CROWDY, JAMES, fonctionnaire, né en 1794 en Angleterre, décédé le 17 avril 1867 à Newton Abbot, Devon, Angleterre.

James Crowdy fut greffier du Conseil et secrétaire colonial de l’île du Cap-Breton de 1814 à 1820, date à laquelle cette colonie, jusque-là indépendante, fut unie à la Nouvelle-Écosse. Le 15 septembre 1831, accompagné de sa femme Elizabeth (Eliza) et de ses enfants, Crowdy vint à St John’s, Terre-Neuve, en provenance de Bristol, en Angleterre, afin d’occuper les fonctions de secrétaire colonial et de greffier du Conseil de Terre-Neuve. Étant aussi percepteur des rentes de la couronne, il touchait, au total, un traitement officiel de £800 par année.

L’arrivée de Crowdy à Terre-Neuve coïncidait avec l’établissement du gouvernement représentatif. À titre de secrétaire colonial, il fut nommé au nouveau Conseil en juillet 1832. Il semble avoir joué le rôle de conciliateur entre le gouverneur Thomas John Cochrane* et les membres les plus indépendants du Conseil. Son efficacité sur ce plan fut mise à l’épreuve durant la première session de l’Assemblée lorsque de nouvelles taxes sur les spiritueux furent introduites dans le projet de loi relatif aux recettes budgétaires pour l’année 1833. Le président du Conseil, le juge en chef Richard Alexander Tucker, s’opposa au projet de loi avec l’appui du procureur général James Simms. Le gouverneur Cochrane, qui ne prisait guère les tentatives de ceux qui cherchaient à réduire les revenus du gouvernement, se brouilla avec Tucker, et il s’ensuivit une dispute qui ne prit fin qu’avec la démission de Tucker et son départ de l’île. Crowdy appuya le gouverneur et défendit le projet de loi jusqu’à la fin du débat, attitude qui fut plus tard approuvée par le ministre des Colonies.

En 1836, Crowdy fut à l’origine d’une crise politique lorsqu’il négligea de s’assurer, en sa qualité de secrétaire colonial de Terre-Neuve, que le grand sceau soit apposé sur les brefs d’élection émis par son bureau. Le juge en chef Henry John Boulton avertit le gouverneur Henry Prescott* que cette négligence invalidait l’élection. On découvrit également qu’il pouvait y avoir eu le même oubli aux élections de 1832, et la validité de toutes les lois votées par la dernière Assemblée fut mise en doute. L’avis de Boulton était partagé par le procureur général Simms, mais lord Glenelg, le ministre des Colonies, jugea inadmissible que l’action du gouvernement fût entravée par la négligence de Crowdy. Il ordonna la tenue de nouvelles élections. Cependant, la négligence de Crowdy provoqua une vive querelle entre le groupe réformiste, dont faisaient partie le docteur William Carson* et Patrick Morris*, et les marchands et fonctionnaires comme Crowdy qui donnèrent leur appui au gouverneur. Certains réformistes laissaient entendre, en effet, que l’omission de Crowdy avait été commise délibérément pour jeter le discrédit sur le gouvernement représentatif de Terre-Neuve. Au milieu de ces difficultés, Crowdy conclut une importante alliance : il épousa, en septembre 1838, Caroline Augusta, la fille du conseiller John Dunscombe, un éminent marchand de St John’s (sa première femme était morte en 1836).

Entre le Conseil et l’Assemblée, le conflit se poursuivait, avec le résultat qu’en 1841 le Conseil refusa d’adopter les projets de loi que l’Assemblée lui présentait, notamment ceux qui avaient trait aux élections et aux subsides. Les deux chambres durent alors interrompre leurs travaux et une enquête parlementaire fut instituée à Londres. Crowdy fit partie d’une délégation qui se rendit en Angleterre afin de présenter les vues du Conseil, lequel souhaitait l’abolition du gouvernement représentatif. L’enquête eut comme principal résultat de réunir l’Assemblée et le Conseil législatif en une chambre groupant 15 membres élus et 10 membres nommés par le gouverneur, système qui avait été élaboré par lord John Russell au moment de la constitution de la Nouvelle-Galles du Sud. Crowdy fut nommé membre de la nouvelle législature et, en 1843, sur les instances du gouverneur sir John Harvey*, il en fut élu président (orateur) même si le ministre des Colonies, lord Stanley, jugeait incompatibles les deux postes publics que l’intéressé allait ainsi cumuler. Crowdy demeura président jusqu’en 1848, alors que cette chambre fusionnée fut dissoute, et il exerça ses fonctions avec un certain succès : il obtint l’adoption de projets de loi et parvint à calmer la querelle entre les réformistes et les fonctionnaires coloniaux d’allégeance conservatrice. Comme il entretenait des rapports étroits avec le gouverneur Harvey et que ce dernier avait de lourdes dettes personnelles, le bruit courut que le gouverneur était financièrement obligé à l’égard de Crowdy. Le fait que celui-ci avait consenti un prêt à Harvey sur ses propres économies permettait effectivement de mettre en doute l’indépendance du gouverneur. Le juge en chef John Gervase Hutchinson Bourne fit parvenir au ministère des Colonies des actes d’accusation stipulant que des arrangements financiers inacceptables avaient été conclus entre les deux hommes ; lord Stanley ne retint pas les accusations, mais il blâma Harvey d’avoir posé un geste « imprudent et irréfléchi » en empruntant de quelqu’un à qui il était susceptible de procurer des avantages.

Le système représentatif fut rétabli en 1848, pratiquement sous la même forme que durant la période 1832–1841, et Crowdy fut une seconde fois nommé au Conseil législatif. Les réformistes, dirigés par Philip Francis Little*, lancèrent une campagne en vue d’obtenir le gouvernement responsable, lequel sera mis en place en 1855. Ils estimaient qu’un exécutif responsable allait leur fournir entre autres avantages l’occasion d’évincer les fonctionnaires qui devaient leurs postes au gouverneur ou au ministre des Colonies plutôt qu’à l’Assemblée. Les fonctionnaires comme Crowdy s’opposèrent en vain à l’établissement du gouvernement responsable et, après la victoire remportée par les réformistes aux élections de 1855, ils furent forcés de démissionner.

Ses nombreuses tâches publiques mises à part, Crowdy s’était peu mêlé à la vie sociale et économique de St John’s. Il n’avait guère contribué aux œuvres de bienfaisance qui faisaient partie des obligations reconnues aux personnes de son rang. Après avoir résigné ses fonctions au Conseil législatif en 1855, il regagna l’Angleterre avec la pension généreuse de £400 que lui versait le gouvernement de Terre-Neuve. Il mourut 12 ans plus tard.

David J. Davis

Church of St John the Baptist (Anglican) (St John’s), Registers of marriages and baptisms, 1838–1851.— PANL, GN 1/1, 1843 ; GN 9/1, 6 oct. 1831.— PRO, CO 195/18.— T.-N., Blue book, 1843, 1845, 1857.— Newfoundlander, 1831, 1835, 1852.— Newfoundland Patriot (St John’s), 1840.— Royal Gazette (St John’s), 1853.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 1867.— Garfield Fizzard, The amalgamated assembly of Newfoundland, 1841–1847 (thèse de m.a., Memorial University of Newfoundland, St John’s, 1963).— Gunn, Political history of Nfld.— Leslie Harris, The first nine years of representative government in Newfoundland (thèse de m.a., Memorial University of Newfoundland, 1959), 65–67.— Prowse, History of Nfld. (1895), 450.

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David J. Davis, « CROWDY, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/crowdy_james_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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