SPENCER, HAZELTON, officier, fonctionnaire, homme politique, juge et officier de milice, né le 29 août 1757 à East Greenwhich, Rhode Island, fils de Benjamin Spencer et de Mercy Potter ; vers 1787, il épousa Margaret Richards, fille du loyaliste John Richards, et ils eurent six fils et trois filles ; décédé le 6 février 1813 dans le canton de Fredericksburgh (canton de North and South Fredericksburgh, Ontario).

Aux environs de 1767, Benjamin Spencer quitta le Rhode Island pour aller s’établir avec sa famille dans le Vermont ; en 1775, ils vivaient dans ce qui est aujourd’hui le canton de Durham. Membre de l’assemblée provisoire du Vermont, Benjamin fuit les rebelles avec son fils Hazelton en 1777, laissant derrière lui le reste de la famille. Ils rallièrent en juillet les forces britanniques commandées par John Burgoyne* ; en novembre, au moment où ils faisaient route pour le Canada, Benjamin mourut. L’année suivante, furent confisquées les 300 acres de terre que la famille possédait dans le Vermont et qui seraient par la suite évaluées à £3 000. Hazelton Spencer servit jusqu’en 1781, comme volontaire, dans le King’s Royal Regiment of New York de sir John Johnson* ; il reçut ensuite une commission de lieutenant dans le 2e bataillon. Le 1er mars 1781, son nom apparaît sur une liste de Loyalistes cantonnés à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec) ; il est qualifié de « chapelier ». En 1783, il était en garnison à Cataraqui (Kingston, Ontario) où, le 25 juin 1784, il se retira à la demi-solde ; par la suite, il prit une terre dans le canton de Fredericksburgh.

À l’instar de la plupart des autres officiers loyalistes, Spencer acquit une bonne étendue de terre. En 1792, son frère Abel et lui étaient au nombre des habitants éminents du Haut-Canada qui se virent octroyer des cantons entiers par le lieutenant-gouverneur Simcoe. Même si cette concession fut annulée plus tard, les propriétés foncières de Spencer, concédées ou achetées, totalisaient au moins 5 000 acres, dans les comtés de Lennox, d’Addington, de Prince Edward, de Northumberland et de Durham, et dans la ville de Kingston.

En janvier 1795, Spencer reçut une commission de capitaine dans le 2e bataillon du Royal Canadian Volunteer Régiment, récemment formé. Il fut promu major en 1797 et servit comme commandant de la garnison de Kingston de 1797 à 1800. Il commanda ensuite au fort George (Niagara-on-thé-Lake), de 1800 à 1802, année où son régiment fut licencié. Le 1er juin 1806, le lieutenant-gouverneur Francis Gore* le nomma, avec Thomas Dorland* et Archibald McDonell (MacDonell), commissaire chargé de faire prêter serment dans le district de Midland aux officiers à la demi-solde et jouissant de gratifications. De 1794 à sa mort, en 1813, Spencer fut aussi colonel du 1er bataillon de milice de Lennox.

Membre de l’’Église d’Angleterre, Spencer fut pendant plusieurs années marguillier de St Paul’s, à Fredericksburgh. Il appartenait également à la loge maçonnique no 7. Comme beaucoup de Loyalistes, il possédait des esclaves [V. Jack York*].

On ne sait à peu près rien des premières années et des études de Spencer. Toutefois, il était considéré comme un homme compétent et de bonne réputation dans les débuts du Haut-Canada. Il fut nommé juge de paix du district de Mecklenburg le 16 octobre 1790. Le 1er janvier 1800, il reçut sa première commission de juge de paix pour le district de Midland ; la dernière allait porter la date du 16 mars 1808. La magistrature du district de Midland se réunissait, à des fins administratives et judiciaires, à la Cour des sessions trimestrielles, laquelle siégeait alternativement à Adolphustown et à Kingston. Les responsabilités militaires de Spencer le tinrent éloigné du district de 1800 à 1802 ; il assista à 6 des 15 sessions de la cour, de 1800 à 1804 ; de 1807 à 1813, il fut présent à 13 sessions sur 25 – beaucoup plus assidu, en fait, que ses collègues Thomas Dorland, Ebenezer Washburn* et Joshua Booth Le 16 juillet 1792, il avait eu de nouvelles responsabilités en accédant, en compagnie de Booth, d’Alexander Fisher, d’Archibald McDonell et de Peter Van Alstine, au conseil des terres de Lennox et Addington, Hastings et Prince Edward. Les conseils de comté furent abolis le 6 novembre 1794. Entre-temps, le 2 septembre 1793, Spencer avait été nommé juge de district du tribunal des successions et tutelles, lequel homologuait les testaments et délivrait des lettres d’administration. Il démissionna de ce tribunal peu après le 7 novembre 1795, sur les instances de Simcoe, parce que sa nouvelle commission militaire l’aurait empêché d’y siéger régulièrement. Alexander Fraser lui succéda le 6 juillet 1796. Le 2 septembre 1797, Spencer fut nommé membre de la première commission des héritiers et légataires du district de Midland ; il fut reconduit dans ses fonctions le 21 juillet 1800. Il n’assista qu’à une seule des quatre séances, pour la période du 16 septembre 1802 au 3 septembre 1803.

