JOHNSON, GUY, fonctionnaire du département des Affaires indiennes, né vers 1740 en Irlande, décédé à Londres, le 5 mars 1788.

Guy Johnson est peut-être le midshipman de ce nom qui servit sur le hms Prince en 1755. À son arrivée en Amérique du Nord, il affirma que sir William Johnson, le surintendant britannique des Affaires des Indiens du Nord, était son oncle, mais leur parenté était probablement beaucoup plus lointaine. Malgré sa jeunesse, il servit pendant toute la guerre de Sept Ans comme officier dans les forces provinciales, et commanda une compagnie de rangers, sous les ordres d’Amherst, en 1759 et en 1760. Il remplit les fonctions de secrétaire au département des Affaires des Indiens du Nord jusqu’en 1762, alors que sir William le nomma agent adjoint. En 1763, il épousa la fille cadette de ce dernier, Mary (Polly), et fixa sa résidence à Guy Park, près de ce qui est aujourd’hui Amsterdam, New York. En même temps qu’il accomplissait son travail à ce département, il se montrait actif dans les domaines militaire et politique : il atteignit le rang de colonel et d’adjudant général dans la milice de New York et fut élu à l’Assemblée de cette colonie pour la période de 1773 à 1775.

À la mort de sir William, en juillet 1774, Guy Johnson reçut du lieutenant général Gage l’ordre d’assumer les fonctions de surintendant, sous réserve de confirmation par la couronne. Aux prises avec une poussée révolutionnaire, Johnson, son beau-frère sir John Johnson* et Christian Daniel Claus tentèrent d’organiser, dans la vallée de la Mohawk, la résistance à l’usurpation de l’autorité par le comité de sécurité du comté de Tryon. Au commencement de la rébellion armée, en 1775, il consacra toutes ses énergies à retenir la puissante ligue des Six-Nations dans l’allégeance à la couronne. Incapable d’y arriver dans le milieu de plus en plus hostile de la vallée de la Mohawk, il quitta ces lieux en mai 1775, avec quelques centaines de Loyalistes. À Oswego, New York, Johnson rencontra plus d’un millier d’Iroquois et leur fit promettre de protéger la route des ravitaillements, du Saint-Laurent au lac Ontario, si elle venait à être menacée par les rebelles. Cependant, il ne réussit point à obtenir leur collaboration active aux efforts de la couronne pour réprimer la rébellion alors en pleine expansion. À Oswego, sa jeune femme mourut le 11 juillet, lui laissant deux petites filles.

Johnson se rendit à Montréal où il s’assura l’aide des Indiens du Canada. Mais, y trouvant son autorité contestée par John Campbell, l’agent nouvellement arrivé au département des Affaires indiennes de la province de Québec, il partit pour l’Angleterre en novembre, afin d’y être éclairé sur l’étendue de ses pouvoirs comme surintendant. Il ne réussit point à faire replacer sous sa juridiction les Indiens du Canada ; il accepta, toutefois, d’être nommé surintendant des Six-Nations et retourna en Amérique à l’été de 1776. Il rejoignit l’armée de sir William Howe à New York et, s’attendant à ce que la rébellion dans cette colonie fût écrasée pendant la campagne de 1777, il resta dans la ville tant que la défaite de Burgoyne, près de Saratoga (Schuylerville), n’eût pas anéanti de semblables espoirs. Il chercha alors à se rendre au Canada par mer, mais la rareté des transports, l’activité de la flotte française et le mauvais temps ne lui permirent pas d’atteindre Montréal avant le printemps de 1779. Johnson fut critiqué pour avoir, durant les années cruciales de 1776 à 1779, laissé la direction de son département à deux subordonnés, John Butler, au fort Niagara (près de Youngstown, New York), et Christian Daniel Claus, à Montréal. Il soutint être resté en rapport avec ses adjoints et revendiqua même le mérite de la conception de raids dévastateurs contre les établissements des vallées de Wyoming en 1778 et de la Schoharie en 1780 [V. Kaieñˀkwaahtoñ]. Toutefois, il ressort clairement de la correspondance de Claus, de celles de Butler, de sir John Johnson, du général Haldimand et d’autres, qu’il eut peu ou pas d’influence sur l’activité du département des Affaires indiennes de 1776 à la fin de 1779. Les circonstances ont peut-être justifié son long séjour à New York, mais les communications régulières entre cette ville et Montréal lui auraient permis de diriger la politique de son département. Sa négligence était inexcusable.

Johnson arriva au fort Niagara à l’automne de 1779. Ignorant les protestations de Haldimand relativement au coût de ces entreprises, il réussit à pourvoir aux besoins de milliers d’Iroquois expulsés de leurs foyers par la campagne américaine de 1779. Il organisa des raids d’envergure contre les établissements frontaliers, avec l’aide d’Indiens et de Loyalistes ; de grandes quantités de denrées, nécessaires à l’armée rebelle, furent ainsi détruites. En 1783, il céda sa place au département des Affaires indiennes à sir John Johnson qui était devenu, après 1778, le principal conseiller de Haldimand quant aux affaires indiennes. Il retourna en Angleterre pour obtenir la restitution de ses biens confisqués par les rebelles. Pendant qu’il en était encore à faire valoir ses revendications, il mourut à Londres le 5 mars 1788.

Jonathan G. Rossie

Il existe un portrait de Guy Johnson peint par Benjamin West à la National Gallery of Art (Washington) et un autre, d’un peintre inconnu, au N.Y. State Hist. Assoc. Museum (Cooperstown).

APC, MG 19, F1 ; RG 10, A2.— BL, Add. mss 21 766 ; 21 769–21 770 ; 24 323, ff.11, 14, 20, 22, 26.— Huntington Library, Loudoun papers, LO 683 ; LO 2 505.— PRO, Adm. 36/6 373, p.42.— Johnson papers (Sullivan et al.), I ; VIII ; XIII.— The minute book of the committee of safety of Tryon County [...], J. H. Hanson et S. L. Frey, édit. (New York, 1905).-NYCD (O’Callaghan et Fernow), VIII.— DNB.— Graymont, Iroquois.

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Jonathan G. Rossie, « JOHNSON, GUY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_guy_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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