DE COSMOS, AMOR (il reçut à sa naissance le nom de William Alexander Smith), photographe, homme d’affaires, journaliste et homme politique, né le 20 août 1825 à Windsor, Nouvelle-Écosse, fils de Jesse Smith et de Charlotte Esther Weems (Wemyss) ; décédé célibataire le 4 juillet 1897 à Victoria.

Issu d’une famille qui avait quitté les colonies américaines après la guerre d’Indépendance et s’était installée en Nouvelle-Écosse, William Alexander Smith commença ses études dans une école privée et les poursuivit à la King’s College School de Windsor. Vers 1840, sa famille, qui comptait alors deux garçons et quatre filles, s’installa à Halifax, où il devint commis chez William et Charles Whitham, épiciers de gros et de détail. Il fréquentait les cours du soir de la grammar school que dirigeait John Sparrow Thompson* et appartenait au cercle de débats du Dalhousie College.

En 1852, Smith quitta Halifax pour les régions aurifères de la Californie. Il passa par New York et, une fois à St Louis, au Missouri, se joignit à un groupe qui avait l’intention de se rendre par terre à la côte ouest. Le groupe prit du retard, notamment à cause de l’agitation qui régnait parmi les Indiens, et dut passer l’hiver à Salt Lake City, dans l’Utah. Au printemps, Smith laissa le groupe derrière lui, même si c’était assez dangereux de voyager seul. En juin 1853, il atteignit Placerville, en Californie.

Une fois dans les régions aurifères, Smith se mit à photographier des mineurs sur leurs concessions, avec du matériel qu’il avait transporté d’un bout à l’autre des plaines. Comme il était l’un des premiers à offrir ce genre de service là-bas, la chose se révéla « très rentable ». En 1854, son frère aîné, Charles McKeivers Smith, qui avait été quelque temps constructeur à Halifax, le rejoignit. Tous deux s’établirent à Oroville, et William Alexander se lança dans des « spéculations minières et d’autres genres de transactions ». La même année, il obtint du Parlement californien un changement officiel d’identité. Certes, admit-il devant les législateurs amusés, Amor De Cosmos était un nom bizarre, mais il symbolisait « ce qu[‘il] aim[ait] le plus, c’est-à-dire : amour de l’ordre, de la beauté, du monde, de l’univers ». Assurément, ce nom-là attirerait plus l’attention et resterait plus longtemps gravé dans les mémoires que Bill Smith. Même si dans le texte de la loi californienne son nom est écrit Amor de Cosmos, il signait avec un d majuscule suivi, jusqu’en 1870 environ, d’un epsilon et, par la suite, d’un e minuscule.

En janvier 1858, juste avant la ruée vers l’or du Fraser, Charles McKeivers Smith monta jusque dans la colonie britannique de l’île de Vancouver. Autour du fort Victoria, propriété de la Hudson’s Bay Company, une ville avait poussé comme un champignon ; il y devint constructeur et entrepreneur. En mai, De Cosmos y fit un voyage de reconnaissance et, en juin, après avoir liquidé ses affaires en Californie, il alla y retrouver son frère. Quelques mois après son arrivée à Victoria, il se lança dans une carrière de journaliste et d’homme politique qui allait faire de lui, durant 24 ans, l’un des principaux personnages publics de l’île.

Le 11 décembre 1858, De Cosmos lança le British Colonist, dont il allait être rédacteur en chef jusqu’en 1863. Dès l’éditorial de ce premier numéro, il s’affirma comme un « ami de la réforme ». La cible de sa « critique franche et intrépide », pour reprendre les termes de l’auteur George Woodcock*, était le gouvernement colonial de James Douglas*, que les colons de l’île de Vancouver critiquèrent durant toutes les années 1850. Le gouverneur Douglas avait quitté le poste d’agent principal de la Hudson’s Bay Company en 1858, mais son gouvernement se composait encore d’une élite d’anciennes personnalités de la compagnie, de membres de sa famille et d’amis à lui. Renforcé dans les années suivantes par un nombre croissant de fonctionnaires instruits et de « gentlemen », tous venus d’Angleterre, ce groupe, que De Cosmos surnomma le « family-company compact » en février 1859, continua de dominer la colonie jusqu’en 1871, donc même après le départ de Douglas. Méfiants à l’endroit des institutions représentatives, ces gens croyaient en une société hiérarchisée dont le gouvernement devait maintenir la cohésion en soutenant une Église établie, une aristocratie terrienne et un système d’enseignement confessionnel et privé.

Pour lutter contre cette élite et contre les postulats sur lesquels elle fondait son pouvoir, De Cosmos s’inspirait de la tradition du libéralisme britannique et surtout de la pensée de son mentor néo-écossais, Joseph Howe*. Il haïssait les privilèges sociaux, économiques et politiques, se méfiait des « monopoles » et des « compagnies constituées », et voyait, chez les gens du commun, une intelligence et une dignité qui méritaient le respect. Sa critique s’enracinait dans la conviction que le gouvernement devait agir « selon les vœux bien compris du peuple ». La liberté de parole, la liberté de réunion, des institutions représentatives et un gouvernement responsable dans l’île de Vancouver, voilà, disait-il, quels étaient ces vœux. Il avait la certitude qu’un gouvernement autonome, formé d’assemblées élues, serait plus attentif aux intérêts des colons et moins coûteux que le régime colonial. De l’île de Vancouver à la Nouvelle-Écosse, tous les sujets britanniques, indépendamment de leur couleur, devaient jouir des « droits et privilèges inaliénables dont hérit[aient] les Anglais ». Toutefois, en tant que libéral du milieu de l’époque victorienne, il croyait aussi que la propriété et la stabilité sociale étaient des conditions essentielles à l’exercice éclairé de la citoyenneté. C’est pourquoi, même si au début des années 1860 il préconisa dans ses éditoriaux un élargissement du droit de vote, il s’opposait au suffrage universel masculin : pour être électeur, il fallait être contribuable et résident.

