CAMERON, MALCOLM COLIN, homme politique, avocat, homme d’affaires et fonctionnaire, né le 12 avril 1831 à Perth, Haut-Canada ; le 30 mai 1855, il épousa Jessie H. McLean, et ils eurent huit enfants ; décédé le 26 septembre 1898 à London, Ontario.

Malcolm Colin Cameron fut toujours considéré comme le fils de Malcolm Cameron*, homme politique et homme d’affaires sous l’Union, qui l’avait probablement adopté. Il fréquenta le Knox College de Toronto afin de devenir ministre presbytérien. Cependant, il choisit par la suite d’étudier le droit (à Renfrew) et fut reçu au barreau en 1860 ; seize ans plus tard, il deviendrait conseiller de la reine. En 1855, il s’était fixé à Goderich, où il mena jusqu’à la fin de ses jours une carrière d’avocat, d’homme d’affaires et d’homme politique. Il parvint au poste d’associé principal de la firme Cameron, Holt, and Cameron et investit dans au moins une saline du comté de Huron. (En 1865, on avait découvert du sel à Goderich, qui devint rapidement le centre de la production de sel au Canada, notamment en raison de son accès au transport peu coûteux par les Grands Lacs.) Pendant 12 ans, à compter de 1856, Cameron acquit de l’expérience dans l’administration municipale, tour à tour en qualité de conseiller, de président du conseil municipal et de maire de Goderich.

Cameron fut élu député libéral de la circonscription de South Huron à la chambre des Communes en 1867, puis réélu en 1872 et 1874. On annula sa dernière victoire, en 1875, « en raison des agissements d’amis trop zélés ». Il ne se présenta pas à l’élection partielle qui suivit et dont Thomas Greenway* sortit vainqueur. En 1878, Cameron redevint député de South Huron. Par suite du fameux redécoupage de la carte électorale, en 1882, il se porta candidat dans West Huron, et fut élu la même année. Battu de justesse dans cette circonscription en 1887, il l’emporta quatre ans après ; mais encore une fois on annula le résultat du scrutin. À l’élection partielle de 1892, le secrétaire d’État James Colebrooke Patterson récolta seulement 25 voix de plus que lui. Cameron reprit le siège de West Huron à l’élection partielle de janvier 1896 puis le conserva au scrutin général de juin. En près de 30 années, il mena donc 10 campagnes chaudement disputées, dont la plupart se soldèrent par des écarts étroits.

Bien qu’il ait été un libéral convaincu, Cameron ne manifesta que rarement son rigoureux esprit de parti au Parlement. La plupart du temps, il critiquait les projets de loi à la deuxième lecture en invoquant quelques principes et en présentant ou en appuyant des amendements constructifs. Les ports et le sel étaient ses deux grands sujets de préoccupation. De 1867 à 1897, il plaida pour que Goderich devienne, puis demeure, un port de refuge franc (un port qui servait surtout à abriter les petites embarcations plutôt qu’un port commercial qui imposerait des droits de bassin) ainsi que pour l’aménagement de Bayfield en port commercial. C’est en grande partie à cause de son insistance que le gouvernement fédéral investit plus de 600 000 $ dans le port de Goderich. Le fait que les travaux aient débuté en 1872, sous le gouvernement conservateur de sir John Alexander Macdonald, atteste l’efficacité de Cameron. De plus, il réclama à plusieurs reprises la protection des navires canadiens des Grands Lacs contre la concurrence déloyale des Américains.

Dès sa première session, Cameron revendiqua des mesures qui visaient à protéger le sel canadien contre l’importation, de Grande-Bretagne et des États-Unis, de sel moins cher. Il savait fort bien que protectionnisme et libéralisme n’allaient pas de pair mais, en 1870, citant John Stuart Mill, il défendit les tarifs de représailles : « Le sel était un cas particulier, étant donné la richesse des manufacturiers qui avaient résolu d’écraser l’industrie naissante du Canada. » Il réclamait une « politique nationale et [une] protection pour l’industrie du pays », ce à quoi le chef libéral Alexander Mackenzie opposa un « non » catégorique. Durant le débat sur le budget de 1879, il tenta de se conformer à la politique de son parti en affirmant être « opposé au tarif douanier, même s’il avait déjà été protectionniste lui-même ». Néanmoins, quand le comité des voies et moyens étudia le budget, Cameron demanda pourquoi l’industrie du sel avait été « laissée pour compte [...] Elle seule n’avait bénéficié d’aucun encouragement, d’aucune assistance et d’aucune considération ». Il arracha au ministre des Finances, Samuel Leonard Tilley, la promesse qu’il envisagerait des moyens d’aider les producteurs canadiens de sel. En 1897, il pressa le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier*, nouvellement élu, d’imposer une taxe sur le sel des États-Unis et de Grande-Bretagne, tout en maintenant que « ce n’[était] pas une protection au sens habituel du terme, comme les honorables députés de l’opposition l’entend[aient] ». Aucune autre question ne suscita autant de désaccords entre lui et son parti.

