Titre original :  Image courtesy of the Powell River Historical Museum & Archives, Powell River, British Columbia.

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POWELL, ISRAEL WOOD, médecin, homme politique, surintendant des Affaires indiennes et homme d’affaires, né le 27 avril 1836 à Colborne, comté de Norfolk, Haut-Canada, fils d’Israel Wood Powell, marchand, et de Melinda Boss ; frère de Walker Powell ; le 25 janvier 1865, il épousa à Victoria Jane (Jennie) Branks, et ils eurent cinq fils et quatre filles ; décédé dans cette ville le 25 février 1915.

Israel Wood Powell suivit des leçons d’anatomie et de physiologie auprès du docteur Charles William Covernton durant trois ans à Port Dover, dans le Haut-Canada, puis s’inscrivit en 1856 à la faculté de médecine du McGill College à Montréal. Diplômé en 1860, il retourna à Port Dover, où il se mit à exercer. Moins de deux ans plus tard, il partit pour la Nouvelle-Zélande, mais il changea de cap en apprenant que l’on avait découvert de l’or dans le district de Cariboo en Colombie-Britannique. Arrivé à Victoria le 13 mai 1862, il ouvrit un cabinet deux semaines plus tard à l’Anglo-American Hotel.

Au cours de ses premières années à Victoria, Powell exerça bénévolement la fonction de chirurgien au service des incendies et appartint au Victoria Rifle Volunteer Corps, la milice locale. D’avril 1864 à 1872, il fut chirurgien à l’hôpital tenu par la Société française de bienfaisance et de secours mutuels de Victoria. Pendant ses études à McGill, il était devenu franc-maçon, et, de retour à Port Dover, il avait participé à la fondation d’une loge. On présume qu’il usa de ses relations dans la franc-maçonnerie pour constituer sa clientèle de médecin à Victoria. Bien vite, il y fit la connaissance de plusieurs francs-maçons américains à qui ne convenaient pas les rites anglais observés par la loge existante. Il suggéra donc que celle-ci s’affilie à la Grand Lodge of Scotland, qui suivait les rites américains dans le Haut et le Bas-Canada, et figura parmi les membres fondateurs de la Vancouver Lodge No. 421, mise sur pied en octobre 1862. Il en devint le maître en décembre et accéda en 1867 au titre de grand maître provincial. De 1871 à 1875, il serait le premier grand maître de la Grand Lodge of British Columbia, regroupement des loges régies par les règles anglaise et écossaise. Il rompit tout lien avec la franc-maçonnerie en 1877 parce qu’un autre membre lui avait fait du tort et réintégra la loge seulement dix mois avant de mourir.

En raison de sa profession et de sa participation à des organisations communautaires, Powell était un notable. En 1863, un peu plus d’un an après son arrivée, il remporta un siège à la Chambre d’assemblée de l’île de Vancouver en prônant un programme où figuraient la responsabilité ministérielle et la gratuité des écoles publiques. Nommé au bureau général d’Éducation dès la fondation de cet organisme en 1865, il en serait président du 22 juin 1867 au mois d’avril 1869.

Dès 1866, tout comme son collègue Amor De Cosmos*, Powell proposa que la Colombie-Britannique fasse partie de la future Confédération avec les provinces canadiennes. Il perdit son siège cette année-là et fut défait à nouveau en 1868 en défendant la même position. Même hors de l’Assemblée, il joua un rôle important parmi les proconfédérateurs jusqu’à l’entrée de la colonie dans le dominion, en 1871. En récompense, il obtint le poste de surintendant des Affaires indiennes en Colombie-Britannique le 17 octobre 1872. De plus, il passa au grade de lieutenant-colonel de milice, car le gouvernement fédéral était convaincu qu’il lui faudrait une autorité militaire pour traiter avec les Amérindiens. Surintendant durant 17 ans, Powell imprimerait sa marque sur les affaires indiennes dans la province canadienne qui comptait la plus forte population autochtone.

Mieux disposé envers les peuples autochtones que la plupart de ses contemporains [V. sir Joseph William Trutch*], Powell soutint leurs revendications territoriales et leurs demandes de justice dans la mesure où elles étaient compatibles avec son objectif d’assimilation. D’une part, il critiqua constamment la résistance du gouvernement provincial à céder aux autochtones des droits sur les terres et la captation d’eau, et il se battit pour faire créer des réserves afin qu’ils aient de solides assises économiques. D’autre part, il s’efforça de miner la propriété collective et d’éliminer le potlatch. Après avoir réussi en 1884 à faire amender la loi sur les Indiens pour interdire cette cérémonie d’une importance déterminante dans la culture amérindienne de la côte Ouest, il constata l’échec des premières poursuites intentées en vertu de cette loi et conseilla aux agents placés sous son autorité de dissuader les autochtones de tenir des potlatchs mais de ne pas les poursuivre. Son attitude plutôt conciliante apaisa le mécontentement des autochtones envers les lois et la perte de leurs terres. En 1887, après que le chef koutani Isadore* eut défié le magistrat local et libéré de prison un membre de sa bande, Powell aida à écarter un risque de soulèvement contre les autorités fédérales. Des raisons de santé le forcèrent à accepter d’être démis de ses fonctions de surintendant en 1889.

