Titre original :  Boulton, Henry John, 'Holland House', Wellington Street West, south side, between Bay & York Streets. Date: 1890 circa. Toronto Public Library, Baldwin Collection of Canadiana.

Provenance : Lien

BOULTON, HENRY JOHN, avocat, fonctionnaire, juge et homme politique, né en 1790 à Kensington, Angleterre, second fils de D’Arcy Boulton* et d’Elizabeth Forster ; il épousa en 1818 Eliza, fille d’Ephraim Jones* de Brockville, Haut-Canada ; décédé le 18 juin 1870 à Toronto, Ontario.

Henry John Boulton naquit à Holland House dans une des banlieues chics de Londres ; il était fils d’un avocat londonien et petit-fils de sir John Strange, maître des rôles. Dans les années 1790, sa famille émigra dans le comté de Rensselaer, état de New York, puis au Canada vers 1800, en quête, comme le dira plus tard Henry John, d’ « un plus vaste horizon où déployer [son] énergie ». Boulton fréquenta probablement l’école de John Strachan à Cornwall, comme ses trois frères, avant d’entreprendre l’étude du droit en 1807 à York (Toronto), où son père était solliciteur général. En 1811, il alla poursuivre ses études en Angleterre, à Lincoln’s Inn. Il passa trois ans dans l’étude d’un solicitor à Londres puis, à partir de 1814, deux ans à Oxford. Par la suite, il continua sa formation sous la tutelle d’un avocat consultant et fut appelé au barreau anglais alors qu’il fréquentait le Middle Temple ; il fut admis au Barreau du Haut-Canada le 5 novembre 1816.

Possédant une solide connaissance du droit anglais, de bonnes aptitudes intellectuelles et beaucoup d’ambition, Boulton, malgré l’irascibilité dont il pouvait faire preuve au tribunal, prit la suite de John Beverley Robinson à titre de solliciteur général du Haut-Canada en 1818, à l’âge de 28 ans ; Robinson remplaça le père de Boulton comme procureur général. En 1829, c’est Henry John Boulton qui assuma cette charge, succédant une fois de plus à Robinson. Même si ces nominations étaient dues au « patronage » qui favorisait toujours certaines familles, Boulton, à l’instar de son père et de Robinson, remplit ses fonctions avec tant de compétence et d’impartialité que même Francis Collins*, rédacteur en chef du Canadian Freeman, qui n’avait pas peur de critiquer le « Family Compact », se porta garant de son honnêteté.

Boulton, élu député indépendant de Niagara en 1830, avait déclaré à ses électeurs qu’ « il représenterait hardiment à la chambre leurs intérêts comme s’il ne détenait pas [...] de charge relevant de la Couronne ». Ainsi, dès les débuts de la carrière parlementaire de Boulton, on vit en lui un député indépendant ou même, comme le suggéra en 1833 le Niagara Reporter, un « esprit libéral ». Pourtant, en 1830, le Canadian Freeman traitait Niagara de « bourg pourri » et Boulton de « partisan du gouverneur » ; William Lyon Mackenzie qualifia Boulton et son frère George Strange Boulton de « véritables fripouilles, les pires politiciens peut-être dont un pays ou une nation puisse être affligé » et mit en tête de sa « liste noire » du Colonial Advocate le nom de Boulton.

À titre de procureur général, Boulton dut lutter contre les réformistes radicaux qui n’approuvèrent pas les projets de loi qu’il proposa en 1830 et 1832 et qui visaient à ériger York en municipalité. Ils s’offensèrent également des arguments légalistes qu’il présenta au lieutenant-gouverneur sir John Colborne lequel, en janvier 1833, répondit par un refus à l’abbé William John O’Grady*, sympathisant réformiste, qui lui demandait de lever l’interdiction de l’évêque Alexander Macdonell* qui l’avait suspendu de ses fonctions de pasteur d’ York. L’attitude de Boulton dans l’affaire O’Grady ne provoqua pas cependant de réactions vives chez les catholiques irlandais, comme ce fut le cas plus tard à Terre-Neuve. À York, Boulton avait l’appui de Macdonell qui avait conclu une alliance avec le gouvernement dans l’intérêt de ses coreligionnaires.

