McGUCKIN, JAMES MARIA, oblat de Marie-Immaculée, prêtre catholique et administrateur scolaire, né le 30 juillet 1835 à Cooleystown (Sixmilecross, Irlande du Nord), fils de James McGuckin, négociant en draps, et de Bridget Trainor ; décédé le 7 avril 1903 à Vancouver.

À l’âge de 14 ans, au sortir d’une école paroissiale catholique, James Maria McGuckin alla travailler comme teneur de livres à Dublin, dans l’entreprise familiale. À 21 ans, il demanda à être admis chez les oblats et fut envoyé au noviciat de Lys Mary à Sicklinghall, en Angleterre. Il poursuivit ses études à Inchicore, au nouveau scolasticat des oblats près de Dublin, puis à Montolivet en France. De retour à Dublin en 1863, il reçut les ordres mineurs, puis, répondant à l’appel de Louis-Joseph d’Herbomez*, supérieur des oblats de l’île de Vancouver et de la Colombie-Britannique, il s’embarqua pour cette région.

À son arrivée à Victoria en 1863, McGuckin aida Julien Baudre à fonder le St Louis College, école qui allait accueillir des garçons de divers groupes religieux et raciaux de l’endroit. Au début des cours, il prit la place de Baudre à la direction. En outre, après son ordination, qui eut lieu le 1er novembre 1863, il aida à desservir les marins irlandais à Esquimalt et les colons anglophones du fort Yale (Yale).

Dans le courant de l’année 1865, d’Herbomez retira les oblats de Victoria et les installa à son nouveau centre sur le continent, à New Westminster. Il avait d’ambitieux projets : à partir de postes régionaux, les pères oblats feraient la tournée de leur territoire pour évangéliser les Amérindiens, promouvoir la tempérance parmi eux et mettre sur pied des villages modèles. En août 1866, il affecta McGuckin au district missionnaire de la région de Cariboo et du lac Williams, sous l’autorité d’un missionnaire chevronné, François Jayol. C’est McGuckin qui choisit d’établir un centre dans la vallée de San Jose, près du poste du lac Williams. Son choix se révéla judicieux. Les Shuswaps et les bandes avoisinantes pouvaient facilement se réunir à cet emplacement, qui présentait en même temps l’avantage de ne pas être trop proche des localités blanches. On pouvait fonder une école et un village agricole sur les terres voisines. Même si McGuckin n’en devint l’unique supérieur qu’en 1873, c’est lui qui fonda la mission Saint-Joseph, qui engloba d’abord tout l’ouest et tout le nord de l’intérieur de la Colombie-Britannique. Il administrait la mission centrale, desservait les localités minières et évangélisait les bandes indiennes ; de plus, il établit une ferme et des écoles.

McGuckin, qui avait l’expérience du commerce et aimait la discipline, était un « homme de bureau ». Comme il était Irlandais et de langue maternelle anglaise, présenter des requêtes au gouvernement pour des terres et des droits lui semblait tout naturel. Il contribua beaucoup, en coulisse, à faire accepter les activités des oblats aux autorités ; en outre, il intercéda auprès du gouvernement pour les Amérindiens. Par exemple, en 1868, il écrivit au commissaire en chef des Terres et des Travaux publics, Joseph William Trutch, pour empêcher un colon de s’introduire sur une terre occupée et cultivée par la bande du ruisseau Soda. Il aida une autre bande de Shuswaps à obtenir une réserve près de la mission. En outre, il correspondit avec le grand surintendant des Affaires indiennes, Israel Wood Powell*, et avec le surintendant continental, James Lenihan, au sujet des dimensions des réserves et des droits fonciers des Amérindiens.