Idées libérales et souci de l’intérêt des colons caractérisaient aussi la vision que De Cosmos avait de l’économie. Fidèle à l’esprit du temps, il célébrait les chemins de fer, les « hommes d’action », le progrès moral et matériel, la croissance démographique et l’expansion du commerce. La propriété privée des ressources était pour lui un principe indiscutable. Il encourageait donc l’agriculture, qui lui semblait être le fondement de la prospérité coloniale, mais il entrevoyait que, pour devenir véritablement une colonie de peuplement, la Colombie-Britannique allait devoir diversifier son économie. Le littoral, dont les pêcheries constituaient « une intarissable source de richesse » et dont les forêts étaient « à peu près inépuisables », n’avait besoin, pour prospérer, que de capital et de main-d’œuvre. C’est pourquoi l’influence du gouverneur Douglas et de la Hudson’s Bay Company était pour lui une source de frustration, car il considérait (ce en quoi il se trompait passablement) qu’ils avaient retardé la diversification et l’expansion de l’économie.

La foi que De Cosmos avait dans les valeurs économiques de son époque s’exprimait dans ses propres transactions. Peu après son arrivée à Victoria, il commença à investir dans l’immobilier – des terrains au fort Langley (Fort Langley) par exemple. Dès 1897, il possédait, à Victoria, 34 lots d’une valeur totale de 118 000 $. Le fait que ces biens-fonds étaient « grevés de terribles hypothèques » (plus de 87 000 $) laisse supposer que ses investissements étaient de nature spéculative. Dans les années 1860, il fit, sans succès, la promotion d’une mine de quartz, d’une scierie et d’une ferme d’élevage dans l’île de Vancouver (elle aurait été située dans la réserve indienne de Cowichan), puis, à la fin des années 1880, d’un service de chemin de fer et de bac qui aurait relié Victoria à la baie Swartz et à la terre ferme. Bref, à l’île de Vancouver comme en Californie, il agissait de la même manière que bon nombre d’entrepreneurs dans les sociétés de colonisation : il vendait et achetait des propriétés, et il faisait de la promotion d’entreprises.

Les positions de De Cosmos sur le libre-échange et les droits de douane ne présentaient pas la même simplicité que le reste de sa philosophie politique et économique. Dans ce cas, quelque chose tempérait son libéralisme, à savoir la conviction que le littoral nord-ouest, malgré son appartenance à l’Empire britannique, avait une identité propre. Certes, il proclama en 1862 que le temps était à « la liberté de presse, [au] libre-échange et [à] la liberté tout court », et dix ans plus tard il prôna, en matière de richesses naturelles, la réciprocité totale avec les États et territoires du Sud. Pourtant, il défendit toujours, et surtout à compter des années 1870, une espèce de nationalisme économique. Dès 1859, le Colonist préconisait non pas le laisser-faire mais la « protection de [l’]industrie » coloniale et pressait le gouvernement de soutenir les affaires, soit en allouant des « primes » aux pêcheurs, en subventionnant les compagnies locales de navigation à vapeur ou en donnant, aux fermiers et aux bûcherons, libre accès aux terres et aux forêts. Après l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération, en 1871, De Cosmos se prononça régulièrement en faveur de l’imposition de droits de douane qui soutiendraient « les manufactures et l’agriculture », encore bien fragiles. À la chambre des Communes en mai 1872, il déclara que la « colonie était jeune » et qu’elle « avait besoin de soins ». Pour son contemporain Gilbert Malcolm Sproat*, qui croisait quelquefois le fer avec lui, il était un « protectionniste consommé ».

