté le confirma dans son grade de commander le 13 novembre 1813 et, le 7 novembre 1815, elle lui accorda une pension de £200 en plus de l’allocation quotidienne de 5d qu’il recevait déjà pour ses blessures.

Le souvenir de Barclay soulevait des sentiments variés chez les habitants du Haut-Canada. Amelia Harris [Ryerse*] rappela plus tard que s’il avait levé le blocus en juillet 1813, c’est qu’il était préoccupé par une « jolie veuve », accusation qui ne fut d’ailleurs jamais prouvée. Malgré la bravoure incontestable dont Barclay avait fait preuve, elle ajoutait : « ceux qui savaient qu’il avait levé le blocus ne pouvaient s’empêcher de lui attribuer la responsabilité de toutes les calamités du haut de la province ».

Dans les récriminations concernant les pertes navales qu’avait subies la Grande-Bretagne durant la guerre de 1812, Robert Heriot Barclay fut victime des luttes parlementaires. L’Amirauté le relégua dans l’ombre même si le débat sur la défaite du lac Érié, soulevé par le marquis de Buckingham en 1815, prit fin lorsque Napoléon Ier s’enfuit de l’île d’Elbe. Barclay se mit à chercher un emploi auprès du gouvernement en 1822 ; il espérait alors obtenir de l’aide de Buckingham, son protecteur. Il obtint le commandement de la galiote à bombes Infernal du 12 avril au 11 octobre 1824 et devint post-captain le 14 octobre. Après cette reconnaissance tardive du verdict du conseil de guerre, à savoir que « le jugement et le courage du capitaine Barclay [...] furent hautement manifestes et lui donnaient droit aux plus grands éloges », on ne lui confia aucun autre poste pendant les 13 dernières années de sa vie.

W. A. B. Douglas

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W. A. B. Douglas, « BARCLAY, ROBERT HERIOT (Herriot) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barclay_robert_heriot_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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