Boulton provoqua également les réformistes en approuvant les expulsions répétées de Mackenzie de l’Assemblée en 1831 et 1832. Le solliciteur général Christopher Hagerman* et Boulton protestèrent contre l’accueil cordial accordé à Mackenzie par lord Goderich, ministre des Colonies, lorsqu’il présenta ses doléances aux autorités en 1832. Par suite de la mission de Mackenzie à Londres, Goderich envoya une dépêche à Colborne en novembre 1832 conseillant au gouvernement de cesser ses attaques contre Mackenzie et de mettre en œuvre de nombreuses réformes financières et politiques. Le Conseil législatif refusa d’accepter la dépêche et, au cours des discussions virulentes qui eurent lieu à l’Assemblée, de nombreux tories firent voir qu’ils étaient aussi opposés que les réformistes aux directives impériales qui se heurtaient à leurs propres intérêts. Les propos de Boulton se distinguaient par leur outrance et, en janvier 1833, au cours d’une réunion publique à Brockville, on le décrivit comme « le premier homme de la province qui ait osé agiter la question de la séparation d’avec la mère patrie ». À la fin d’avril 1833, Boulton et Hagerman furent démis de leurs fonctions par le gouvernement impérial.

Boulton fut particulièrement offensé de son renvoi. Il rendit publique la correspondance qu’il échangea avec le major William Rowan*, secrétaire civil de Colborne, « pour ne pas laisser place aux rumeurs injurieuses et dénuées de fondement entourant les motifs de [leur] renvoi » ; il demanda à Rowan de dire exactement quel manquement au devoir avait entraîné sa révocation. Rowan répondit que c’était ses encouragements aux expulsions répétées de Mackenzie de l’Assemblée ; le ministère des Colonies avait soulevé des objections constitutionnelles qui avaient été transmises à Colborne, puis à Boulton par son entremise. Boulton maintint que Colborne ne lui avait jamais fait part des objections du ministère des Colonies. Il se rendit en Angleterre pour obtenir réparation, et le gouvernement impérial reconnut que sa révocation n’était pas justifiée. On lui offrit aussitôt la charge mieux rémunérée de juge en chef de Terre-Neuve, et il arriva dans cette colonie en novembre 1833.

La Cour suprême n’avait été instituée dans la colonie que sept ans auparavant, et le prédécesseur de Boulton, le juge en chef Richard Alexander Tucker, avait été démis de ses fonctions pour son attitude, jugée récalcitrante par le gouverneur Thomas Cochrane* et d’autres personnes. Ils lui reprochaient également d’avoir confondu « ses devoirs politiques et ses devoirs juridiques », piège difficile à éviter pour tout juge en chef de Terre-Neuve, puisqu’il devait également présider le Conseil, qui détenait à la fois des pouvoirs exécutifs et législatifs.

Boulton semblait répondre aux attentes du gouvernement de Terre-Neuve : il connaissait bien le code criminel anglais, pouvait élaborer de nouvelles lois et remanier les tribunaux et la procédure judiciaire. Il se mit au travail avec ardeur. Après s’être entretenu avec les conseillers juridiques et les juges adjoints à la Cour suprême, il modifia d’abord la méthode de constitution des jurys. En vertu de ces nouveaux règlements, le shérif devait convoquer 48 jurés plutôt que 18 comme auparavant, dont 12 étaient tirés au sort ; c’était le système utilisé à ce moment en Grande-Bretagne. Dans le cas d’un jury spécial, on tirait au sort 40 noms parmi les 75 jurés qualifiés, et les deux avocats retenus biffaient chacun 12 noms à tour de rôle ; les 16 jurés qui restaient constituaient le jury spécial.

