BURGOYNE, JOHN, parfois surnommé « Gentleman Johnny », officier, homme politique et auteur dramatique, né en 1722, fils unique du capitaine John Burgoyne, du Bedfordshire, Angleterre, et d’Anna Maria Burnestone, de Londres, décédé le 3 août 1792 et inhumé dans l’abbaye de Westminster, à Londres.

John Burgoyne étudia à la Westminster School, où il acquit un art d’écrire exagérément classique et voua à lord Strange, fils du riche et puissant comte de Derby, onzième du nom, une amitié qui devait durer toute sa vie. Nommé cornette dans le 13th Dragoons en 1740, il acheta une lieutenance l’année suivante. En 1743, il s’enfuit avec lady Charlotte Stanley, sœur de son ami lord Strange. Le père de la jeune femme, après avoir versé une modeste dot, rompit avec elle. Burgoyne acheta une charge de capitaine avec l’argent de la dot, mais, en 1747, fortement endetté, il vendit sa commission et se retira en France avec sa femme. Burgoyne voyagea beaucoup pendant son séjour sur le continent ; c’est à ce moment qu’il prit connaissance pour la première fois de la conception européenne des « dragons légers » ou « chevau-légers », un type de troupes à cheval alors inconnu en Angleterre. Il soumit plus tard un projet pour créer une semblable force et, en 1759, leva le 16th Light Dragoons, un régiment de chevau-légers.

En 1756, après s’être réconcilié avec son beau-père, Burgoyne fit un retour à l’armée avec un grade de capitaine dans le 11 th Draguons, qu’il échangea en 1757 contre un grade de capitaine dans l’armée et le grade effectif de lieutenant-colonel dans le Coldstream Regiment of Footguards. Pendant la guerre de Sept Ans, Burgoyne participa à des raids sur la côte française et, à partir de 1759, il servit, avec le grade de colonel, dans le 16th Light Dragoons. Il adopta une attitude révolutionnaire à l’égard de l’organisation et de la discipline de son régiment, ses conceptions étant au reste bien en avance sur la pensée de son temps. Il se fit un nom comme soldat pendant la campagne portugaise de 1762, en s’emparant des villes de Valencia de Alcantara (province de Cáceres, Espagne) et de Vila Velha de Ródão (district de Castelo Branco, Portugal).

Les dix années qui suivirent marquèrent un sommet dans les succès de Burgoyne. Élu député de Midhurst en 1761, grâce au patronage de Derby, il se montra actif au parlement dans les domaines de la politique étrangère et des affaires militaires. Il reçut, au sein de l’armée, des sinécures qui lui rapportaient annuellement £3 500, et une promotion au grade de major général en 1772. Il fut au premier plan dans le grand débat sur l’Inde et les attaques contre Robert Clive. Il entreprit également une carrière littéraire et remporta un succès considérable avec une pièce de théâtre, Maid of the oaks, présentée à Londres par David Garrick en 1775.

Lorsque la Révolution américaine éclata, Burgoyne fut envoyé à Boston où il fut témoin de la bataille de Bunker Hill. N’étant chargé d’aucune tâche opérationnelle, il passa beaucoup de temps à écrire au pays des lettres de critiques contre son commandant, le lieutenant général Thomas Gage. Il rédigea aussi, à l’adresse des rebelles, une proclamation qui fut ridiculisée tant dans les colonies que dans la métropole pour son style ampoulé ; Horace Walpole le qualifia par la suite de « Pomposo » (pompeux) et de « Hurlothrumbo » (cymbale retentissante). Burgoyne rentra en Angleterre en novembre 1775 et tenta en vain d’obtenir un commandement indépendant. Il s’embarqua pour Québec en mars 1776 avec des renforts destinés à Guy Carleton*, qui était assiégé par les forces américaines sous le commandement de Benedict Arnold*.

Les premières troupes arrivèrent en mai, et Burgoyne, tard en juin. Carleton poursuivit alors les Américains en retraite vers le sud du lac Champlain, avec Burgoyne comme commandant en second. En novembre, à la fin de la campagne, Burgoyne retourna en Angleterre. Le 28 février 1777, il soumit au gouvernement ses « Réflexions pour la conduite de la guerre à partir du côté canadien ». Il présentait avec clarté le plan de campagne qu’on avait tenté de réaliser en 1776, à savoir l’isolement des colonies de la Nouvelle-Angleterre des autres colonies américaines, grâce à une avance britannique le long de la ligne de communication formée par le lac Champlain et le fleuve Hudson. Le plan de Burgoyne fut adopté presque mot pour mot et, en 1777, le gouvernement lui donna l’ordre de se rendre à Albany, New York, et d’y faire sa jonction avec les forces du lieutenant général sir William Howe ; il entrerait alors dans la région placée sous la responsabilité de Howe et se mettrait aux ordres de ce dernier. (Les deux hommes allaient par la suite avoir des divergences de vues sur le rôle qu’on attendait de Howe à ce stade de la campagne.) Simultanément, le lieutenant-colonel Barrimore Matthew St Leger devait se diriger vers Albany par la vallée de la Mohawk et s’emparer du fort Stanwix (Rome, New York).

Burgoyne revint à Québec le 6 mai 1777 avec le commandement des opérations, les pouvoirs de Carleton étant limités au Canada. Carleton démissionna de son poste de gouverneur à cause de cet affront, mais fournit néanmoins l’appui administratif nécessaire, à telle enseigne que Burgoyne put se mettre en marche six semaines seulement après son arrivée à Québec. Son seul problème réel venait de l’aide insuffisante des habitants du pays et, partant, de la faiblesse de ses moyens de transport.