Convaincu qu’il fallait fonder des écoles de mission au plus vite pour contrer la concurrence protestante et empêcher le gouvernement d’ouvrir des écoles publiques, McGuckin inaugura une école de garçons en 1873, et ce fut en partie grâce à lui que les Sœurs de Sainte-Anne acceptèrent de fonder une école de filles en 1876. Ces écoles accueillirent d’abord des enfants amérindiens et blancs, mais McGuckin recommandait que l’école de la mission Saint-Joseph soit réservée aux jeunes Amérindiens du district dès qu’il y aurait, dans les localités, des écoles pour les enfants des colons. Ce changement se ferait dans les années 1890.

En 1882, McGuckin fut muté à New Westminster et devint à la fois économe du diocèse et titulaire de la paroisse St Peter. Tout en administrant les finances des oblats, il rénova l’église et en fit une cathédrale, les localités anglophones de la vallée du Fraser étant de plus en plus populeuses. En outre, il enseignait au St Louis College, école de garçons, et au noviciat des oblats ; il était aussi aumônier dans d’autres établissements. Il était reconnu pour faire de nombreuses conversions – la plus remarquée étant celle du juge John Foster McCreight* – et pour encourager les vocations.

En 1889, comme l’ordre des oblats cherchait un recteur pour l’université d’Ottawa et que McGuckin avait les états de service voulus, il accéda à cette fonction. Fondée une quarantaine d’années plus tôt par des oblats de langue française, l’université connaissait des difficultés administratives et financières. La communauté francophone de l’université avait mal accueilli l’adoption d’un programme unilingue anglais – changement entrepris sous le rectorat de Joseph-Henri Tabaret* – mais, à cause de la mauvaise gestion financière, le soutien des Irlandais catholiques était devenu nécessaire. McGuckin, qui parlait français et avait l’habitude de travailler en milieu francophone, sauva l’université d’une quasi-faillite, mais la majorité francophone du corps professoral estimait que sa formation et son expérience l’avaient mal préparé au rôle de directeur des études. Par contre, bien des Irlando-catholiques étaient heureux qu’il défende leur cause : une université catholique de langue anglaise. Les tensions entre groupes linguistiques assombrirent le mandat de McGuckin et, lorsqu’il tomba malade, en 1897, elles empêchèrent son protégé, Michael Francis Fallon*, de lui succéder.

McGuckin demanda à retourner en Colombie-Britannique, car il y avait conservé des attaches. Mgr Paul Durieu* l’affecta à une paroisse lourdement endettée de Vancouver, Our Lady of the Holy Rosary. McGuckin ne tarda pas à planifier la construction d’une cathédrale digne de la ville. Certains louangèrent l’édifice, inauguré en 1900, mais d’autres, le jugeant trop grandiose pour la population catholique, relativement petite, en parlaient comme de la « folie de McGuckin ». Le nom resta, car l’un des entrepreneurs, ami de McGuckin, n’apporta pas l’argent qu’il avait promis. Les oblats durent hypothéquer leur maison mère, ce qui engendra, au cours des années subséquentes, des complications qui finirent par les obliger à quitter la paroisse.

Au moment où James Maria McGuckin succomba à une pneumonie, en avril 1903, on nota que la cathédrale rappellerait le dévouement qu’il avait manifesté, toute sa vie, en Colombie-Britannique. Aujourd’hui, si les historiens glissent un mot à son sujet, c’est pour parler de ce qu’il aurait dû faire dans cette province ou à Ottawa. Ils devraient être plus diserts sur l’œuvre de cet homme qui fut un pionnier de l’éducation à Victoria et dans la région de Cariboo et du lac Williams, qui défendit les revendications foncières des Amérindiens, qui cultiva de bonnes relations avec Victoria et Ottawa, et qui amena de nouveaux membres à l’Église catholique et à l’ordre des oblats.

Jacqueline Gresko

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Jacqueline Gresko, « McGUCKIN, JAMES MARIA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcguckin_james_maria_13F.html.

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Auteur de l'article:    Jacqueline Gresko
Titre de l'article:    McGUCKIN, JAMES MARIA
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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