Ce nationalisme économique, chez De Cosmos, découlait entre autres motifs de la volonté de voir les colonies nord-américaines devenir politiquement indépendantes de la Grande-Bretagne. Attristé par la politique impériale qui obligeait des colonies comme l’île de Vancouver à vivre « complètement en autarcie », donc à ne compter que sur leurs « propres efforts », il les invita en 1861 à « former une nation bien à elles ». Pareille nation naîtrait de la fédération de toutes les colonies britanniques de l’Amérique du Nord ; cet objectif, qu’il avait défini clairement dès le premier éditorial du Colonist, allait lui valoir le titre de « Père de l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération ». Dans les années suivantes, il appuya la construction d’un chemin de fer intercolonial et les buts de la British North American Association, toutes choses que soutenait Joseph Howe. Un autre objectif sous-tendait son programme politique : avoir un gouvernement moins coûteux et une économie plus forte. C’est pourquoi l’union de l’île de Vancouver et de la Colombie-Britannique, et l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération figurent parmi les grandes causes auxquelles il se consacra. L’étape ultime de l’évolution politique de l’Amérique du Nord britannique devrait être la création d’un État indépendant qui serait représenté au Parlement impérial. La perspective de demeurer politiquement inférieurs aux Anglais, disait-il, révoltait les habitants de l’Amérique du Nord britannique parce qu’elle les atteignait jusque dans leur « dignité d’homme » et leur « fierté ». Au cours des débats que le Parlement de la Colombie-Britannique tint sur la Confédération, en mars 1870, puis en juin dans un éditorial du Victoria Daily Standard (journal qu’il avait fondé cette année-là et qu’il dirigea jusqu’en 1872), il affirma que, à part la fédération, la seule solution était « la séparation du Canada de l’Angleterre et la constitution de celui-ci en une autre nation américaine, souveraine et indépendante ». « Je suis [né] colon britannique, mais je ne souhaite pas mourir en larve de colon britannique », déclara-t-il solennellement à la chambre des Communes en avril 1882. « Je ne veux pas mourir sans avoir les droits, privilèges et immunités du citoyen d’une nation. » Il précisait que, même si l’indépendance lui paraissait prématurée, le Canada devrait avoir pleine compétence en matière d’affaires étrangères. S’il perdit aux élections fédérales de cette année-là, ce fut surtout parce qu’il avait laissé entendre que, pour devenir une nation à part entière, le Canada pourrait bien devoir se séparer de la Grande-Bretagne.

Son nationalisme n’empêchait pas De Cosmos d’être aussi un fervent régionaliste, la « nation » étant pour lui un regroupement de collectivités régionales. Comme le Victoria Daily Times le soulignerait dans sa notice nécrologique, dès le début de sa carrière de journaliste, et tout au long de sa carrière politique, il prit fait et cause pour Victoria, sa « ville d’adoption », et en défendit les intérêts « contre vents et marées dans ses journaux aussi bien qu’au Parlement provincial et à la chambre des Communes ». Ainsi, pendant les débats sur la Confédération, il réclama pour Victoria un traitement de faveur – par exemple un tarif protecteur – afin qu’elle reste la « principale ville commerciale de la Colombie-Britannique, toutes les autres parties de la colonie en étant tributaires ». « Voilà, concluait-il, ce que la Confédération, à des conditions justes, fera pour nous. » Nationalisme et régionalisme n’étaient pas incompatibles parce qu’il entrevoyait la création d’un pays très décentralisé où, notait-il dans son discours sur le « colon britannique à l’état larvaire », « chaque province sera[it] un État indépendant », comme « le [voulait] la règle en terre d’Amérique ».

Pendant sa carrière politique, qui mit du temps à démarrer, De Cosmos allait siéger, à titre de représentant élu de Victoria ou de la région environnante, dans plusieurs corps législatifs : chambre d’Assemblée de l’île de Vancouver de 1863 à 1866, Conseil législatif de la Colombie-Britannique en 1867–1868 et 1870–1871, Assemblée législative de la Colombie-Britannique de 1871 à 1874 et chambre des Communes de 1871 à 1882. Même s’il allait jouer des rôles importants dans la période postconfédérale (par exemple il fut, de 1872 à 1874, donc durant un peu plus d’un an, le second premier ministre de la province), il fit surtout sa marque pendant la période coloniale. Il brigua les suffrages pour la première fois aux élections générales de 1860, qui visaient à former la deuxième Assemblée de l’île de Vancouver, mais George Hunter Cary* l’emporta sur lui. Ensuite, il se porta candidat à une élection partielle. Son identité d’adoption posant des problèmes, il dut s’identifier comme « William Alexander Smith, connu communément sous le nom d’Amor De Cosmos », et perdit parce qu’un électeur n’avait pas bien dit cette formule. Enfin, après avoir clairement défini son programme de réformes en publiant durant cinq ans des articles « vigoureux » dans le Colonist, il remporta la victoire aux élections générales de juillet 1863. Sa carrière publique entrait dans sa deuxième phase. Durant les trois ans de mandat de la troisième Assemblée, il représenta, avec trois autres députés, la circonscription de la ville de Victoria.

Deux questions politiques dominaient alors les débats de l’Assemblée – l’union de l’île de Vancouver avec la Colombie-Britannique et la réduction des dépenses coloniales – et toutes deux s’imposaient parce que, sur le continent, la ruée vers l’or semblait près de devenir chose du passé. Il y eut bien des regains d’excitation – dont un en 1864 à la rivière Leech, dans le sud de l’île de Vancouver – mais aucune découverte ne se comparait à celle qui, en 1862, avait provoqué une ruée dans la région de Cariboo. De Cosmos était l’un des plus chaleureux partisans de l’union avec la Colombie-Britannique, et il était même prêt, pour la réaliser, à ce que Victoria renonce à son rang de port franc. Ce point de vue lui mit à dos les grands hommes d’affaires de la rue Wharf. Dès janvier 1865, sous son impulsion, l’Assemblée avait adopté des propositions dans lesquelles elle s’était engagée à ratifier l’union avec la colonie continentale « en vertu de la constitution qu’il plairait] au gouvernement de Sa Majesté d’octroyer » et préconisait, en matière économique, « la plus stricte retenue » qui puisse se pratiquer sans mettre en danger « l’efficacité de la fonction publique ». Pour mesurer l’assentiment populaire à ces propositions, De Cosmos et Charles Bedford Young, qui s’y était opposé, démissionnèrent. À l’élection partielle qui suivit en février 1865, De Cosmos fut réélu tandis que Young fut battu par Leonard McClure*, cocandidat de De Cosmos et nouveau rédacteur en chef du Colonist.

