HOLMES, SIMON HUGH, avocat, propriétaire d’un journal, homme politique et fonctionnaire, né le 30 juillet 1831 dans la première maison à pans de bois de ce qui deviendrait Springville, Nouvelle-Écosse, un des dix enfants de John Holmes* et de Christina Fraser ; le 23 décembre 1874, il épousa à Haliburton Creek, Nouvelle-Écosse, Isabella Jane Little, et ils eurent quatre filles ; une de ses petites-filles épousa Robert Lorne Stanfield, futur premier ministre de la Nouvelle-Écosse ; décédé le 14 octobre 1919 à Halifax.

En 1803, les grands-parents de Simon Hugh Holmes et leur fils John quittèrent le Ross-shire, en Écosse, pour le comté de Pictou, en Nouvelle-Écosse ; peu après, ils s’installèrent à l’endroit qui allait devenir Springville. Les Holmes étaient de fervents adeptes de l’Église d’Écosse et des tories convaincus. En 1843, Simon Hugh fut l’élève de Robert Grant à la petite école rouge de Springville. En juillet 1849, il fréquentait la Pictou Academy. Il étudia le droit auprès de James McDonald et devint attorney le 9 août 1864, puis barrister le 10 avril 1865.

En 1858, Holmes avait fondé le Colonial Standard de Pictou et en avait pris la direction. Ce journal était « un fervent défenseur des principes du vrai conservatisme » et un ennemi de ces « fabriques d’hypocrisie et de diffamation » qu’étaient par exemple le Morning Chronicle et le Presbyterian Witness de Halifax [V. Robert Murray*]. Un chercheur a noté que le Colonial Standard conserva « une assez haute tenue durant tout le débat sur la Confédération ». C’était tout un éloge, car Holmes, candidat conservateur dans la circonscription du comté de Pictou aux élections provinciales de 1867, perdit la bataille, même si, de tous les candidats défaits, ce fut lui qui récolta le plus de suffrages. Quatre ans plus tard, il fut élu député de Pictou à l’Assemblée ; il suivait donc les traces de son père. Dès 1874, on le reconnaissait comme le chef du Parti conservateur. Cependant, une coterie de conservateurs estimaient que le parti avait besoin de renforts. Menés par James McDonald et le sénateur William Miller, et soutenus par l’évêque John Cameron*, ils mijotèrent « un petit complot pour subjuguer Antigonish » et réussirent à faire entrer John Sparrow David Thompson* à la Chambre en 1877 à la faveur d’une élection partielle. Le 17 septembre 1878, les conservateurs remportèrent le scrutin provincial ; Holmes devint premier ministre et Thompson, procureur général.

En prenant le pouvoir, le 22 octobre, le nouveau gouvernement hérita d’un beau fouillis. Le gouvernement libéral sortant, dirigé par Philip Carteret Hill*, avait dépensé le budget de 1878, 156 000 $ de la subvention fédérale de 1879 et 59 000 $ reçus du gouvernement d’Ottawa pour du matériel ferroviaire. En outre, six jours avant l’émission du décret de convocation des électeurs, il avait nommé en secret quatre libéraux au Conseil législatif. Des coffres dégarnis, qui le seraient plus encore en 1879 lorsque prendrait fin la subvention rattachée aux « meilleures conditions » obtenues par la Nouvelle-Écosse pour sa participation à la Confédération, une majorité de conseillers législatifs hostiles, la difficile question des chemins de fer, qui obséderait Holmes durant tout son mandat, tous ces problèmes dictaient au gouvernement ses premières décisions.

Pour alléger le fardeau financier, Holmes décida de confier la voirie aux municipalités. Le 4 avril 1879, son gouvernement présenta un projet de loi visant à ériger les comtés en municipalités. Conçu par Charles James Townshend, ministre sans portefeuille, et inspiré de la loi néo-brunswickoise de 1877 [V. George Edwin King*], ce projet de loi obligeait les municipalités à recourir à la taxation directe afin de récolter 55 000 $ pour l’entretien des routes et ponts. Le gouvernement adopta également des lois visant à prolonger la formation des futurs instituteurs, à accorder des fonds pour l’éducation des jeunes aveugles, à améliorer la sécurité dans les mines à la suite de l’explosion de 1880 à la mine Foord et à réformer le système judiciaire (une priorité pour Thompson). Dans le secteur financier, les dépenses per capita passèrent de 10,03 $ à 5,65 $.

