LAW, ROBERT, officier de l’armée britannique et administrateur colonial, né en Angleterre vers 1788, décédé en Angleterre également le 16 mai 1874.

À 20 ans, Robert Law s’engagea comme volontaire dans l’armée britannique en Espagne au moment même où, sous les ordres de sir John Moore, se déroulaient les combats de Lugo et la retraite de La Corogne, auxquels il eut ainsi l’occasion de prendre part. Par la suite, il fut renvoyé en Espagne et jusqu’en 1814, il fit de nombreuses campagnes et fut blessé gravement à plusieurs reprises. En juillet 1814, alors qu’il se préparait à partir pour la Nouvelle-Orléans, un contre-ordre l’affecta en Belgique, où il fit la campagne de 1815. Il combattit à Waterloo comme lieutenant dans la brigade de sir Frederick Adair, fut à nouveau sérieusement blessé et reçut la médaille de Waterloo. Law resta en France dans l’armée d’occupation jusqu’en 1818 et servit ensuite 15 ans dans les colonies, notamment aux Antilles, avant d’être envoyé à Terre-Neuve. Il accéda au grade de capitaine en octobre 1821, de major en août 1834 et fut promu lieutenant-colonel en 1844.

Robert Law arriva probablement à Terre-Neuve en 1834, la même année que le gouverneur Henry Prescott, car, lorsqu’il quitta l’île en 1859, on disait qu’il avait été commandant de la garnison pendant 25 ans. Les troupes régulières avaient quitté Terre-Neuve en 1825, après l’arrivée des troupes de relève en novembre 1824. Ces dernières étaient les Royal Veteran Companies, formées en 1824 et composées d’anciens militaires soignés au Royal Hospital for Invalid Soldiers de Chelsea. Ces troupes furent rebaptisées Royal Newfoundland Veteran Companies en 1827 et Royal Newfoundland Companies en 1843. La tâche principale de la garnison consistait à apporter un peu d’éclat et de lustre à la vie coloniale – et ce, tout particulièrement, pendant la durée du mandat du gouverneur sir Thomas John Cochrane – et à venir en aide au pouvoir civil. Un tel renfort se révéla nécessaire avant l’établissement dans la colonie d’une force de police en 1871. On dut faire appel aux troupes en 1835 pour protéger le palais de justice, à l’apogée d’une crise politique, dont le juge en chef Henry John Boulton* était la cause. L’armée dut souvent intervenir pendant les élections, pour réprimer des émeutes comme celles qui se produisirent à St John’s en 1836 ou lors d’une élection partielle à Carbonear en 1840. En 1846, Law fut cité à l’ordre du jour pour avoir combattu avec ses hommes le terrible incendie de St John’s et pour avoir pris part par la suite aux travaux de reconstruction, ainsi que pour avoir assuré le maintien de la loi et de l’ordre dans la ville dévastée. L’incendie, qui avait commencé le 9 juin, à 8 heures et demie du matin, dans l’est de la ville, s’était déclaré dans l’atelier d’un ébéniste. Dans la soirée, les flammes s’étaient propagées vers l’ouest, détruisant boutiques, maisons et édifices publics, sur plus d’un mille de longueur, dans les deux rues principales. Les pertes totales furent estimées à £890 000 et, selon Daniel Woodley Prowse*, ce désastre fut le pire de tous les grands incendies qui, au cours de cette période, dévastèrent des villes de l’Amérique du Nord britannique comme Saint-Jean, N.-B., et Québec.

En plus de ses obligations militaires, généralement peu astreignantes, Law prit part à différentes reprises à la vie politique de la colonie. Lorsque le gouverneur, sir John Harvey*, fut transféré en Nouvelle-Écosse en août 1846, Law assuma les fonctions d’administrateur jusqu’à l’arrivée de sir John Gaspard Le Marchant, en avril 1847. Pendant tout le temps où il remplaça le gouverneur, Law s’occupa surtout de la distribution des secours à la population. Aux problèmes d’assistance et de reconstruction causés par l’incendie de juin 1846, vinrent s’en ajouter d’autres provoqués par une terrible tempête, en septembre, qui causa beaucoup de dégâts, et par la maladie de la rouille qui affecta la récolte des pommes de terre. C’est ainsi que, au point de vue politique, la tâche de Law devint de plus en plus difficile à cause du marasme économique et de la misère de la population.

Terre-Neuve avait reçu de l’extérieur un secours de £102 500 destiné à venir en aide aux victimes de l’incendie et Law était fort peiné des rivalités auxquelles la répartition de ces fonds donnait lieu. En novembre 1846, il écrivit au ministère des Colonies que les principaux sinistrés qui n’étaient pas assurés avaient reçu presque le plein montant de leurs pertes. Il était d’avis d’interrompre le versement de secours directs qui, croyait-il, avait un effet démoralisateur sur les bénéficiaires et conseillait de garder le reste des fonds et de les faire administrer par le secrétaire d’État. Il proposait en outre d’en mettre une partie de côté pour rebâtir la cathédrale anglicane, car autrement, disait-il, le coût de cette construction devrait alors être assumé surtout par les boutiquiers et les marchands de la ville, qui n’avaient pas été remboursés intégralement pour les pertes subies dans l’incendie. Ces recommandations, dans l’ensemble, furent suivies par lord Grey, mais non sans provoquer le mécontentement de ceux qui se trouvaient lésés.

En décembre, Law convoqua pour sa dernière session l’Assemblée formée de la fusion du Conseil législatif et de la chambre d’Assemblée [V. Prescott]. Il lui demanda de promulguer une loi prévoyant des prêts destinés à secourir les pêcheurs et à alléger le fardeau financier créé par la loi sur la reconstruction. La loi adoptée lors d’une session spéciale de la législature, en 1846, prévoyait que le coût de la reconstruction de St John’s serait assumé par le gouvernement ainsi que par les marchands et propriétaires de la ville. Par la suite, en vertu des instructions royales du 19 juillet 1848, relative à une autre constitution, Law fut nommé président du Conseil législatif. Il en assuma les fonctions jusqu’en 1850, puis de 1853 à 1854.

Lorsqu’en 1859 il fut promu major général, Law fut obligé de résigner ses fonctions et il retourna en Angleterre. À l’occasion de son départ, on fit une collecte qui rapporta £100 et, grâce à cette somme, un groupe de citoyens éminents lui offrirent en cadeau une pièce d’argenterie et lui présentèrent leurs remerciements pour les services qu’il avait rendus à la colonie. Law fut promu lieutenant général en 1868.

Frederic F. Thompson

PRO, CO 194/126.— Royal Gazette (St John’s), 18341859.— Hart, New army lists, 18401874.— H. G. Grey, The colonial policy of Lord John Russell’s administration (2 vol., Londres, 1853 ; 2e éd., 2 vol., Londres, 1853), I.— Gunn, Political history of Nfld.— Prowse, History of Nfld.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Frederic F. Thompson, « LAW, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/law_robert_10F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/law_robert_10F.html
Auteur de l'article:    Frederic F. Thompson
Titre de l'article:    LAW, ROBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    22 déc. 2024