FISHER, DUNCAN, cordonnier, né vers 1753 dans la paroisse de Little Dunkeld, Écosse, probablement fils de Duncan Fisher, fermier, et de Christian (Christen) Creighten ; décédé le 5 juillet 1820 à Montréal.

Duncan Fisher s’établit comme fermier près d’Argyle, dans la colonie de New York, en 1773. En juillet 1777, il fut recruté pour transmettre des dépêches verbales au major général John Burgoyne* à Skenesborough (Whitehall) ; il continua de servir à titre de volontaire, sans solde, jusqu’à la convention signée près de Saratoga (Schuylerville), le 17 octobre. Il partit ensuite pour Montréal, où il rejoignit probablement son frère James, trafiquant de fourrures. Leurs frères John, marchand, et Alexander, hôtelier, de même que leurs cousins Finlay Fisher, maître d’école, et Alexander Fisher se fixèrent apparemment dans cette ville à la même époque. En 1783, Duncan exerçait le métier de cordonnier. L’année suivante, Finlay et lui furent au nombre des signataires d’une pétition demandant que l’on accordât une chambre d’assemblée à la colonie. Au début des années 1790, on qualifiait Duncan et ses frères Alexander et John de « gentilshommes du Nord-Ouest ». On n’a retrouvé aucune autre preuve que Duncan ait participé directement à la traite des fourrures ; toutefois, il était l’un des fournisseurs de la firme McTavish, Frobisher and Company, engagée dans la traite des fourrures [V. Joseph Frobisher ; Simon McTavish]. De toute évidence, les affaires de Fisher prospérèrent, car, en juin 1793, il versait la somme impressionnante de 18 000# (environ £900) pour une maison située rue Saint-Paul et appartenant à la succession de Marie-Anne Hervieux, veuve du marchand Jean-Baptiste Le Comte* Dupré. De 1792 à 1803, Fisher fit plusieurs requêtes, à titre de loyaliste, pour obtenir des terres dans différentes parties de la province. Il avait en cela l’appui de personnages aussi éminents qu’Alexander Auldjo*, James McGill, John Richardson*, et sir John Johnson*. Finalement, en 1802, il obtint 1 200 acres dans le canton de Roxton.

Après son arrivée à Montréal, Fisher donna son appui à la congrégation protestante anglaise, dont beaucoup d’Écossais étaient membres [V. David Chabrand* Delisle]. Dès 1785, toutefois, il souscrivait de l’argent en vue de l’établissement d’une congrégation presbytérienne, qui allait célébrer son premier service le 12 mars 1786, après l’arrivée du révérend John Bethune. Ce dernier ayant quitté Montréal en 1787, il semble que les presbytériens assistèrent aux offices du culte dans la future Christ Church jusqu’en 1791, année où le presbytérianisme s’implanta de façon permanente après l’arrivée du révérend John Young*, qui venait de l’état de New York. Une congrégation appelée Society of Presbyterians vit le jour et, le 8 mai 1791, Fisher fut élu, en compagnie de Richard Dobie et de 16 autres, membre du premier comité des affaires séculières. Cette même année, Fisher entreprit une correspondance avec le consistoire d’Albany, dans l’état de New York, pour s’assurer les services de Young à titre d’« intérimaire avec autorisation ». En d’autres mots, Young devait remplir les fonctions de pasteur, bien qu’il n’eût été officiellement ni désigné à ces fonctions ni installé dans ce poste. En 1791 encore, le comité des affaires séculières confia à Fisher la tâche de trouver un lot sur lequel pourrait être construite l’église, et d’en négocier l’achat. En avril 1792, on acquit enfin un terrain rue Saint-Philippe (rue Saint-Gabriel) et on commença d’y construire une église. Fisher était membre du comité de construction. Entre-temps, la congrégation tenait ses offices, selon le rite de l’Église d’Écosse, dans une église de la rue Notre-Dame, que les récollets avaient mise à sa disposition. Le 7 octobre 1792, Young fut en mesure, pour la première fois, de présider l’office divin dans la nouvelle église, appelée Scotch Presbyterian, qu’on connaîtrait plus tard sous le nom d’église St Gabriel Street. Elle avait coûté £850 et pouvait contenir 650 personnes assises ; mais la construction ne devait en être achevée que 25 ans plus tard, et le coût total devait atteindre £2 268. On nomma Fisher un des dix fiduciaires qui détenaient les biens de la congrégation au nom de cette dernière, et il participa à l’administration du fonds d’amortissement de l’hypothèque. Il fut élu au nombre des premiers conseillers presbytéraux de la congrégation et conserva cette fonction jusqu’à sa mort. Pendant un certain temps, il assuma les fonctions de secrétaire du tribunal ecclésiastique, qui réunissait le ministre et les conseillers presbytéraux ; c’était le plus haut poste que pouvait détenir un laïc au sein de la congrégation.

