STIRLING (Sterling), DAVID, architecte et entrepreneur, né le 6 décembre 1822 à Galashiels (région de Borders, Écosse), fils de James Stirling, maçon, et de Margaret Sanderson ; le 8 avril 1852, à Pictou, Nouvelle-Écosse, il épousa Jane Fullerton, puis, le 1er décembre 1869, Clara Richmond Lea, à Charlottetown, et ils eurent un fils ; décédé le 13 avril 1887 à Charlottetown.

Formé en Écosse, David Stirling immigra, vers 1847, en Amérique du Nord britannique où, au cours de sa longue carrière, il dessinera les plans et dirigera la construction de toutes sortes d’édifices de styles divers. Dans sa nouvelle patrie, il consacra ses premières années à chercher où gagner sa vie. Stirling s’installa d’abord à St John’s, où l’on s’occupait de reconstruire lentement la ville après le grand incendie de 1846 ; il y fit les plans d’un bel édifice pour la Banque de l’Amérique septentrionale britannique. En avril 1850, il déménagea à Halifax, où il dessina bientôt les plans d’une autre succursale de la même banque, d’une halle et de magasins dans la rue Hollis. Cinq ans plus tard, Stirling fut attiré vers l’établissement écossais de Pictou, Nouvelle-Écosse, pour y faire les plans du palais de justice du comté de Pictou. À Toronto, où il s’installa ensuite, il travailla pour la firme Cumberland and Storm [V. Frederic William Cumberland ; William George Storm*] à l’imposante section centrale d’Osgoode Hall exécutée entre 1857 et 1860. Jugeant que les travaux de préparation des plans et la direction des constructions ne pouvaient pas lui assurer un revenu décent, Stirling se tourna par deux fois vers l’industrie. En 1851, il se joignit au maçon George Lang pour ouvrir l’Albert Freestone Quarries, dans le comté d’Albert, au Nouveau-Brunswick, et, dix ans plus tard, il devint l’un des associés de la Chatham Foundry, à Chatham, Haut-Canada.

Mais, avant tout, c’est à l’architecture que s’intéressait Stirling. Après avoir posé sans succès sa candidature comme conducteur des travaux des édifices du parlement, à Ottawa, il retourna à Halifax en 1862, au moment où cette ville connaissait un boom dans le domaine de la construction. Associé avec William Hay, qu’il avait connu comme conducteur des travaux de la cathédrale St John the Baptist, à St John’s, et comme architecte en vue et frère franc-maçon à Toronto, Stirling se trouva en bonne position pour profiter de ce boom. Ensemble, Hay et Stirling menèrent à bien au moins dix projets : commerces, institutions, maisons privées, édifices publics. Ils construisirent, entre autres, le Halifax Club (1862), la résidence d’Alexander Keith* (dessinée en 1863) et le nouveau Provincial Building (1863), qui attestent de l’habileté avec laquelle ces architectes tiraient parti des éléments du style inspiré de l’architecture italienne de la Renaissance, alors à la mode. Théoriquement, Hay était le principal associé ; en pratique, les documents de l’époque attribuaient souvent les travaux de la firme, et même les plans et dessins, à Stirling. En 1863, selon l’Evening Express de Halifax, son « talent comme architecte [était] trop bien connu pour qu’il [fût] nécessaire d’en faire l’éloge ». Après le départ de Hay, vers 1865, Stirling garda son propre bureau et accepta des contrats à Halifax, tels les édifices abritant le Poors’ Asylum (1867) et la School for the Blind (1868), l’église presbytérienne de Fort Massey (1870), la plus connue de ses quelques églises locales, et, à Charlottetown, les édifices abritant la Bank of Prince Edward Island (1867) et le bureau de poste (1871).

En 1870, Stirling était solidement établi comme architecte dans les Maritimes, et il s’était associé un dessinateur de Halifax, Andrew Dewar. En plus d’avoir réalisé d’autres projets, tant ecclésiastiques que résidentiels, la firme de Stirling et de Dewar construisit les édifices imposants de la Young Men’s Christian Association (1875) et du Masonic Hall (1875), lesquels amèneront Dewar, en 1877, à affirmer, non sans exagération, que la firme pouvait revendiquer la paternité de « tous les principaux édifices de Halifax ». En 1872, sur la recommandation de Charles Tupper*, le département fédéral des Travaux publics nomma Stirling architecte du dominion, en charge des travaux du gouvernement fédéral en Nouvelle-Écosse. À des contrats pour la conception architecturale d’édifices, comme le Pictou Customs and Inland Revenue Building (1872), s’ajoutaient l’évaluation d’emplacements, la direction de travaux de restauration et la vérification de contrats. Au milieu des années 1870, toutefois, la dépression économique avait brutalement réduit le nombre des contrats d’architecture à Halifax, et, en 1877, Stirling et Dewar durent mettre fin à leur association.

