Titre original :  I-8274

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BEECHEY, FRANCES ANNE (Hopkins), peintre, née le 2 février 1838 en Angleterre, fille de Frederick William Beechey*, hydrographe et capitaine dans la marine royale, et de Charlotte Stapleton ; le 31 août 1858, elle épousa à Londres Edward Martin Hopkins, et ils eurent cinq enfants ; décédée le 5 mars 1919 à Hampstead, Londres.

Issue d’une famille de la haute bourgeoisie, Frances Anne Beechey reçut probablement une formation artistique, et notamment des leçons de dessin et de peinture, mais on n’a trouvé aucun document qui le confirme. La famille Beechey comptait plusieurs artistes professionnels ; le mieux connu était son grand-père, sir William Beechey, auteur de portraits élégants et membre de la Royal Academy of Arts. Lady Beechey était miniaturiste. Le père de Frances Anne, qui atteignit le grade de contre-amiral, était un aquarelliste accompli ; selon toute apparence, il avait appris à faire du paysage topographique, comme le voulait la tradition chez les officiers britanniques. Par son mariage, Frances Anne devint parente de plusieurs autres peintres. Un des neveux de son mari, Gerard Manley Hopkins, deviendrait un poète britannique réputé.

Le mari de Frances Anne, Edward Martin Hopkins, veuf et père de trois enfants, était le secrétaire du gouverneur de la Hudson’s Bay Company, sir George Simpson*. En 1858, il amena sa jeune femme dans sa maison de Lachine, dans le Bas-Canada, à côté de l’entrepôt et du siège social de la compagnie. Mme Hopkins éleva les trois enfants de son mari et en mettrait au monde cinq, dont deux mourraient en bas âge au Canada.

Les premiers croquis connus de Frances Anne Hopkins représentent Lachine et Montréal dans les années immédiatement postérieures à son arrivée dans le Bas-Canada. Simpson étant décédé en 1860, Edward Martin Hopkins dirigea le département montréalais de la compagnie jusqu’à sa retraite en 1869. Après la réinstallation du bureau de la Hudson’s Bay Company à Montréal en 1861, les Hopkins vécurent dans cette ville et passèrent quelques étés dans une maison appelée Snowdon, dans le faubourg Côte-des-Neiges (Montréal). Les croquis datés de Mme Hopkins et la correspondance d’affaires de son mari révèlent qu’ils effectuèrent de courts voyages à Québec, dans les Cantons-de-l’Est, à Ottawa, à Toronto, aux chutes du Niagara et à New York. Cependant, ce furent les expéditions qu’elle fit avec son mari dans de grands canots de traite sur les lacs Huron, Michigan et Supérieur, sur la rivière Mattawa (Ontario) et sur la rivière des Outaouais en 1864, en 1866 et en 1869 qui influencèrent le plus sa peinture. La grande toile où elle a peint les soldats du colonel Gamet Joseph Wolseley faisant un portage en 1870 tandis qu’ils se rendaient dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) suggère qu’elle a participé à une quatrième excursion sur les Grands Lacs.

Pendant son séjour au Canada, Frances Anne Hopkins alla plusieurs fois en vacances avec son mari en Angleterre et en France ; en outre, elle passa plusieurs hivers à Londres avec les enfants. Les Hopkins rentrèrent définitivement en Angleterre en 1870 et vécurent d’abord dans le centre de Londres, puis à Henley-on-Thames. De la mort de son mari en 1893 jusqu’à son propre décès, elle travailla dans l’atelier de sa maison de Hampstead.

On put voir des œuvres de Mme Hopkins au Canada une seule fois de son vivant, à l’exposition de l’Association des beaux-arts de Montréal en 1870. Par contre, elle exposa souvent en Angleterre et, à compter de 1869, elle semble avoir exécuté ses grandes huiles en prévision des expositions annuelles de la Royal Academy of Arts à Londres. En 1914, une exposition exclusivement consacrée à ses aquarelles eut lieu à Londres ; on y trouvait des sujets canadiens, des paysages français et quelques scènes sud-africaines. Bien que ses tableaux de « voyageurs » soient très connus aujourd’hui parce qu’ils ont souvent servi à illustrer des livres et des périodiques, ce n’est qu’en 1990 qu’on a monté une exposition consacrée à l’ensemble de son œuvre.