Quand l’Assemblée termina son mandat, en septembre 1866, elle n’était toujours pas parvenue à s’entendre avec le gouverneur et le Conseil législatif au sujet des dépenses de la colonie. Les députés avaient tenté de réduire la liste civile afin de pouvoir consacrer des fonds au développement, mais le gouverneur Arthur Edward Kennedy* avait refusé de diminuer son effectif de fonctionnaires. La constitution adoptée en novembre au moment de l’union de l’île de Vancouver et de la Colombie-Britannique montrait que le gouverneur et l’Assemblée étaient encore à couteaux tirés. Le ministère des Colonies noyait littéralement l’île de Vancouver dans la Colombie-Britannique en abolissant l’Assemblée et en étendant sur toute la nouvelle colonie le pouvoir du Conseil législatif de la Colombie-Britannique, dont les membres n’étaient pas élus mais nommés. L’Assemblée mourut tandis que ses membres protestaient contre la décision du gouvernement britannique qui lui refusait même le droit de ratifier l’union. Des adversaires politiques accusèrent De Cosmos de ne pas avoir prévu que les propositions de 1865 pourraient servir à la faire disparaître.

Quand le Conseil législatif de la nouvelle colonie entama sa première session, au début de 1867, De Cosmos y siégeait en qualité de conseiller « populaire » de Victoria. (Les conseillers populaires étaient ceux que le gouverneur nommait après un vote dans le district qui devait être représenté. Tous les gouverneurs acceptèrent de nommer les personnes ainsi choisies.) Par voie de motion, De Cosmos demanda au gouverneur Frederick Seymour* d’engager des pourparlers afin que la Colombie-Britannique soit admise, « à des conditions justes et équitables », au sein de la Confédération qui était sur le point de se former dans l’est de l’Amérique du Nord britannique. Le conseil adopta la motion à l’unanimité et Seymour télégraphia la requête au ministère des Colonies. Une fois la session terminée, De Cosmos se rendit dans la province du Canada afin d’y trouver des alliés parmi les hommes politiques. Il assista et prit la parole au congrès réformiste qui se tint à Toronto à la fin de juin 1867 et où George Brown* galvanisa les délégués en vue d’une nouvelle lutte contre John Alexander Macdonald et ses partisans.

Pour De Cosmos, la session de 1868 du Conseil législatif fut moins fructueuse que la précédente. Dans le discours inaugural, le gouverneur Seymour déclara que sa motion de 1867 était « l’expression d’une collectivité démoralisée, prête à n’importe quel changement », et affirma que rien ne pouvait se faire tant que la Hudson’s Bay Company n’aurait pas cédé Rupert’s Land au nouveau dominion. De Cosmos répliqua en présentant un projet d’adresse à la reine dans lequel il proposait des conditions d’union. Sa motion fut anéantie par un amendement qui, tout en réaffirmant l’appui des conseillers au « principe général » de l’union avec le Canada, faisait valoir que ceux-ci n’avaient pas en main « assez d’éléments » pour définir les conditions. L’amendement, présenté par deux conseillers gouvernementaux, fut adopté par 12 voix contre 4. Parmi ceux qui l’appuyèrent se trouvaient John Sebastian Helmcken* et Joseph Despard Pemberton, les autres conseillers populaires de Victoria. Seuls Edward Stamp*, John Robson et George Anthony Walkem* (ces deux derniers allaient être premiers ministres de la province) soutinrent la proposition de De Cosmos. Les résultats du scrutin montraient que la Confédération suscitait une opposition de plus en plus vive à Victoria, qui était non seulement le plus grand centre et le foyer commercial de la colonie, mais aussi le siège du gouvernement New Westminster avait cessé, plus tôt dans l’année, d’être la capitale de la colonie unie.

Après cette défaite au conseil, De Cosmos et ses alliés entreprirent dans toute la colonie une campagne en faveur de la Confédération. En mai, ils fondèrent la Confédération League ; Robert Beaven*, lui aussi futur premier ministre, en était le secrétaire. Au cours d’un congrès tenu à Yale en septembre, à la veille des élections des conseillers populaires, la ligue présenta un programme politique qui était de nature à rallier ceux qui étaient à la fois partisans de la Confédération et partisans du gouvernement responsable. Aux élections de novembre, les candidats favorables à la Confédération firent bonne figure sur le continent. Par contre, dans l’île de Vancouver, la victoire alla à une coalition formée par les élites du gouvernement et de la Hudson’s Bay Company, favorables au statu quo, et par les hommes d’affaires d’origine européenne, qui souhaitaient l’annexion aux États-Unis plutôt qu’au Canada. De Cosmos lui-même perdit, dans la ville de Victoria, aux mains de Helmcken, ancien président de la chambre d’Assemblée de l’île de Vancouver qui était chirurgien de la Hudson’s Bay Company et gendre de Douglas, et du cocandidat de Helmcken, Montague William Tyrwhitt-Drake. Dès la première réunion du nouveau Conseil législatif, les vainqueurs montrèrent leur pouvoir. Les fonctionnaires coloniaux et les magistrats qui formaient la majorité se joignirent aux antifédéralistes de l’île de Vancouver pour adopter une motion qualifiant l’entrée dans la Confédération d’« indésirable, même si réalisable ». Seuls les cinq conseillers populaires du continent votèrent contre cette motion.

