RIDOUT, SAMUEL SMITH, fonctionnaire, marchand et officier de milice, né le 7 septembre 1778 à Annapolis, Maryland, fils aîné de Thomas Ridout* et de sa première femme, prénommée Isabella ; le 21 mai 1805, il épousa Eliza Parsons (décédée en 1838), et ils eurent quatre fils et cinq filles, puis le 2 octobre 1838 Mary Hardwick Unwin, veuve de Francis Humphreys ; décédé le 6 juin 1855 à Toronto.

Samuel Smith Ridout avait neuf ans quand, au printemps de 1788, son père fut capturé par les Chaouanons pendant un voyage d’affaires qu’il effectuait dans le pays de l’Ohio. Thomas Ridout fut relâché contre rançon à Detroit, l’été de la même année ; il ne retourna pas au Maryland, mais choisit plutôt de gagner Montréal. Il se remaria et s’installa dans le Haut-Canada, d’abord à Newark (Niagara-on-the-Lake), où il entra au service du gouvernement, puis en 1797 à York (Toronto). Samuel Smith demeura au Maryland, où il fut probablement élevé et éduqué sous la garde de son oncle John Donovan, maître de poste de Hancock. Une fois installé, Thomas Ridout encouragea son fils aîné à venir le rejoindre, lui faisant miroiter la possibilité d’occuper un poste dans son propre bureau de registrateur du comté d’York. En 1800, Samuel Smith, alors âgé de 21 ans, était arrivé dans la capitale provinciale du Haut-Canada et ne tarda pas à être engagé comme adjoint de David Burns, qui était greffier de la couronne et des plaids communs, poste servant de soutien administratif à la Cour du banc du roi.

Ridout ne fut pas long à se lasser du peu de prestige, ou du salaire annuel de £80, que lui rapportait son premier poste. En 1801, il devint commis au bureau de l’arpenteur général, où son père occupait le poste de commis principal depuis 1793. Bien que le salaire annuel de £125 ait assuré « tout juste [sa] subsistance », il avait l’espoir d’obtenir de l’avancement dans ce bureau. Impatient d’améliorer son sort, il envisagea aussi, au cours des années suivantes, la possibilité d’une carrière commerciale ou militaire, mais son avenir sembla assuré lorsqu’il fut nommé arpenteur provincial adjoint en 1806. En moins d’une année cependant, Ridout se retrouva en plein cœur de la lutte opposant le lieutenant-gouverneur Francis Gore et l’arpenteur général Charles Burton Wyatt*, qui « transmett[ait] clandestinement des copies de documents officiels en Angleterre, dans le but de dénaturer les actes du gouvernement précédent ». Le 6 janvier 1807, Ridout fut congédié de façon péremptoire, parce qu’il n’avait rien révélé des agissements de Wyatt alors qu’il était le seul à avoir eu connaissance de l’affaire. On accepta cependant ses excuses, et il fut réintégré dix jours plus tard. Ridout se lança aussi pendant quelque temps dans le commerce, en s’associant avec Andrew Mercer* pour exploiter un magasin général à York en 1809 et 1810 et à Markham en 1811. Après la nomination de son père au poste d’arpenteur général en 1810, il ne tarda pas à laisser entendre qu’il démissionnerait de ses fonctions de second commis, car, se plaignait-il, il devait faire le travail du commis principal, William Chewett*, et c’était ce dernier qui jouissait du rang et du salaire de ce poste. Gore n’avait cependant pas oublié l’affaire Wyatt et, selon les propres paroles de Thomas Ridout, il n’était « pas disposé à faire quoi que ce soit pour lui [Samuel Smith] ». Le congé que prit Gore et la guerre de 1812 allaient contribuer à lui donner une seconde chance.

Ridout était entré dans la milice comme lieutenant en 1807 et il avait reçu une commission dans le 1er régiment de milice d’York en 1809. En prévision d’une guerre prochaine, il fut promu, en avril 1812, capitaine dans le 3e régiment de milice d’York et affecté au service de garnison dans cette ville. En avril de l’année suivante, il fut libéré sur parole avec de nombreux autres habitants d’York après la prise de la ville par les Américains. Ridout continua de contribuer à l’effort de guerre comme non-combattant ; en août 1814, par exemple, il dirigea le transfert de 61 prisonniers à Kingston. Avant la fin de la guerre, il adressa une pétition à sir Gordon Drummond, administrateur du Haut-Canada, dans laquelle il sollicitait le poste de commis principal au bureau de l’arpenteur général « dont il [avait] en fait accompli les fonctions durant [les] quatre dernières années ». Malgré l’échec de sa requête, il resta au bureau de l’arpenteur général jusqu’après la mort de son père en 1829 et démissionna par dépit quand Chewett fut nommé arpenteur général intérimaire. Entre-temps, Ridout avait reçu d’autres nominations dans la fonction publique. En avril 1815, il avait été nommé shérif du district de Home, poste qu’il occupa durant plus de 12 ans. L’année suivante, Gore l’avait nommé receveur des droits sur les concessions de terres. Ce poste fut aboli en 1834, mais Ridout obtint une pension annuelle de £200 qu’il reçut toute sa vie.

En 1827, Ridout prit part à un échange de postes qui fut l’un des exemples les plus flagrants de ce genre de pratique familière au family compact. Il démissionna de son poste de shérif pour le poste moins exigeant de registrateur du comté d’York, après la retraite de son titulaire, Stephen Jarvis. Le fils de ce dernier, William Botsford Jarvis*, remplaça Ridout comme shérif et, en quittant son poste au bureau du secrétaire et registraire de la province, il laissa vacante une place pour Samuel Peters Jarvis, dont le père, William Jarvis*, avait occupé le poste de secrétaire et registraire de la province. Cet échange de fonctions fort complexe, que le lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland avait surveillé et approuvé, représentait un heureux changement de situations pour tous les intéressés, mais apparaissait aux yeux des adversaires du family compact comme un autre exemple de l’arrogance et du pouvoir de l’oligarchie. Ridout conserva son poste de registrateur jusqu’à sa mort, le 6 juin 1855. Son fils John, qui exerçait les fonctions de registrateur adjoint depuis 1827, lui succéda. Un autre fils plus jeune, George Samuel, devint lui aussi registrateur adjoint et, plus tard, estimateur municipal de Toronto. Une de ses filles, Caroline Amelia, épousa son beau-fils James Dodsley Humphreys*, chanteur et professeur de musique torontois.

Bien que ses demi-frères George* et Thomas Gibbs* Ridout soient devenus des gens très en vue, Samuel Smith Ridout refusa de s’engager sur le plan politique et ne fut pas un homme important de l’oligarchie du Haut-Canada d’avant la rébellion. Pourtant, sa carrière, avec ses revers et ses réussites, illustre l’importance que pouvaient avoir les liens de famille, l’ambition, les bonnes attitudes et les actions accomplies en temps de guerre pour celui qui voulait réussir dans le Haut-Canada dans les premiers temps de cette colonie.

Robert J. Burns

AO, MS 537 ; RG 1, A-I-6 : 3896, 7529–7530.— APC, RG 5, B9, 13 : 40.— PRO, CO 42/493 : 217–233.— Ten years of Upper Canada in peace and war, 1805–1815 ; being the Ridout letters, Matilda [Ridout] Edgar, édit. (Toronto, 1890).— Town of York, 1793–1815 (Firth).— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology.— R. J. Burns, « The first elite of Toronto : an examination of the genesis, consolidation and duration of power in an emerging colonial society » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, London, 1974).

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Robert J. Burns, « RIDOUT, SAMUEL SMITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ridout_samuel_smith_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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