HELMCKEN, JOHN SEBASTIAN, médecin, homme politique et chef de poste à la Hudson’s Bay Company, né le 5 juin 1824 à Londres, fils aîné de Claus Helmcken et de Catherine Mittler ; le 27 décembre 1852, il épousa à Victoria Cecilia Douglas, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé dans cette ville le 1er septembre 1920.

D’ascendance allemande, John Sebastian Helmcken étudia d’abord à la St George’s German and English School de Londres. Il fit son apprentissage de chimiste et de pharmacien, puis de médecin. En 1844, il entreprit des études au Guy’s Hospital. À l’été de 1847, après son troisième trimestre, il se rendit à York Factory (Manitoba) en tant que médecin de bord d’un navire de la Hudson’s Bay Company, le Prince Rupert. De retour au Guy’s Hospital à l’automne, il réussit les examens d’admission du Royal College of Surgeons of England en 1848. Désireux de voir du pays, il passa environ un an et demi sur un bateau de passagers à destination de l’Inde et de la Chine. En octobre 1849, la Hudson’s Bay Company l’engagea comme médecin et commis ; il serait affecté en Amérique du Nord, sur la côte du Pacifique. Peu après son arrivée à Esquimalt (Colombie-Britannique) en mars 1850, l’agent principal James Douglas* l’affecta au fort Rupert (près de ce qui est aujourd’hui Port Hardy), où la compagnie avait une houillère. C’est pendant son séjour là-bas, en juin, qu’il reçut le premier mandat confié par le premier gouverneur de l’île de Vancouver, Richard Blanshard* : régler, à titre de magistrat, les désordres parmi les mineurs [V. Andrew Muir*]. Vers la fin de l’année, Douglas le réaffecta au fort Victoria (Victoria) à titre de chef du service de santé.

En 1852, Helmcken épousa la fille aînée de Douglas, Cecilia. Ce faisant, il entra dans ce qu’Amor De Cosmos* appellerait le « family-company compact », car son beau-père était alors à la fois le gouverneur de la colonie et l’agent principal de la Hudson’s Bay Company. Anglican comme les Douglas, il passerait avec eux à l’Eglise épiscopale réformée au moment du schisme de 1875 [V. George Hills*]. Élu à la première Assemblée législative en 1856, il demeura président de la Chambre lorsque l’île de Vancouver s’unit à la Colombie-Britannique en 1866 et le resta jusqu’à l’entrée de cette dernière dans la Confédération en 1871. De 1863 à 1870, il fut chef de poste à la Hudson’s Bay Company. Le 1er janvier 1870, le gouverneur Anthony Musgrave* le nomma au Conseil exécutif. En raison de ses diverses fonctions et relations, sa position politique était parfois précaire, mais son habileté et sa popularité auprès des électeurs lui permirent de survivre.

En mars 1870, au cours du débat sur l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération, Helmcken déclara : « On ne peut considérer comme improbable que, en fin de compte, non seulement cette colonie, mais tout le dominion du Canada sera absorbé par les États-Unis. » On le rangeait parfois parmi les annexionnistes, bien qu’il ait nié en être un. Sans aucun doute, il croyait que l’union avec le Canada devait être « matériellement et pécuniairement avantageuse pour la colonie ». Avec Joseph William Trutch* et Robert William Weir Carrall*, il eut pour mission d’aller rencontrer les autorités fédérales à Ottawa pour discuter des modalités. Pessimiste quant à l’aspect pratique de l’union à cause de l’éloignement de la Colombie-Britannique, il posa le chemin de fer transcontinental au nombre des conditions essentielles. En outre, il exigea que le régime tarifaire du Canada ne supplante pas celui de la colonie, plus protectionniste, avant l’achèvement du chemin de fer. Helmcken devint favorable à la Confédération à partir du moment où le Canada s’engagea à commencer à construire le chemin de fer dans un délai de deux ans et à l’achever dans dix ans, mais apparemment, il resta sceptique à l’égard des mérites du gouvernement responsable, qui serait instauré dans la nouvelle province. Sa position sur le tarif, acceptée aux négociations, serait le principal enjeu des premières élections provinciales et serait rejetée de justesse par les Britanno-Colombiens.

Après que la Colombie-Britannique fut devenue une province canadienne en 1871, Helmcken quitta la scène publique pour se consacrer à la médecine. En reconnaissance de sa contribution à la politique coloniale et de son rôle déterminant dans le débat sur la Confédération, on lui offrit un siège au Sénat, le poste de premier ministre de la province et, plus tard, la fonction de lieutenant-gouverneur ; il refusa toutes ces nominations. Cependant, il accepta un siège au conseil d’administration de la Canada Pacific Railway Company, et il demeura un fervent partisan des conservateurs de sir John Alexander Macdonald* tout au long de la période du scandale du Pacifique.