Parmi les membres admissibles au jury d’accusation, on comptait les dirigeants réformistes, Patrick Morris*, John Kent*, Patrick Doyle et Laurence O’Brien, et cinq autres catholiques ; les autres étaient recrutés parmi les marchands protestants influents de St John’s. Les réformistes s’élevèrent contre les nouveaux règlements qui, prétendaient-ils, « permettaient aux conservateurs de biffer le nom de toute personne susceptible de s’opposer à leurs intérêts ou à leurs opinions » et ils prétendirent également « que le procureur général [James Simms] avait recours [à cette pratique] dans tous les procès politiques depuis l’entrée en vigueur de la modification ». Bien entendu, les conseillers juridiques craignaient que les dirigeants réformistes ne fassent pas toujours preuve d’une grande impartialité dans les cas où leurs partisans seraient mis en cause. En août 1835, Daniel O’Connell présenta à la chambre des Communes britannique une requête des réformistes demandant la révocation de Boulton comme juge en chef. Boulton se rendit en Angleterre et justifia, semble-t-il, son attitude auprès du ministère des Colonies, puisque le sous-secrétaire sir George Grey prit sa défense à la chambre.

Au début de 1834, Boulton conçut une loi visant à créer une association professionnelle des avocats et à réglementer l’admission des avocats et des avoués au barreau. L’opposition réformiste déclara que les nouveaux règlements excluaient du barreau les aspirants avocats qui ne pouvaient assumer les frais imposés par les avocats qualifiés, chez qui ils devaient faire un apprentissage d’une durée de cinq ans.

Dans la plupart de ces querelles, Boulton était l’innovateur alors que les réformistes défendaient la tradition et les coutumes anciennes. Ce fut également le cas à plusieurs reprises en 1834 et en 1835 dans l’affaire touchant l’octroi de crédits aux pêcheries. Les gens de mer, par exemple, avaient l’habitude de recevoir leurs salaires non pas du « planter » (propriétaire d’une pêcherie) qui les avait embauchés pour le voyage mais du marchand qui recevait les produits de l’expédition. Boulton fit valoir que dans ces conditions, les gens de mer ne jouissaient d’aucune sécurité concernant le paiement de leurs salaires mais les pêcheurs et l’évêque catholique Michael Anthony Fleming* firent remarquer que le planter n’était qu’un « intermédiaire » n’ayant habituellement pas les moyens de garantir les salaires. Le juge en chef embarrassa également les pêcheurs en modifiant l’ordre de saisie-arrêt, de sorte que le bateau et les engins de pêche d’un pêcheur pouvaient être saisis pour dette ; c’était une mesure particulièrement dure qui enlevait au pêcheur toute possibilité d’exploiter sa propre pêcherie. La troisième coutume qu’il abolit, dans une affaire impliquant Patrick Morris, fut la pratique des « approvisionnements en cours » ; il reconnut aux créanciers antérieurs et non pas au dernier fournisseur – Morris en l’occurrence – un droit préalable et privilégié sur les produits de l’expédition. Dans le commerce normal, ces pratiques n’auraient posé aucun problème, mais ces changements apportés à l’industrie de la pêche à Terre-Neuve amenèrent les réformistes à accuser Boulton de troubler « le climat de confiance qui incitait les négociants à fournir aux planters les moyens de réaliser leurs expéditions de pêche ». La situation politique tendue du début des années 30 permettait aux chefs politiques de miser sur les craintes des pêcheurs et d’accuser Boulton d’injustice et de fanatisme.

