FISHER, FINLAY, instituteur, né vers 1756 à Dunkeld, Écosse ; décédé le 14 janvier 1819 à Montréal.

En juin 1775, Finlay Fisher et son frère Alexander quittaient l’Écosse pour aller s’installer dans la colonie de New York, où Finlay commença d’exploiter une ferme dans le comté de Charlotte (Washington). En juin 1777, les deux frères se joignaient aux troupes du major général John Burgoyne* et, en octobre, ils étaient faits prisonniers lors de la bataille de Bemis Heights (près de Schuylerville, New York). Libérés conformément à la convention signée après la défaite britannique, ils vinrent à Montréal à peu près en même temps que leurs cousins Duncan, James, John et Alexander Fisher. Finlay et son frère prétendirent avoir perdu £150 2 shillings 6 pence lorsqu’ils furent obligés d’abandonner leur ferme.

En 1778, Fisher fonda ce qui fut apparemment la seconde école de langue anglaise de Montréal, la première ayant été mise sur pied cinq ans plus tôt par John Pullman. En 1780, Fisher se joignit à un dénommé B. Macho pour ouvrir une école où ils enseigneraient la lecture, l’écriture, l’orthographe, l’arithmétique et la tenue de livres, aussi bien que l’anglais, le français, le latin, l’italien, l’espagnol, l’allemand et la grammaire hollandaise, et où ils offriraient en plus des leçons particulières. Les honoraires de Fisher lui assurèrent sans doute la prospérité puisqu’en 1783, il loua une maison rue Saint-Paul pour la somme élevée de £60 par année. Toujours en 1783, il partagea le salaire de £100 réservé à un instituteur à Montréal ; le révérend John Stuart reçut £50, Fisher et un autre Écossais du nom de Christie £25 chacun. Ce dernier partit la même année, mais sa part ne fut transférée à Fisher qu’en mai 1786. Celui-ci était assez à l’aise pour contracter un prêt de £137 en 1789. En décembre, il invita le public à visiter chez lui l’exposition des travaux de ses élèves ; selon la Gazette de Montréal, « ce divertissement utile et intéressant eut l’heur de plaire grandement » aux visiteurs.

En 1790, Fisher enseignait à 42 élèves, âgés de 6 à 15 ans, qui, à l’exception de 7 écoliers admis gratuitement, payaient soit 6 shillings 6 pence, soit 7 shillings 6 pence par mois. Il enseignait la plupart des sujets offerts dix ans plus tôt avec Macho, mais avait ajouté la géométrie, la géographie, la navigation et l’arpentage. Son école fonctionnait « selon le vieux modèle écossais [...] les enfants presbytériens apprenant le catéchisme, et tous les élèves répétant un psaume ou une paraphrase, chaque lundi matin ». En 1791, l’école de Fisher comptait parmi les 17 écoles anglophones ou bilingues où enseignaient des professeurs protestants et qui desservaient une population protestante d’environ 10 000 âmes dans la colonie. D’après David Chabrand* Delisle, rector de l’Église d’Angleterre à Montréal, les Canadiens, qui n’avaient que 40 écoles pour une population de 160 000, « préféraient les écoles anglaises aux leurs », mais seulement quelques-uns pouvaient se permettre de les fréquenter. Peu après l’adoption, en 1801, d’une loi créant les premières écoles publiques administrées par l’Institution royale pour l’avancement des sciences, celle de Fisher fut intégrée à ce système.

Fisher semble avoir continué de prospérer et, en janvier 1818, il acquit une maison de pierre à un étage rue Saint-Joseph (rue Saint-Sulpice) pour l’imposante somme de £1 140 quoiqu’il ne la payât pas comptant. Il loua cette résidence et lui-même habitait une « spacieuse » maison de pierre à deux étages dans la même rue.

Jusqu’en 1792 au moins, Finlay Fisher fut membre de la congrégation protestante, un groupe anglican, mais, en 1791, après l’arrivée du révérend John Young*, une congrégation presbytérienne fut créée, et Fisher en fit aussi partie. Il mourut, apparemment célibataire, le 14 janvier 1819. Selon la Gazette de Québec, il fut « beaucoup regretté et à juste titre » comme « l’une de ces personnalités édifiantes qui s’acquittaient des divers devoirs importants d’un maître de la jeunesse avec une fidélité qui ne peut manquer de gagner l’approbation de tout bon membre de la société ».

J. Keith Jobling

ANQ-M, CN1-187, 31 janv. 1818.— ANQ-Q, CN1-284, 8 juin 1789.— APC, MG 23, HII, 1, vol. 1 :403–405 ; RG 1, L3L : 66353 ; RG 4, B 17, 25, 25 juill. 1805.— BL, Add. mss 21877 : 265–266v.— PCA, St Gabriel Street Church (Montréal), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 18 janv. 1819 (mfm aux ANQ-M).— PRO, AO 12/27 : 227, 237 (mfm aux APC) ; AO 13, bundle 12 : 414–417 ; CO 42/71 : ff.289v.–291v., 471, 482.— P. Campbell, Travels in North America (Langton et Ganong), 119.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 362s.— La Gazette de Montréal, 31 déc. 1789, 19 déc. 1793, 20, 29 janv., 3, 10 févr. 1819.— La Gazette de Québec, 15 juin 1780, 16 juill. 1789, 19 juill. 1792, 25 juill. 1799, 1er août 1805, 19 nov. 1818, 18 janv., 18 févr. 1819.— Kelley, « Church and state papers », ANQ Rapport, 1948–1949 : 329, 337.— « Les maîtres d’écoles de l’Institution royale de 1801 à 1834 », Ivanhoë Caron, compil., BRH, 47 (1941) : 22.— L.-P. Audet, Histoire de l’enseignement au Québec (2 vol., Montréal et Toronto, 1971), 1 : 269, 325, 343 ; Le système scolaire, 2 : 137, 139, 345.— R. Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 238. Douglas Brymner, « Rapport sur les archives canadiennes », APC Rapport, 1889 : xxi-xxiii.— Massicotte, « Les Chaboillez », BRH, 28 : 274.

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J. Keith Jobling, « FISHER, FINLAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_finlay_5F.html.

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Auteur de l'article:    J. Keith Jobling
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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