Ce fut la dernière victoire des antifédéralistes. Quand le Conseil législatif de 1870 se réunit, la voie de la Confédération était libre. Les Territoires du Nord-Ouest avaient été transférés au Canada. Le gouverneur Seymour était mort et son successeur, Anthony Musgrave*, avait reçu instructions de faciliter l’entrée de la province dans le dominion. On leva le dernier obstacle en promettant, aux conseillers nommés, une pension ou un autre poste dans les colonies. Il ne restait donc plus qu’à tenir un vaste débat sur les conditions proposées par le gouverneur. De Cosmos siégeait de nouveau au conseil, car il avait remporté une victoire sans équivoque à une élection partielle tenue au sujet de la Confédération dans le district rural de Victoria. Pour lui comme pour les autres réformistes, l’essentiel était le gouvernement responsable ; or, il ne figurait pas au nombre des conditions. Malgré des différences de tactique, De Cosmos, Robson et leurs alliés luttèrent tous pour qu’il y soit inclus. Repoussés par la majorité progouvernementale, ils se remirent à faire de l’agitation hors du Parlement. Une assemblée de masse et la réception d’une délégation favorable à la responsabilité ministérielle convainquirent Musgrave de changer d’avis. Comme il n’était pas parvenu à faire entrer Terre-Neuve dans la Confédération, il ne pouvait se permettre le même échec avec la Colombie-Britannique.

Certains contemporains, et des commentateurs par la suite, ont exprimé des doutes quant à l’enthousiasme que De Cosmos éprouvait à ce moment-là pour la Confédération. S’il avait pu obtenir le gouvernement responsable, disait Musgrave, le Canada ne l’aurait pas intéressé. En fait, la vérité semble être que pour lui, comme pour son grand adversaire le docteur Helmcken, tout dépendait des conditions. La plus importante, aux yeux des habitants de la Colombie-Britannique, et celle qui pava l’entrée de la colonie au sein du dominion était la promesse de ce dernier d’entreprendre avant deux ans la construction d’un chemin de fer transcontinental et de le terminer en moins de dix ans. Même si le non-respect de cet engagement allait dominer la carrière de De Cosmos au Parlement, sa principale préoccupation durant la période qui précéda la Confédération fut d’en arriver à une Assemblée élue démocratiquement et, jusqu’à la fin de la session de 1871, il harcela le Conseil législatif formé alors de neuf membres élus et de six membres nommés. Cependant, la majorité, dirigée par Helmcken et composée de tous les conseillers nommés, contrecarra ses efforts et empêcha, jusqu’après l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération (le 22 juillet 1871), la création d’une Assemblée exclusivement élective et régie par le principe du gouvernement responsable. Après, une Assemblée législative formée de 25 députés élus fut créée. De Cosmos demeura représentant du district de Victoria et fut aussi élu député fédéral de Victoria au cours de la série d’élections partielles qui ajoutèrent, à la chambre des Communes, six députés de la nouvelle province.

Après la défaite du gouvernement de transition de John Foster McCreight* en Colombie-Britannique, le 19 décembre 1872, le lieutenant-gouverneur Joseph William Trutch* demanda à De Cosmos de former un nouveau gouvernement. (Il n’avait pas fait appel à lui au moment de choisir le premier des premiers ministres de la Colombie-Britannique.) Comme le Vancouver World allait le noter en 1897, De Cosmos était depuis des années « le pivot du principal parti politique de la Colombie-Britannique », et sa réputation demeurait telle, en 1872, que son droit au titre de premier ministre ne pouvait plus être nié. Le 23 décembre, il forma le premier d’une série de gouvernements dont les membres présentaient deux caractéristiques : généralement nés ou élevés en Amérique du Nord, ils avaient lutté pour la réforme et la Confédération dans les années 1860. Même si De Cosmos ne fut premier ministre que jusqu’en 1874, ce groupe allait rester au pouvoir presque sans interruption jusqu’au début de 1883, tandis que l’opposition serait constituée de l’élite d’origine britannique. Fait significatif, John Robson, l’autre grand tenant de la réforme, ne faisait pas partie du cabinet et se laissait attirer par l’opposition, affichant dans le Colonist son association avec le plus implacable ennemi de De Cosmos, David William Higgins.

