CARRALL (Carroll), ROBERT WILLIAM WEIR, médecin et homme politique, né le 2 février 1837 à Carrall’s Grove, près de Woodstock, Haut-Canada, fils de James Carrall et de sa femme Jane, décédé le 19 septembre 1879 à Carrall’s Grove.

Robert William Weir Carrall était le petit-fils d’un loyaliste ; il se décrivait comme « un patriote canadien issu d’une race de patriotes canadiens et appartenant à l’une des plus vieilles familles du Canada ». Il aurait fait ses études à Trinity Collège, Toronto, mais il ne les a certainement pas terminées ; en 1859, il reçut un doctorat en médecine de McGill University. Il exerça un certain temps au Canada mais, à la fin de 1862, il devint chirurgien « contractuel » aux États-Unis, dans l’armée de l’Union et servit comme chirurgien adjoint intérimaire pendant la guerre de Sécession. D’abord de service au Emory Hospital de Washington, D.C., du 12 décembre 1862 au 12 septembre 1863, il exerça ensuite au Marine United States General Hospital, de la Nouvelle-Orléans du 5 décembre 1863 au 8 juillet 1865, alors qu’à sa demande expresse on révoqua son contrat.

À la fin du mois d’octobre 1865, Carrall était médecin à Nanaimo, dans l’Île-de-Vancouver, où il prit une part active à la vie de la communauté. Il fut élu enseigne du corps des fusiliers volontaires de Nanaimo et fut au nombre des « amateurs de musique » qui essayèrent de former une fanfare. Il aurait également été franc-maçon et membre fondateur de la loge Nanaimo no 1 090, A.F. & A.M.

Carrall quitta Nanaimo pour Barkerville en 1867, où il exerça sa profession de médecin et où il investit de l’argent dans différentes mines. Les registres miniers de 1868 indiquent qu’il avait investi dans deux compagnies situées sur le ruisseau Williams ; on dit qu’il fut aussi l’« heureux propriétaire de deux actions de la riche concession de Minnehaha ». Il était alors question de confédération et, dès le début, Carrall se montra « un chaud partisan » du projet ; le 23 novembre 1867, il présida une importante réunion à Barkerville où l’on vota une motion en faveur de la Confédération. On rapporte qu’il déclara : « Nous relierons les deux extrémités de ce continent par un ruban d’hommes intelligents, énergiques et sensibles et, plus tard, une ligne de chemin de fer suivra pour répondre à leurs besoins. » Après son séjour de trois ans aux États-Unis, Carrall était revenu « plus canadien que jamais ». Il pouvait prévoir que son Canada natal s’étendrait d’un océan à l’autre, tout en restant partie intégrante de l’Empire britannique et en étant capable, grâce à une ligne de chemin de fer transcontinentale, « de rivaliser avec les États-Unis pour attirer les émigrants européens ». Carrall rendit compte de l’état d’esprit qui régnait à Cariboo à sir John A. Macdonald*, en qui il devait saluer plus tard un prince puissant » et le « vénérable père de ce jeune dominion [...], l’un des bâtisseurs de la nation ». Macdonald l’incita à « attiser le feu de l’union jusqu’à ce qu’il se propageât dans toute la colonie », ce que Carrall fit du mieux qu’il put.

Aux élections d’octobre 1868, alors que la Confédération était le principal enjeu, il remporta un siège au Conseil législatif ; il en fut membre jusqu’en 1871. Le gouverneur Anthony Musgrave*, qui faisait tout ce qui pouvait être favorable à la Confédération et qui était au courant de la correspondance échangée entre le médecin et sir John, donna à Carrall un siège au Conseil exécutif en janvier 1870 ; le 20 avril, il fut l’un des trois délégués nommés pour négocier à Ottawa les conditions de l’entrée de la Colombie-Britannique dans le Canada. A, Ottawa, Carrall fut le seul à avoir une entrevue avec Macdonald ; la maladie empêchait le premier ministre de participer aux négociations générales, où le rôle de Carrall était de « faire valoir » l’importance économique qu’avait pour le Canada l’intérieur de la Colombie-Britannique. La délégation de la Colombie-Britannique étant arrivée à ses fins, Carrall resta quelque temps dans sa province natale ; le 31 décembre 1871, il fut nommé sénateur.

L’un des trois sénateurs de la Colombie-Britannique, Carrall prit possession de son siège le 11 avril 1872 et prononça son discours inaugural le 22 mai, à l’occasion du débat sur les lois relatives à l’insolvabilité. Son succès le plus retentissant date de 1879 : au cours de la session qui précéda sa mort, il présenta un projet de loi visant à « décréter le 1er juillet journée du Dominion et jour férié ». Apparemment, il avait fait cette proposition dès son entrée au Sénat, mais une telle mesure avait alors été jugée inopportune, car « certaines provinces, comme la Nouvelle-Écosse, ne se trouvaient sous le joug de la Confédération que depuis peu et, par conséquent, étaient encore instables ». En 1879, c’était la Colombie-Britannique qui, admit Carrall, était « agitée et instable ». Malgré tout, il pensait que « le moment [était] venu de légiférer en vue de la cristallisation de toutes les factions du Dominion dans un tout harmonieux » ; pour cela une journée particulière serait décrétée fête nationale, comme l’avaient fait tous les autres pays. Il ajouta que lui-même avait « toujours été très attaché au Dominion. J’ai contribué à en rassembler toutes les parties et, depuis, je me suis servi sans relâche de ma voix et de mon vote pour le consolider ». Le projet de loi soumis par Carrall fut adopté, en dépit de l’opposition de Clement Francis Cornwall, autre sénateur de la Colombie-Britannique (celui-ci pensait que l’union de sa province au Canada n’était pas « suffisamment acceptée pour rendre opportune la décision de décréter un jour précis, journée de la Confédération »).

Célibataire « aimable, sociable et agréable [qui] connaissait presque tout le monde entre Cariboo et Halifax », Carrall donne l’impression de s’être beaucoup plu à Ottawa, bien qu’il se fût plaint confidentiellement en 1872 que « les obligations mondaines l’épuisaient : un dîner ou un bal tous les soirs, disait-il, et des lendemains où je suis en proie à l’angoisse d’être tombé amoureux la veille, comme cela m’arrive immanquablement entre une et quatre fois tous les soirs ; mon Dieu ! pourquoi suis-je né aussi sensible, ou plutôt, pourquoi diable, faut-il que les jeunes filles soient aussi agréables ! ! ! » Le 8 mai 1879, quelques mois avant sa mort, Carrall épousa à Ottawa la fille d’un ancien shérif de Goderich, Mme Elizabeth Amelia Macdonald Gordon qui lui survécut. La tradition locale veut que Carrall ait épousé cette veuve, un ancien amour de jeunesse, pour pouvoir lui léguer ses biens.

On dit qu’il mourut d’un « ulcère à l’estomac ». Il devait en souffrir depuis longtemps, car le 29 novembre 1878, George Anthony Walkem*, alors premier ministre de la Colombie-Britannique, écrivit confidentiellement de Victoria à sir John qu’il craignait « que les jours de ce pauvre Carrall ne soient comptés. Le foie, les reins et l’estomac sont très atteints et le docteur pense qu’il ne s’en sortira pas. Il est alité naturellement ». Néanmoins, Carrall reprit suffisamment de forces pour retourner à Ottawa participer à la session de 1879 et pour mener à bien, avec courage et détermination, son cher projet de loi relatif à la création d’une journée du dominion.

Dorothy Blakey Smith

APC, FM 26, A (Papiers Macdonald), correspondance avec R. W. W. Carrall, 1868–1878 ; FM 26, A, correspondance au sujet de R. W. W. Carrall, 1870–1887.— PABC, Robert William Weir Carrall correspondence, 1866–1876.— National Archives (Washington), Old Military Records Division, Bureau of Medicine and Surgery, Medical officers file, R. W. W. Carrall.— Debate on the subject of confederation with Canada, Government Gazette Extraordinary (Victoria), mars 1870.— Debates of the Senate of Canada, 1872–1879.— Cariboo Sentinel (Barkerville, C.-B.), 1868–1871.— Colonist (Victoria), 4 oct. 1879.— Nanaimo Gazette, 1865–1866.— Victoria Daily Standard, 4 oct. 1879.— Can. directory of parliament (Johnston).— Can. parl. comp., 1873 ; 1874 ; 1875 ; 1878 ; 1879.— Ormsby, British Columbia, chap. 9 ; Relations between British Columbia and the Dominion of Canada (thèse de ph.d., Bryn Mawr College, [1934]).— British Columbia & confederation, W. G. Shelton, édit. (Victoria, 1967), en particulier Brian Smith, The confederation delegation, 195–216.— J. S. Helmcken, Reminiscences, (manuscrit dactylographié, 5 vol., 1892 ; copie aux PABC), V.

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Dorothy Blakey Smith, « CARRALL (Carroll), ROBERT WILLIAM WEIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/carrall_robert_william_weir_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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