À l’ouverture de la Cour centrale de circuit en 1835, Robert John Parsons*, rédacteur en chef du journal libéral Newfoundland Patriot, publia une satire de l’allocution de Boulton au jury d’accusation, intitulée « Prière d’afficher : les effets bénéfiques de la pendaison ». Boulton accusa ensuite Parsons d’outrage au tribunal, lui imposa une amende de £50 et le condamna à trois mois de prison alléguant que l’article était « une attaque contre l’indépendance des cours et des magistrats ». Il aurait peut-être été plus sage d’ignorer l’article, car lorsque O’Connell fit part de l’affaire au gouvernement britannique, les autorités juridiques britanniques décidèrent que la décision de Boulton était tout à fait légale mais que la « coutume établie depuis longtemps [...] dans ce pays lui donnait tort » ; Parsons fut gracié. Une seconde requête préparée par les chefs réformistes contre Boulton fut publiée le 2 février 1836 dans le Patriot. Les efforts visant à dénigrer Boulton suscitèrent une réaction. Quelque 900 résidants de St John’s, dont des négociants, des professionnels, 17 capitaines, 6 charpentiers et 12 illettrés envoyèrent au ministre des Colonies un mémoire en faveur de Boulton.

En 1837, au cours d’une enquête ordonnée par l’Assemblée sur l’administration judiciaire, où John Valentine Nugent* était à la fois président du comité et témoin contre Boulton, des attaques directes furent formulées contre le juge en chef. Morris, qui se souciait vraiment des intérêts des pêcheurs irlandais de Terre-Neuve, et dont les doutes au sujet du pouvoir sans cesse croissant des protestants étaient partagés par l’évêque Fleming, reprit ses anciennes accusations contre le juge en chef : il « a fait preuve [...] de grande partialité au tribunal ; ses décisions ont été injustes, arbitraires, illégales et influencées par de forts préjugés sectaires [...]. [Il] a complètement bouleversé les anciennes lois et coutumes de Terre-Neuve. » Lorsque la chambre ordonna que le long discours de Morris soit publié, Boulton intenta une poursuite de £2 000 pour libelle diffamatoire à Morris, Kent et Nugent. Il voulut poser un geste inusité en abandonnant son poste de magistrat pour assurer sa propre défense pendant que les deux juges adjoints présideraient, mais la cause ne fut jamais entendue.

Suivant les recommandations de son comité, l’Assemblée envoya Morris, Nugent et le docteur William Carson* à Londres, à la fin de 1837, demander qu’on révocât Boulton et qu’à l’avenir le juge en chef ne soit pas membre du Conseil. Boulton alla également à Londres pour répondre aux accusations. Il n’était pas sans défense. Son exposé comprenait un témoignage écrit de John Stark, greffier de la Cour de circuit du nord de Terre-Neuve, qui affirmait que le crime et les litiges avaient régressé au cours des dernières années, « preuve évidente que les lois [étaient] maintenant mieux appliquées et mieux comprises » et que Boulton était « juste, impartial, intègre et autonome dans ses décisions et ses jugements ». Les juges adjoints qui assistaient Boulton, les membres du jury d’accusation, 928 résidants de St John’s, les membres de la Chambre de commerce, 39 négociants et avocats et le shérif adjoint de Harbour Grace firent également parvenir leur témoignage de soutien ; tous attestaient son intégrité, son habileté et son impartialité.

La délégation de l’Assemblée fut rejointe à Londres par Mgr Fleming qui écrivit à l’abbé Edward Troy*, un des critiques les plus acerbes de Boulton, au sujet de la « réception vraiment charmante faite aux délégués au ministère des Colonies » ; Mgr Fleming mentionna qu’il semblait certain que « M. Boulton était révoqué ». O’Connell étant un de leurs porte-parole, les dirigeants réformistes étaient assurés de la victoire. Le comité du Conseil privé, auquel on confia l’affaire Boulton, critiqua la véhémence du mémoire des réformistes et ne trouva aucune preuve « d’intention malhonnête ni de dérogation intentionnelle à ses fonctions [celles de Boulton] de juge » ; cependant, le comité remarqua que « le juge en chef avait fait preuve d’un manque de jugement » en participant aux litiges entre les partis à Terre-Neuve, et recommanda sa destitution. Lord Glenelg, ministre des Colonies, avait déjà décidé, en janvier 1838, de renvoyer Boulton, et quand ce dernier demanda un nouveau poste, il lui fut refusé par le ministère des Colonies.

