TEKAWIROÑTE (Tagawirunte, William of Canajoharie, William Johnson), guerrier agnier, dont le nom signifie « deux enfants en bas âge se font remarquer », né probablement au début des années 1750 à Canajoharie (près de Little Falls, New York), fils de William Johnson, futur surintendant des Affaires des Indiens du Nord, et d’une Agnière non identifiée, décédé probablement le 6 août 1777 à Oriskany (près de Rome, New York).

En 1764, le père de Tekawiroñte l’envoya à la Moor’s Indian Charity School, à Lebanon, Connecticut. Eleazar Wheelock, le ministre congrégationaliste qui avait ouvert l’école, fut d’abord content de la conduite du garçon, mais se plaignit plus tard de son orgueil et de son caractère violent. Les étudiants devaient s’adonner au travail aussi bien qu’à l’étude, mais quand le fils de Wheelock ordonna à Tekawiroñte de seller son cheval, le garçon refusa, parce que, dit-il, il était fils d’un gentleman et que le fils de Wheelock ne l’était pas. Le 10 décembre 1766, Tekawiroñte fut renvoyé chez lui, « parce qu’il était trop chicanier ».

En 1767, son père le confia, pour la poursuite de ses études, à Thomas Barton, un ministre anglican de Lancaster, Pennsylvanie. Le jeune garçon se conduisait bien et commençait d’apprendre l’arpentage quand certains meurtres et d’autres gestes illégaux à l’endroit des Indiens, par des pionniers de la Pennsylvanie, l’attristèrent et lui firent perdre goût à son travail. En mars 1768, il dut retourner chez lui.

À la maison, Tekawirofite suscitait souvent des ennuis avec les gens du voisinage, si bien que son père le menaça, en juin 1770, de « ne pas s’occuper plus longtemps de lui ». En 1774, cependant, quand sir William mourut, il laissa à Tekawiroñte 1 000 acres de terre, £100 et assez de bestiaux pour commencer à exploiter une ferme.

En mai 1775, à l’approche de la Révolution américaine, Guy Johnson, successeur de sir William au poste de surintendant des Affaires des Indiens du Nord, s’enfuit au Canada, en prenant avec lui plusieurs guerriers agniers dont Tekawiroñte. Celui-ci, apparemment, participa à la défense du Canada contre les envahisseurs américains, lors de la campagne de cet été-là, dans les environs du lac Champlain et dans le haut Saint-Laurent. Il se battit au fort Saint-Jean le 6 septembre 1775, où, par erreur, il fut porté au nombre des soldats tués au combat. Il revint chez lui plus tard le même automne, se vantant de ses exploits et affichant un air de bravade. Cette conduite ne plut pas à ses voisins, et il semble en être résulté quelques querelles. À la fin de 1775, il poignarda un homme à mort au cours d’une rixe dans une taverne et s’enfuit de chez lui pour toujours.

D’abord, Tekawiroñte s’en alla probablement dans le territoire indien et, de là, au fort Niagara (près de Youngstown, New York). Au printemps de 1776, John Butler, agent intérimaire des Affaires indiennes, envoya le jeune homme à un conseil des Six-Nations, à Onondaga (près de Syracuse, New York), dans une tentative pour empêcher les Onneiouts de rompre la ligue iroquoise et de se ranger du côté des Américains. Cette ambassade échoua. Les Onneiouts étaient profondément attachés à leur missionnaire rebelle, Samuel Kirkland, et les Américains firent de grands efforts tout au long de la guerre pour les approvisionner d’articles de traite en quantité suffisante pour qu’ils pussent en vivre.

Tekawiroñte mena un raid qui amena la capture de deux soldats rebelles près du fort Bull, à l’est du lac Oneida, New York, à l’automne de 1776. Au printemps de 1777, il se joignit à Joseph Brant [Thayendanegea*], qui lui était probablement apparenté, et à quelque 300 autres Indiens et Loyalistes, à Oquaga (près de Binghamton, New York). Quand Barrimore Matthew St Leger entreprit sa marche vers la vallée de la rivière Mohawk, le groupe de Brant le rejoignit à Oswego, New York, et prit part, cet été-là, au siège du fort Stanwix (Rome, New York) et à l’embuscade d’Oriskany au cours de laquelle un certain William Johnson fut tué. Il s’agissait probablement de Tekawiroñte.

Isabel T. Kelsay

APC, MG 19, F1, 25, p.63.— Hamilton College Library (Clinton, N.Y.), Kirkland mss, Dean à Kirkland, 22 mars 1776 ; Kirkland à Philip Schuyler, [8 juin 1776].— N. Y. Hist. Soc. (New York), Tryon County committee of safety papers, 30 déc. 1775.— N.Y. State Library (Albany), Fonda papers, Jelles Fonda notebook, list of Indians killed at Oriskany.— American archives (Clarke et Force), 4e sér., III : 739, 1 245 ; 5e sér., III : 755.— The documentary history of the state of New-York [...], E. B. O’Callaghan, édit. (4 vol., Albany, 1849–1851), IV : 351, 367.— Johnson papers (Sullivan et al.).— N.Y., Secretary of state, Calendar of historical manuscripts, relating to the war of the revolution, in the office of the secretary of state, Albany, N. Y. (2 vol., Albany, 1868), I : 190.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), VIII : 658–662, 719–721.— Proceedings of a general court martial [...] for the trial of Major General Schuyler [...], N.Y. Hist. Soc., Coll., [3e sér.], XII (1879) : 103 s.

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Isabel T. Kelsay, « TEKAWIROÑTE (Tagawirunte) (William of Canajoharie, William Johnson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/tekawironte_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    20 nov. 2024