Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3488682
PETTY-FITZMAURICE, HENRY CHARLES KEITH, 5e marquis de LANSDOWNE, gouverneur général, né le 14 janvier 1845 à Londres, fils aîné de Henry Petty-Fitzmaurice et d’Emily Jane Mercer Elphinstone de Flahault ; le 8 novembre 1869, il épousa dans cette ville lady Maud Evelyn Hamilton, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 3 juin 1927 à Clonmel (république d’Irlande).
Henry Charles Keith Petty-Fitzmaurice porta le titre de comte de Kerry pendant les trois années où son père détint le marquisat de Lansdowne. Il hérita de ce titre plus élevé en 1866 et continua les traditions politiques libérales de sa famille. Éduqué à Eton et à Balliol, à Oxford, ce jeune homme frêle au teint foncé n’obtint pas la mention très bien à la fin de ses études car il s’était trop laissé distraire par les sports et la vie à Oxford. Entré tôt dans l’administration – en 1868 en qualité de lord de la Trésorerie sous William Ewart Gladstone –, il fut sous-secrétaire à la Guerre de 1872 à 1874, puis sous-secrétaire aux affaires de l’Inde en 1880. Il démissionna alors pour marquer son désaccord avec la politique irlandaise de Gladstone. Il possédait de grands domaines en Irlande, dont une résidence, Derreen, près de Kenmare, dans le comté de Kerry. Conservateur à compter des années 1880, il obtint en mai 1883 le poste de gouverneur général du Canada, à la suite du marquis de Lorne [Campbell*]. Nommé officiellement le 18 août, il débarqua à Québec le 22 octobre et entra en fonction le lendemain.
Lansdowne était un administrateur très intelligent et capable. Le premier ministre sir John Alexander Macdonald* estimait ne pas avoir servi un gouverneur plus perspicace, aussi bien avant qu’après la Confédération, à l’exception peut-être de lord Lisgar [Young*]. Lansdowne se montra sensible aux problèmes qui surgirent dans la vallée de la Saskatchewan en 1884–1885. Tout disposé à un accommodement avec les Métis, il suggéra à Macdonald le 9 août 1884 de trouver le moyen de confier un poste à certains de leurs chefs. Selon lui, le meilleur endroit pour Louis Riel* aurait peut-être été le Conseil des Territoires du Nord-Ouest. À propos de la question des terres [V. Gabriel Dumont*], il demanda à Macdonald : « Ne serait-il pas possible d’envoyer une commission solide, dotée des pouvoirs de régler promptement et [...] généreusement ces revendications [foncières] ? » En outre, il s’intéressa beaucoup au chemin de fer canadien du Pacifique. Il se rendit au bout de la voie ferrée en septembre 1885 et franchit à cheval l’écart de 47 milles qui séparait les deux têtes de ligne en Colombie-Britannique. Il était censé inaugurer le chemin de fer, mais le mauvais temps retarda l’achèvement des travaux. En octobre, quand il télégraphia à Macdonald pour lui demander s’il devait retourner à Ottawa pour la décision finale au sujet de Riel, le premier ministre répondit que oui. Donald Alexander Smith* présida donc l’inauguration à sa place.
La rapidité avec laquelle Lansdowne saisit la complexité et la subtilité des relations canado-britanniques frappa Macdonald et ses ministres. Sa diplomatie, sa connaissance des dossiers et la vigueur surprenante avec laquelle il défendit les intérêts du Canada furent particulièrement manifestes au cours de la négociation du traité sur les pêches avec les États-Unis en 1886–1887. Le ministre des Pêches George Eulas Foster* fut très impressionné, tout comme un autre participant, le ministre de la Justice John Sparrow David Thompson*, à qui Landsdowne avait plu dès leur première rencontre en 1885.
Malgré ses aptitudes, Lansdowne restait vulnérable parce qu’il détenait des propriétés en Irlande. Il avait attiré la colère de nationalistes irlandais en Amérique du Nord dès son arrivée, et des féniens le menacèrent de mort. En 1884 par exemple, un fénien de Chicago resta caché toute une journée dans les bois enneigés de Rideau Hall en attendant que Lansdowne apparaisse. Il ne se montra pas, mais son fils, lord Kerry, patinait non loin de là. « J’aurais pu abattre le garçon, déclara le fénien, mais le cœur m’a manqué. »
Lansdowne aimait le Canada, comme en témoigne le passage suivant : « ses scènes d’hiver avec ses ciels clairs, ses sports vivifiants, et près d’une joyeuse flambée de bûches de la Gatineau, avec nos enfants et nos amis réunis autour de nous ». Il se bâtit une retraite estivale sur la rivière Cascapédia, en Gaspésie, où il adorait pêcher le saumon. Toutefois, comme le gouvernement britannique avait besoin de lui en Inde, il quitta le Canada en juin 1888 pour un mandat de six ans à titre de vice-roi. Macdonald lui écrirait de temps à autre. Le 23 juin 1889, Lansdowne répondit ceci à une de ses lettres : « Je me suis imaginé que j’étais à nouveau dans mon bureau à Ottawa, à écouter vos confidences sur les perspectives de la Chambre des communes, et sur les difficultés du cabinet [ministériel], insoupçonnées dans le monde extérieur ».
