IRONSIDE, GEORGE, fonctionnaire, né probablement vers 1800 dans la région d’Amherstburg, Haut-Canada, fils de George Ironside* et d’une femme descendant possiblement de Sauteux, décédé le 14 juillet 1863 à Manitowaning, île Manitoulin, Haut-Canada.

George Ironside, père, entra au département des Affaires indiennes dans les années 1790 comme commis et garde-magasin pour le compte de l’agent Matthew Elliot* à Amherstburg, où il finit par s’élever au poste de surintendant des Affaires indiennes. George Ironside, fils, commença à travailler comme commis pour son père à Amherstburg en 1826, puis il y devint comme lui surintendant pour une période de 15 ans. Il participa aux événements qui suivirent la rébellion au Haut-Canada en 1837 ; le 4 novembre 1838, il dirigea quelque 40 ou 50 hommes pour aider à repousser les forces patriotes qui avaient débarqué à Windsor. En 1845, il succéda au capitaine Thomas Gummersall Anderson* comme surintendant de la région du Nord à Manitowaning. Ironside participa aux négociations menées par William Benjamin Robinson* qui aboutirent, en septembre 1850, à la signature des traités de Robinson pour la cession de territoires situés le long de la baie Géorgienne et au nord des lacs Huron et Supérieur ; ceci fut probablement l’événement le plus marquant de toute sa carrière.

Au fur et à mesure que les années 1850 s’écoulaient, il devenait évident que les espoirs qu’on avait entretenus au sujet de l’île Manitoulin ne seraient pas satisfaits. L’idée de sir Francis Bond Head* d’utiliser cette île comme réserve pour toutes les bandes d’Indiens du Haut-Canada avait été vite abandonnée, par suite de la constatation que peu d’Indiens même du centre et du centre nord du Haut-Canada se rendaient sur l’île. D’autre part, le projet plus modeste de vouloir offrir, comme exemple stimulant pour d’autres communautés, celui de la communauté indienne de Manitowaning que le gouvernement aidait et que l’Église d’Angleterre s’efforçait d’éduquer et d’évangéliser, dut être abandonné, puisque les Indiens quittaient peu à peu la communauté pour retrouver leur mode de vie traditionnel de chasse et de pêche. À la suite de l’échec de cette expérience à l’île Manitoulin, les craintes des Indiens devant les empiétements des Blancs augmentèrent rapidement vers la fin des années 1850 et aboutirent à un mécontentement croissant. La signature du traité de Manitoulin en 1862, par lequel l’île était cédée et qu’Ironside aida William McDougall* et William Spragge à négocier en persuadant les Indiens de la région de Manitowaning d’appuyer les intentions du gouvernement, fit éclater la crise [V. Jean-Baptiste Assiginack].

Les sentiments antigouvernementaux étaient particulièrement puissants parmi la population de la pointe est de l’île autour de Wikwemikong. Les Indiens de cet établissement florissant à prédominance catholique s’étaient sentis trahis par le traité de 1862 qu’ils considéraient comme faisant partie des desseins du gouvernement « de les déposséder de leur île ». À Wikwemikong, les chefs, à l’exception de deux d’entre eux qui, aux dires de certains, n’étaient pas représentatifs ou bien avaient été nommés illégalement par Ironside, refusèrent de signer le traité. En décembre 1862, quelques mois après la signature, plusieurs familles de Blancs furent chassées de Wikwemikong, en même temps que quelques familles indiennes qui n’étaient pas d’accord avec la majorité pour refuser le traité ; le chef Francis Tehkummeh, signataire du traité, fut obligé d’aller chercher refuge avec Ironside à Manitowaning. En juillet 1863, le commissaire de la pêche pour les Grands Lacs, William Gibbard, se rendit à l’île pour arrêter les chefs responsables de ces incidents. Encouragés par deux missionnaires catholiques de Wikwemikong, Auguste Kohler et Jean-Pierre Choné, les Indiens organisèrent leurs forces et résistèrent. Gibbard battit en retraite avec son détachement ; un Indien, mis en état d’arrestation, fut accusé d’avoir participé à l’expulsion hors d’une île située au large de l’île Manitoulin d’une famille de Blancs. Cette confrontation témoignait de la virulence des sentiments des Indiens après le traité de 1862. La santé d’Ironside fut affectée par cette situation qui se détériorait et, au milieu de l’excitation soulevée par cet incident, il mourut subitement le 14 juillet 1863, probablement d’une crise cardiaque.

Ironside était un homme consciencieux, charitable et bien informé qui, sous bien des aspects, représentait le genre d’employés les plus efficaces du département des Affaires indiennes, accomplissant les tâches quotidiennes de l’administration relative aux Indiens sans qu’on manifeste jamais aucune reconnaissance pour ses efforts. Le département des Affaires indiennes perdit l’un de ses fonctionnaires les plus expérimentés à une époque où il avait le plus besoin d’hommes comme lui. La famille perpétua la tradition en travaillant pour le département pendant au moins trois générations ; le fils de George Ironside, McGregor Ironside, succéda à son père comme surintendant de la région du Nord pour une brève période.

Douglas Leighton

APC, RG 10, 498–527, 568, 572, 573, 586, 722.— Enemikeese [Conrad Vandusen], The Indian chief : an account of the labours, losses, sufferings, and oppression of Ke-zig-ko-e-ne-ne (David Sawyer), a chief of the Ojibbeway Indians in Canada West (Londres, 1867).— Evening Times (Hamilton, Ont.), août 1863.— Globe, 27, 30 juill., 3, 5–8, 12, 21, 22, 24 août 1863.— Irish Canadian (Toronto), 5, 12, 26 août, 2, 16 sept., 21 oct. 1863.— Morning Chronicle (Québec), 1, 4, 7, 10, 12 août 1863.— Quebec Daily News, Commercial and Shipping List, 3–5 août 1863.— Quebec Gazette, 31 juill., 7 août 1863.— Sarnia Observer (Sarnia, Ont.), 31 juill., 7, 14 août 1863.— R. A. Douglas, « The battle of Windsor », OH, LXI (1969) : 137–152.

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Douglas Leighton, « IRONSIDE, GEORGE (mort en 1863) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ironside_george_1863_9F.html.

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Auteur de l'article:    Douglas Leighton
Titre de l'article:    IRONSIDE, GEORGE (mort en 1863)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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