Tant de sa propre initiative que pour des institutions, Powell avait recueilli et acheté des objets façonnés par les autochtones. À la demande d’Alfred Richard Cecil Selwyn*, de la Commission géologique du Canada, il expédia dans l’est du pays trois caisses de masques et d’outils. Ces quelque 350 pièces, surtout d’origine haïda et tsimshiane, formeraient le noyau de la collection d’ethnographie de la côte Ouest au Musée commémoratif Victoria d’Ottawa. Powell envoya aussi des crânes de « Têtes-Plates » au musée de la University of Toronto et des masques à la princesse Louise*, femme du gouverneur général lord Lorne [Campbell], qui en donna un à la princesse royale de Prusse.

Avant même d’accéder à la surintendance des Affaires indiennes, Powell était réputé pour son sens des affaires et il continua de participer à diverses entreprises pendant son mandat. En 1877, comme il prévoyait que le terminus du transcontinental serait installé à Coal Harbour, il acheta avec quelques associés, dont probablement David Oppenheimer*, 330 acres de terres qui constituent maintenant le centre de Vancouver. En outre, avec Charles Thomas Dupont, David et Isaac Oppenheimer ainsi que John Robson*, il appartint à la Vancouver Improvement Company, consortium qui regroupa ces terres. Avec l’aide d’amis membres des cabinets provincial et fédéral, il participa à la conclusion d’une transaction au terme de laquelle les terres furent intégrées au terminus du chemin de fer canadien du Pacifique.

En 1886, dès l’adoption du Medical Act, Powell fut élu premier président du Medical Council of British Columbia. Il exerça des pressions en faveur de la création d’une université provinciale et devint le premier chancelier de la University of British Columbia en 1890, avant même que l’établissement existe. Des difficultés financières et une rivalité entre l’île de Vancouver et le continent au sujet de l’emplacement de l’université empêcheraient celle-ci d’ouvrir ses portes du vivant de Powell.

En 1890, peu de temps après avoir quitté la surintendance des Affaires indiennes, Israel Wood Powell vendit ses actions de la Vancouver Improvement Company. Au moment de sa mort en 1915, il avait des placements dans des fermes de la vallée du Fraser, de la vallée de la rivière Cowichan et de la péninsule Saanich, dans l’Hotel Wilson de Victoria de même que dans des immeubles et lots de Vancouver et de North Vancouver. Plusieurs toponymes de la Colombie-Britannique, dont la rivière Powell, rappellent le souvenir de ce pionnier de la province.

John Lutz

AN, MG 26, A ; RG 10, 3626 ; 3756, dossier 360 ; 3792, dossier 45094 (mfm aux BCARS).— BCARS, A/E/P87 ; GR 1052, file 6005 ; GR 1304, 13 : f.307 ; GR 1372, F 1445.— Daily Colonist (Victoria), 14, 30 mai 1862, 15 juill., 24 août 1863, 23, 29 avril 1864, 26 janv., 24 juin 1867, 6 oct. 1872, 21 oct. 1890, 26 févr. 1915, 18 mai 1924.— F. J. Bayfield, « Hon. Israel Wood Powell, s.d., p.h.m., our first grand master », Freemasons, Grand Lodge of British Columbia, Proc. (Vancouver), 67 (1938) : 189–193.— F. F. Fait, « Victoria, B.C., in 1862, and the founding of Vancouver Lodge [...] », Grand Lodge of British Columbia, Proc., 62 (1933) : 162–181.— Robin Fisher, Contact and conflict : Indian-European relations in British Columbia, 1774–1890 (Vancouver, 1977).— B. A. McKelvie, « Lieutenant-Colonel Israel Wood Powell, S.D., C.M. », British Columbia Hist. Quarterly (Victoria), 11 (1947) : 33–54.— J. L. Runnalls, « Lt. Col. Israel Wood Powell, s.d., c.m., physician, statesman, freemason, 1836–1915 », Canadian Masonic Research Assoc., Papers, 1949–1976 (3 vol., [Toronto], 1986), n° 110.

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John Lutz, « POWELL, ISRAEL WOOD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/powell_israel_wood_14F.html.

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Auteur de l'article:    John Lutz
Titre de l'article:    POWELL, ISRAEL WOOD
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    20 nov. 2024