BOUCHER DE BOUCHERVILLE, THOMAS-RENÉ-VERCHÈRES (baptisé René-Thomas, il ajouta Verchères à son nom plus tard dans sa vie), trafiquant de fourrures, marchand, officier de milice, juge de paix, seigneur et auteur, né le 21 décembre 1784 à Boucherville, Québec, fils de René-Amable Boucher* de Boucherville et de Madeleine Raimbault de Saint-Blaint ; décédé le 13 décembre 1857 à Boucherville.

Thomas-René-Verchères Boucher de Boucherville était le dixième des 11 enfants d’une des familles les plus en vue de la province de Québec et un descendant de Pierre Boucher*. Son père était seigneur de Boucherville, et sa mère une des héritières de la seigneurie de Verchères. En 1792, il entra au collège Saint-Raphaël à Montréal, dirigé par les sulpiciens, et, six ans plus tard, il commençait son cours classique. Bien qu’il ait été un élève lauréat, il quitta le collège en 1799 avant d’avoir terminé ses études. Il passa les quelques années qui suivirent à Boucherville où, comme il l’admit lui-même plus tard, il fut mêlé à diverses « folles équipées ». En 1803, son père lui trouva un emploi de commis à la New North West Company (appelée parfois la XY Company), alors sous la direction de sir Alexander Mackenzie*. Au printemps de la même année, après avoir signé un contrat de sept ans à titre de commis, Boucher de Boucherville quitta Lachine dans un canot à destination de Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota), via le lac Nipissing (Ontario). De là, il parvint au fort Dauphin, sur le lac Dauphin (Manitoba), où il passa l’hiver de 1803–1804 sous les ordres de Thomas McMurray. Le jeune homme, qui en était à son premier long voyage loin de sa famille, s’ennuya d’abord mortellement de son pays, mais le journal au style vivant qu’il écrivit plus tard montre qu’il ne tarda pas à prendre plaisir à sa nouvelle vie. Les rigueurs des voyages durant cet hiver passé à la cueillette des fourrures auprès des Indiens de la région lui occasionnèrent cependant une forte fièvre et une inflammation des jambes. En mai 1804, à cause d’une douleur continuelle aux jambes, malaise qu’il exagéra peut-être en raison de son désir de rentrer au pays et de son aversion pour son emploi, il quitta la New North West Company et revint au Bas-Canada.

En octobre 1804, Boucher de Boucherville fut engagé par l’émigré royaliste français Laurent Quetton* de Saint-Georges, qui entretenait d’étroites relations d’affaires avec son beau-frère, Louis-René Chaussegros* de Léry. Il se rendit avec son employeur à York (Toronto) pour travailler en qualité de commis. L’entreprise faisait le commerce de marchandises générales à York et à Niagara (Niagara-on-the-Lake, Ontario), et aussi la traite des fourrures avec les Indiens de la région. Dans le cadre de cette activité, Boucher de Boucherville fit souvent de courtes visites dans les villages mississagués. Il gagna rapidement la confiance de Quetton de Saint-Georges qui l’envoya à Amherstburg en 1806, avec £2 500 de marchandises, pour y ouvrir une succursale. Le nouveau magasin prospéra et, deux ans plus tard, Quetton de Saint-Georges le lui vendit. Une chaleureuse amitié était née entre les deux hommes. En 1811, lorsque les douaniers américains, appliquant le Non-Intercourse Act, confisquèrent des marchandises d’une valeur de 58 000 $ appartenant à Quetton de Saint-Georges, à Lewiston, dans l’état de New York, Boucher de Boucherville voulut rendre à son ancien employeur sa bienveillance. D’après ses dires, il se rendit en toute hâte à Niagara et, avec la connivence de la garnison du fort George, il mena avec succès, pendant la nuit, une incursion armée contre le bureau des douanes de Lewiston et s’enfuit avec les marchandises, sauvant ainsi son ami de la faillite.