Âgé de 50 ans, avec une famille de huit enfants et une fois de plus privé de sa charge, Boulton retourna donc à la pratique privée à Toronto et fut nommé conseiller de la reine en 1842. Niagara, son ancienne circonscription, l’accueillit à nouveau et l’élut représentant « indépendant » en 1841 à l’Assemblée nouvellement créée de la province du Canada. La nouvelle chambre comprit bientôt que Boulton n’accordait pas, sur de nombreuses questions, son appui au gouvernement conservateur modéré de William Henry Draper*. Toujours aussi peu soucieux de la faveur ou du dédain populaire, Boulton se prononça en faveur du gouvernement responsable et accorda ouvertement son appui à Robert Baldwin* à compter de 1843. À titre de président d’une réunion tenue à Toronto le 6 février 1844 pour constituer la Reform Association of Canada, Boulton déclara que « la longue expérience de gouvernement par le ministère des Colonies [...] l’avait convaincu de l’absolue nécessité pour le peuple canadien d’assumer l’entière administration de ses affaires s’il voulait assurer ses relations avec la Grande-Bretagne et la prospérité du Canada ».

L’association avec les réformistes lui attira les foudres de la presse conservatrice, notamment de la Montreal Gazette qui le qualifia de « champion du désordre [...] chercheur de postes et démagogue ». Francis Hincks *, le rédacteur en chef du Pilot de Montréal qui venait de paraître, prit la défense de Boulton en soulignant que son intérêt pour le pays « [était] suffisamment grand pour qu’il s’intéressât davantage à en promouvoir la prospérité qu’à rechercher pour lui-même dans le fonctionnarisme ce que les gens qui n’y [avaient] jamais goûté imagin[ai]ent n’être que des douceurs ».

L’appui que Boulton accorda aux libéraux lui fit perdre son siège de représentant de Niagara en 1844 mais, en décembre 1846, il fut nommé membre du Conseil exécutif. En 1847, on lui donna le comté de Norfolk, château fort réformiste où, selon le Toronto Patriot, journal conservateur, il avait été « présenté sous l’étiquette d’ultra-radical ». Une de ses principales réalisations comme partisan du gouvernement de Robert Baldwin et de Louis-Hippolyte La Fontaine fut de proposer, avec succès, une modification au projet de loi de 1849 pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion, qui ôtait aux personnes détenues en 1837–1838 les avantages financiers prévus par le projet de loi ; cette modification persuada finalement les réformistes hésitants du Haut-Canada d’accepter le projet de loi. Pourtant, Boulton ne se sentit jamais à l’aise avec les réformistes et, en 1850, il était de nouveau député « indépendant » et défendait, comme son neveu William Henry Boulton*, le principe du Conseil législatif électif. Il fit également valoir son individualité en proposant une modification au discours du trône du gouvernement réformiste, modification qui consistait essentiellement en une demande pour que la représentation au parlement soit basée sur la population. Boulton ne tenta pas de se faire réélire en 1851 mais continua de pratiquer le droit à Toronto jusqu’en 1860 ou 1861, alors qu’il prit sa retraite. En 1855, il avait été gérant de la section canadienne de l’Exposition de Paris.

Boulton fut individualiste toute sa vie et c’est pourquoi on le traita d’ambitieux, de fanatique, de tory intransigeant et d’ultra-radical. Il était énergique et habile, et ses relations lui assurèrent une place en politique mais son incapacité ou sa réticence à composer avec l’opposition ne lui permettait de s’intégrer à aucun parti. Ce caractère se manifesta par les défis soudains qu’il lançait fréquemment et qui pouvaient transformer et transformaient souvent une défaite politique en désastre personnel. Néanmoins, Boulton fut un personnage coloré à l’Assemblée et sa carrière parlementaire ne peut être considérée comme un échec. Même s’il s’exprimait avec virulence, ses opinions étaient conventionnelles : il accorda son appui à sir John Colborne dans les années 30, appuya le gouvernement responsable dans les années 40 puis le principe du Conseil législatif électif et la représentation basée sur la population.