La décennie que Frances Anne Beechey Hopkins passa au Canada fut justement la période au cours de laquelle la Hudson’s Bay Company remplaça le canot de traite par des moyens de transport moins coûteux – le vapeur, le chemin de fer, voire des attelages de chevaux et des traîneaux – partout où cela était possible. Mme Hopkins fut donc parmi les dernières personnes à naviguer sur les Grands Lacs en canot de traite. Elle fit de ce type de voyages son sujet de prédilection et, plus que tout autre artiste, elle saisit et rendit avec précision le difficile maniement des canots. En cette période où la peinture était d’un romantisme exacerbé, elle s’intéressa surtout à des occupations pratiquées par ses contemporains. Les personnages donnent de la vie à ses paysages. Bien qu’elle ait été marquée par la tradition topographique et par la manière pittoresque de l’école des aquarellistes anglais du xixe siècle, elle transcenda ces influences et exécuta des toiles et des œuvres sur papier d’une impressionnante valeur documentaire. Dessinatrice méticuleuse et peintre de talent, elle traita de nombreux sujets canadiens, mais elle se distingua avant tout en représentant, de manière vivante et convaincante, les canots et les rameurs du premier grand réseau de transport du pays. Ces tableaux sont remarquables par leur réalisme et par leur éclat.

Philip Shackleton

La plus importante collection de peintures, dessins et croquis réalisés par Frances Anne Beechey (Hopkins) se trouve aux AN, Div. de l’art documentaire et de la photographie. On trouve aussi de ses œuvres aux endroits suivants : Art Gallery of Greater Victoria ; Art Gallery of Hamilton, Ontario ; Art Gallery of Northumberland (Cobourg, Ontario) ; Glenbow Museum (Calgary) ; Minn. Hist. Soc. (St Paul) ; Musée des Beaux-Arts de l’Ontario (Toronto) ; et Musée royal de l’Ontario (Toronto), Canadiana Dept. Des descendants de la famille Hopkins possèdent un certain nombre d’œuvres importantes de l’artiste reproduisant des paysages canadiens. Beaucoup des ces œuvres sont reproduites dans l’ouvrage de J. E. Clark et Robert Stacey, Frances Anne Hopkins, 1838–1919 ; le paysage canadien (Thunder Bay, Ontario, 1990), publié par la Thunder Bay Art Gallery pour l’exposition qui eut lieu en 1990. En plus du catalogue, l’ouvrage contient aussi une vaste analyse de la production artistique de Beechey. Aux Arch. Notman du Musée McCord d’histoire canadienne, de Montréal, on trouve des photographies de l’artiste prises pendant son séjour au Canada. Ce musée possède en outre la seule correspondance qui subsiste de Frances Anne Hopkins, sous la cote M21411 (papiers de la famille McCord).

Arch. privées, Leo Handley-Dery (Londres), généalogie.— PAM, HBCA, B.134/b/21, 29 ; B.134/c/114.— St Saviour’s Church (Londres), RBMS, 31 août 1858.— Hampstead and Highgate Express (Londres), 8, 12 mars 1919.— Assoc. des beaux-arts de Montréal, Sixth exhibition, 1870 ; catalogue of oil and water colour paintings, statuary, bronzes, and other works of art [...] (Montréal, 1870).— A. M. Johnson, « Edward and Frances Hopkins of Montreal », Beaver, outfit 302 (automne 1971) : 4–19.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Philip Shackleton, « BEECHEY, FRANCES ANNE (Hopkins) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/beechey_frances_anne_14F.html.

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Auteur de l'article:    Philip Shackleton
Titre de l'article:    BEECHEY, FRANCES ANNE (Hopkins)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    22 déc. 2024