BUSCH, HENRY FREDERICK (baptisé Heinrich Friedrich), architecte, né le 6 janvier 1826 à Hambourg (Allemagne) ; le 27 décembre 1860, il épousa à Halifax Mary Victoria Skinner, et ils eurent six enfants ; décédé dans cette ville le 26 janvier 1902.

Tout ce que l’on sait des premières années de Henry Frederick Busch provient de témoignages familiaux. Selon ceux-ci, il fut employé par un constructeur à Hambourg, où il dessina des édifices à compter de 1844. Apparemment, il « passa quelques années en Autriche et en Pologne russe ». En 1847, il partit pour les États-Unis. À un moment donné, il alla dans le Kentucky, où les immigrants allemands étaient nombreux. C’est peut-être là qu’il se familiarisa avec l’emploi de la fonte et de la terre cuite, qui firent leur apparition dans l’architecture du Kentucky dans les années 1850.

Monté dans le nord en 1857 pour des raisons de santé, Busch s’établit à Chester, en Nouvelle-Écosse, où habitait son oncle Charles Walters (Walther), constructeur de bateaux. À l’instar de James Charles Philip Dumaresq, qui faisait aussi des plans et construisait des maisons de bois, Busch fut connu comme charpentier avant de se fixer à Halifax. Il fit des travaux à Chester et dans un village voisin, Hubbard’s Cove (Hubbards), où il fit la connaissance de sa future femme, Mary Victoria Skinner. Au moment de son mariage, il s’installa à Halifax et devint dessinateur chez l’architecte Henry Elliot. En 1861, il travailla aux épures de l’immeuble de la Union Marine Insurance Company et en surveilla la construction.

Lorsque Busch arriva à Halifax, l’architecture y était en pleine période de transition. À cause des trois gros incendies survenus entre 1857 et 1861, il fallait reconstruire des immeubles du quartier des affaires. En outre, du printemps de 1857 à 1863, la loi interdit aux constructeurs d’employer du bois dans le centre de la ville et les obligea à utiliser plutôt des matériaux ininflammables tels la brique, le minerai de fer argileux et la fonte. En même temps, peut-être à cause de cette loi, des architectes comme Elliot et David Stirling* s’imposèrent aux dépens de dessinateurs-constructeurs autodidactes tels Henry George Hill*. Hill et les autres continuèrent à bâtir, mais de plus en plus, la conception des édifices importants, l’établissement des devis et la supervision des chantiers passèrent à des architectes. Busch était en position de profiter de cette nouvelle conjoncture.

En février 1862, Elliot reconnaissait à Busch le mérite d’avoir conçu seul la transformation de l’ancien édifice de la Cour suprême, pour en faire la bibliothèque de l’Assemblée législative. Dès avril, les deux hommes étaient associés. Puis, en l’espace de quelques mois, ils dessinèrent les plans et surveillèrent la construction d’au moins cinq immeubles commerciaux de trois ou quatre étages, la plupart en brique, en pierre, en pierre réfractaire et en granit. Pendant l’été de 1863, le contrat de construction de la nouvelle prison du comté de Halifax leur fut adjugé ; ils utilisèrent de l’ardoise, du granit et du chêne. Vers 1864, l’un d’eux (ou les deux) dessina pour William Cunard les plans d’Oaklands, vaste maison de brique et de ferronnerie.

Elliot et Busch recevaient aussi des commandes plus imposantes. Certains de leurs ouvrages étaient somptueux et peut-être trop coûteux. En 1867, le Bureau des commissaires d’écoles de Halifax leur retira une commande parce qu’il était mécontent de la hausse des coûts. Les deux associés réalisèrent la Halifax Protestant Industrial School, bâtiment à pignons multiples, impressionnant par ses fenêtres cintrées, qui fut inauguré en 1871. L’église presbytérienne de la rue Tobin, qu’ils dessinèrent la même année et qui allait remplacer l’église St Andrew, était faite en grande partie en bois. Selon des contemporains, la « chaire de noyer richement sculptée » était « la plus belle pièce de sculpture religieuse » des Maritimes. En 1872–1873, Elliot et Busch remodelèrent une grande maison pour Charles William Black ; Henry J. Harris surveilla les travaux.