Aucun exploit législatif ne marqua le bref mandat de De Cosmos – dont il passa la plus grande partie à Ottawa ou à Londres. Réformes et expansion économique (ses chevaux de bataille) étaient les grands principes de son gouvernement, qui poursuivit l’œuvre entreprise par McCreight, à savoir l’implantation d’un réseau d’écoles publiques, gratuites et non confessionnelles, réduisit le nombre des fonctionnaires, étendit les droits de propriété des femmes mariées et institua le scrutin secret. Mais surtout, De Cosmos instaura, en Colombie-Britannique, un gouvernement pleinement responsable. La première fois qu’il réunit son cabinet, il mit fin à la pratique instituée par McCreight suivant laquelle le lieutenant-gouverneur siégeait au Conseil exécutif pour donner son avis aux ministres. L’un des gestes les plus importants de De Cosmos à titre de premier ministre plongea son gouvernement au cœur d’un âpre conflit politique. Au nom de la croissance économique, il tenta de faire modifier l’une des conditions de l’union, par laquelle Ottawa s’était engagé à garantir les intérêts sur la somme – £100 000 au plus – que coûterait l’aménagement d’un bassin de radoub à Esquimalt, et ce durant les dix années qui suivraient l’achèvement des travaux. Comme il fallait du capital de lancement, il alla demander des fonds à Ottawa et à Londres à titre de représentant spécial de la province. Le gouvernement Macdonald s’engagea à verser une subvention de £50 000 au lieu de garantir les intérêts (le premier ministre Alexander Mackenzie renouvela cette promesse à la fin de 1873) et à prêter à la province un million de dollars à 5 % d’intérêt pour d’autres travaux publics. Le gouvernement impérial, quant à lui, consentit un prêt de £30 000. Pourtant, quand De Cosmos rentra à Victoria, à la fin de janvier 1874, porteur de ces bonnes nouvelles, ses adversaires politiques parvinrent à soulever une tempête de critiques.

La campagne en vue des élections fédérales de 1874 battait alors son plein en Colombie-Britannique où la journée du scrutin avait été reportée au 20 février. Les adversaires de De Cosmos, groupés autour de Higgins, directeur du Colonist, comptaient notamment Helmcken et avaient Robson pour porte-parole au Parlement provincial. Ils appuyaient deux candidats dans Victoria, parce qu’ils prévoyaient que De Cosmos, élu en 1871 et 1872, se présenterait à nouveau. Jouant sur la crainte que le terminus du chemin de fer, que Macdonald avait promis à Victoria en 1873, ne soit installé sur le continent, ils alléguèrent que la réouverture des conditions de l’union relatives au bassin de radoub permettrait également la modification des clauses qui avaient trait au chemin de fer, et ce, au détriment de Victoria. Le groupe organisa un rassemblement monstre le soir du 7 février 1874 et envahit la chambre à la tête d’une foule de protestataires, ce qui força à ajouner les travaux dans la confusion. Deux jours après, De Cosmos et Arthur Bunster, son homologue dans la circonscription provinciale du district de Victoria, démissionnèrent en guise de contestation de l’élection fédérale. (Conformément à un projet de loi adopté en 1873 pendant le mandat de De Cosmos, le double mandat devait être aboli dès l’élection d’une nouvelle chambre des Communes.) Ses adversaires continuèrent de le poursuivre, d’abord avec une pétition qu’ils présentèrent à l’Assemblée le 9 février et, après sa démission, avec des accusations portées par Robson voulant qu’il ait « extorqué » 150 000 $ à sir John Alexander Macdonald et qu’il ait mésusé de son poste pour son profit personnel en favorisant la création d’une mine de fer dans l’île Texada. L’accusation d’extorsion fut finalement abandonnée. De Cosmos remporta la victoire par quatre voix contre Francis James Roscoe, que le Colonist appuyait. Une commission royale provinciale qui tint des audiences à la fin de l’été et au début de l’automne conclut à son innocence, mais l’accusation avait laissé derrière elle des relents de corruption.

Étant donné ses états de service, il était ironique que les protestataires accusent De Cosmos d’avoir « trahi » les intérêts locaux. D’ailleurs, cette accusation n’était pas fondée : l’entente qu’il avait conclue (et que le Parlement ratifia une fois le malentendu dissipé) portait sur le bassin de radoub et la dette, non sur le chemin de fer. Pourtant, elle le fouetta sans doute ; dès lors, il se battit encore plus rudement pour que le chemin de fer canadien du Pacifique soit construit bientôt et aille jusque dans l’île de Vancouver. Ce n’était pas une question nouvelle pour lui. En 1873, il avait publié dans le Daily Standard une série d’articles où il se plaignait que parmi les conditions de l’union, rien ne garantissait que le futur chemin de fer transcontinental se terminerait à Victoria et, depuis, la réalisation de ce projet était devenue une idée fixe chez lui. À compter de 1874, à cause de son engagement de longue date en faveur des intérêts de Victoria et du récent revirement de la politique ferroviaire du gouvernement fédéral, cet homme qui défendait le « nationalisme » depuis les années 1860 se vit contraint de manifester un esprit de clocher.