En 1802, Young, qui était alcoolique, dut démissionner, et Fisher, avec la plupart des principaux marchands écossais, appuya l’invitation qu’on fit à James Somerville* de lui succéder. Somerville n’étant encore qu’un aspirant au pastorat, le consistoire de Montréal fut remis en place en septembre 1803 aux fins de l’ordonner. Ce consistoire était formé de Bethune, d’Alexander Spark, ministre à Québec, et de Fisher, qui représentaient l’Église presbytérienne écossaise. Somerville devint dès lors le premier ministre régulièrement intronisé de cette congrégation. Cependant, le « clan américain » au sein des fidèles de l’église, qui aurait préféré un autre candidat, Robert Forrest, se regroupa en une nouvelle congrégation et conserva les clés de l’église. Fisher fut l’un de ceux que nomma le « clan écossais » pour assurer ses droits, et les délégués réussirent à recouvrer les clés.

Le 27 février 1783, au cours d’une cérémonie presbytérienne, à Montréal, Duncan Fisher avait épousé Catherine Embury, fille de Philip Embury, fondateur du méthodisme aux États-Unis. Il semble que Catherine se révéla aussi fermement méthodiste que son mari était presbytérien, et elle éleva leurs enfants selon les principes méthodistes. Elle contribua à établir sa dénomination religieuse à Montréal et fit partie de la congrégation méthodiste wesleyenne (église méthodiste St James Street) après sa fondation en 1809. Les Fisher eurent cinq filles, dont une mourut en bas âge, et quatre fils. Les filles étaient réputées pour leur beauté et, comme Fisher avait apparemment acquis une assez bonne fortune et que sa femme et lui étaient parvenus socialement aux premiers rangs dans leur dénomination respective, les filles purent faire d’excellents mariages. L’aînée, Jannet, épousa le révérend John Hick, qui collabora à l’instauration du méthodisme dans la ville ; Margaret épousa successivement les marchands William Hutchison et William Lunn* ; la troisième, Elizabeth, épousa un autre marchand, John Torrance* ; et Nancy, la cadette, épousa John Mackenzie, lui aussi homme d’affaires. Les filles de Nancy épousèrent le révérend Alexander Mathieson* et le marchand Robert Esdaile. Un des fils des Fisher, Duncan, devint un avocat éminent de Montréal et il épousa la veuve Budden, mère d’Edwin Henry King*, président de la Banque de Montréal. Ainsi les descendants de Duncan Fisher accédèrent à certaines des places les plus importantes dans la société montréalaise, et lui-même est à l’origine de quelques-unes des principales familles de cette ville au xixe siècle.

Frederick H. Armstrong

ANQ-Q, CN1-83, 5 oct. 1793.— APC, MG 23, GIII, 32 ; RG 1, L3L : 417, 5243, 21086, 41917s.— PCA, St Gabriel Street Church (Montréal), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 5 juill. 1820 (mfm aux ANQ-M).— St Andrew’s Presbyterian Church (Williamstown, Ontario), Reg. of baptisms and marriages, 27 févr. 1783, 13 mars 1785 (mfm aux APC).— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 1 106s.— Montreal Gazette, 12 juill. 1820.— Montreal Herald, 8 juill. 1820.— DAB (entrée à Embury, Philip).— W. H. Atherton, Montreal, 1535–1914 (3 vol., Montréal et Vancouver, 1914), 2 : 93s.— R. Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 69s., 72–75, 77, 81, 126.— J. S. Moir, Enduring witness ; a history of the Presbyterian Church in Canada ([Hamilton, Ontario, 1974]), 49s., 64s.

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Frederick H. Armstrong, « FISHER, DUNCAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_duncan_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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