Les premières tentatives d’assimilation
À partir des années 1820, les fonctionnaires britanniques avaient souhaité transférer les pouvoirs en matière autochtone aux gouvernements des colonies. À la suite de l’union du Haut et du Bas-Canada en 1841, les autochtones relevèrent du gouverneur général. En 1856, Richard Theodore Pennefather fut nommé secrétaire civil du gouverneur général, Edmund Walker Head, et surintendant général des Affaires indiennes :
La plus grande contribution qu’apporta Pennefather au Canada fut de présider une commission de trois hommes qui mena, de 1856 à 1858, une enquête sur les activités du département des Affaires indiennes. Le rapport de 1858 offrait une description détaillée du département et des bandes d’Indiens de la province, à travers une quantité impressionnante de statistiques. On constatait avec surprise que les efforts déployés pour « civiliser » les Indiens étaient encore fragmentaires en dépit de presque 30 ans de politique poursuivie dans ce sens. Du fait que les Indiens restaient insensibles aux tentatives « de civilisation », et à cause du manque d’argent et d’organisation au sein du département, la situation des Indiens laissait à désirer vers la fin des années 1850 [V. George Ironside]. La commission soulignait les misères sociales des Indiens et elle recommandait d’y remédier efficacement et avec sympathie. Consciente que beaucoup de leurs problèmes venaient encore de la confusion régnant dans l’administration, elle préconisait l’établissement d’un département des Affaires indiennes centralisé possédant son propre chef permanent. Le gouvernement canadien adopta finalement cette solution en 1862, deux ans après que le gouvernement impérial se fut départi de sa juridiction sur ce département.
On confia les affaires autochtones à John Alexander Macdonald lorsqu’il était procureur général du Canada-Ouest (Haut-Canada, Ontario actuel) dans les années 1850 et 1860, mais il ne prêta guère attention aux questions concernant les Amérindiens. Pendant cette période, le gouvernement signa des traités avec un certain nombre de bandes et, ce faisant, divisa de nombreuses collectivités sur des questions de droits et d’assimilation. Jean-Baptiste Assiginack, chef outaouais de l’île Manitoulin, s’attaqua au problème :
[Le] gouvernement prit la décision en 1861 d’ouvrir l’île aux colons blancs. Il rencontra cependant à Wikwemikong une forte opposition à l’abandon de l’île. Lors d’une réunion du conseil tenue à Manitowaning en octobre 1861, Assiginack fit tout ce qu’il put, mais sans succès, pour faire accepter un traité proposé par le gouvernement. Les négociations furent interrompues pendant un an, jusqu’à ce que le commissaire des Terres de la couronne, William McDougall*, se rende sur l’île, prêt à offrir de meilleures indemnisations que celles proposées précédemment à la population indienne en retour de leur abandon de l’île. Assiginack encore une fois appuya la position du gouvernement, et, à une réunion du conseil, quelques-uns de ses fils durent le protéger contre ceux qui s’y opposaient. Un traité fut signé en 1862, mais il reflétait les divisions existant entre les Indiens de l’île : parmi les signataires, il n’y eut que deux chefs de Wikwemikong.
En 1862, William McDougall, qui exercerait les fonctions de ministre des Travaux publics dans le cabinet de Macdonald après la Confédération, fut chargé du développement des régions ouest et nord du Canada-Ouest à titre de commissaire des Terres de la couronne :
Une fois installé dans ses fonctions, McDougall continua de préparer l’expansion du Canada vers le nord-ouest, non sans révéler son arrogance envers les peuples autochtones. Son département, formé d’expansionnistes comme lui, ouvrit des terres dans la partie nord-ouest de la province, construisit un chemin de colonisation vers le bras Parry et vendit des terres de la couronne en s’attendant que des fermes y seraient aménagées. En outre, McDougall présida à la reprise des réserves indiennes dans l’île Manitoulin en prétextant que ces terres faisaient obstruction à la poursuite du peuplement parce qu’elles n’avaient pas été utilisées à des fins agricoles [V. Jean-Baptiste Assiginack* ; George Ironside*]. En rejetant la règle qui consistait à garder les réserves à distance des colons afin de protéger la culture des autochtones, il plongea ceux-ci dans la méfiance et le ressentiment. Au milieu de l’époque victorienne, bien des gens, à force de vouloir ouvrir la voie au « progrès », agissaient avec pharisaïsme et paternalisme envers les autochtones. McDougall était l’un d’eux.
Pour en savoir davantage sur les relations entre les autochtones et les gouvernements de Macdonald, vous pouvez consulter les biographies suivantes.