En 1792, Spencer avait été élu à la chambre d’Assemblée comme député de la circonscription de Lennox, Hastings and Northumberland. Son élection au premier Parlement ne se passa pas sans incident. Le 2 septembre 1792, Ebenezer Washburn jura devant un magistrat que Spencer avait été « élu grâce à la partialité du directeur du scrutin ». Spencer passa des commentaires peu flatteurs sur le caractère de Washburn – ce dernier l’ayant faussement accusé d’avoir usurpé certains de ses biens en 1786. Les remarques de Spencer lui attirèrent une poursuite judiciaire, le 15 janvier 1793, devant la Cour des plaids communs ; cette affaire atteignit son sommet le 30 mars 1793, jour où Washburn dut se retirer, par suite de son incapacité à produire des témoins de l’extérieur du district. On connaît mal le travail de Spencer à l’Assemblée, mais, en 1794, Simcoe le décrivait comme « un des députés les plus respectables ». En juillet 1796, Simcoe désignait Spencer, Hugh McDonell* (Aberchalder) et Hector McLean à titre de substituts de Richard Cartwright, de John McDonell (Aberchalder) et de John Munro*, les commissaires nommés en 1794 – et reconduits dans leurs fonctions deux ans plus tard – pour négocier avec le Bas-Canada une entente sur le partage des douanes perçues dans le port de Québec.

La nomination qui reflète le mieux la notoriété de Hazelton Spencer dans la région, de même que l’estime dans laquelle le tenait Simcoe, fut celle de lieutenant du comté de Lennox, le 23 juin 1794. Cette charge, modelée sur celle des lords-lieutenants de comté, en Angleterre, Simcoe la concevait comme un moyen « de gratifier d’un juste pouvoir cette aristocratie légitime dont l’expérience des siècles a prouvé la nécessité pour l’équilibre et la permanence de sa forme inestimable de gouvernement ». Selon la coutume britannique, le poste était conféré à ceux « qui paraiss[aient] les plus respectables [...] de par leurs biens, leur loyauté, leur compétence [...] et qui, par cette union des biens et des qualités personnelles, acqu[éraient] ce poids, ce respect et cette confiance du public qui [faisaient] d’eux les appuis naturels de l’autorité constitutionnelle ». Les premières nominations, dans le Haut-Canada, avaient été faites en 1792, puis de nouvelles à mesure que les autres comtés se peuplaient suffisamment. Ordinairement, les lieutenants étaient choisis parmi les conseillers législatifs ou les hauts gradés de la milice locale. Ils avaient pour tâches de surveiller la magistrature et la milice, de nommer ou de recommander les magistrats, et de nommer les officiers de milice, sous réserve de l’approbation du lieutenant-gouverneur. Cette expérience échoua. Les lieutenants étaient nommés à vie, mais aucune nouvelle nomination ne fut faite après 1807 ; à la suite des modifications à la loi sur la milice, ce poste était devenu largement honorifique en 1812.

J. K. Johnson

AO, MU 3054, « Returns of loyalists quartered at St. Johns, Canada, March 1st, 1781 [...] » ; RG 1, A-II-1, 1 : 217 ; A-II-5, 2, 16 sept. 1802, 2 mai, 1er, 3 sept. 1803 ; RG 22, set. 04, 6 : 15, 30 janv. 1793 ; set. 54, 1–2 ; RG 53, set. 2–2, 2 : f.245.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 306 : 150 ; MG 24, D49 ; RG 1, L3, 447a : S misc/10 ; 448 : S1/158 ; 450 ; 451 ; 452 ; 453 ; 494 : S misc., 1788–1795/140 : 1788–1795/140 ; RG 5, A1 : 2178–2179 ; RG 68, General index, 1651–1841 : ff.248, 250, 292, 329, 406, 411, 419–420, 538, 542.— Lennox and Addington County Museum (Napanee, Ontario), Lennox and Addington Hist. Soc. Coll., T. W. Casey papers : 11411–11416 (mfm aux APC).— MTL, William Dummer Powell papers, B85 : 66s. ; B87 : 21.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank), 1 : 245 ; 2 : 297s. ; 3 : 47, 234s., 259 ; 4 : 131, 327 ; 5 : 234, 327.— Kingston before War of 1812 (Preston), 210.— « Notes on land tenure in Canada to A.D. 1800 », AO Report, 1905, cviii.— « Rev. John Langhorn’s records, 1787–1813 : burials », OH, 1 (1899) : 63.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 421, 460. –« U.C. land book C », AO Report, 1931 : 35, 91.— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology, 58.— Reid, Loyalists in Ont., 305.— J. R. Robertson, The history of freemasonry in Canada from its introduction in 1749 [...] (2 vol., Toronto, 1900), 1 : 402.— T. W. Casey, « Our first representatives in parliament », Lennox and Addington Hist. Soc., Papers and Records (Napanee), 4 (1912) : 29–33.

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J. K. Johnson, « SPENCER, HAZELTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/spencer_hazelton_5F.html.

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Auteur de l'article:    J. K. Johnson
Titre de l'article:    SPENCER, HAZELTON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    20 nov. 2024