À la chambre des Communes, De Cosmos défendit les clauses de l’entente proposée en 1874 par le secrétaire d’État aux Colonies, lord Carnarvon, et en particulier celle qui recommandait de commencer sans délai la construction du tronçon Esquimalt-Nanaimo de la ligne nationale [V. Andrew Charles Elliott*]. Il opposa une fin de non-recevoir à ceux qui suggéraient de doter l’île de Vancouver d’une simple ligne locale ou de l’indemniser si elle acceptait que le chemin de fer se termine sur le continent. Il évoqua la possibilité d’un trajet qui passerait par l’inlet de Bute et irait jusqu’à Esquimalt ; le havre de cette ville, faisait-il valoir, était bien supérieur à son rival, le havre de l’inlet de Burrard. Il alla jusqu’à présenter, au début de 1879, une motion qui prévoyait que la Colombie-Britannique pourrait se séparer pacifiquement du Canada. Cette motion de sécession ne fut pas mise aux voix faute de deuxième parrain, mais elle reflétait tout de même la frustration qu’éprouvaient les habitants de l’île depuis que le gouvernement Mackenzie, en 1878, avait choisi de faire passer le chemin de fer par la vallée du Fraser. En 1880, le gouvernement provincial envoya De Cosmos en mission spéciale à Ottawa pour qu’il convainque le gouvernement du dominion de construire un tronçon du chemin de fer canadien du Pacifique dans l’île. Cette tentative ayant échoué, De Cosmos se rendit à Londres afin de faire appel à la reine au sujet des engagements que le dominion avait pris envers l’île de Vancouver à propos du chemin de fer. Revenu au Canada les mains vides en novembre 1881, il fut relevé de ses fonctions spéciales l’année suivante. Finalement, la construction du tronçon de l’île fit l’objet d’une entente dans le cadre du Settlement Act adopté par la province en décembre 1883 et d’une loi semblable que le gouvernement fédéral adopta en avril suivant [V. William Smithe*].

Dans les dernières années de sa carrière publique, la question raciale requit de plus en plus l’attention de De Cosmos. Ses vues sur les Indiens et sur les immigrants chinois reflétèrent toujours les valeurs et les préjugés des colons. Dans les années 1880, il parlait d’eux comme de peuples « inférieurs ». Il en était venu à une telle opinion sur les Indiens au début de l’époque de la ruée vers l’or, quand beaucoup d’entre eux erraient dans les rues de Victoria. Il les définissait comme des êtres « irrationnels », mais dans l’ensemble il les croyait susceptibles de « progrès » et de « rachat » si on les soustrayait aux aspects les plus néfastes de l’influence des Blancs et si on leur enseignait des travaux « civilisés », l’agriculture surtout. Même si les immigrants chinois lui paraissaient moins avilis, il voyait en eux un danger plus grave parce qu’ils « ne s’assimilaient pas ». Mais en même temps, le désir de promouvoir la croissance économique et la conscience du fait que les groupes minoritaires pouvaient donner à la colonie la maind’œuvre dont elle avait tant besoin tempéraient ces jugements négatifs. Ainsi, il louait la contribution que les Indiens apportaient à l’économie de marché en pratiquant la pêche et l’agriculture. Les Chinois aussi, souligna-t-il à plusieurs occasions dans les années 1860, pourraient se montrer fort utiles en mettant en valeur les vastes ressources naturelles de la colonie. Mais, à mesure que les colons blancs augmentaient, l’animosité raciale s’intensifiait en Colombie-Britannique, et le caractère ambigu des opinions de De Cosmos sur la question des minorités s’atténua. En 1877 et de nouveau en 1880, il informa la chambre des Communes que les Blancs de la Colombie-Britannique étaient de plus en plus frustrés par la politique fédérale sur les terres indiennes. Les concessions foncières aux Indiens étaient trop généreuses, affirmait-il ; elles empêchaient les Blancs, qui en avaient le droit, de peupler la province. En outre, il s’opposait à la reconnaissance des droits territoriaux des Indiens, qu’il avait pourtant appuyée auparavant, et réclamait que l’on cesse de les traiter comme « une classe privilégiée ». L’Indien devait apprendre à « gagner sa vie tout comme l’homme blanc ». Quant au sentiment antichinois, c’est surtout parmi les ouvriers blancs de Victoria, de plus en plus nombreux, qu’il se développait, car ceux-ci craignaient que ces Asiatiques ne leur fassent une concurrence déloyale. Même si De Cosmos essayait d’aller de l’avant dans ce mouvement racial qui prenait de l’importance, c’est Noah Shakespeare* et ses partisans de la Workingman’s Protective Association qui en prirent la tête. La pétition de 1 500 noms que De Cosmos présenta au Parlement en 1879 avait été rédigée par Shakespeare. Fait significatif, ce fut ce dernier, avec un programme ouvertement raciste, qui battit De Cosmos aux élections fédérales de 1882 et mit fin à sa carrière de député de Victoria.

On concède généralement que De Cosmos fut un député fédéral de peu d’envergure. Les circonstances jouèrent contre lui, et comme les citoyens de Victoria croyaient que leur prospérité future était liée au prolongement du chemin de fer jusqu’à Esquimalt, il dut se cantonner dans le rôle de critique des conditions de l’union. Il se trouva de plus en plus isolé, ses positions sur la question ferroviaire lui aliénant même les autres députés de la Colombie-Britannique.