Le gouvernement n’eut pas la tâche facile. Le Conseil législatif, dirigé par Thomas Fletcher Morrison*, surnommé « Rolling Billows » (flots agités), et discrètement encouragé par William Stevens Fielding*, directeur de la rédaction du Morning Chronicle, rejeta certaines initiatives gouvernementales, dont au moins un projet de loi en matière de finances. En 1881, il refusa d’adopter un projet de loi visant à abolir la University of Halifax, ce qui nuisit par ricochet aux subventions versées par le gouvernement aux établissements d’enseignement supérieur. Trois fois, sans succès, Holmes essaya d’abolir le conseil. La frustration montait au sein du gouvernement pour plusieurs raisons : le gouvernement fédéral de sir John Alexander Macdonald* semblait indifférent aux soucis financiers de la Nouvelle-Écosse, les chemins de fer n’étaient toujours pas fusionnés, les collègues de Holmes n’aimaient pas sa façon de mener la barque. Ce dernier motif d’insatisfaction ayant engendré une révolte de palais, Holmes quitta le poste de premier ministre le 23 mai 1882. Bien que certains aient attribué sa démission à des ennuis de santé, il accepta tout de suite un poste de fonctionnaire.

Holmes n’avait guère reçu de témoignages de respect de la part de ses adversaires politiques – selon l’Eastern Chronicle de New Glasgow, il était « l’homme le plus stupide [à l’époque] sur la scène publique » – ni de ses prétendus partisans. Comme l’évêque Cameron le demandait à Thompson : « Comment peut-il supporter de diriger des hommes qui, il le sait, le trouvent si odieux ? » De nos jours, les jugements sont tout aussi sévères. Selon l’historien J. M. Beck, Holmes était « un mésadapté politique, tout à fait incapable d’agir en capitaine d’équipe ». P. B. Waite, biographe de Thompson, le qualifie d’« impatient, [de] négligent et [d’] autoritaire ».

Holmes avait quitté la scène publique dans des circonstances pénibles, mais son nouveau poste était lucratif. Protonotaire et greffier de la couronne du comté de Halifax à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, il touchait non seulement un salaire imposant, mais aussi des honoraires pour chacun des documents qu’il signait. En 1883, le gouvernement libéral limita son revenu total à 3 000 $. Et puis, Holmes pouvait se consoler en se disant que la structure municipale qu’il avait mise en place résistait à toutes les tentatives de changement et que, au moyen de la loi de 1882 sur l’unification des chemins de fer, il avait jeté les bases d’un règlement de la controverse sur cette question. Les chemins de fer continueraient de l’intéresser. Il fut président du Stewiacke Valley and Lansdowne Railway, puis promoteur du Midland Railway, qui reliait Windsor et Truro. Vers 1900, il était assez bien nanti, et sa femme donnait de belles réceptions dans leur magnifique maison de la rue Inglis, dessinée par William Critchlow Harris. Il mourut au Queen Hotel de Halifax le 14 octobre 1919 et fut inhumé au cimetière de Camp Hill.

L’ancien journal de Simon Hugh Holmes, le Colonial Standard, parlait souvent des qualités de cet homme : « probité, courtoisie, diligence et talent ». Mais il avait beau être un dur à cuire – un Écossais du comté de Pictou et un fidèle de l’Église d’Écosse –, la conjoncture politique avait eu raison de lui. « Même s’ils étaient synonymes de réforme, a écrit un observateur, l’épargne et l’innovation mirent fin aux aspirations politiques. » Même en 1926, Edgar Nelson Rhodes*, le premier conservateur à être élu premier ministre de la province depuis 1882, fut admonesté de la façon suivante par un député fédéral : « Nous avons eu, de 1878 à 1882, un gouvernement provincial qui a réformé en profondeur notre administration municipale et adopté beaucoup de lois judicieuses. Malheureusement, [ces gens-là] ont perdu de vue l’aspect pratique des choses. Alors nous avons été battus et nous sommes restés dans l’opposition durant quarante ans. » L’électeur néo-écossais a la mémoire longue et, semble-t-il, la rancune tenace.

Allan C. Dunlop

Un portrait au fusain de Simon Hugh Holmes, datant probablement de l’époque où il était premier ministre, est conservé par un descendant ; on peut en voir une photographie aux PANS. On trouve une bonne photographie de Holmes dans Beck, Politics of Nova Scotia, 1 : 175 (cité ci-dessous).

Le 19 juin 1993, la Pictou County Hist. Soc. a dévoilé un monument commémorant la vie et la carrière du sénateur John Holmes et de son fils le premier ministre Simon Hugh Holmes sur le terrain de l’église presbytérienne de Springville, N.-É.

PANS, MG 2, 554–561.— Morning Chronicle (Halifax), 15 oct. 1919.— J. M. Beck, The government of Nova Scotia (Toronto, 1957) ; Politics of Nova Scotia (2 vol., Tantallon, N.-É., 1985–1988), 1.— F. W. Calder, History and stories of Springville, Pictou County, Nova Scotia (Windsor, N.-É., 1992).— J. M. Cameron, Political Pictonians : the men of the Legislative Council, Senate, House of Commons, House of Assembly, 1767–1967 (New Glasgow, N.-É., [1967]).— Canadian biog. dict.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— Waite, Man from Halifax.

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Allan C. Dunlop, « HOLMES, SIMON HUGH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/holmes_simon_hugh_14F.html.

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Auteur de l'article:    Allan C. Dunlop
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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