Pendant les années cruciales qui suivirent l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération, Helmcken œuvra en coulisse pour l’île de Vancouver et Victoria. À l’encontre des vœux des habitants de la partie continentale de la province, New Westminster avait perdu le titre de capitale au profit de Victoria. Helmcken avait été l’un des artisans de ce changement, et sa grande influence dans les cercles privés et publics fut extrêmement avantageuse pour Victoria, tant sur le plan politique que sous le rapport des contrats fédéraux de travaux publics. Toutefois, lorsque le Parti libéral d’Alexander Mackenzie* prit le pouvoir à Ottawa, dans les derniers mois de 1873, la mise en chantier du chemin de fer en Colombie-Britannique fut sérieusement retardée, et le trajet privilégié par Helmcken, vers Esquimalt en passant par l’inlet de Bute, fut abandonné à cause de l’influence croissante des groupes d’intérêts de la partie continentale.

Helmcken demeura un personnage public respecté dans la dernière partie de sa vie. Médecin à la Hudson’s Bay Company de 1870 à 1885, il fut président fondateur de la British Columbia Medical Association en 1885. L’année suivante eut lieu, à son instigation, la création du Medical Council of British Columbia, l’organisme octroyant les autorisations d’exercice aux médecins de la province. Helmcken fut président du conseil d’administration du Royal Hospital de Victoria (le Royal Jubilee Hospital à compter de 1890) et, de 1851 à 1910, médecin de la prison provinciale. Jusqu’à sa mort en 1920, il habita la maison qu’il avait fait construire pour sa femme à l’occasion de son mariage en 1852 (et qui est maintenant un musée).

L’historien Hubert Howe Bancroft, qui s’entretint en 1878 avec John Sebastian Helmcken, l’a décrit comme un homme « court et de constitution fragile [...] avec un regard profond, clair et intelligent où transparaissait de la confiance en soi et du discernement, mais aucune malveillance [...] et ayant le rire facile ». (Helmcken n’avait pas aussi bonne opinion de Bancroft.) De toute évidence, ses patients l’aimaient. La peintre Emily Carr*, qui l’avait connu dans son enfance, a dit : « il suffisait d’entendre le Dr Helmcken monter l’escalier pour commencer à se sentir mieux ». Helmcken disait de lui-même qu’il était « amical avec tout le monde [...] mais assez curieusement n’[avait] jamais eu d’ami intime ». Dans sa vieillesse, il consigna ses souvenirs jusqu’au moment de l’entrée de la colonie dans la Confédération. Par ces mémoires et les volumineux papiers qu’il a laissés, il est resté une présence vivante dans l’histoire de la Colombie-Britannique.

Daniel P. Marshall

Les mémoires de John Sebastian Helmcken ont été publiés sous le titre The reminiscences of Doctor John Sebastian Helmcken, Dorothy Blakey Smith, édit., introd. de W. K. Lamb ([Vancouver], 1975), et de « Helmcken’s diary of the confederation negotiations, 1870 », W. E. Ireland, édit., British Columbia Hist. Quarterly (Victoria), 4 (1940) : 111–128. Ses papiers sont conservés aux BCARS, Add. mss 505.

      British Colonist (Victoria), 1858–1860, publié par la suite sous le titre Daily Colonist, 1860–1899.— Victoria Daily Standard, 1870–1888.— Victoria Gazette, 1858–1859.— H. H. Bancroft, History of British Columbia, 1792–1887 (San Francisco, 1887).— Emily Carr, The book of Small (Toronto et Londres, 1942).— C.-B., Legislative Council, Debate on the subject of confederation with Canada (Victoria, 1870 ; réimpr., 1912).— G.-B., Parl., House of Commons papers, 1867–1868, 48, no 483 : 337350, Copy or extracts of correspondence [...] on the subject of a site for the capital of British Columbia ; 1868–1869, 43, no 390 : 341–371, Papers on the union of British Columbia with the Dominion of Canada.— R. E. Gosnell, « Doctor Helmcken », Man to Man (Vancouver), 7 (1911), no 1 : 28–30.— J. E. Hendrickson, « The constitutional development of colonial Vancouver Island and British Columbia », dans British Columbia : historical readings, W. P. Ward et R. A. J. McDonald, édit. (Vancouver, 1981), 245–274.— Journals of the colonial legislatures of the colonies of Vancouver Island and British Columbia, 1851–1871, J. E. Hendrickson, édit. (5 vol., Victoria, 1980).— H. M. Kidd, « Pioneer doctor John Sebastian Helmcken », Bull. of the Hist. of Medicine (Baltimore, Md), 21 (1947) : 419–461.— D. P. Marshall, « Carnarvon terms or separation : B.C., 1875–78 », British Columbia Hist. News (Victoria), 26 (1993), no 3 : 13–16 ; « Mapping the political world of British Columbia, 1871–1883 » (mémoire de m.a., Univ. of Victoria, 1991).— M. A. Ormsby, British Columbia : a history ([Toronto], 1958).— W. N. Sage, « The critical period of British Columbia history, 1866–1871 », Pacific Hist. Quarterly (Glendale, Calif.), 1 (1932) : 424–443.— Scholefield et Howay, British Columbia, 2–3.— Brian Smith, « The confederation delegation », dans British Columbia & confederation, W. G. Shelton, édit. (Victoria, 1967), 195–216.

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Daniel P. Marshall, « HELMCKEN, JOHN SEBASTIAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/helmcken_john_sebastian_14F.html.

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Auteur de l'article:    Daniel P. Marshall
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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