Au début de la guerre de 1812, Boucher de Boucherville servit comme volontaire à la frontière de Detroit et combattit sous les ordres du major général Isaac Brock*. En récompense de ses services lors de la prise de Detroit, on lui décerna une médaille avec agrafe. Dans l’intervalle, ses affaires avaient été sérieusement perturbées par son absence et par les hostilités. Après une visite à Boucherville au début de 1813, il retourna sans trop réfléchir à Amherstburg, transportant £1 348 de marchandises dans quatre canots. Seul marchand à avoir apporté un nouveau stock, il réussit à vendre presque tout ce qu’il avait en très peu de temps, à des prix élevés ; les trois premiers jours seulement, ses ventes totalisèrent £4 800. Cependant, il fallut abandonner Amherstburg à la suite de la défaite que les forces navales américaines infligèrent au commander Robert Heriot Barclay* sur le lac Érié, en septembre 1813. Boucher de Boucherville réclama plus tard des pertes de £1 271, dont £500 furent reconnues. Alors qu’il fuyait avec l’argent de ses ventes, il passa près de l’emplacement de la bataille de Moraviantown, au moment où les Britanniques commandés par le major général Henry Procter* subissaient la défaite, puis il s’empressa d’atteindre Montréal. Là, note-t-il dans son journal, il présenta un rapport sur la bataille au commandant en chef des forces britanniques, sir George Prévost*. Après un court repos à la maison familiale de Boucherville, il rejoignit son unité régulière, le bataillon de milice de Boucherville, qui était alors à Châteauguay et dans lequel il servait comme aide-major, avec le rang de capitaine. Il ne participa cependant pas à la bataille de Châteauguay et revint à Boucherville pour l’hiver de 1814–1815.

Après la guerre, Boucher de Boucherville essaya pendant quelque temps de rétablir son commerce à Amherstburg, mais il prit rapidement des dispositions pour liquider son stock. Ensuite, il importa sans succès des marchandises en compte commun avec Quetton de Saint-Georges, essaya de mettre sur pied une entreprise à Boucherville et fit une ultime tentative à Amherstburg. Il revint à Boucherville en septembre 1816 et se retira des affaires.

Le reste de la vie de Thomas-René-Verchères Boucher de Boucherville tranche complètement avec sa jeunesse agitée. Il s’établit à Boucherville, devint juge de paix et major de milice. Le 17 mai 1819, il épousa Joséphine Proulx, fille du bourgeois montréalais Louis-Basile Proulx, et ils eurent cinq enfants. En 1829, ayant hérité du côté paternel et maternel, il était coseigneur de Boucherville et de Verchères. C’est en 1847 qu’il rédigea son journal ; ce vivant récit de ses aventures comme trafiquant de fourrures et comme officier de milice fut écrit pour ses enfants et finalement publié en 1901.

Frederick H. Armstrong

Thomas-René-Verchères Boucher de Boucherville est l’auteur de : « Journal de M. Thomas Verchères de Boucherville [...] », Canadian Antiquarian and Numismatic Journal (Montréal), 3e sér., 3 (1901) : 1–167. Ce journal a été traduit et publié sous le titre de A merchant’s clerk in Upper Canada ; the journal of Thomas Verchères de Boucherville, 1804–1811, W. S. Wallace*, trad. (Toronto, 1935) et une deuxième traduction anglaise, « Journal of Thomas Verchères de Boucherville », a été publiée dans War on the Detroit ; the chronicles of Thomas Verchères de Boucherville and the capitulation, by an Ohio volunteer, M. M. Quaife, édit. (Chicago, 1940), 3–178.

ANQ-M, CE1-22, 22 déc. 1784, 16 déc. 1857.— APC, RG 19, 3754 ; 4356–4357.— ASTR, 0032, Louis Dugas, « Généalogie Boucher », 70–77.— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Officers of British forces in Canada (Irving), 189–191.— P.-G. Roy, Inv. concessions, 2 : 283, 300 ; 3 : 33–34.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967).— « Les Disparus », BRH, 34 (1928) : 622.— J.-J. Lefebvre, « Jean-Moïse Raymond (1787–1843), premier député de Laprairie (1824–1838), natif du comté », BRH, 60 (1954) : 111–112.

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Frederick H. Armstrong, « BOUCHER DE BOUCHERVILLE, THOMAS-RENÉ-VERCHÈRES (baptisé René-Thomas) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/boucher_de_boucherville_thomas_rene_vercheres_8F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick H. Armstrong
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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