La personnalité bizarre de De Cosmos explique aussi pourquoi il n’arrivait pas à grand-chose quand il était en dehors de son petit monde, Victoria. On trouvait que tout, en lui, était « très excentrique », aussi bien son nom que sa mise : il portait habituellement « une redingote, un chapeau haut de forme et, sur l’avant-bras, une canne à grosse poignée dont il ne se servait pas pour marcher ». De l’avis général, c’était un « homme des plus égocentriques », qui « avait l’habitude de s’adresser aux autres d’un ton très condescendant ». Cultivé, il pouvait citer Adam Smith ou John Stuart Mill dans ses écrits ou dans les débats ; à sa mort, il laissa l’une des plus belles bibliothèques de la province. « Libre-penseur », il s’opposa en 1877 à l’adoption de la pratique de la prière aux Communes. En outre, il était têtu, sujet à la colère et porté à prendre les questions politiques pour des affaires personnelles : ses adversaires se faisaient abreuver de phrases caustiques et d’invectives. Célibataire, il avait beaucoup d’amis dans les cercles politiques, mais sa vie privée était étriquée. Ses fréquents manques de retenue en public – par exemple, il lui arrivait de fondre en larmes quand il parlait ou de se battre avec ses poings et sa canne dans les rues de Victoria – laissent supposer une tendance au déséquilibre émotif. Selon Gilbert Malcolm Sproat, il n’avait ni la « patience » nécessaire à l’« homme de parti » ni la « diplomatie » nécessaire à l’homme d’État. À Londres, au milieu des années 1870, De Cosmos « causa beaucoup d’amusement partout, à cause de son langage et de son comportement » ; en 1881, le secrétaire d’État aux Colonies, lord Kimberley, le trouva « terriblement assommant ». Fait intéressant, ses excentricités lui avaient moins nui dans l’île de Vancouver que sur la scène nationale et internationale. Victoria en avait régulièrement fait son représentant dans les corps législatifs de la colonie et du dominion parce qu’il avait des « compétences non négligeables de législateur » et qu’elle le reconnaissait comme un « ami du peuple ».

Amor De Cosmos demeura à Victoria après sa défaite aux élections de 1882. Vêtu comme à l’habitude, il errait dans les rues, se querellant à l’occasion avec d’anciens adversaires et faisant parfois des déclarations publiques incohérentes. Son déclin fut graduel. En 1889, il inspirait encore assez d’estime pour qu’un groupe de citoyens l’appuie dans la promotion d’un système de chemin de fer et de bac entre Victoria et le continent. Mais le processus était inéluctable. À la fin de 1895, on le déclara « aliéné » ; il avait alors 70 ans. Il mourut le 4 juillet 1897 sans avoir recouvré sa lucidité.

Robert A. J. McDonald et H. Keith Ralston

Les deux journaux de Victoria fondés par Amor De Cosmos ont fait l’objet d’un examen systématique pour les périodes durant lesquelles il en a été le rédacteur en chef : le British Colonist (1858–1860, devenu ensuite le Daily British Colonist, 1860–1863), et le Victoria Daily Standard (1870–1873).

PABC, Add. mss 14 ; Add. mss 470 ; GR 1304, file 1897/2139 ; GR 1372, F 447, 1891.— Canada, chambre des Communes, Débats, 1875–1882.— C.-B., Legislative Assembly, Journals, 1872–1874 ; 1875, « Sessional papers », 181–274 ; Legislative Council, « Debate on the subject of confederation with Canada », Government Gazette Extraordinary (Victoria), mars–mai 1870 ; réimpr. sous le titre de Debate [...] (Victoria, 1870 ; réimpr., 1912), et aussi dans Journals of the colonial legislatures [...] (voir plus bas), 5 : 444–575 ; Statutes, 1872–1874.— Journals of the colonial legislatures of the colonies of Vancouver Island and British Columbia, 1851–1871, J. E. Hendrickson, édit. (5 vol., Victoria, 1980).— Acadian Recorder, 6 juill. 1897.— British Columbian, 12 août 1882.— Daily British Colonist, 1864–1882.— Daily Colonist (Victoria), 6 juill. 1897.— Monetary Times, 9 juill. 1897.— Vancouver Daily World, 6 juill. 1897.— Victoria Daily Times, 5 juill. 1897.— H. R. Kendrick, « Amor De Cosmos and confederation », British Columbia & confederation, W. G. Shelton, édit. (Victoria, 1967), 67–96.— Ormsby, British Columbia.— Margaret Ross, « Amor De Cosmos, a British Columbia reformer » (thèse de m.a., Univ. of B.C., Vancouver, 1931).— Roland Wild, Amor De Cosmos (Toronto, [1958]).— George Woodcock, Amor De Cosmos, journalist and reformer (Toronto, 1975).— Beaumont Boggs, « What I remember of Hon. Amor DeCosmos », British Columbia Hist. Assoc., Report and Proc. (Victoria), 4 (1925–1929) : 54–58.— Daily Colonist, 14 mars 1943, 12 mars 1967, 12 déc. 1972 (magazine).— A. G. Harvey, « How William Alexander Smith became Amor De Cosmos », Wash. Hist. Quarterly (Seattle), 26 (1935) : 274–279.— Pacific Tribune (Vancouver), 27 juin, 11 juill. 1952.— Margaret Ross, « Amor DeCosmos, a British Columbia reformer », Wash. Hist. Quarterly, 23 (1932) : 110130.— W. N. Sage, « Amor De Cosmos, journalist and politician », BCHQ, 8 (1944) : 189–212.— Vancouver Sun, 24 juin 1958.— Victoria Daily Times, 19 janv. 1906, 28 déc. 1929.

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Robert A. J. McDonald et H. Keith Ralston, « DE COSMOS, AMOR (William Alexander Smith) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/de_cosmos_amor_12F.html.

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Auteur de l'article:    Robert A. J. McDonald et H. Keith Ralston
Titre de l'article:    DE COSMOS, AMOR (William Alexander Smith)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    21 déc. 2024