Au cours de sa carrière parlementaire, Cameron se prit aussi de passion pour l’Ouest. De 1880 à 1883, pendant l’été, il se rendit régulièrement au Manitoba et dans le Nord-Ouest. On savait qu’il y avait investi dans des terres ; Macdonald le lui rappelait souvent, sur un ton taquin ou agressif, et en 1885 il l’accusa de spéculer sur les certificats de concession de terres aux Métis. Dans ses attaques du gouvernement, amorcées en 1880, Cameron visa principalement le département des Affaires indiennes (dirigé par Macdonald de 1878 à 1887). Il insistait sur le gaspillage et la corruption qui retardaient le peuplement : les guides des terres du dominion égaraient les colons, la spéculation foncière autour de Regina nuisait à la colonisation, les coûts administratifs des Affaires indiennes et de la Police à cheval du Nord-Ouest étaient excessifs, et des terres de la couronne se vendaient en privé. Sachant que l’agitation régnait dans le Nord-Ouest, il présenta en 1884, puis de nouveau au début de 1885, un projet de loi d’intérêt privé dans lequel il proposait d’admettre aux Communes des représentants élus des territoires, mais ce fut en vain. Aux élections de 1887, ses accusations à l’endroit des Affaires indiennes donnèrent lieu à une campagne contre lui durant laquelle le gouvernement publia une brochure qui réfutait ses allégations.

Réélu en 1896, en plein débat sur l’opportunité pour le gouvernement fédéral d’adopter une loi réparatrice concernant les écoles catholiques du Manitoba, Cameron ne prononça qu’un bref discours pour s’opposer à toute coercition envers la province et faire valoir que la voie du compromis serait plus fructueuse pour la minorité catholique. Selon lui, le projet de loi réparateur était une hypocrisie : la loge d’Orange s’y opposait, et pourtant elle était l’un des « principaux éléments » du gouvernement. Cameron s’était déjà élevé contre l’octroi d’une charte fédérale aux orangistes, et il dénonçait la pendaison de Louis Riel* comme une pure vengeance pour la mort de « frère » Thomas Scott*.

Les tendances protectionnistes de Cameron et sa campagne obstinée contre l’administration des Affaires indiennes et de la Police à cheval du Nord-Ouest embarrassaient le premier ministre Laurier. Pourtant, son intérêt pour l’Ouest en faisait un candidat tout désigné pour le poste de lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest, auquel il fut assermenté le 7 juin 1898. Moins de trois mois plus tard, il prenait un congé pour des raisons de santé et retournait en Ontario. Il mourut chez son gendre à London le 26 septembre, à l’âge de 67 ans.

La carrière de Malcolm Colin Cameron montre quelles tensions vivait un libéral à une époque où les conservateurs dominaient. Il trouvait difficile de concilier des intérêts personnels et locaux tangibles avec les exigences d’un parti qui commençait à peine à exister. Habitué d’être dans l’opposition, il ne put s’adapter, après les élections de 1896, à son nouveau rôle de membre du gouvernement. Bien qu’un contemporain, Daniel McGillicuddy, journaliste à Goderich, ait prétendu que Cameron avait « fait de l’invective une science », sa carrière parlementaire fut celle d’un critique de l’opposition constructif.

Peter Angus Russell

AN, MG 26, A, T. Greenway à Macdonald, 7 août, 17 sept. 1872, 29 avril, 18 nov. 1874.— Canada, chambre des Communes, Débats, 1868–1897.— Globe, 27 sept. 1898.— Manitoba Morning Free Press, 27 sept. 1898.— Winnipeg Daily Tribune, 26 sept. 1898.— Canadian biog. dict.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), 144.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— Dianne Newell, Technology on the frontier : mining in old Ontario (Vancouver, 1986), 138.— Swainson, « Personnel of politics ».— Dan McGillicuddy, « M. C. Cameron, as I knew him : a character sketch », Canadian Magazine, 12 (nov. 1898–avril 1899) : 57–60.

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Peter Angus Russell, « CAMERON, MALCOLM COLIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cameron_malcolm_colin_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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