Quand, en 1869, le gouvernement canadien fit l’acquisition de Rupert’s Land et des Territoires du Nord-Ouest [V. L’acquisition de Rupert’s Land], des résidents métis de la colonie de la Rivière-Rouge, conduits par Louis Riel, s’opposèrent aux revendications territoriales du nouveau dominion et exigèrent la protection de leurs droits [V. Rébellion de la Rivière-Rouge et création du Manitoba, 1869–1870]. George-Étienne Cartier, promoteur d’une nationalité politique et défenseur des droits des minorités aux conférences sur la confédération, fut dans une large mesure responsable des négociations qui mirent fin à la rébellion de la Rivière-Rouge et qui assurèrent la ratification de l’Acte du Manitoba [V. Les relations avec les peuples autochtones et métis] :
C’est Cartier qui réussit à négocier avec Mgr Taché une solution qui répondait à la plupart des demandes des Métis et qui se concrétisa, en mai 1870, par la création d’une nouvelle province, le Manitoba, doté d’un système politique et administratif analogue à celui du Québec (33 Vict., c.3). Des terres furent assurées aux Métis ; les droits des deux langues furent reconnus et les écoles des minorités religieuses, existant en vertu de la loi ou la coutume, furent acceptées.
Quinze ans plus tard, dans le district de Saskatchewan, Riel mena une autre rébellion contre le gouvernement canadien [V. La rébellion du Nord-Ouest de 1885]. Il ralliait maintenant des groupes d’autochtones mécontents de la réponse inadéquate et indifférente du gouvernement au spectre de la famine [V. Macdonald et les peuples autochtones].
Emprisonné en 1885, Riel subit un procès pour haute trahison à Regina, fut condamné à mort et exécuté. Les réactions à sa condamnation furent radicalement différentes au Québec et en Ontario, au point qu’elles mirent la survie de l’union en danger. Sa biographie décrit la situation :
Le sort de Riel était devenu une affaire nationale qui menaçait de diviser le cabinet, voire même le pays, et les éditoriaux commentèrent abondamment le sujet. Les journaux ontariens étaient en faveur de l’exécution et au moins un d’entre eux, le News de Toronto, alla jusqu’à préconiser la polarisation de la politique selon les races. D’autre part, les journalistes du Québec critiquaient vivement Macdonald et son cabinet, et en particulier ses collègues canadiens-français. Malgré l’énorme pression exercée par les réunions de masse au Québec, Chapleau, Hector-Louis Langevin* et Caron restèrent en poste, épargnant peut-être au pays de nouveaux conflits raciaux et religieux.
Pour en savoir plus sur la menace à l’unité nationale posée par l’agitation dans l’ouest du Canada, nous vous invitons à consulter les listes de biographies suivantes.