Même si Stirling continuait d’être favorisé par le gouvernement fédéral pour des travaux d’architecture en Nouvelle-Écosse, il fut amené à déménager à Charlottetown au début de 1877 à cause de la dépression et aussi du fait qu’il avait remporté le concours pour la conception de plans d’un asile d’aliénés dans cette ville. Il s’y associa bientôt à William Critchlow Harris*, jeune architecte talentueux qui avait fait son apprentissage dans le bureau de Stirling à Halifax de 1870 à 1875. Parmi les édifices que la firme fut chargée de construire, on compte la chapelle Hensley de King’s College, à Windsor, Nouvelle-Écosse (1877), et, à l’Île-du-Prince-Édouard, l’église presbytérienne d’Écosse St James, à Charlottetown (1877), et l’église méthodiste Tryon, à Tryon (1880). À titre d’architectes du dominion pour l’Île-du-Prince-Édouard, à partir de 1880, Stirling et Harris dirigèrent aussi les travaux de construction d’édifices publics, conçus par des architectes fédéraux, à Summerside, Charlottetown et Montague. En 1880, Stirling fut nommé architecte associé de la nouvelle Académie canadienne des arts, mais, au milieu des années 1880, le déclin de sa santé le força à se retirer de cette société et à s’en remettre davantage, pour les affaires de la firme, à son jeune associé.

En plus de son apport esthétique à l’architecture urbaine, alors en évolution, dans les provinces Maritimes, Stirling joua un rôle actif, sur le plan social, au sein des communautés dans lesquelles il vécut : il était franc-maçon, membre d’un organisme de bienfaisance, la North British Society de Halifax, et l’un des membres du conseil d’administration du Caledonia Curling Club, de Charlottetown. Si, en 1875, Critchlow Harris, père de William, ne considérait pas Stirling comme un « architecte de premier ordre », le Daily Patriot de Charlottetown le qualifiait, dans un article nécrologique, d’« architecte réputé ». Le nom de Stirling reste lié principalement aux beaux édifices encore existants qu’il construisit à Halifax pendant la décennie 1860, et aux églises de style néo-gothique dont, plus tard, il conçut les plans.

Susan Buggey et Garry D. Shutlak

APC, RG 11, B1(b), 683, 753(a) ; B2(b), 2 118 ; D2, 3 840–3 842, 3 844, 3 848, 3 855.— Arch. privées, R. C. Tuck (Charlottetown), William Critchlow Harris, Diary (mfm aux PANS).— General Register Office (Édimbourg), Registers for the parish of Galashiels, 3 avril 1815, 27 sept. 1818, 6 déc. 1822, 1er sept. 1824, 5 avril 1825.— PANS, MG 1, 68, box 50 ; MG 20, 232.— QUA, David Stirling, Notebook (copie aux PANS).— Canada, Dép. des Travaux publics, General report of the minister of public works from 30th June, 1867, to 1st July, 1882 [...] (Ottawa, 1883), xvii-xix.— Acadian Recorder, 15 juill. 1865, 16 mars 1867, 4 janv. 1868, 19 janv. 1880.— British Colonist (Halifax), 9 nov. 1869.— Daily Telegraph, 11 juill. 1877.— Evening Express (Halifax), 12 mai 1862, 30 oct., 9 nov., 28 déc. 1863, 15 janv., 17 oct. 1864, 26 avril 1865, 4 mai 1868, 20 avril 1870.— Examiner (Charlottetown), 2, 8 juin 1877, 13 avril 1887.— Halifax Evening Reporter, 31 janv. 1863, 11 févr. 1864, 19 mars 1870, 13 janv., 9, 15 oct. 1872, 4 juill. 1873, 24 mai 1875.— Novascotian, 29 avril, 9, 25 nov. 1850, 13 oct. 1851, 19 avril 1852.— Patriot (Charlottetown), 8 mai 1869, 14 avril 1887.— Halifax directory, 1863 ; 1869–1881.— N.S. directory, 1864–1867 ; 1868–1869 ; 1871.— Toronto directory, 1859–1860.— C. A. Hale, The early court houses of Nova Scotia (2 vol., Canada, Parcs Canada, Manuscript Report Series, n293, Ottawa, 1977), I : 93–115.— Irene Rogers, Reports on selected buildings in Charlottetown, P.E.I. (Canada, Parcs Canada, Manuscript Report Series, n269, Ottawa, 1976), 93–100, 209–214.— C. J. Taylor, The early court houses of Prince Edward Island (Canada, Parcs Canada, Manuscript Report Series, n289, Ottawa, 1977), 64s.— R. C. Tuck, Gothic dreams : the life and times of a Canadian architect, William Critchlow Harris, 1854–1913 (Toronto, 1978), 18, 20, 22–48, 66–68, 90, 231.— Susan Buggey, « Building Halifax, 1841–1871 », Acadiensis, 10 (1980–1981), n1 : 90–112.

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Susan Buggey et Garry D. Shutlak, « STIRLING (Sterling), DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stirling_david_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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