À son retour de l’Inde, Lansdowne accéda au cabinet britannique, où il fut secrétaire d’État à la Guerre de 1895 à 1900. Au cours de la guerre des Boers, où il eut à passer au crible les offres de troupes présentées par le Canada et d’autres colonies, on le critiqua injustement pour les échecs de l’armée britannique. En bon ministre, il en assuma l’entière responsabilité et se tut, même si la faute incombait à ses conseillers militaires. Secrétaire aux Affaires étrangères de 1900 à 1905, il négocia l’alliance anglo-japonaise de 1902 et l’Entente cordiale avec la France en 1904. Le règlement du litige de la frontière de l’Alaska, auquel il travailla étroitement de 1902 à 1904 avec le gouverneur général lord Minto [Elliot*], qui avait été son secrétaire militaire au Canada, lui donna l’occasion de se replonger dans les affaires canadiennes. En 1903, Lansdowne prit la tête du parti unioniste (conservateur) à la Chambre des lords. Au début d’août 1914, il fit partie de ceux qui plaidèrent pour que les unionistes appuient la France, ce qui eut pour effet d’amener le cabinet à opter pour la guerre. Ministre sans portefeuille en 1915–1916, il fut bientôt atterré par les gigantesques pertes humaines et financières causées par le conflit. Dans une note de service adressée au cabinet en novembre 1916, il réclama une paix négociée ; lorsqu’il exprima cette position audacieuse en public, un an plus tard, on le lui reprocha, aussi bien dans son parti qu’à l’extérieur. Ce vieux serviteur de l’État continua néanmoins de participer aux séances de la Chambre des lords. Très attaché à son domaine irlandais, Derreen, il le fit rebâtir après sa destruction par des irréguliers irlandais au cours des troubles de 1922. Il mourut d’une crise cardiaque chez sa fille en Irlande et fut inhumé à Bowood Park, son domaine près de Calne en Angleterre.
Henry Charles Keith Petty-Fitzmaurice, marquis de Lansdowne, aurait fort bien pu choisir de mener une paisible existence de gentleman campagnard. Très grand sportif, il était bon tireur, pratiquait la chasse à courre et excellait à la pêche. Toutefois, il était devenu tôt un fonctionnaire britannique, et l’un des meilleurs. Perspicace, honnête et travailleur, il était prêt à prendre des responsabilités, à en assumer les conséquences et à ne pas blâmer ses subordonnés. Intelligence et patience formaient en lui une excellente combinaison ; en plus, il avait le don d’accomplir les bons gestes au bon moment. Sa vie et la morale dont elle témoigne illustrent comment et pourquoi l’Empire britannique connut une telle réussite et dura si longtemps. Les meilleurs éléments de la classe supérieure britannique étaient vraiment très forts.
Les papiers de Lansdowne sont conservés par la 8e marquise de Lansdowne à Bowood, Angleterrre. En 1963, les documents concernant le Canada ont été microfilmés ; cette documentation est gardée aux AN sous la cote MG 27, I, B6, avec quelques originaux. On trouve un bel exemple de la correspondance de Lansdowne dans les papiers de sir John A. Macdonald, AN, MG 26, A , 84–88. Le DNB renferme une longue biographie de Lansdowne rédigée par son fils le 6e marquis. Il existe aussi une bonne biographie du sujet écrite par [Thomas Wodehouse Legh Newton, 2e baron] Newton, Lord Lansdowne : a biography (Londres, 1929). Un portrait de Lansdowne orne le bureau du président de la Chambre des communes du Canada. [p. b. w.]
Times (Londres), 6 juin 1927.— D. [G.] Creighton, John A. Macdonald, the old chieftain (Toronto, 1955 ; réimpr., 1965).— Lord Minto’s Canadian papers : a selection of the public and private papers of the fourth Earl of Minto, 1898–1904, Paul Stevens et J. T. Saywell, édit. et introd. (2 vol., Toronto, 1981–1983).— Carman Miller, Painting the map red : Canada and the South African War, 1899–1902 (Montréal et Kingston, Ontario, 1993).— P. B. Waite, Canada, 1874-1896 : arduous destiny (Toronto et Montréal, 1971) ; The man from Halifax : Sir John Thompson, prime minister (Toronto, 1985).— W. S. Wallace, The memoirs of the Rt. Hon. Sir George Foster, p.c., g.c.m.g. (Toronto, 1933)
P.B. Waite, « PETTY-FITZMAURICE, HENRY CHARLES KEITH, 5e marquis de LANSDOWNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/petty_fitzmaurice_henry_charles_keith_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/petty_fitzmaurice_henry_charles_keith_15F.html |
Auteur de l'article: | P.B. Waite |
Titre de l'article: | PETTY-FITZMAURICE, HENRY CHARLES KEITH, 5e marquis de LANSDOWNE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |