WILLIAMS, GRIFFITH, officier et écrivain ; en 1771, il était marié à Ann Fothersall, et ils eurent trois filles ; décédé le 18 mars 1790 à Woolwich (Londres). Son frère John était marchand à St John’s, Terre-Neuve, en 1785.

Griffith Williams s’enrôla comme simple soldat de l’artillerie royale en janvier 1743 et devint cadet de la Royal Military Academy à Woolwich l’année suivante. On est mal renseigné sur les quelques années qui suivirent ; d’après une brochure qu’il rédigea plus tard, il se trouvait à Terre-Neuve à partir de 1744 environ ; une autre source indique cependant qu’il fut sous-ingénieur supplémentaire en Caroline du Sud et en Géorgie de 1744 à 1749. Quoi qu’il en soit, en octobre 1749, Williams, alors lieutenant artificier d’artillerie, était en garnison dans le petit village de pêcheurs de Carbonear, Terre-Neuve ; en 1750, il était muté à St John’s. Chose plutôt inusitée pour un officier, Williams s’intéressa vivement à la pêche et à l’agriculture ; en fait, l’historien terre-neuvien Daniel Woodley Prowse* le considère comme un des pionniers de l’agriculture dans l’île. Lorsqu’il quitta Terre-Neuve, il avait obtenu et défriché une concession de terre à Quidi Vidi.

En 1758, Williams, devenu premier lieutenant, fut envoyé en Europe où il participa à la bataille de Minden (République fédérale d’Allemagne) l’année suivante. En 1763, il était capitaine d’une compagnie d’artillerie et fut affecté pendant deux ans à diverses garnisons de Londres. Il continua pendant ce temps à s’intéresser à Terre-Neuve. Il prétendit avoir perdu plus de £2 000 en bétail, bâtiments et récoltes au cours de l’attaque des Français à Terre-Neuve en 1762 [V. Charles-Henri-Louis d’Arsac de Ternay] et, pendant plusieurs années, il adressa, en vain semble-t-il, des requêtes au gouvernement britannique pour se faire indemniser. Après le départ de Williams pour l’île en 1765, où il retournait en qualité de commandant d’artillerie, un de ses amis fit publier à Londres, durant la même année, ses notes sur la pêche dans une brochure intitulée An account of the Island of Newfoundland [...]. Williams servit encore huit ans à Terre-Neuve et, pendant cette période, explora la presqu’île d’Avalon et défendit le missionnaire Edward Langman de l’Église d’Angleterre contre les accusations de ses paroissiens. Williams et son épouse reçurent d’autres concessions de terre et poursuivirent leurs travaux de culture.

En juin 1773, Williams quitta Terre-Neuve et retourna en service de garnison en Angleterre. Promu major et envoyé avec les renforts destinés au Canada et commandés par Burgoyne, Williams fit les campagnes de 1776 et 1777 et assuma de facto le commandement de l’artillerie au cours de l’expédition de Burgoyne jusqu’au moment où il fut fait prisonnier à la bataille de Bemis Heights (près de Schuylerville, New York), le 17 octobre 1777. Libéré en 1780, il fut, pendant un certain temps, major de brigade de la garnison de New York. En 1782, devenu lieutenant-colonel, Williams, envoyé à Gibraltar, assuma le commandement de l’artillerie au cours des dernières phases du siège. En décembre de la même année, il fut promu colonel. L’année suivante, il se vit confier le commandement de la garnison de l’artillerie royale de Woolwich, charge qu’il occupa jusqu’en 1786, puis de juillet 1789 jusqu’à sa mort.

L’importance de Williams dans l’histoire du Canada ne tient pas à sa carrière assez peu spectaculaire d’officier mais à sa brochure. C’est un document intéressant et une des rares sources non officielles de renseignements sur Terre-Neuve au xviiie siècle. Au moment de sa publication, les gouvernements britanniques et français se disputaient les droits de leurs pêcheurs sur la côte française du nord de Terre-Neuve et Williams souhaitait visiblement que sa brochure fasse valoir au public britannique la nécessité de garantir les droits de pêche de la Grande-Bretagne dans la région. S’appuyant sur des statistiques douteuses qui, de toute évidence, ne pouvaient être vérifiées, il prétendait que de 1745 à 1752 les pêcheries de Terre-Neuve avaient rapporté annuellement £1 000 000 à la Grande-Bretagne et seulement un sixième de ce montant au cours des années 1760. Williams attribuait cette diminution au manque de garnisons convenables, à partir de 1750, qui décourageait les négociants britanniques de faire la compétition aux Français sur la côte française parce qu’ils ne pouvaient compter sur un appui en cas de différends. Il est peu probable, cependant, que la présence de garnisons aurait pesé beaucoup dans l’attitude des négociants ; le déclin, noté par Williams, était probablement le résultat de l’appauvrissement des pêcheries attribuable aux pêches intensives des années 1740. De plus, au cours des années 1750 et 1760, les pêcheurs britanniques accordèrent moins d’importance à la côte septentrionale et entreprirent l’exploitation du Grand-Banc de Terre-Neuve, plus riche. Williams, pourtant, s’en prenait énergiquement aux gouverneurs maritimes ; il reprochait la négligence de leur estimation des prises saisonnières qu’ils évaluaient souvent au tiers de la réalité. Il proposait également des innovations intéressantes, dont l’institution d’un poste de gouverneur résidant, une modification à la loi qui permettrait aux pêcheurs de passer l’hiver sur l’île, et une diminution des prix de l’équipement et de la nourriture nécessaires aux pêcheurs. Tout compte fait, la brochure témoigne bien de certains aspects de la situation à Terre-Neuve au xviiie siècle.

Stuart R. J. Sutherland

Griffith Williams est l’auteur de : An account of the Island of Newfoundland [...] (Londres, 1765).

Cathedral of St John the Baptist (Anglican) (St John’s), parish registers, 1752–1800, 1, ff.2, 4.— PRO, Adm. 80/121, f.108 ; CO 194/12, ff.123–124, 196 ; 194/13, ff.31, 74, 137, 184, 207, 234 ; 194/14, ff.10, 28 ; 194/16, f.193 ; 194/20, f.19 ; 194/23, ff.325, 341 ; 194/28, ff.97, 118 ; 194/30, f.113 ; Prob. 11/1 190, f.176.— USPG, B, 6, nos 165, 169.— Gentleman’s Magazine, 1790, 373.— Battery records of the Royal Artillery, 1716–1859, M. E. S. Laws, compil. (Woolwich, Angl., 1952), 27–52.— G.-B., WO, Army list, 1756–1790.— Officers of the Royal Regiment of Artillery, John Kane, compil. (4e éd., Londres, 1900), 4, 4a, 169.— J. P. Baxter, The British invasion from the north : the campaigns of generals Carleton and Burgoyne from Canada, 1776–1777 [...] (Albany, N.Y., 1887), 286s.— John Drinkwater [Bethune], A history of the siege of Gibraltar, 1779–1783 [...] (10e éd., Londres, 1861), 155.— Francis Duncan, History of the Royal Artillery, compiled from the original records (2 vol., Londres, 1872–1873), I : 315, 330, 389.— C. G. Head, Eighteenth century Newfoundland : a geographer’s perspective (Toronto, 1976).— Porter, History of Royal Engineers, I : 166.— Prowse, History of Nfld. (1895), 296s., 427.

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Stuart R. J. Sutherland, « WILLIAMS, GRIFFITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/williams_griffith_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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