Si l’on considère ses années passées à Terre-Neuve, les critiques les plus sévères de Boulton furent les historiens Daniel Woodley Prowse* et l’évêque Michael Howley*, qui tous deux s’inspirèrent en grande partie de l’enquête hostile de l’Assemblée et de son mémoire demandant la révocation de Boulton. Prowse l’accuse de plus, sans aucune preuve, de mesquinerie. Pourtant, le souci de Boulton pour les individus, dans de nombreuses causes qu’il entendit, prouve qu’il n’a pas toujours été un juge dur et inflexible. Les accusations de fanatisme religieux sont également difficiles à prouver. Sa femme était catholique et, un jour, à la sortie de l’église, elle parla avec indignation de la dénonciation de son mari par l’abbé Troy. Comme ses contemporains protestants, Boulton n’aimait pas la participation du clergé catholique à la politique et il critiqua en privé l’attitude de l’abbé Troy qui refusait les secours de la religion à des catholiques pour des motifs politiques. Un historien moderne a conclu, comme Prowse, que Boulton était « le bouc émissaire, non seulement du parti populaire, [qui était] irrité de son parti-pris au Conseil et de son intransigeance comme juge, mais aussi du ministère des Colonies qui lui avait assigné ces charges incompatibles ».

Boulton fut une énigme pour ses contemporains. Les journaux se bornèrent à annoncer son décès de la façon la plus sobre qui soit. Le Leader et le Patriot de Toronto reprirent tout simplement la biographie, écrite probablement par Boulton lui-même, parue dans les Sketches of celebrated Canadians de Henry James Morgan* mais ajoutèrent qu’il « était respecté par toute la communauté et était, à tous points de vue, un citoyen honnête et digne », contradiction flagrante avec les commentaires de John Charles Dent* dans son livre intitulé Last forty years où il déclarait que Boulton n’était ni respecté ni populaire.

Hereward et Elinor Senior

Henry John Boulton est l’auteur de A short sketch of the province of Upper Canada, for the information of the labouring poor throughout England, to which is prefixed thoughts on colonization [...] (Londres, 1826). Lawrence Lande (Montréal) possède des papiers de Henry John Boulton.

PAO, Boulton (Henry John) papers.— Antidote (Brockville, Ont.), 22 janv., 12 févr., 7 mai 1833.— Canadian Freeman (York [Toronto]), 21 oct. 1830, 2 mai 1833.— Colonial Advocate, 7 oct. 1830.— Correspondent and Advocate (Toronto), 9 juill. 1835.— Leader, 20, 22 juin 1870.— Montreal Gazette, 7 mars 1844.— Niagara Reporter (Niagara, Ont.), 16 mai 1833.— Pilot and Evening Journal of Commerce, 15 mars, 9 avril 1844.— Toronto Patriot, 12 juill. 1847, 29 juin 1870.— Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 263s.— Wallace, Macmillan dictionary, 73.— Careless, Brown, I : 49s., 112, 118.— Creighton, Macdonald, young politician, 103, 123, 138.— Dent, Last forty years, I : 104, 344, 350s., 380 ; II : 151, 208s., 233.— Gunn, Political history of Nfld., 18–64.— M. F. Howley, Ecclesiastical history of Newfoundland (Boston, 1888), 329s., 366, 380–383.— Prowse, History of Nfld. (1896).

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Hereward et Elinor Senior, « BOULTON, HENRY JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/boulton_henry_john_9F.html.

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Auteur de l'article:    Hereward et Elinor Senior
Titre de l'article:    BOULTON, HENRY JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    22 nov. 2024