De 1868 à 1875, Busch fit plusieurs transactions immobilières, dont trois avec sa femme. Ces transactions et le fait que sa famille grossissait suggèrent qu’il était bien installé. En 1874, Busch devint sujet britannique. Trois ans plus tard, il s’établit à son compte. Il réalisa certains de ses plus beaux ouvrages dans la dizaine d’années qui suivirent. De style Second Empire, la Halifax High School, dont la construction a commencé en 1878, présente de beaux arcs de brique au-dessus des portes et des fenêtres, des touches contrastantes de brique jaune et des motifs complexes de brique décorative. La qualité de l’ensemble indique que, au moment où il avait quitté son associé, Busch maîtrisait l’utilisation de la brique. On ne peut pas en dire autant des entrepreneurs à qui il confia l’année suivante la construction de l’école normale de Truro selon ses plans, devis et épures. Peut-être les difficultés de ces entrepreneurs expliquent-elles pourquoi il ne reçut pas la totalité de ses honoraires, 1 736 $, soit 5 % du coût de l’immeuble, et dut réclamer le solde, 336 $, au premier ministre de la province, Simon Hugh Holmes*. Busch surveillait les chantiers, comme en témoignent les documents sur les travaux d’agrandissement qu’il réalisa en 1888 au Provincial and City Hospital de Halifax. Il dressa l’échéancier de construction des murs de brique, approuva les travaux de toiture, confirma le coût des chaudières (main-d’œuvre comprise), accepta une entente sur les systèmes de chauffage et de ventilation, et modifia les plans de la buanderie. Apparemment, il exécuta des tâches du même genre en tant qu’architecte du nouveau Poor’s Asylum de Halifax, en 1886.

Bien qu’il ait eu une prédilection pour la brique, Henry Frederick Busch continuait de dessiner des bâtiments de bois ouvragé. On lui doit par exemple le kiosque à musique des Public Gardens de Halifax, construit en 1887 à l’occasion du jubilé de la reine Victoria. En 1889, il recommença à faire des transactions immobilières. Dans les dix années suivantes, il en fit 15, souvent avec sa femme ou son fils Ernest. Au moment de son décès, il était propriétaire de trois maisons et de deux lots. Retraité depuis 1899, il resta en assez bonne santé jusqu’à quelques jours avant son décès. Son œuvre, faite d’édifices bien équilibrés où se marient des traits Second Empire et romans, n’est pas aussi imposante que celle de Stirling ou de Dumaresq. C’était cependant un architecte respecté, et une bonne partie de ses ouvrages, en bois et en brique, subsiste toujours.

Brian D. Murphy

Nous remercions Garry Shutlak, des PANS, de nous avoir fait profiter de ses notes de recherche.  [b. d. m.]

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, no 5568.— Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Deeds, vol. 140, 158–162, 168, 195, 197, 269–270, 279–280, 283, 303, 308, 313–315, 319–320, 323 (mfm aux PANS).— PANS, MG 100, 104, no 22 ; RG 7, 86, no 623 ; RG 18, A, 1, no 25A ; RG 25, B, 1 ; RG 32, 162, 27 déc. 1860 ; RG 35–102, Ser. 53A, juin 1867.— Acadian Recorder, 28 janv. 1902.— Evening Express (Halifax), 12 févr. 1862, 26 août 1863.— Halifax Herald, 29 janv. 1902.— Halifax Reporter, 31 janv. 1863, 22 janv., 28 avril 1874.— Morning Chronicle (Halifax), 29 janv. 1902.— P. R. Blakeley, Glimpses of Halifax, 1867–1900 (Halifax, 1949 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973), 84, 95, 135.— Susan Buggey, « Building Halifax, 1841–1871 », Acadiensis (Fredericton), 10 (1980–1881), no 1 : 90–112.— N.-É., Provincial Museum and Science Library, Report (Halifax), 1933–1934 : 39s.— C. J. Oberworth, A history of the profession of architecture in Kentucky (s.l., s.d.), 13.

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Brian D. Murphy, « BUSCH, HENRY FREDERICK (baptisé Heinrich Friedrich) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/busch_henry_frederick_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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