L’armée de Burgoyne, qui se regroupa à Saint-Jean, sur le Richelieu, en juin, comprenait environ 7 500 réguliers, 400 Indiens, 100 Loyalistes et plus de 2 000 non-combattants. Pendant son avance vers le sud du lac Champlain, Burgoyne fit des discours à ses Indiens et émit des proclamations à l’adresse des Américains, qui furent les uns et les autres ridiculisés par la suite pour leur prétention. Les Britanniques atteignirent le fort Ticonderoga le 30 juin et forcèrent aisément les Américains à l’évacuer. La plus grande partie de la garnison, cependant, avait pris la fuite. Burgoyne se dirigea alors sur Skenesborough (Whitehall, New York) ; il fit là l’erreur d’avancer vers l’Hudson à travers la campagne au lieu de s’y rendre via le lac George. Il mit quatre semaines à couvrir 22 milles d’un terrain difficile, sous le harcèlement constant de l’ennemi.

Le manque de provisions força Burgoyne à faire un crochet désastreux vers Bennington (Vermont) qui lui coûta presque 1 000 hommes. Quasi en plan dans une contrée sauvage, il s’approvisionna à même la proche campagne pour ensuite traverser l’Hudson à Saratoga (Schuylerville, New York), du 13 au 15 septembre. Les effectifs américains, commandés par le major général Horatio Gates, se regroupaient en force vers le sud, et il y eut un affrontement dans les environs de Freeman’s Farm (près de Schuylerville), le 19. Les Britanniques subirent de lourdes pertes, mais se maintinrent sur leurs positions, et certains commentateurs disent que, eussent-ils attaqué le lendemain, ils auraient pu l’emporter. Bien au contraire, Burgoyne se retrancha. Il semble qu’à ce point il ait jugé essentiel que Howe marchât vers le nord. Mais ce dernier était incapable, à cause de ses opérations en Pennsylvanie, de venir lui porter secours. Une seconde bataille fut livrée près de là, à Bemis Heights (près de Schuylerville), le 7 octobre. Les Britanniques, défaits, se replièrent sur Saratoga. Les Américains les encerclèrent le 12 et, le 17, Burgoyne et son armée se rendaient.

Après avoir passé l’hiver à Boston avec ses hommes, Burgoyne fut libéré sur parole et rentra en Angleterre. Le gouvernement l’ayant laissé tomber, il se joignit aux whigs et, en 1780, publia son State of the expedition from Canada [...], une apologie habile de sa campagne et de sa conduite. Il retrouva quelques-unes de ses charges quand les whigs reprirent le pouvoir en 1782, mais les perdit de nouveau quand le gouvernement tomba en 1783. Il combattit le jeune Pitt et fit une de ses dernières apparitions politiques comme organisateur de la mise en accusation de Warren Hastings, en 1787.

Ses dix dernières années furent surtout consacrées à des activités littéraires. Il écrivit les livrets de deux opéras comiques et produisit en 1786 sa meilleure comédie, The heiress, qui fut populaire tant en Grande-Bretagne que sur le continent. Après la mort de sa femme, en 1776, Burgoyne eut quatre enfants illégitimes de sa maîtresse, Susan Caulfield.

Burgoyne est presque l’exemple type de l’homme public anglais du xviiie siècle. Comme soldat, écrivain et homme politique, il avait quelque talent, mais pas de génie. Dans une société où les relations influentes étaient la seule chose qui comptât, les siennes se révélèrent efficaces, mais le portèrent au delà de son niveau de compétence. Les historiens discutent encore de ses mérites, ou de son manque de mérites, mais, comme il est généralement admis que Saratoga fut le point tournant de la Révolution américaine, Burgoyne reste bien connu pour avoir été le général qui perdit cette campagne.

James Stokesbury

[John Burgoyne], The dramatic and poetical works of the late Lieut. Gen. J. Burgoyne ; to which is prefixed, memoirs of the author [...] (2 vol., Londres, 1808) ; Orderly book of LieutGen. John Burgoyne from his entry into the state of New York until his surrender at Saratoga, 16th Oct., 1777 [...], E. B. O’Callaghan, édit. (Albany, N.Y., 1860) ; A state of the expedition from Canada [...] (Londres, 1780 ; réimpr., New York. 1969).

[Roger Lamb], An original and authentic journal of occurrences during the late American war, from its commencement to the year 1783 (Dublin, 1809). Boatner, Encyclopedia of American revolution.— DNB.— The Oxford companion to English literature, Paul Harvey, compil. (4e éd., révisée par Dorothy Eagle, Oxford, 1967). E. B. De Fonblanque, Political and military episodes [...] derived from the life and correspondence of the Right Hon. John Burgoyne [...] (Londres, 1876). F. J. Hudleston, Gentleman Johnny Burgoyne : misadventures of an English general in the revolution (New York, 1927). Hoffman Nickerson, The turning point of the revolution, or Burgoyne in America (2 vol., Boston et New York, 1928 ; réimpr., Port Washington, N.Y., 1967). W. M. Wallace, Appeal to arms – a military history of the American revolution (New York, 1951).— C. [L.] Ward, The war of the revolution, J. R. Alden, édit. (2 vol., New York, 1952).

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James Stokesbury, « BURGOYNE, JOHN (Gentleman Johnny) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burgoyne_john_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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